Faits saillants
Août 2023 : chaleur exceptionnelle au nord, pluie exceptionnelle au sud
Août 2023 a été le 21e mois d’août le plus chaud des archives en moyenne au Québec, avec une température moyenne surpassant de 0,9 °C la normale1, et le 6e plus pluvieux au sud de la province, avec des pluies record par endroits. La chaleur a été particulièrement anormale au Nord-du-Québec (3e mois d’août le plus chaud des archives à Inukjuak, 5e à Quaqtaq, 8e à Kuujjuaq, 11e à Kuujjuarapik et à Radisson) et sur la Côte-Nord (4e à Lourdes-de-Blanc-Sablon, 10e à Baie-Johan-Beetz et Rivière-au-Tonnerre, 12e à Schefferville), alors que ce mois d’août a été plutôt normal au sud de la province (43e) et même plus froid que la normale par endroits. Fait inusité, le seuil des 30 °C n’a été atteint à aucun moment en août (maximum absolu de 29,9 °C le 18 à Kangiqsualujjuaq, au Nord-du-Québec), même si le maximum moyen a été 0,7 °C supérieur à la normale en moyenne au Québec. La chaleur a, par ailleurs, été plus anormale de nuit, avec un minimum moyen 1,2 °C plus élevé que la normale, malgré quelques descentes sous le point de congélation (minimum absolu de -4,0 °C le 30 à l’est de la baie James). Ce mois a fait grimper 2023 au cinquième rang des années les plus chaudes observées, après le quatrième mois de juin le plus chaud et un record de chaleur en juillet. L’été 2023 a dans son ensemble été la saison la plus chaude depuis au moins 104 ans en moyenne au Québec, sa température moyenne surpassant de 0,3 °C le précédent record et de 1,9 °C la normale. L’observatoire européen Copernicus avance d’ailleurs que cet été aurait été le plus chaud de l’histoire de l’humanité, c’est-à-dire depuis au moins 110 000 ans, à l’échelle planétaire.
| Août 2023 en chiffres | |
| 21e | mois d’août le plus chaud des 104 dernières années au Québec (43e au sud) |
| 5e | début d’année le plus chaud au Québec (6e au sud) |
| 0,9 | °C plus chaud que la normale en août au Québec (0,2 °C au-dessus de la normale au sud) |
| 29,9 | °C au maximum le 18 à Kangiqsualujjuaq, au Nord-du-Québec |
| 18e | mois d’août le plus pluvieux en au moins 104 ans au Québec (6e au sud) |
| 126 | % de la pluie normale en août en moyenne au Québec (103 mm, 152 % au sud avec 131 mm) |
Près de trois fois les pluies normales en août par endroits en Gaspésie
Seuls cinq mois d’août ont été plus pluvieux ces 104 dernières années en moyenne au sud de la province (1932, 1938, 1965, 1988 et 2017). Le total de pluie a par endroits dépassé les 300 mm en Gaspésie et les 200 mm dans plusieurs autres régions, soit plus de deux fois et demie la normale par endroits et une fois et demie en moyenne au sud de la province. Il s’agissait d’un record de pluie pour n’importe quel mois de l’année à New Carlisle (313 vs 233 mm en octobre 1977), à Saint-Elzéar-de-Bonaventure (284 vs 249 mm en septembre 2021), à Nouvelle (256 vs 197 mm en juillet 1980) et, de l’autre côté du golfe du Saint-Laurent, sur la Côte-Nord, à Baie-Johan-Beetz (241 vs 240 mm en juillet 1996). Le record de pluie en août a aussi été largement battu à Gaspé (302 mm vs 249 mm en 1990), mais il y avait déjà plu davantage à deux reprises en un mois : en avril 1980 (314 mm, graves inondations printanières) et en septembre 2021 (344 mm, restes de l’ouragan Ida). Le total a aussi été très élevé dans plusieurs autres régions, sans toutefois battre de records, notamment en Estrie (217 mm à Richmond), au Centre-du-Québec (213 mm à Laurierville), dans la Capitale-Nationale (216 mm à Petite-Rivière-Saint-François), dans la Chaudière-Appalaches (238 mm à Thetford Mines), au Bas-Saint-Laurent (214 mm à Rivière-Bleue) et au Saguenay—Lac-Saint-Jean (235 mm à la chute du Diable). De surcroît, seules deux séquences juillet-août ont été plus pluvieuses ces 104 dernières années, en moyenne, au sud de la province (en 1932 et 1938). L’été a même été dans son ensemble le plus pluvieux observé localement à plusieurs endroits. La saison a d’ailleurs été catastrophique pour de nombreux producteurs agricoles, qui ont perdu une partie de leurs récoltes.
Certaines portions de l’Outaouais, de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec en ont cependant reçu des quantités plus basses que la normale en août. La bataille contre les feux de forêt se poursuivait d’ailleurs au nord, dans la taïga.
Chronologie des événements
Le 3 août, 48 mm de pluie tombent en une heure sur Ville-Marie en Abitibi-Témiscamingue, la quasi-totalité (44 mm) étant en fait reçue en 30 minutes et 30 mm en seulement 15 minutes, les plus fortes intensités de ce mois sur ces courtes périodes. Les orages de ce système dépressionnaire se déplacent d’ouest en est et apportent près ou plus de 60 mm de pluie du 2 au 3 à Ville-Marie, puis du 3 au 4 en Montérégie (Saint-Hyacinthe et Saint-Simon) et sur l’Estrie (Tingwick) et du 4 au 5 sur le Bas-Saint-Laurent (Escourt), la Côte-Nord (Sept-Îles, Rivière-au-Tonnerre et Moisie) et la Gaspésie (Gaspé). De la grêle s’ajoute le 3 en Outaouais (Notre-Dame-de-la-Paix et Low) et le 4 en Estrie (Farnham). Après une tornade confirmée dans la région d’Ottawa le 3, des alertes d’orages violents sont publiés à mesure que le système poursuit sa route vers l’est. Les vents atteignent une vitesse maximale de 70 km/h à Lennoxville et au lac Memphrémagog le 3, et près de 31 000 clients d’Hydro-Québec sont privés d’électricité le matin du 5, notamment dans Lanaudière, les Laurentides et l’Outaouais.
Du 7 au 9 août, jusqu’à 71 mm de pluie tombent en Mauricie (Sainte-Anne-de-la-Pérade), 85 mm à Québec, 111 mm dans Charlevoix (Petite-Rivière-Saint-François), 90 mm sur la Côte-Nord (Forestville) et 141 mm en Gaspésie (Gaspé), le plus fort total de ce mois en 24 à 48 heures au Québec, alors qu’un système se déplaçant d’ouest en est laisse en moyenne 28 mm au sud de la province. Cette fois, ce n’est pas l’intensité des pluies qui marque, mais le fait qu’elles soient soutenues pendant plusieurs heures.
Le 10 août, c’est au tour du secteur de Gatineau (Chelsea) en Outaouais, de connaître des conditions météo difficiles avec de la grêle et 60 mm de pluie en six heures, dont près de la moitié (26 mm) en seulement 10 minutes, le plus fort total reçu en aussi peu de temps durant ce mois. Le Saguenay—Lac-Saint-Jean en reçoit aussi de 40 à 68 mm par endroits, alors que les précipitations se poursuivent jusqu’au lendemain aux Îles-de-la-Madeleine, pour totaliser 66 mm. Une alerte de tornade est émise pour les secteurs de Saint-Jérôme et de Saint-Eustache le 10, qui ne s’est heureusement pas avérée, mais des vents violents sont tout de même enregistrés, atteignant jusqu’à 73 km/h à Lennoxville en Estrie.
Le 16 août, la centrale La Grande-3 doit de nouveau être évacuée au Nord-du-Québec, alors que des vents du sud poussent la fumée d’importants incendies de forêt, dont le plus grand jamais répertorié au Québec qui continue de progresser dans le secteur de la baie James, vers les installations situées plus au nord. La fumée est aussi particulièrement intense à Radisson, mais la petite communauté n’est pas évacuée.
Le 18 août, Forestville sur la Côte-Nord reçoit 80 mm de pluie, la quasi-totalité (70 mm) en six heures, la plus forte intensité de ce mois sur cette durée. Plus de 70 mm tombent aussi sur Sainte-Lucie au Bas-Saint-Laurent (73 mm), alors que le total s’approche de 60 mm à Senneterre en Abitibi-Témiscamingue (62 mm) et à Albanel au Saguenay—Lac-Saint-Jean (59 mm).
Le 20 août au petit matin, 52 mm de pluie tombent en deux heures à Nouvelle en Gaspésie, à 1 mm près de la plus forte intensité de ce mois en 120 minutes.
Les 29 et 30 août, plus de 90 mm de pluie tombent sur Saint-Joseph-de-Coleraine (91 mm), alors que le total atteint 80 mm à Thetford Mines, dans la Chaudière-Appalaches. Le total tout juste inférieur reçu tout près à Saint-Honoré (75 mm) tombe principalement en deux heures (53 mm), la plus forte intensité de ce mois en 120 minutes. Il dépasse aussi les 50 mm dans les régions voisines de l’Estrie (55 mm à Bonsecours et Richmond) et de la Montérégie (51 mm à Saint-Jude), de même que beaucoup plus à l’est à Percé en Gaspésie (54 mm). Encore plus à l’est, ce sont les vents parfois violents qui affectent les îles-de-la-Madeleine, avec des rafales atteignant jusqu’à 72 km/h.
Après ses huit premiers mois, 2023 est la cinquième année la plus chaude des 104 dernières au Québec, avec une anomalie moyenne de 1,7 °C, alors qu’elle prend le sixième rang au sud de la province, avec une anomalie moyenne de 1,4 °C.
Cette année a d’abord laissé moins de neige que la normale, au sud de la province (119 cm, 15 cm de la normale) et à l’échelle du Québec (89 cm, -40 cm – voir le texte de mai pour plus de détails), mais a désormais amené un surplus de pluie, tant au sud (451 mm, +12 mm) qu’à l’échelle du Québec (356 mm, +4 mm). Le total de pluie depuis le début de l’année dépasse d’ailleurs de 200 mm la normale par endroits en Montérégie, en Estrie, au Centre-du-Québec, dans la Capitale-Nationale et au Saguenay—Lac-Saint-Jean, alors que la pluie avait pourtant manqué pratiquement partout de janvier à juin. Cela continuait toutefois d’être le cas par endroits, notamment en Abitibi-Témiscamingue et à l’est de la baie James.
Sommaire mensuel géostatistique pour le Québec
| Août 2023 | Moyenne | Anomalie1 | Classification |
| Température maximale (°C) | 19,1 | 0,7 | Normal |
| Température moyenne (°C) | 14,3 | 0,9 | Chaud |
| Température minimale (°C) | 9,5 | 1,3 | Chaud |
| 1 La normale de 1981 à 2010 est la référence dans ce texte, à moins d’indication contraire. |
