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Faits saillants

2021 : le Québec connaît sa deuxième année la plus chaude et abrite le point le plus anormalement chaud sur Terre

L’année 2021 a été la deuxième plus chaude en 107 ans au Québec, avec une température moyenne surpassant de 2,5 °C la normale de 1981-2010 et de 3,1 °C la normale du 20e siècle, ce qui a fait de la Belle Province l’endroit le plus anormalement chaud sur Terre lors de cette sixième année la plus chaude à l’échelle mondiale. La température moyenne au Québec, à 0,6 °C du record (2010), a dépassé de 0,4 °C celle qui se retrouve dorénavant au troisième rang (2006). Elle a également dépassé de 0,9 à 1,1 °C les trois suivantes (1998, 1999 et 2001) et de 1,4 °C le record pré-1998 (1981), désormais codétenteur du huitième rang (2005). Il ne s’agit que de la sixième occurrence d’une température moyenne annuelle au Québec plus douce que le point de congélation (0,8 °C) : ces six occurrences ont eu lieu depuis 1998. Chaque année depuis a d’ailleurs offert une température moyenne supérieure à la normale du 20e siècle au Québec, une séquence de 24 ans qui surpasse maintenant de 19 ans la deuxième plus longue. Le record de chaleur mensuelle en janvier, août et octobre a été battu en 2021. Juillet, deuxième mois le plus chaud de l’année, a été le seul mois sous la normale (1981-2010), à 0,1 °C de celle-ci. Bien que l’anomalie moyenne ait été plus élevée au nord qu’au sud de la province, 2021 a aussi été la deuxième année la plus chaude dans sa portion la plus peuplée, à 0,2 °C du record (2010).

L’année 2021 en chiffres
2e  année la plus chaude en 107 ans au Québec
24e  année consécutive plus chaude que la normale du 20e siècle au Québec
3,1  °C de plus que la température moyenne normale du 20e siècle au Québec
70  % du total de degrés-jours de gel normal de 1981-2010 au sud du Québec
85  % du total de degrés-jours de chauffage normal de 1981-2010 au sud du Québec
114  % du total de degrés-jours de croissance normal de 1981-2010 au sud du Québec
146  % du total de degrés-jours de climatisation normal de 1981-2010 au sud du Québec
81  % de la neige normale de 1981-2010 au sud du Québec, avec 204 cm (84 % au Québec, 214 cm)
95  % de la pluie normale de 1981-2010 au sud du Québec, avec 666 mm (93 % au Québec, 526 mm)

Sud du Québec

Tous les indicateurs de chaleur étaient en hausse et ceux liés au froid, en baisse, dans la portion la plus peuplée de la province. La lutte pour le record de chaleur y a été encore plus serrée, 2021 s’arrêtant à 0,2 °C du record de température moyenne annuelle (2010) et 0,6 °C devant 2006, qui occupe le troisième rang. La douceur record de janvier et le troisième hiver le plus doux dans son ensemble ont raccourci la saison de gel soutenu (85 % de la normale de 1981-2010) et diminué les degrés-jours de gel (70 %) et de chauffage (85 %). Le neuvième printemps le plus doux, et le bas total annuel de neige (81 %), ont laissé le couvert de neige à son plus bas niveau des archives à la mi-avril. Les records de chaleur locaux enregistrés en juin et les records globaux atteints en août et octobre ont fait grimper le nombre de jours affichant une température maximale supérieure à 20 °C (+19 jours, 127 %), supérieure à 25 °C (+9 jours, 137 %) et supérieure à 30 °C (+2 jours, 160 %), en plus d’augmenter le besoin en climatisation (146 %, plus bas qu’en 2020). Août a été le mois le plus chaud, par un écart inédit de 2,5 °C devant juillet, seul mois de l’année sous la normale, mais tout juste. La chaleur s’est répercutée au milieu marin, alors que 2021 a aussi été la deuxième année la plus chaude enregistrée dans le golfe du Saint-Laurent, réduisant de beaucoup son couvert de glace.

Le total de pluie a été près de la normale (95 %) en moyenne au sud du Québec. Cela cache toutefois une année particulièrement sèche en Estrie (jusqu’à 69 % de la normale), en Beauce (jusqu’à 63 %), dans Charlevoix (jusqu’à 68 %) et au Bas-Saint-Laurent (jusqu’à 74 %), qui contraste avec les pluies très abondantes reçues dans l’est de la province (jusqu’à 151 %). Le niveau de sécheresse variant d’anormale à modérée, observé sur une bonne partie du territoire et en particulier, à long terme, en Estrie, en Montérégie et en Beauce, a réduit le bénéfice agricole qu’amène habituellement une plus longue saison (114 %) et davantage de degrés-jours (114 %) de croissance.

Nord du Québec

2021 a connu une température moyenne 2,9 °C plus élevée que la normale de 1981-2010 dans la portion nordique de la province. En effet, au nord, juin a été le seul mois de l’année plus froid que la normale, légèrement, alors que juillet a été, comme il se doit statistiquement, le mois le plus chaud, mais à seulement 0,1 °C devant août. Janvier y a été encore plus anormalement chaud qu’au sud, l’anomalie moyenne atteignant 8,4 °C. La chaleur n’a toutefois pas affecté la répartition des précipitations, la pluie (86 % de la normale) et la neige (83 %) étant presque également moins abondantes que la normale.

2021 : les événements climatiques les plus marquants au Québec

Voici un classement des événements climatiques les plus marquants de 2021 au Québec :

  1. Le mois de janvier le plus chaud. 0,7 °C plus chaud que le précédent record (1969) et 7,3 °C plus chaud que la normale (1981-2010) en moyenne au Québec, janvier a aussi égalé le record (1932) au sud de la province, où il a surpassé de 6,1 °C la normale. Une séquence de 32 jours plus doux que la normale débutée le 18 décembre a culminé les 14 et 15 janvier, soit les deux jours aux plus fortes anomalies en quatre ans au Québec (14,8 °C). Deux jours après la fin de cette séquence s’en amorçait une autre, de 23 jours cette fois. Les records locaux ont surtout été battus au nord (Gaspésie, Côte-Nord, Saguenay—Lac-Saint-Jean, Abitibi-Témiscamingue et Nord-du-Québec), avec des anomalies mensuelles allant jusqu’à 10,1 °C. Avec une anomalie de 1,9 °C à la frontière, la majorité de la population, dans l’extrême sud, a cependant déjà connu un janvier plus doux (1990, 2006 ou 2017 selon les régions).
  2. Le mois d’août le plus chaud. 0,1 °C plus chaud que le précédent record (2013) et 2,2 °C plus chaud que la normale (1981-2010) au Québec, août a devancé de 0,6 °C le précédent record (1937) au sud et de 3,0 °C la normale. Août a surpassé juillet à titre de mois le plus chaud de l’année, par une marge de 2,5 °C au sud de la province – un autre record – et de 1,3 °C à l’échelle du Québec. Marqué par une canicule en au moins un point du Québec tous les jours du 16 au 26, ses 23 derniers jours plus chauds que la normale au Québec ont été marqués par des anomalies moyennes atteignant 7,8 °C au sud.
  3. Le mois d’octobre le plus chaud. 1,3 °C plus chaud que le précédent record (1947) et 4,3 °C plus chaud que la normale (1981-2010) au Québec, octobre a aussi devancé de 0,4 °C le précédent record (1947) au sud et de 4,1 °C la normale. Au cœur d’une séquence de 48 jours plus chauds que la normale en moyenne au Québec, du milieu du cinquième plus chaud mois de septembre des archives au 2 novembre, l’anomalie moyenne s’est maintenue à 7,4 °C une semaine entière (du 10 au 16 octobre) et a atteint 9,9 °C le 12. Retardé de plus de deux semaines par rapport à la normale en moyenne au sud et de 44 jours dans la baie des Chaleurs, le premier gel automnal se faisait toujours attendre à la fin octobre à Port-Daniel et Percé, de même que plus au sud, à Drummondville, Sorel et Longueuil.
  4. Couvert de neige minimal record à la mi-avril et apport en eau minimal à la crue printanière du 1er avril au 15 mai au sud-ouest. Le contenu en eau du couvert nival (12 mm) a égalé le minimum historique (1987) en 60 ans à la mi-avril au sud du Québec, soit 129 mm de moins que la normale, une disparition quasi-totale plutôt typique de la fin mai. L’apport en eau total du 1er avril au 15 mai (136 mm) a été 6 mm sous le précédent minimum (1987) au sud-ouest de la province et le troisième plus faible au sud du Québec (219 mm), à 7 mm du minimum record (1987) et à 3 mm du second plus faible apport en eau (1998). En mai, le sol a été laissé à sec au sud de l’Outaouais et des Laurentides, de Montréal et de la Montérégie, aux prises avec un minimum record de pluie (de 9 à 23 mm plutôt que les 90 mm normalement attendus). Une sécheresse modérée a affecté à court terme le sud-ouest de Gatineau à Québec et a sévi à long terme en Montérégie et en Estrie, où elle a atteint alors 13 mois.
  5. La séquence juillet-août la plus sèche en 105 ans au sud du Québec. Plus d’un siècle séparait cette séquence juillet-août (153 mm) de la plus sèche observée (1916, 111 mm). Cette année, elle a laissé 62 mm de moins que la normale (1981-2010). En juillet, l’Estrie n’a reçu que 15 % de la pluie normale par endroits et le Centre-du-Québec, Charlevoix, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, la moitié. Août a ensuite reçu moins de 20 % de la pluie normale par endroits en Abitibi-Témiscamingue, dans les Laurentides, en Mauricie, dans Charlevoix, en Beauce et au Bas-Saint-Laurent, alors qu’en moyenne au sud du Québec (62 mm, 65 % de la normale), seuls deux mois d’août (59 mm en 1953 et 61 mm en 1957) en avaient reçu moins ces 110 dernières années. On observe alors une restriction d’utilisation de l’eau potable à Québec, une fin de saison nautique abrupte au Lac-Saint-Jean, la perte de légumes et la fermeture de restaurants un peu partout au Québec. La sécheresse modérée à long terme affectait toujours la Montérégie et l’Estrie, depuis 16 mois. Les conditions se sont améliorées en Montérégie les mois suivants, mais l’Estrie était toujours touchée en fin d’année et l’enclave de sécheresse modérée à long terme incluait désormais la Beauce, la situation près de Saint-Georges étant même brièvement qualifiée de grave en novembre.
  6. L’ouragan Ida et ses 179 mm de pluie sur Grande-Vallée les 2 et 3 septembre. La plus forte pluie de l’année est amenée par les restes de l’ouragan Ida. À Grande-Vallée (Gaspésie), elle s’intensifie vers 22 h le 2 : 92 mm tombent en 12 heures et 154 mm en 24 heures, sur un total mensuel de 287 mm. Pour un tiers en raison d’Ida, Cap-des-Rosiers termine avec un des 10 plus importants totaux mensuels de pluie des archives québécoises, tous lieux et mois confondus : 346 mm, soit 400 % de sa normale et bien plus que le précédent maximum local (262 mm, octobre 1977) en 63 ans d’observations et qu’en cent ans autour de Gaspé (324 mm, octobre 1981). Percé a cependant reçu plus de pluie à deux reprises en 86 ans (350 et 393 mm, en octobre 1977 et octobre 1981). D’autres événements de pluie dignes de mention : les 131 mm tombés le 17 octobre sur Rivière-au-Tonnerre (Côte-Nord) et les quelque 50 mm reçus en 45 minutes à Trois-Rivières en juin.
  7. 84 cm de neige à L’Anse-Pleureuse les 2 et 3 février. La chute de neige la plus abondante de l’année a été mesurée à L’Anse-Pleureuse (Gaspésie), lors d’une tempête qui a sévi dans l’est de la province et qui a aussi laissé 52 cm de neige à Grande-Vallée et 59 cm à Gaspé, de même que 71 cm à Blanc-Sablon (Côte-Nord). D’autres événements de pluie dignes de mention : la tempête des 22 et 23 avril (de 60 à 70 cm) sur les hauteurs du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie et la bordée du 11 novembre au mont Ernest-Laforce, dans le parc national de la Gaspésie (72 cm).
  8. 35,5 °C le 7 juin à Petit-Saguenay, -43,5 °C le 27 février aux monts de Puvirnituq. Le maximum absolu de 2021 a été atteint au Saguenay—Lac-Saint-Jean lors de la première canicule étendue de l’année, qui a affecté le sud-ouest du 6 au 9 juin. Le maximum quotidien a surpassé les 35,0 °C par endroits de la Montérégie à la Côte-Nord le 7. Juin a connu une chaleur record de part et d’autre du Saint-Laurent, de la Montérégie à la Gaspésie, devenant le huitième mois de juin le plus chaud des cent dernières années en moyenne au sud de la province et le trentième à l’échelle du Québec. En 2020, l’un des 20 maximums absolus les plus élevés des archives climatiques du Québec avait été enregistré à Rivière-Pentecôte (39,1 °C, Côte-Nord). Le minimum absolu de 2021 a, quant à lui, été enregistré fin février dans une chaîne montagneuse reculée du Nord-du-Québec. Le seuil de -40,0 °C a été franchi à quelques occasions et lieux au nord de la province cette année, mais pas celui de -45,0 °C, comme cela avait été le cas en 2020. Au sud de la province, il a été cette année de -38,5 °C le 12 février à Val-Paradis (Abitibi-Témiscamingue).
  9. Une tornade EF2 sur Mascouche le 21 juin, parmi les 15 tornades détectées en 2021. Avec des vents estimés à 200 km/h, une tornade de force EF2 sur l’échelle de Fujita, la plus puissante à sévir cette année sur le territoire québécois, a frappé Mascouche (Lanaudière), causant un décès et des blessés. Quatre tornades ont été observées en ce 21 juin et 15 au total ont été confirmées en 2021. Ce total annuel surpasse de huit celui de 2020 et de 11 celui de 2019, alors que la normale est de sept. Une partie de la hausse récente observée du nombre de tornades est toutefois attribuable à l’amélioration des outils de détection, certaines tornades étant maintenant télédétectées en milieu forestier sans que personne n’en ait été témoin.
  10. 201 km/h le 2 février au sommet du Petit mont Sainte-Anne. Le changement de masses d’air qui cause la tempête de neige de l’année (les 2 et 3 février) s’accompagne aussi de vents violents. En Gaspésie, au sommet du Petit mont Sainte-Anne, voisin du plus haut sommet du sud du Québec (le mont Jacques-Cartier), les rafales dépassent les 100 km/h pendant 20 heures et culminent à 200,8 km/h à la première heure le 3 février. Trois autres stations côtières du Saint-Laurent enregistrent aussi des vents de plus de 100 km/h. Le seuil des 200 km/h est pratiquement atteint de nouveau, le 28 mars, au Petit mont Sainte-Anne (199,6 km/h).

La présente analyse est basée sur les observations climatiques faites aux stations de surface de référence du Québec depuis 1915 et homogénéisées depuis 1960.



Sommaire annuel géostatistique pour le Québec

* Les anomalies (écarts à la normale) sont basées sur la normale de la période 1981 2010.

Région Température Apport en eau
Neige Pluie Totale
Moyenne
(°C)
Anomalie
(°C)
Moyenne
(mm)
Anomalie
(mm)
Moyenne
(mm)
Anomalie
(mm)
Moyen
(mm)
Anomalie
(mm)
Saint-Laurent sud-ouest
Montérégie,
Centre-du-Québec, Estrie
7,6 1,6 160 -48 686 -191 847 -238
Outaouais et Montréal
Témiscamingue, Outaouais, Laurentides
5,7 1,8 173 -21 745 -18 920 -13
Saint-Laurent nord-ouest
Lanaudière, Mauricie,
Capitale-Nationale
4,7 1,9 163 -62 657 -97 823 -174
Saint-Laurent sud-est
Chaudière-Appalaches,
Bas-St-Laurent, Gaspésie (nord)
5,4 1,8 261 -21 723 -47 988 -77
Baie-des-Chaleurs et Percé
Bas-St-Laurent (sud), Gaspésie (sud)
5,0 2,0 305 14 749 5 1056 19
Saguenay–Lac-Saint-Jean 2,8 2,5 210 -68 577 -103 783 -171
* Sud du Québec 3,4 2,3 204 -58 666 -38 870 -93
Côte-Nord 2,4 3,1 255 -35 761 106 1023 72
Nord-du-Québec -2,0 2,9 211 -53 344 -47 554 -88
* Au Québec 0,8 2,6 214 -49 526 -19 739 -62