Février 2015 : un froid extrême… seulement surpassé en 1934
En février 2015, l’anomalie de températures moyennes dans le sud du Québec a été de 7,3 °C sous les normales de la période 1981-2010, un écart qui peut être qualifié d’« extrêmement froid ».
Dans les médias, on a largement parlé de février 2015 comme du plus froid mois de février de l’histoire du Québec, ou du moins du plus froid en 115 ans. Dans les faits, il faut remonter 81 ans dans le passé pour rencontrer un froid comparable, février 2015 se classant bon deuxième derrière février 1934, d’après les mesures homogénéisées prises aux stations de surface de référence. Cette anomalie négative est d’autant plus particulière qu’elle est singulièrement localisée dans le nord-est de l’Amérique, alors que février 2015 est plutôt classé deuxième plus chaud de l’histoire à l’échelle mondiale par la NASA.
Si février 2015 se classe deuxième plus froid aux stations de référence de l’ouest et du sud du territoire, ce rang diminue graduellement quand on se déplace vers l’est de la province. En Gaspésie, il se classe sixième plus froid à Causapscal et cinquième à Port-Daniel, où les mesures remontent respectivement à 1913 et 1927. Sur la Côte-Nord, février 2015 est surclassé à trois reprises à Rivière-au-Tonnerre et à quatre reprises à Baie-Johan-Beetz, depuis 1961 seulement.
Le froid aura été particulièrement remarquable par sa persistance :
La journée la plus froide du mois a été le 2 février, avec une température moyenne de -28,8 °C, soit près de 15 °C sous les normales. Les températures minimales étaient alors inférieures à -40 °C dans tout le nord du territoire. On pouvait notamment observer un minimum de -45,3 °C à La Morandière en Abitibi-Témiscamingue. Il s’agit de la 5e valeur la plus froide enregistrée en février dans cette municipalité en 54 ans. Par la suite, dans la nuit du 23 au 24 février, des records quotidiens de froid ont été battus ou égalés à 99 des 158 stations actives ayant accumulé plus de 30 ans d’observations, dont 16 records battus après plus de 60 ans. À Tadoussac, il s’agissait de la température la plus froide observée un 24 février en plus de 100 ans d’observations. Le minimum de -25,1 °C a battu d‘un dixième de degré le précédent record, justement établi en 1934. Au final, toutefois, des records mensuels de froid n’ont été battus qu’à quatre occasions. Le mois s’est terminé avec la journée la plus « chaude », mais les températures enregistrées ce 28 février sont tout de même demeurées 1,8 °C sous les normales.
Les chutes de neige, en moyenne de 33 cm, étaient déficitaires, avec 73 % des totaux habituels. Elles étaient notamment inférieures à 50 % des valeurs normales au Saguenay—Lac-Saint-Jean et les secteurs avoisinants, atteignant un minimum de 21 % à Sainte-Rose-du-Nord. Sinon, elles étaient généralement dans les moyennes de l’Abitibi-Témiscamingue à la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches au Bas-Saint-Laurent. Plus au sud et dans l’est, les quantités reçues étaient plutôt égales ou supérieures aux normales. Le cumul était de deux fois la normale à Coteau-du-Lac, au sud-ouest de Montréal, avec 76 cm. La palme revient toutefois à Port-Daniel, en Gaspésie, où un nouveau record pour un mois de février a été établi après 87 ans d’observations : 190 cm de neige, soit 275 % de la normale.
En conséquence, il n’est pas surprenant de noter que la Gaspésie ait été touchée par la plupart des événements de neige en février. La première bonne bordée a apporté 23 cm à Port-Daniel, le 4 février. Des conditions de blizzard ont ensuite été rapportées sur l’est du Québec et sur la Côte-Nord le 15 février, et les chutes de neige ont atteint un maximum de 55 cm à Port-Daniel. Ces mêmes régions ont reçu jusqu’à 22 cm de neige fraîche quelques jours plus tard, le 19 février. Finalement, 40 cm de neige se sont ajoutés le 25 février sur la pointe de la Gaspésie, de Cap-des-Rosiers à Port-Daniel.
Malgré un apport de nouvelle neige moins élevé que la normale, la couverture de neige au sol sur le territoire couvert se situait dans les normales (99 %) à la fin de février, avec une épaisseur moyenne de 65 cm. De même pour l'équivalent en eau de la neige au sol, qui était seulement de 4 mm au-dessus de la médiane, en moyenne aux stations nivométriques. La couverture de neige au sol était moins épaisse qu’à l’habitude dans le Bas-Saint-Laurent, sur la Côte-Nord et particulièrement au Lac-Saint-Jean où, par endroits, elle n’atteignait que la moitié de sa hauteur normale. Autrement, les anomalies étaient généralement positives, surtout dans l’extrême sud du Québec, où l’absence de pluie et de journées plus chaudes a eu un effet marqué sur la préservation de la neige au sol. Au sud de Montréal, où le sol est parfois dénudé en février, la hauteur de neige au sol a atteint 90 cm à La Prairie, du jamais vu depuis les premières mesures en 1976. Cette accumulation équivaut à 3,7 fois la hauteur normale. Dans le passé, la hauteur de neige y avait dépassé les 80 cm une seule fois, le 31 janvier 1982. C’est toutefois à Port-Daniel en Gaspésie que l’on trouvait le plus de neige au sol, avec une hauteur de 2,13 m, soit 2,7 fois la normale. À cet endroit, il n’y avait eu davantage de neige au sol qu’une seule fois en 67 ans de mesures : le 28 février 1950, la hauteur de neige avait atteint 2,18 m.
Sommaire mensuel géostatistique pour le sud du Québec |
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Température (°C) | Moyenne ± écart-type | Anomalie ± écart-type | Classification |
Maximale | -15,3 ± 3,1 | -7,0 ± 1,2 | Extrêmement froid |
Moyenne | -21,8 ± 3,5 | -7,3 ± 1,3 | Extrêmement froid |
Minimale | -28,2 ± 4,1 | -7,9 ± 1,8 | Exceptionnellement froid |