Mars 2015 : du temps froid pour le début du printemps
En mars 2015, l’anomalie de températures moyennes dans le sud du Québec a été de 3,0 °C sous les normales de la période 1981-2010, un écart qui peut être qualifié de « froid ».
À l’échelle planétaire, mars 2015 a pourtant été déclaré par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) le mois de mars le plus chaud depuis le début des relevés thermométriques, en 1880. Bien que contraires au portrait mondial, les résultats enregistrés au Québec sont cohérents avec cette analyse, qui présente une forte anomalie négative isolée sur le nord-est de l’Amérique pour un troisième mois consécutif et pour un deuxième hiver d’affilée. Une emprise plus fréquente des masses d’air arctiques sur ce territoire est à l’origine de ces anomalies. Il n’y a toutefois pas consensus sur la cause de ce phénomène, ni sur sa possible récurrence dans le futur.
Les températures de mars auront parfois semblé plus chaudes qu’elles ne l’ont été en réalité, à la suite du « froid » de l’hiver 2015 et comparativement au froid extrême de février. Régionalement, les températures ont plutôt été « très froides » dans la Capitale-Nationale, dans le sud de la Mauricie, dans le Centre-du-Québec et en Gaspésie, et elles ont même été « exceptionnellement froides » dans la réserve faunique des Laurentides et en Estrie.
Au total, la neige est tombée avec un peu plus d’abondance (110 %) que la normale en mars, avec 42 cm en moyenne. Des ratios plus élevés ont été observés en Abitibi-Témiscamingue, dans les Laurentides, dans Lanaudière, dans la région de Québec et en Estrie. La municipalité de Notre-Dame-des-Bois, porte d’entrée du parc national du Mont-Mégantic, a dominé le palmarès avec 115 cm – près du double de sa normale. Autrement, au Saguenay—Lac-Saint-Jean et dans l’est du Québec, les quantités reçues sont inférieures aux normales. Ces valeurs de mars complètent un hiver somme toute normal en ce qui concerne les précipitations de neige (94 %), mais où les quantités totales de pluie ont été largement inférieures aux valeurs habituelles.
Le 3 mars, une bonne bordée de neige a couvert tout le territoire, laissant un maximum de 22,8 cm à Rivière-Bleue dans le Bas-Saint-Laurent et 17 cm à Port-Daniel en Gaspésie, qui ne manque pas de neige en cette année 2015.
Le 5 mars aura été la journée la plus froide du mois avec une température moyenne de 20,7 °C, soit 7 °C sous les normales. La nuit suivante, des records quotidiens de froid ont été battus ou égalés à 54 stations réparties dans toutes les régions. À Nicolet, la température de -29 °C était près de 2 °C plus froide que le record précédent pour un 22 mars en 101 ans d’observations.
Les 10 et 11 mars, un premier redoux notable depuis janvier nous aura donné un peu de répit et permis de croire à l’arrivée prochaine du printemps, les températures ayant monté à 4 °C en moyenne au-dessus des normales. Toutefois, le retour de jours plus chauds a aussi vu les premières précipitations liquides depuis la mi-janvier (en près de deux mois), avec 5 à 10 mm de pluie à certains endroits de l’Abitibi-Témiscamingue, du Saguenay—Lac-Saint-Jean et du Bas-Saint-Laurent. Plus au nord, c’est plutôt sous forme de neige que les précipitations sont tombées, laissant jusqu’à 16 cm à Pentecôte, sur la Côte-Nord.
Par la suite, les 14 et 15 mars, une dépression provenant du sud-ouest a généré des précipitations de neige de l’Abitibi-Témiscamingue au Kamouraska, pour culminer en Beauce avec un maximum de 43 cm à Scott. Dans le sud de l’Outaouais et en Montérégie, il est plutôt tombé un mélange de neige et de pluie parfois verglaçante.
Les 17 et 18 mars, un front froid du nord-ouest a balayé la province, apportant de la neige du Saguenay—Lac-Saint-Jean à l’Estrie et jusqu’en Gaspésie. Le maximum de neige tombée en une journée pour ce mois a été atteint à Saint-Gabriel-de-Rimouski dans le Bas-Saint-Laurent avec 52 cm le 17 mars seulement; en deux jours, la municipalité en aura reçu 70 cm.
Le 21 mars, après le passage d’un front chaud d’ouest en est, des précipitations ont été rapportées partout en province, parfois sous forme de pluie en certains endroits plus au sud. Un front froid durant la nuit suivante a brusquement fait plonger les températures à près de 9 °C sous la normale, la plus forte anomalie négative en mars. La rencontre entre ce front froid et une dépression remontant la côte est américaine a maximisé les précipitations en Gaspésie, où 47 cm de neige sont tombés à Cap-Seize, aux portes du parc national de la Gaspésie.
Le 25 mars aura été la journée la plus chaude du mois avec une température moyenne de -2 °C et un confortable 4,8 °C le jour, soit 2 °C au-dessus des normales quotidiennes. Des précipitations, liquides à certains endroits, ont toutefois accompagné cette chaleur toute relative.
Les températures des 27 et 28 mars, qui auront contribué à abaisser de nouveau la moyenne mensuelle, présentent une anomalie moyenne de -8 °C et de -14 °C la nuit. L’Abitibi-Témiscamingue a largement contribué à ce bilan avec six records quotidiens de froid battus, dont -35 °C à La Morandière, 5 °C sous le précédent record pour un 28 mars en plus de 40 ans d’observations. Les Belleterriens ont également vécu un nouveau record quotidien de froid en 64 ans, avec -30,5 °C. Cette journée aura mis en évidence les importants contrastes de températures typiques du climat continental, alors qu’à La Morandière, le mercure a par la suite grimpé de 33 °C en seulement dix heures pour atteindre un maximum de -2 °C. Des maximums plus confortables de 4 à 6 °C étaient alors observés dans la vallée du Saint-Laurent, entre Québec et Montréal. Six records quotidiens de froid ont tout de même aussi été battus dans ces régions la nuit du 28 au 29 mars.
Le couvert de neige au sol a atteint sa hauteur maximale à la mi-mars, dans les normales au centimètre près. Le couvert de neige s’est toutefois maintenu au même niveau par la suite avec le froid persistant, de sorte qu’à la fin du mois, c’est plutôt un surplus moyen de 12 cm de neige au sol qui était relevé, avec une moyenne de 72 cm. Le sol était principalement dénué de neige au sud de Montréal, alors que la municipalité la plus couverte était Port-Daniel en Gaspésie, avec 171 cm, soit deux fois et demie la normale. C’est d’ailleurs dans cette région que les amateurs peuvent encore profiter de la plus grande quantité de neige au sol, dans le parc national de la Gaspésie, avec 180 cm au mont Ernest-Laforce. Les risques d’avalanches y étaient de faibles à modérés. Aux stations nivométriques, on a observé que la neige au sol était moins dense qu'à l'habitude à la fin du mois. Ainsi, l'équivalent en eau du manteau nival n’était que de 20 mm supérieur aux normales, en moyenne. Les déficits relevés au Bas-Saint-Laurent (-38 mm, 82 %) font contraste avec les surplus enregistrés en Gaspésie (+100 mm, 140 %) et dans les bassins versants de la rivière Saint-François (+62 mm, 170 %) et de la rivière Chaudière (+39 mm, 130 %). Les conditions de fonte sont donc à surveiller dans ces bassins.
Sommaire
mensuel géostatistique
pour le sud du Québec |
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Température (°C) | Moyenne ± écart-type | Anomalie ± écart-type | Classification |
Maximale | -4,1 ± 2,6 | -2,2 ± 0,7 | Froid |
Moyenne | -11,0 ± 3,1 | -3,0 ± 0,6 | Froid |
Minimale | -17,8 ± 3,8 | -3,6 ± 0,9 | Froid |