Juillet 2020 : le mois le plus chaud en au moins 100 ans au Québec, la sécheresse se poursuit
Juillet 2020 a été le mois le plus chaud depuis au moins 100 ans au Québec avec une température moyenne de 17,1 °C, devançant de 2,5 °C la normale de 1981-2010 et de 1,3 °C la précédente température la plus chaude en 100 ans, enregistrée en juillet 2018. Les trois dernières années ont offert les deux mois de juillet les plus chauds des 100 dernières années et, avec juillet 2019 au sixième rang, elles regroupent la moitié des six plus chauds. Au sud, c’est en 1921 qu’on a observé le seul mois de juillet plus chaud que juillet 2018 et 2020, par 0,2 °C et 0,4 °C. Juillet 2020 a cependant été 2,7 °C plus chaud que la normale au nord du Québec, ce qui doit faire de ce mois le plus chaud des archives climatiques à l’échelle du Québec. Le peu d’observations nordiques notées il y a 100 ans en empêche cependant la confirmation. Plus d’un record sur trois de chaleur mensuelle locale a été battu. Gatineau a subi 19 jours de canicule pour une température moyenne de 24,2 °C, surpassant de 1,3 °C le précédent record en 90 ans et de 3,6 °C la normale. Il a fait plus chaud encore à Longueuil (25,1 °C), qui est venu à 0,1 °C de rééditer son propre record de chaleur mensuelle absolue au Québec (juillet 2018). L’état de sécheresse observé dans plusieurs secteurs en mai et juin s’est ainsi maintenu.
Juillet 2020 en chiffres | |
1er | mois le plus chaud depuis au moins 100 ans au Québec |
1,3 | °C de plus que le précédent mois le plus chaud en 100 ans au Québec (juillet 2018) |
2,5 | °C de plus que la température moyenne normale de juillet au Québec |
122 | % du total de pluie normal en juillet au sud du Québec (130 mm) |
1er | séquence mai-juillet la plus sèche en plus de 107 ans à Sorel-Tracy (118 mm) |
1er | séquence mai-juillet la plus sèche en plus de 100 ans à Saint-Narcisse (134 mm) |
1er | séquence mai-juillet la plus sèche en 79 ans à Port-Daniel (152 mm) |
1er | séquence mai-juillet la plus sèche en 67 ans à Québec (Charny, 178 mm) |
1er | séquence mai-juillet la plus sèche en 60 ans à Rimouski (120 mm) |
1er | séquence mai-juillet la plus sèche en 44 ans à Saint-Jérôme (191 mm) |
1er | séquence mai-juillet la plus sèche en 44 ans à Gatineau (Chelsea, 151 mm) |
19 | jours de canicule, dont une de 10 jours, à Gatineau |
Autour du lac Saint-Pierre, le plus chaud mois de juillet jamais observé a asséché un sol qui avait reçu ses plus faibles pluies, en au moins 100 ans, soit 25 mm de moins que les précédents minimums observés à Sorel-Tracy (1965) et à Saint-Narcisse (1941), avec des totaux respectifs de 118 et 134 mm depuis mai, à 167 et 185 mm sous la normale. À Gatineau (Chelsea), la plus importante chaleur enregistrée en plus de 93 ans en juillet a asséché un sol alimenté depuis mai par les plus basses quantités de pluie en 44 ans, soit 151 mm, à 115 mm sous la normale, mais 24 mm au-dessus du minimum observé en 1955. Saint-Jérôme a aussi reçu depuis mai les plus faibles quantités de pluie en 44 ans, avec 191 mm, soit 110 mm sous la normale, mais 50 mm au-dessus du minimum record des 88 dernières années, observé en 1966. Sur la rive sud de Québec (Charny), le total de 178 mm de pluie reçus depuis mai est le plus faible observé dans la région depuis 1953. Au Bas-Saint-Laurent, Rimouski (120 mm) et La Trinité-des-Monts (178 mm) ont reçu depuis mai la plus faible quantité de pluie en 60 ans. En Gaspésie, Port-Daniel (152 mm) a atteint de mai à juillet son plus bas niveau depuis 1942 (149 mm) en 94 ans d’observations. L’état de sécheresse varie d’anormal à grave de l’Outaouais à la Côte-Nord et sème la désolation chez les agriculteurs. Ces déficits encaissés depuis mai ne se sont pas améliorés en juillet, les extrêmes sud, nord et est de la province étant en déficit ou près de la normale. Des surplus importants en Abitibi-Témiscamingue, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et en Jamésie ont haussé le total de pluie mensuel moyen à 22 % au-dessus de la normale au sud (130 mm), et lui ont permis d’atteindre la normale à l’échelle du Québec (100 mm).
Des phénomènes extrêmes ont frappé le Québec en juillet. Les troisième et quatrième maximums moyens quotidiens les plus élevés au sud du Québec depuis 1975 ont été observés en deux semaines (31,6 °C le 18 juin et 31,0 °C le 1er juillet) et le huitième, neuf jours plus tard (30,9 °C le 10 juillet). Gatineau a subi trois canicules pour un total de 19 jours : une première dès les dix premiers jours du mois, pendant trois jours une semaine plus tard, puis pendant six autres jours après une pause de cinq jours. La canicule de dix jours à Gatineau et au sud-ouest de la Montérégie a été entrecoupée de journées sous les 30,0 °C ailleurs au sud du Québec, rappelant tout de même la canicule exceptionnelle de juin qui avait affecté plus longtemps un plus grand secteur, quelques jours plus tôt. En un mois, le sud de l’Outaouais et des Laurentides, Montréal et l’ouest de la Montérégie ont connu de 10 à 19 jours avec un maximum quotidien plus élevé que 30,0 °C, soit trois à quatre fois plus que la normale en juillet. La Jamésie a aussi vécu jusqu’à sept jours de canicule, de la fin juin au début juillet, alors qu’une seule journée dépasse normalement les 30,0 °C dans la région en juillet. Radisson, à quelques kilomètres de la limite sud du district arctique québécois du Nunavik, a aussi vu une canicule prendre fin le 1er juillet. De plus, le tonnerre a grondé presque tous les jours (sauf trois) en un point du sud du Québec, et cinq tornades ont sévi au cours de la deuxième moitié du mois, dans les régions de Lanaudière, de Bellechasse, de la Mauricie et de l'Estrie, puis de nouveau dans Bellechasse, pour un total de sept tornades en 2020, soit trois de plus déjà que durant l’année 2019.
Du 1er au 10 juillet, les quatrième et huitième maximums moyens les plus chauds depuis 1975 au sud du Québec (31,0 °C et 30,9 °C le 1er et le 10) lancent et terminent une canicule qui durera jusqu’à dix jours à Gatineau (Chelsea) et au sud-ouest de la Montérégie (Les Cèdres, Sainte-Martine), alors que le 1er, une canicule de trois jours se termine en Abitibi-Témiscamingue et en Jamésie. La journée du 4, au cœur de cette période, illustre bien la chaleur de ce mois, étant la plus fraîche de juillet malgré une température moyenne au-dessus de la normale par 0,4 °C au sud (16,2 °C) et par 0,5 °C au Québec (14,1 °C), alors que la canicule se poursuit à Gatineau et au sud-ouest de la Montérégie. La canicule reprend de plus belle dès le lendemain ou le surlendemain dans plusieurs localités du sud du Québec et prendra fin le 10 juillet, lors de la journée la plus chaude en 15 ans, avec une température moyenne de 23,8 °C au sud et de 20,6 °C au Québec. Cette température moyenne au sud est 0,3 °C plus élevée que celle du 18 juin et la plus élevée depuis le 18 juillet 2005 (24,2 °C). L’anomalie moyenne de 7,1 °C au sud et de 6,4 °C au Québec est aussi la plus élevée de ce mois.
Les 7 et 8 juillet, des orages entraînent de la pluie parfois forte partout au sud du Québec, d’une intensité atteignant 26,2 mm en 15 minutes et totalisant 51,4 mm en seulement 60 minutes au Centre-du-Québec (Tingwick). Lors de cet événement, 11 % du total mensuel de pluie tombe en moyenne au sud de la province (15,1 mm).
Du 10 au 12 juillet, le temps principalement orageux amène 21 % du total mensuel de pluie au sud du Québec (25,8 mm), alors que, dans l’intervalle, une masse d’air froid abaisse de 9,4 °C le maximum moyen quotidien, qui est de 21,5 °C au sud du Québec le 12, un minimum durant ce mois. Les nuits demeurent chaudes, celle du 11 étant d’ailleurs la plus chaude de ce mois, à 18,1 °C au sud et 15,3 °C au Québec, et la température moyenne demeure malgré tout au-dessus de la normale.
Du 15 au 17 juillet, des orages laissent 14 % du total mensuel de pluie au sud (17,4 mm). Les nuits se rafraichissent et, l’instant d’une seule journée en juillet, la température moyenne au sud se situe tout juste sous la normale (-0,2 °C) le 15. Ce n’est pas le cas à l’échelle du Québec, où aucune journée ne montre une anomalie inférieure à 0,5 °C en juillet. Le 15, la pluie atteint un maximum de 56,6 mm en 12 heures au Témiscamingue (Ville-Marie). Le 16, elle atteint une intensité de 27,8 mm en quinze minutes dans les Laurentides (Mont-Saint-Michel) et un total de 105,0 mm au Saguenay–Lac-Saint-Jean (Lac-Ashuapmushuan). Une troisième tornade cette année au Québec est rapportée dans Lanaudière (Manawan) le 16.
Du 17 au 19 juillet, Gatineau vit de nouveau une canicule, pour trois jours cette fois, après cinq jours de pause, et on y est alors déjà à 13 jours de canicule en 19 jours. Les 18 et 19, le maximum surpasse aussi les 30,0 °C ailleurs dans l’extrême sud et on atteint le critère de canicule avec une troisième journée au-dessus de ce seuil le 20 autour du lac Memphrémagog (Hemmingford, Saint-Bernard-de-Lacolle et Sabrevois). La période du 18 au 20 apporte aussi 9,9 mm de pluie en moyenne au sud du Québec.
Le 21 juillet est la seule journée sans pluie rapportée au sud du Québec, alors que les températures demeurent près des normales pour quelques jours.
Le 23 juillet, une quatrième tornade en 2020 est rapportée, cette fois dans Bellechasse (Sainte-Sabine).
Du 24 au 29 juillet, une troisième canicule en juillet est observée à Gatineau, d’une durée de six jours cette fois. C’est aussi le cas durant cinq jours à Laval et au sud-ouest de la Montérégie (Hemmingford, Sabrevois et Saint-Anicet, du 24 au 28) et durant trois à quatre jours pour les autres municipalités de ces régions. Du 25 au 30, les orages sont fréquents et la pluie est omniprésente, avec près du tiers du total mensuel moyen au sud du Québec (38,7 mm). On rapporte aussi trois tornades, en Mauricie (Saint-Roch-de-Mékinac) et en Estrie (Saint-Mathias-de-Bonneterre) le 27 et dans Bellechasse (Armagh) le 28, portant leur nombre à sept en 2020 au Québec.
2020 : près d’un degré plus chaud et moins de pluie que la normale de 1981-2010, de janvier à juillet
2020 a jusqu’à présent été 0,9 °C plus chaud que la normale de 1981-2010 au Québec. L’écart à la normale est encore plus grand au sud du Québec, soit 1,1 °C. Le sud de la province a reçu un peu plus de neige que la normale (172 cm, +17 cm), mais moins de pluie (309 mm, -63 mm), de janvier à juillet, une situation similaire à celle observée à l’échelle du Québec.
Sommaire mensuel géostatistique pour le Québec |
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Juillet 2020 | Moyenne | Anomalie (réf. 1981-2010) |
Classification (réf. 1981-2010) |
Température maximale (°C) | 22,5 | 2,4 | Très chaud |
Température moyenne (°C) | 17,1 | 2,5 | Exceptionnellement chaud |
Température minimale (°C) | 11,6 | 2,7 | Extrêmement chaud |