2020 a été la septième année la plus chaude en 106 ans au sud de la province et la neuvième plus chaude à l’échelle du Québec, surpassant de 1,0 °C la normale de 1981-2010 et de 1,7 °C celle du 20e siècle. Contrairement à la situation observée en 2019, l’anomalie moyenne a été similaire au sud et au nord du Québec, de même qu’au nord-est de l’Amérique du Nord. 2020 a été la deuxième année la plus chaude à l’échelle mondiale. Les 10 années les plus chaudes au sud de la province et 10 des 11 plus chaudes à l’échelle du Québec ont été observées depuis 1998, chaque année offrant, depuis, une température moyenne supérieure à la normale du 20e siècle. Cette séquence de 23 ans surpasse maintenant de 18 ans la deuxième séquence la plus longue. Cette période record a été marquée par les deux décennies les plus chaudes des 100 dernières années, un degré plus chaudes en moyenne que les deux précédentes au sud de la province et à l’échelle du Québec, la décennie 2011-2020 terminant à 0,1 °C de la précédente au sud de la province (0,5 °C à l’échelle du Québec). Séparées par l’année la plus chaude jamais observée (2010), ces deux décennies constituent les deux tiers de la période climatologique 1991-2020, qui aura été 0,3 °C plus chaude que l’actuelle période de référence (1981-2010), selon des calculs préliminaires à préciser lors de la prochaine mise à jour des normales climatiques de la Belle Province.
Année 2020 en chiffres | |
7e | année la plus chaude en 106 ans au sud du Québec (9e au Québec) |
23e | année consécutive plus chaude que la normale du 20e siècle |
1,7 | °C de plus que la température moyenne normale du 20e siècle au sud du Québec |
95 | % du total de degrés-jours de chauffage normal de 1981-2010 au sud du Québec |
121 | % du total de degrés-jours de croissance normal de 1981-2010 au sud du Québec |
187 | % du total de degrés-jours de climatisation normal de 1981-2010 au sud du Québec |
47 | cm de plus que la neige normale de 1981-2010 au sud du Québec, avec 303 cm |
33 | mm de plus que la pluie normale de 1981-2010 au sud du Québec, avec 755 mm |
17 | mm de plus que la pluie normale de 1981-2010 au nord du Québec, avec 387 mm |
14 | cm de moins que la neige normale de 1981-2010 au nord du Québec, avec 239 cm |
Sud du Québec
Huit mois anormalement chauds, en début d’année (par 2,2 °C en
janvier, février et
mars), à l’été (par 1,4 °C en juin,
juillet et août) et en fin d’année (par 2,5 °C en
novembre et décembre) ont été tempérés par deux séquences de deux mois sous la normale, au printemps (par 1,3 °C en
avril et mai) et à l’automne (par 0,7 °C en
septembre et octobre). La chaleur a ainsi touché l’ensemble des saisons. La quasi-totalité des plus fortes anomalies de l’année (18 sur 19) se sont produites lors des mois froids du début et de fin d’année, deux canicules ont débuté avant même le solstice d’été, et l’été a comporté presque uniquement des jours plus chauds que la normale (63 sur 64) de la mi-juin à la mi-août. Le manque de pluie printanière a été salvateur, atténuant, en pleine pandémie, le risque posé par la douzième plus importante fonte printanière. Toutefois, l’été chaud et sec qui a suivi a ouvert la porte au plus important feu de forêt des 10 dernières années, en juin, au nord du Lac-Saint-Jean, et amorcé une sécheresse à long terme par endroits. En effet, l’Estrie, la Montérégie et la Gaspésie ont été privés de plus de 200 mm de la pluie normale par endroits en 2020, alors que le sud de la province a reçu plus de pluie (+33 mm) et de neige (+47 cm) que la normale, en moyenne. Bien que le froid ait été présent en hiver, la saison de gel soutenu ayant même été plus longue (+23 jours, 116 %) que la normale, les besoins en chauffage ont été moindres (95 %) que la normale, au sud du Québec. Au contraire, le grand nombre de jours avec un maximum supérieur à 25 °C (+14 jours, 160 %) et à 30 °C (+6 jours, 297 %) a augmenté les besoins en climatisation (187 %) et offert plus de degrés-jours de croissance (121 %), malgré une saison de croissance plus courte (-12 jours, 93 %) que la normale, ce qui a causé des maux de tête aux agriculteurs.
Nord du Québec
2020 a été 1,0 °C plus doux que la normale sur le territoire nordique du Québec. En effet, seuls trois mois se retrouvent sous la normale, soit deux de plus qu’en 2019. L’année a débuté avec un mois de janvier 3,2 °C plus doux que la normale. L’anomalie moyenne a été de 1,6 °C de janvier à mars, de -0,7 °C en avril et mai, puis de 1,4 °C entre juin et septembre, avec une pointe de 2,8 °C en juillet. La température moyenne a été 0,7 °C sous la normale en octobre, avant de remonter à 0,1 puis à 3,6 °C au-dessus de la normale en novembre et en décembre. De la fin juin au début juillet, la Jamésie a vécu jusqu’à sept jours de canicule, alors qu’une seule journée dépasse normalement les 30 °C dans la région en juillet. L’année, plus douce, a laissé moins de neige (-14 cm) et plus de pluie (+17 mm) que la normale. La pluie a été en particulier anormalement élevée lors des derniers mois de l’année, au nord du Québec. Ce déficit de neige et le surplus de pluie plus modeste sur la portion nordique du territoire qu’au sud de la province ont rapproché la moyenne québécoise de la normale, pour la neige (+20 cm) et la pluie (+26 mm).
* À moins de mention contraire, les comparaisons aux normales de la chronologie font référence à la normale de 1981-2010.
Janvier offre sept anomalies quotidiennes de plus de 10,0 °C, dont trois pour lancer l’année, et une de 14,7 °C le 26, la plus élevée en trois ans, au sud de la province. Ce mois, 3,3 °C plus doux que la normale au Québec, est le plus chaud janvier jamais enregistré sur Terre. L’air chaud et plus humide laisse un couvert de neige plus chargé en eau qu’à pareille date en 2019 sur les bassins versants de la rivière des Outaouais et au nord-ouest du Saint-Laurent. Le couvert se maintient en février, qui est 2,1° C plus doux que la normale, avec des tempêtes les 6 et 7 et les 26 et 27, qui laissent au total de deux à trois fois la neige normale par endroits en Montérégie, en Outaouais, dans les Laurentides, en Mauricie et dans la Capitale-Nationale. Mars, jusqu’à 3,8 °C plus doux, trois fois plus pluvieux et 90 % moins neigeux que la normale par endroits au sud-ouest, où s’amorce une fonte hâtive, présente le douzième couvert de neige le plus chargé en eau des 58 dernières années au sud du Québec, à 75 % de sa valeur à pareille date en 2019 sur le bassin versant de la rivière des Outaouais.
Avril et mai offrent la douzième période de fonte la plus sèche des 58 dernières années et diminuent le risque que pose, en pleine pandémie, la douzième fonte la plus importante depuis 1963. Les deux premières semaines d’avril, légèrement plus douces que la normale, apportent un peu plus d’eau de fonte et de pluie que la normale au sud. Les 30 jours suivants, 4,5 °C sous la normale, retardent la fonte des deux dernières semaines d’avril (-41 mm) en mai (+74 mm), et sont peu pluvieux. Certains cours d’eau passent tout de même au seuil de surveillance ou d’inondation mineure à la fin avril lorsque trois jours apportent un tiers du total de pluie normalement attendu en période de fonte. Toutefois, leurs niveaux redescendent en raison des faibles pluies de mai, parmi les trois plus faibles en plus de 90 ans d’observations à Gatineau, Saint-Jérôme, Drummondville et Québec. Une rare canicule de quatre jours en mai sur une vaste portion du sud de la province adoucit ce printemps froid, du 26 au 29. On atteint jusqu’à 37,3 °C le 27 dans certaines localités, au troisième rang des chaleurs historiques de mai. Puis, après une première moitié de juin fraîche, une seconde canicule avant même le solstice d’été offre le maximum moyen au sud le plus élevé en 18 ans. La séquence mai-juin la moins pluvieuse en 67 ans au sud contribue au plus important feu de forêt des 10 dernières années, au nord du Lac-Saint-Jean, annule les traditionnels feux de joie et d’artifice de la Saint-Jean-Baptiste et restreint en pleine canicule l’utilisation de l’eau dans plusieurs municipalités.
Juillet et l’été astronomique dans son ensemble sont ensuite d’une chaleur record en au moins 100 ans au Québec, 1,3 et 0,3 °C devant les précédents plus chauds (juillet 2018 et été 2003). Les premier, deuxième et troisième maximums moyens les plus élevés en 18 ans au sud du Québec sont observés en 23 jours pendant une séquence de 65 jours anormalement chauds entre juin et août. Juillet est d’une chaleur record dans une localité sur trois. C’est notamment le cas à Gatineau, qui bat de 1,3 °C son record mensuel des 90 dernières années à la suite de 19 jours de canicule, dont une de 10 jours, alors que Longueuil s’arrête à 0,1 °C du record de chaleur mensuel au Québec, qui lui appartient déjà (juillet 2018). Le nombre de jours avec un maximum supérieur à 30 °C en juillet est de trois à quatre fois la normale autour de ces municipalités. Même la Jamésie, où le seuil de 30 °C n’est normalement atteint qu’une seule fois en juillet, est touchée par une canicule de sept jours. L’état de sécheresse passe d’anormal à grave de l’Outaouais à la Côte-Nord, ce qui sème la désolation chez les agriculteurs. L’été donne aussi lieu à du temps parfois violent, dont sept tornades et les restes de l’ouragan Isaias. Une fin août sous la normale empêche l’atteinte d’un deuxième record mensuel de chaleur consécutif.
Septembre apporte aussi peu que le tiers de la pluie normale par endroits. Le total des cinq derniers mois se retrouve parmi les trois plus bas en près de 100 ans en Estrie, en Chaudière-Appalaches, au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, où la sécheresse se poursuit, malgré un surplus moyen de 30 % à l’échelle du Québec. Octobre réduit de moitié le déficit sur six mois avec plus du double de la pluie normale sur ce secteur, mais l’Estrie demeure à son plus bas total de pluie en plus de 50 ans. Le premier gel automnal est devancé d’une à deux semaines au début septembre, sauf dans une partie des basses terres du Saint-Laurent, où il est plutôt en retard de deux à trois semaines à la fin octobre, à la suite d’un été des Indiens hâtif à la fin septembre. Le dix-septième octobre le plus froid laisse de deux à trois fois la neige normale au sud, mais épargne l’extrême sud. Un deuxième été des Indiens, tardif cette fois, établit une centaine de records de chaleur absolue en novembre, jusqu’à sept jours par endroits. Le 10 novembre, on observe les 25 °C les plus tardifs des archives climatiques en Montérégie et dans Charlevoix, le troisième maximum le plus élevé en novembre en 100 ans. Il surpasse de 14,5 °C la normale, en moyenne, au sud. Le retour à la normale survient deux semaines plus tard, avec une bordée de 15 à 45 cm de neige. Novembre apporte plus de neige (106 %) mais moins de pluie (73 %) que la normale, en moyenne, au sud, et maintient les conditions de sécheresse en Montérégie, en Estrie et en Beauce.
Le douzième plus doux décembre en 100 ans au Québec, 3,7 °C au-dessus de la normale, offre 28 jours plus doux que la normale. Le record absolu de chaleur quotidienne en décembre est battu dans 45 localités le 1er du mois et de nouveau les 24 et 25, avec des maximums quotidiens atteignant jusqu’à 19,3 °C le 1er et 18,2 °C le 25. Noël est le jour le plus anormalement chaud de 2020 au Québec, l’anomalie moyenne de 11,6 °C égalant celle du 2 janvier. 2020 offre également le Noël le plus pluvieux en au moins 100 ans, avec 110 mm de pluie par endroits. Les conditions plus printanières qu’hivernales entraînent des inondations, en début de mois et à Noël, alors que les Québécois sont confinés à la maison. La pluie remplace en bonne partie la neige, excepté en Abitibi-Témiscamingue, qui reçoit deux fois la neige normale. Les précipitations totales atteignent en moyenne 140 % de la normale au sud, mais la Montérégie et l’Estrie sont de nouveau privées de 50 % des précipitations normales. Noël n’est pas blanc sur une bonne partie de l’extrême sud, alors que le couvert de neige demeure généralement sous la normale pour le Nouvel An.
2020 : les 10 événements climatiques les plus marquants au Québec
Voici un classement des événements climatiques les plus marquants en 2019 au Québec :
La présente analyse est basée sur les observations climatiques faites aux stations de surface de référence du Québec depuis 1915 et homogénéisées depuis 1960.
Sommaire annuel géostatistique pour le Québec
Région | Température | Précipitation | ||||||
Neige | Pluie | Totale | ||||||
Moyenne ( °C) |
Anomalie ( °C) |
Moyenne (mm) |
Anomalie (mm) |
Moyenne (mm) |
Anomalie (mm) |
Moyen (mm) |
Anomalie (mm) |
|
Saint-Laurent sud-ouest Montérégie, Centre-du-Québec, Estrie |
7,1 | 1,3 | 197 | -32 | 848 | -45 | 1 046 | -78 |
Outaouais et Montréal Témiscamingue, Outaouais, Laurentides |
5,0 | 1,2 | 245 | 52 | 779 | 50 | 1 028 | 100 |
Saint-Laurent nord-ouest Lanaudière, Mauricie, Capitale-Nationale |
3,5 | 0,8 | 292 | 56 | 831 | 44 | 1 128 | 105 |
Saint-Laurent sud-est Chaudière-Appalaches, Bas-St-Laurent, Gaspésie (nord) |
4,6 | 1,1 | 318 | 11 | 751 | -53 | 1 076 | -44 |
Baie-des-Chaleurs et Percé Bas-St-Laurent (sud), Gaspésie (sud) |
3,8 | 1,0 | 410 | 88 | 737 | -67 | 1 151 | 6 |
Saguenay–Lac-Saint-Jean | 1,6 | 0,9 | 293 | 70 | 773 | 81 | 1 066 | 121 |
Côte-Nord | 0,5 | 1,3 | 331 | 5 | 787 | 91 | 1 116 | 87 |
* Sud du Québec | 2,3 | 1,0 | 303 | 47 | 755 | 33 | 1 058 | 75 |
Nord-du-Québec | -3,8 | 1,0 | 239 | -14 | 387 | 17 | 629 | 11 |
* Au Québec | -0,8 | 1,0 | 273 | 20 | 573 | 26 | 847 | 48 |
1 Les anomalies sont basées sur la normale de la période 1981-2010.