Octobre 2017 : chaleur record au sud du Québec
En 2017, le sud du Québec a connu son mois d’octobre le plus chaud depuis au moins 1870, date des premières archives climatiques. Octobre 2017 se classe premier aux stations centenaires de Les Cèdres, Sorel, Nicolet, Drummondville, Farnham, La Tuque, Saguenay, La Malbaie, Tadoussac et Causapscal, et premier en 90 ans d’observations à Port-Daniel. À Ville-Marie (Témiscamingue) et Chelsea (Outaouais), il n’a été surpassé, ces cent dernières années, que par octobre 1947, le plus chaud au sud du Québec avant cette année. À Sept-Îles, ces 80 dernières années, seul octobre 1968, année du précédent record dans la plupart des municipalités de l’est de la province, le devance. Au final, de l’Abitibi à la Basse-Côte-Nord, 89 % des records de température moyenne mensuelle ont été battus, par 1 °C en moyenne, et par plus de 2 °C dans l’extrême sud. L’anomalie moyenne par rapport aux normales de la période 1981-2010 a été de 3,7 °C au sud de la province et de 2,6 °C au Québec.
Ce mois d’octobre était le quatorzième depuis 2000 à présenter des températures supérieures aux normales, dans le sud de la province, et il suivait un onzième mois de septembre consécutif à présenter une anomalie de température positive. Cette tendance au réchauffement automnal, au 21e siècle, combinée avec la séquence plus récente de printemps frais, laisse percevoir un décalage de nos saisons. Le premier gel automnal, généralement arrivé avant ou pendant les premiers jours d’octobre, dans le sud du Québec, avait d’ailleurs un retard moyen de quatre jours. Par la suite, deux périodes particulièrement clémentes dans l’extrême sud, du 5 au 7 et du 18 au 23, ont donné à croire que dame Nature avait échangé un été frais pour deux étés des Indiens!
Malgré ces belles périodes, des pluies abondantes en Outaouais ont causé d’importantes inondations automnales, nécessitant des mesures d’urgence à Val-des-Monts et La Pêche et plaçant Gatineau en état d’alerte. Touchées par la sécheresse cet été, les régions s’étendant de la Mauricie au Bas-Saint-Laurent ont reçu jusqu’au double des pluies attendues en octobre. Sur la Côte-Nord, l'évacuateur de crue du barrage Manic-5 a dû être ouvert pendant 24 heures pour laisser passer l’excès d’eau causé par les fortes précipitations, une première en plus de cinquante ans d’opération. Octobre a ainsi été beaucoup plus pluvieux que la normale, en moyenne, au sud de la province (127 mm, 154 %) et au Québec (93 mm, 185 %). Les chutes de neige, généralement limitées au nord du 49e parallèle, ont fait un retour plus timide (10 cm, 75 %) que la normale, en moyenne, au Québec.
Du 1er au 3 octobre, les nuits sont froides et deviennent l’occasion d’un premier gel automnal à plusieurs endroits, de l’Outaouais à la Gaspésie. Dans l’est de la province, seize records quotidiens de froid sont établis dans la nuit du 2 au 3. À Baie-Comeau (Les Buissons), un tel record est établi, suivant un record quotidien de chaleur la veille!
Du 3 au 10 octobre, les températures sont constamment au-dessus des normales, par 3,4 °C au Québec et par 5 °C dans le sud de la province, en moyenne. Soixante-quatre records quotidiens de chaleur sont établis durant cette période. Alors que le premier gel est chose du passé à plus de 60 % des stations, et en raison du peu de pluie tombée entre le 5 et le 7, on peut qualifier cette période d’été des Indiens dans l’extrême sud du Québec. Le 4, les maximums dépassent les 25 °C à 45 stations de cette partie du territoire. Un maximum absolu de 28,5 °C est mesuré à Hemmingford, en Estrie, faisant de ce jour le 4 octobre le plus chaud à cet endroit en plus de 50 ans de mesures. Les 8 et 9 offrent les températures moyennes les plus élevées du mois, avec 9,6 °C le 9 au Québec et 14,4 °C le 8 au sud, une anomalie de 8,9 °C. Les températures maximales sont alors de 18,5 °C, en moyenne, dans le sud de la province, et elles atteignent 25 °C dans la région de Montréal.
Le 12 octobre, le premier gel arrive dans certaines autres municipalités, de Ville-Marie, au Témiscamingue, à Chaudière-Appalaches.
Le 15 octobre, une tornade touche Mont-Laurier, dans les Laurentides, alors qu’à La Pêche, en Outaouais, 72 mm de pluie tombent en seulement quatre heures, la plus grande partie (59 mm) entre 16 h et 18 h. Les maximums dépassent de nouveau les 25 °C en Montérégie et quarante records quotidiens de chaleur sont établis dans l’extrême sud, du parc de la Gatineau au Bas-Saint-Laurent. Malgré tout, les températures atteignent le point de congélation sur la Côte-Nord, qui reçoit une première chute de neige notable, de 10 à 15 cm, sur les hauts plateaux menant au Labrador.
Le 17 octobre, la nuit la plus froide de ce mois amène un premier gel dans plusieurs localités, cette fois entre la Montérégie et Tadoussac.
Le 18 octobre s’amorce une autre séquence de journées anormalement chaudes, par 3,2 °C au Québec et 4,7 °C au sud, pendant laquelle plus de 140 records quotidiens de chaleur sont établis. De nouveau, du 20 au 24, les maximums dépassent régulièrement les 20 °C et occasionnellement les 25 °C de la Montérégie à l’Estrie. Le soleil étant au rendez-vous sur le sud du Québec jusqu’au 23, cette période peut certainement être qualifiée d’été des Indiens – un deuxième pour les plus chanceux.
Les 25 et 26 octobre, de fortes pluies s’abattent de l’Estrie à l’est de la province. Le secteur de la rivière Manicouagan, sur la Côte-Nord, reçoit jusqu’à 133 mm de pluie pendant ces deux jours. Hydro-Québec est alors forcée d’ouvrir les vannes de l'évacuateur de crue du barrage hydroélectrique Manic-5 pendant 24 heures, ce qui n'était jamais arrivé auparavant.
Dans la nuit du 29 au 30 octobre, de nouvelles pluies intenses et de forts vents laissent 200 000 Québécois sans électricité et causent d’importants dégâts. En Outaouais, de 85 à 110 mm de pluie s’abattent sur Gatineau et ses environs, la majorité de minuit à 7 h, entraînant des inondations à Gatineau, placé en état d’alerte, et forçant Val-des-Monts à décréter l’état d’urgence.
Le 31 octobre, l’Halloween est célébrée lors de la journée la plus froide de ce mois, avec 0,5 °C, en moyenne, au Québec. Des vents importants sont toujours de la partie. On note que Montréal n’a toujours pas été atteint par le gel automnal à la fin de ce mois, en raison d’un important effet d’îlot de chaleur urbain.
2017 : vers une vingtième année consécutive de températures supérieures à la normale du 20e siècle
Les chaleurs automnales ont fait grimper l’anomalie de température moyenne annuelle de 2017 à 0,9 °C, par rapport aux températures normales de la période 1981-2010. À moins que novembre et décembre ne présentent de fortes anomalies négatives, cette année est en voie d’être la vingtième consécutive à présenter des températures supérieures à la moyenne du 20e siècle, au Québec.
L’Outaouais et la Montérégie, après avoir subi d’importantes inondations printanières, ont dû faire face à des précipitations fortes et abondantes, atteignant jusqu’au double de la normale attendue en septembre et octobre et entraînant une crue automnale inhabituelle. De la Mauricie au Bas-Saint-Laurent, les pluies abondantes d’octobre ont toutefois permis d’améliorer significativement l’état de sécheresse qu’on y observait, les précipitations reçues depuis juin totalisant maintenant les trois quarts des quantités attendues. Seul Cap-des-Rosiers, porte d’entrée du parc national de Forillon en Gaspésie, a maintenant reçu une plus faible proportion de précipitations (294 mm, 56 %) depuis juin. Jusqu’à maintenant, en 2017, les précipitations ont été plus abondantes (760 mm, 106 %) que la normale des années 1981 à 2010, en moyenne, au Québec.
Sommaire
mensuel géostatistique
pour le Québec |
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Température (°C) | Moyenne |
Anomalie (réf. 1981-2010) |
Classification |
Maximale | 8,4 | 3,1 | Exceptionnellement chaud |
Moyenne | 4,6 | 2,6 | Très chaud |
Minimale | 0,8 | 2,3 | Très chaud |