Mai 2020 : le 12e plus faible total de précipitations durant la 12e fonte la plus abondante en 58 ans, avant la canicule
Après avoir offert la 12e période de fonte la plus sèche des 58 dernières années et ainsi diminué le risque que posait, en pleine pandémie, la 12e fonte la plus importante depuis 1963, dame Nature a adouci la fin de cet autre printemps froid avec une rare canicule de quatre jours en mai. Le record local de chaleur quotidienne en mai, en près ou en plus de 100 ans d’observations, a été battu à Saint-Jérôme, Sorel, Farnham, Drummondville, Lac-Mégantic, Causapscal et Port-Daniel le 27, et un jour plus tard dans l’est. Le maximum quotidien oscillant de 36,8 °C à 37,3 °C, atteint à Louiseville, Pierreville et Verchères, de même qu’en milieu urbain à Laval, Sorel et Drummondville, occupe le 3e rang des plus grandes chaleurs historiquement observées en mai au Québec. Du Témiscamingue à la Gaspésie, 333 records de chaleur ont été enregistrés, alors que le maximum surpassait quotidiennement les 30 °C dans les régions de Lanaudière, de la Mauricie, de la Capitale-Nationale, de la Montérégie, du Centre-du-Québec, de l’Estrie et de la Beauce du 26 au 29, soit un jour de plus que le critère de canicule.
Mai 2020 en chiffres | |
1er | mois de mai le plus sec en 88 ans à Saint-Jérôme, avec 22,0 mm |
3e | mois de mai le plus sec en 93 ans à Gatineau (Chelsea), avec 29,6 mm |
3e | mois de mai le plus sec en 90 ans à Québec, avec 36,3 mm |
4e | mois de mai le plus sec en 103 ans à Drummondville, avec 20 mm |
10 à 40 | % du total de pluie mensuel normal de Gatineau à Québec |
4 | jours de canicule sur une bonne partie du sud du Québec, du 26 au 29 mai |
3e | chaleur quotidienne absolue locale la plus élevée en mai en plus de 100 ans, avec 36,8 à 37,3 °C le 27 |
67 | % du total de pluie mensuel normal au sud du Québec, avec 48 mm |
-1,0 | °C anomalie de température moyenne au sud du Québec et à l’échelle de la province |
La neige tombait toujours à plein ciel, deux semaines seulement avant la canicule, sur les régions de la Capitale-Nationale, de la Chaudière-Appalaches et du Bas-Saint-Laurent. Elle reprenait deux jours plus tard dans la réserve faunique des Laurentides, à la suite d’une baisse de près de 30,0 °C du maximum quotidien. On passait ainsi de la journée la plus froide à la journée la plus chaude de ce mois et d’une température moyenne de -2,0 °C à 20,9 °C au sud du Québec du 12 au 27, avant que la température ne redescende à 4,3 °C le 31. Ces extrêmes en faisaient les journées les plus anormales de ce mois, avec des écarts moyens à la normale respectifs de -8,8 °C et 9,7 °C, indication claire de l’anormalité de ces situations en mai. L’anomalie moyenne mensuelle a été de -1,0 °C au sud du Québec et à l’échelle de la province.
Mai a aussi été sec, n’apportant que 10 à 40 % du total mensuel de pluie normal de Gatineau à Québec et 67 % en moyenne au sud du Québec. À Gatineau (Chelsea), c’était le 3e mois de mai le plus sec en 93 ans d’observations, avec 29,6 mm, soit 2,0 mm de plus qu’en mai 1932 et 4,4 mm de plus qu’en mai 1988. À Drummondville, les 20 mm de pluie tombés, soit moins de 1 mm de plus qu’en 1914 et 1982 et 13,5 mm de plus qu’en 1921, constituaient aussi les 3e plus faibles précipitations en 106 ans d’observations. À Québec, le total de 36,3 mm était le 3e plus faible total pour un mois de mai en 90 ans d’observations, à seulement 4,7 et 0,2 mm devant mai 1977 et mai 1982. C’était aussi la moins abondante quantité de pluie reçue en un mois de mai en 88 ans d’observations à Saint-Jérôme dans les Laurentides (22,0 mm) et en 46 ans d’observations à Cap-des-Rosiers en Gaspésie (17,2 mm). Fort heureusement, les pluies record de 2017 et 2019 ne se sont pas produites durant cette crue printanière. Le printemps 2020 a plutôt offert des conditions de fonte favorables comme en 2018, rapprochant l’apport en eau total de la normale. Plus de 60 % du total mensuel de pluie est d’ailleurs tombé lors des sept derniers jours de mai, au sud du Québec, c’est-à-dire après la crue printanière. Le total des précipitations était ainsi largement sous la normale avant ces derniers jours de mai, gardant le niveau des cours d’eau sous les seuils d’inondation.
Le 1er mai, la pluie débutée dans l’ouest de la province le 30 avril se poursuit vers l’est. La Gaspésie et la Côte-Nord reçoivent de 20 à 30 mm de pluie. Le 1er et le 2 sont les seuls jours où les températures sont au-dessus de la normale des 19 premiers jours de mai, par 1,4 °C en moyenne au Québec.
Du 2 au 4 mai, des averses balaient le sud du Québec d’ouest en est, laissant près de 10 à 20 mm, d’abord sur l’Abitibi-Témiscamingue le 2, puis jusqu’en Gaspésie et sur la Côte-Nord le 4. Les montagnes de la Gaspésie se couvrent alors de 10 cm de neige.
Le 7 mai, le couvert de neige toujours présent dans la réserve faunique des Laurentides augmente de 10 cm.
Le 11 mai, de la neige est observée de l’Estrie jusqu’au Bas-Saint-Laurent, en passant par Québec, avec des quantités atteignant 10 cm en territoire montagneux. En Estrie et en Beauce, on reçoit plutôt de 10 à 20 mm de pluie. Le 12 est d’ailleurs le jour le plus froid et le plus anormalement froid de mai, avec une température moyenne de -2,0 °C au sud du Québec et de -2,9 °C à l’échelle de la province, respectivement 8,8 °C et 6,6 °C sous la normale. Une séquence de sept jours de température largement sous la normale, avec une anomalie moyenne de -7,0 °C au sud du 7 au 13, tire alors à sa fin. Les températures se réchauffent quelque peu les jours suivants, mais ne grimperont pas au-dessus de la normale avant le 20, une semaine plus tard.
Les 14 et 15 mai, il tombe de 10 à 30 mm de pluie sur le sud-ouest du Québec, le maximum étant observé le long de la frontière sud de la province, en Montérégie et en Estrie.
Les 20 et 21 mai sont les premières journées plus chaudes que la normale en 18 jours (depuis le 2), par 2,8 °C au sud et par 2,1 °C au Québec. Le 22 au Québec, et le 23 au sud de la province, la température redescend sous la normale au passage d’une masse d’air froid, qui laisse dans son sillage de 10 à 15 mm de pluie par endroits sur les régions de l’Abitibi-Témiscamingue et de l’Outaouais, puis sur celle du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Du 24 au 29 mai, l’été semble arriver hâtivement, avec des températures plus chaudes que la normale, en moyenne par 6,8 °C au sud et par 4,0 °C au Québec. La journée la plus chaude et la plus anormalement chaude de ce mois est le 28, avec une température moyenne de 20,9 °C au sud et de 13,2 °C au Québec, des valeurs respectivement 9,7 °C et 6,1 °C au-dessus de la normale. On observe alors une rare canicule de quatre jours. L’air chaud contenant plus d’humidité, les derniers jours de mai laissent plus de la moitié du total mensuel de pluie, avec 27 mm en moyenne au sud de la province du 27 au 30 et jusqu’à 70 mm en Outaouais. Un tiers de ce total tombe au lendemain de la journée la plus chaude du mois, le 29, alors qu’un front froid progresse du nord-ouest.
Les 30 et 31 mai, des températures sous la normale, par 4,0 °C au sud et par 3,5 °C au Québec, rappellent aux Québécois qu’ils sont toujours bel et bien au printemps.
Crue printanière 2020 : le 21e apport en eau total le plus abondant en 58 ans au sud du Québec
La 12e période de fonte la plus sèche en 58 ans, du 1er avril au 15 mai, a diminué le risque posé par le 12e apport en eau de fonte le plus important depuis 1963, en moyenne, au sud du Québec. En effet, en limitant l’apport en eau total à 333 mm, soit 27 mm de plus que la normale (au 21e rang des plus abondants en 58 ans), les faibles précipitations ont rendu la crue printanière plus prévisible et simplifié sa gestion. Comme c’est normalement le cas un printemps sur deux, mais contrairement aux trois dernières années, le contenu en eau du couvert de neige au sol avait aussi arrêté de s’accroître après la mi-mars. Il avait même chuté de 5 % (14 mm) avant le 1er avril. Ainsi, 65 % de l’eau de fonte provenant des régions au sud-ouest du Saint-Laurent (Montérégie, Estrie et Centre-du-Québec) s’est écoulée durant les journées plus douces de mars, avant l’arrivée de l’eau de fonte des régions au nord. Après deux semaines 1,5 °C plus chaudes que la normale au début avril, la fonte a aussi été plus graduelle par la suite. Avec 29 des 32 jours suivants plus froids que la normale, notamment les 13 derniers, l’anomalie moyenne a été de -4,3 °C. Dame Nature a ainsi été de notre côté durant cette période compliquée par la pandémie. Le début de la fonte est documenté dans les faits saillants climatiques d’avril. Voici quelques détails régionaux sur la fonte de mai et sur l’ensemble de la période de fonte dans les régions au sud-ouest du Québec :
Outaouais et Montréal (du Témiscamingue aux Laurentides) : l’apport total en eau de 272 mm, 31 mm plus élevé que la normale, a été le 26e plus abondant en 58 ans du 1er avril au 15 mai 2020. Après des apports totaux en eau 25 mm au-dessus, puis 19 mm sous la normale dans la première et la seconde moitié d’avril, l’apport total en eau (55 mm) a été à 2 mm près de la normale pendant la première moitié de mai, le déficit de pluie de 27 mm compensant un apport en eau de fonte 25 mm plus élevé que la normale. Un apport résiduel de fonte de 14 mm, soit 10 mm de plus que la normale, restait à venir après le 15 mai.
Saint-Laurent sud-ouest (de la Montérégie à l’Estrie) : l’apport total en eau de 161 mm, 30 mm sous la normale, a été le 18e moins élevé en 58 ans du 1er avril au 15 mai 2020. La fonte était déjà bien amorcée en mars dans ces régions, abaissant l’apport en eau de fonte de 95 mm (65 %) avant même le 1er avril. L’apport total en eau aurait pu se trouver au 26e rang des plus abondants en 58 ans sans cette fonte, mais on pourrait en dire autant des autres années qu’elle devancerait ainsi, une fonte en mars n’étant pas inhabituelle dans ces régions de l’extrême sud. Dans la première moitié de mai, l’apport total en eau était ainsi exclusivement alimenté par la pluie, et encore, celle-ci se limitant à un faible 14 mm, soit 25 mm sous la normale.
Saint-Laurent nord-ouest (de Lanaudière à la Capitale-Nationale) : l’apport total en eau de 406 mm, soit 84 mm de plus que la normale, a été le 8e plus élevé en 58 ans du 1er avril au 15 mai. À l’inverse de la situation observée au sud-ouest du Saint-Laurent, une partie de ce total s’est écoulée après la période de référence, alors que 118 mm d’apport en eau de fonte, soit 105 mm de plus que la normale, se sont écoulés durant la seconde portion de mai. Une quantité de pluie moindre que la normale du 1er avril au 15 mai (-17 mm), surtout du 1er au 15 mai (-28 mm), a évité l’atteinte de plus hauts sommets dans l’apport total en eau, alors que l’apport en eau de fonte était 91 mm plus abondant que la normale dans ces régions.
Printemps et année : 2020 plus chaud que la normale de 1981-2010, malgré un printemps frais et sec
Le printemps a été 0,7 °C plus froid au sud et 0,3 °C plus froid au nord que la normale, pour une anomalie moyenne de -0,4 °C au Québec, de mars à mai. Les faibles pluies de mai ont fait chuter sous la normale le total printanier de précipitations liquides (119 mm, -29 mm), alors que le total de neige a été un peu plus abondant (70 cm, +10 cm) que la normale. Le déficit printanier de pluie est même de -60 à -100 mm localement dans les régions de la Capitale-Nationale, de la Chaudière-Appalaches, de la Gaspésie et de la Côte-Nord. Au contraire, le total de pluie a été de 10 à 45 mm plus élevé que la normale dans les régions de l’Outaouais, du sud des Laurentides, de Montréal, de la Montérégie, de l’Estrie et du Centre-du-Québec.
Parvenue presque à mi-chemin, l’année 2020 a jusqu’à présent été plus douce que la normale de 1981-2010, par des marges quasi identiques de 0,8 °C au sud et de 0,7 °C au nord, pour une anomalie moyenne de 0,7 °C au Québec. Le sud de la province a reçu un peu plus de neige (172 cm, +17 cm), mais moins de pluie (126 mm, -35 mm) que la normale.
Une canicule en mai au Québec?
Les canicules ne sont pas légion, en mai, dans les archives climatiques du Québec. On y enregistre quatre canicules similaires à celle de ce mois de mai ces 50 dernières années (1977, 1978, 1992 et 2010) et quatre autres, moins intenses, les 60 années précédentes (1911, 1950, 1960 et 1962). Le maximum quotidien absolu au Québec (de 38,9 °C) a été observé au Témiscamingue (Rapides-des-Joachims) durant la canicule de sept jours de mai 1978, devançant les 37,8 °C rapportés en Estrie (Disraeli) durant la canicule de mai 1911.
Sommaire
mensuel géostatistique
pour le Québec |
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Mai 2020 | Moyenne |
Anomalie (réf. 1981-2010) |
Classification (réf. 1981-2010) |
Température maximale (°C) | 8,1 | -1,3 | Normal |
Température moyenne (°C) | 3,2 | -1,0 | Normal |
Température minimale (°C) | -1,5 | -0,4 | Normal |