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Les composés perfluorés et l’eau potable

Les composés perfluorés (aussi appelés substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, ou PFAS) sont une famille d’environ 4 000 substances chimiques synthétiques employées depuis les années 1940. Ces composés d’origine humaine sont utilisés dans de nombreux biens de consommation, comme enduits imperméabilisants et antitaches, par exemple. Ils ont aussi une certaine résistance aux flammes.

Parmi les produits communs pouvant contenir des composées perfluorés, on retrouve, par exemple :

  • Les ustensiles de cuisine avec un revêtement antiadhésif (ex. TéflonMD);
  • Les vêtements de plein air avec une protection imperméabilisante (ex. Gore-TexMD);
  • Les mousses servant à éteindre les incendies;
  • Les meubles et tapis résistants à l’eau et aux taches (ex. ScotchgardMD);
  • Les emballages de nourriture, comme ceux employés en restauration rapide;
  • Des cosmétiques et produits d’hygiène personnelle;
  • Des produits de consommation usuels (cires, vernis, peintures, dispositifs médicaux).

Les composés perfluorés se dégradent très peu dans l’environnement. C’est pourquoi on les surnomme « contaminants persistants » (« forever chemicals », en anglais). Ils peuvent être transportés sur des grandes distances par l’eau ou par l’air. Bien qu’il subsiste des incertitudes sur l’occurrence et la gravité de leurs effets sur les êtres humains, ces composés pourraient avoir un impact sur la santé.

Ces effets seraient surtout chroniques et varieraient beaucoup selon la nature du composé. Il est donc préférable de diminuer son exposition à ces substances pour réduire les risques pour sa santé.

Présence dans l’environnement et exposition aux composés perfluorés

Au Québec, aucune industrie ne synthétise ces composés pour la fabrication de produits de consommation. Les composés perfluorés qu’on retrouve dans l’environnement sont donc issus de différentes activités humaines :

  • Utilisation à la maison : L’usure des objets enduits de composés perfluorés (ustensiles de cuisine, vêtements, produits cosmétiques, meubles, etc.) amène un rejet de ces contaminants par le biais des eaux usées domestiques ou des déchets.
  • Gestion des eaux usées : Le traitement des eaux usées ne permettant pas de retirer efficacement les PFAS, ces composés sont retournés à l’environnement par le rejet des eaux traitées dans les cours d’eau, ou par la disposition des boues générées, que ce soit par enfouissement, incinération, ou par leur valorisation.
  • Lieux d’enfouissement : Bien que les eaux qui s’écoulent des lieux d’enfouissement soient traitées, l’eau rejetée dans le milieu naturel peut contenir une certaine concentration de composés perfluorés.
  • Mousses extinctrices : L’emploi de mousses extinctrices dans la lutte contre les incendies représente une autre source potentielle de composés perfluorés, particulièrement près des aéroports où des exercices de combat contre les incendies sont réalisés.

Pour ce qui est de notre exposition, les composés perfluorés, dont les plus connus sont le sulfonate de perfluorooctane (PFOS) et l’acide perfluorooctanoïque (PFOA), peuvent se retrouver dans les aliments que l’on ingère. Selon des données américaines, l’alimentation serait une source d’exposition importante. On les détecterait aussi en moindre quantité dans l’eau potable, dans l’eau embouteillée, dans l’air ambiant ou dans les poussières présentes dans notre environnement. Mais ce portrait pourrait être différent avec les PFAS de nouvelle génération.

Des informations spécifiques sur l’allaitement sont disponibles dans la page Web « Les substances per et polyfluoroalkylées (PFAS) » de l’Institut national de santé publique du Québec.

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Actions réalisées par les gouvernements pour protéger l’environnement et l’eau potable

Au Canada

Une réglementation fédérale interdit au Canada la fabrication, l’utilisation, la vente et l’importation de certains composés perfluorés et celles des produits qui en contiennent. Ces interdictions visent le PFOS depuis 2008, ainsi que le PFOA et les autres composés perfluorés à longues chaînes depuis 2016.

Ces dernières années, les concentrations de PFOS et de PFOA mesurées par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) dans les cours d’eau du Québec sont en diminution, vraisemblablement sous l’effet de cette réglementation. Néanmoins, de nouveaux types de composés perfluorés, notamment des composés à chaînes courtes qui ne sont pas visés par ces interdictions, sont aussi détectés dans les cours d’eau. Ce sont les conclusions que l’on peut tirer des rapports publiés par le MELCCFP en 2012 et en 2022.

Pour l’eau potable, Santé Canada propose une approche de précaution qui vise à réduire l’exposition aux PFAS en établissant un objectif pour la qualité de l’eau potable. Cet objectif est établi en raison des incertitudes entourant l’occurrence et la gravité de leurs effets sur la santé des êtres humains en attendant qu’une recommandation plus formelle soit établie. Celui-ci est provisoirement fixé à 30 ng/L et a fait l’objet d’une consultation publique. La valeur finale de cet objectif sera connue au cours des prochains mois, une fois que les commentaires reçus auront été analysés.

Au Québec

Le MELCCFP est responsable de plusieurs règlements encadrant les activités humaines susceptibles de rejeter des composés perfluorés dans l’environnement. À l’heure actuelle, les PFAS ne font pas encore l’objet d’une norme dans le Règlement sur la qualité de l’eau potable. Le MELCCFP évaluera l’opportunité d’encadrer les PFAS dans l’eau potable à la lumière de l’évolution des connaissances scientifiques.

Toutefois, des suivis sont menés de façon régulière par le MELCCFP afin de vérifier la présence de 18 composés perfluorés dans les sources d’approvisionnement en eau potable soupçonnées d’être sujettes à une contamination. Pour l’instant, les résultats de ces suivis démontrent que les concentrations mesurées restent faibles et que l’eau potable consommée continue d’être de bonne qualité. Très peu de résultats dépassent la valeur de l’objectif provisoire proposé par Santé Canada.

Des interventions spécifiques peuvent être entreprises afin de réduire l’exposition aux PFAS dans l’eau potable dans les situations où cela est jugé nécessaire :

  • Gestion de l’approvisionnement : Évaluer s’il est possible de solliciter davantage les sources d’eau utilisées actuellement dont la concentration en PFAS est moins élevée.
  • Recherche des sources de contamination : Identifier la provenance potentielle de la contamination afin d’évaluer la possibilité d’intervenir sur cette source pour diminuer l’impact sur l’approvisionnement en eau potable.
  • Recherche de sources d’eau de remplacement : Vérifier s’il est possible de trouver des sources d’approvisionnement pouvant offrir une meilleure qualité d’eau en quantité suffisante.
  • Mise en place d’un traitement : Évaluer les coûts et la complexité de l’installation d’un traitement pour réduire les composés perfluorés dans l’eau potable. Cette évaluation doit non seulement tenir compte des enjeux techniques et économiques à court et long termes, mais doit aussi considérer la gestion des résidus de traitement concentrés en composés perfluorés.

Par ailleurs, les concepteurs d’installations de traitement doivent considérer la présence de composés perfluorés, dont le PFOS et le PFOA, dans la source d’approvisionnement lors de projets d'ajout ou de modification des équipements de traitement en eau potable (Guide de conception des installations de production d’eau potable).

Les municipalités peuvent mettre à jour le rapport d’analyse de la vulnérabilité de leur source d’approvisionnement en eau. Ce rapport peut ainsi détailler les risques liés à une activité susceptible de rejeter des composés perfluorés dans les milieux aquatiques et les réserves d’eau souterraine. Ces informations sont utiles pour le choix des sites à échantillonner lors du suivi de ces composés.

Ailleurs dans le monde

Aux États-Unis, un avis de santé (« health advisories ») a été publié en juin 2022 avec des valeurs très faibles qui ne sont pas applicables d’un point de vue technico-économique. Pour cette raison, l’agence de protection de l’environnement américaine (USEPA) maintient un objectif provisoire de 70 ng/L basé sur la somme de PFOS et de PFOA. Cet objectif provisoire n’est pas une norme à respecter sur l’ensemble du territoire des États-Unis, mais il a été repris dans les quelques États qui ont réglementé ces composés. Cette valeur de 70 ng/L est aussi utilisée de manière provisoire en Ontario, mais elle est basée sur la somme de 11 composés perfluorés.

Par ailleurs, l’USEPA a récemment proposé un projet de normes réglementaires pour encadrer la présence de six PFAS dans l’eau potable : le PFOS (maximum de 4 ng/L), le PFOA (maximum de 4 ng/L) et quatre autres PFAS (moyenne annuelle des valeurs combinées). L’USEPA analysera les commentaires reçus et prévoit adopter des valeurs réglementaires vers la fin de l’année 2023. Ces nouvelles normes viendraient remplacer l’objectif provisoire de 70 ng/L.

En Europe, une nouvelle réglementation entrera en vigueur en 2026 fixant une norme de 100 ng/L basée sur la somme de 20 composés perfluorés, et une norme de 500 ng/L basée sur la somme de tous les composés perfluorés mesurés.

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Limiter son exposition aux composés perfluorés

Pour limiter votre exposition à ces contaminants, vous pouvez notamment :

  • Réduire l’utilisation de produits contenant des composés perfluorés. Regardez la liste de composés ou d’ingrédients employés dans la fabrication d’objets courants : évitez de choisir ceux ayant des composantes commençant par « fluoro » ou « perfluoro ». En cas de doute, contactez le manufacturier;
  • Limiter la consommation d’aliments emballés dans des contenants à usage unique (p. ex. les sacs de popcorn, les boîtes et sacs employés en restauration rapide, etc.). Privilégiez les ustensiles de cuisine et les poêles sans propriétés antiadhésives;
  • Éviter l’achat de meubles, tapis et vêtements ayant des propriétés imperméabilisantes ou antitaches. Les produits utilisés pour donner ces propriétés sont souvent à base de composés perfluorés;
  • Réduire la poussière dans votre habitation pour limiter les particules dans l’air. Changez vos filtres à air régulièrement et évitez de répandre les saletés et les polluants venus de l’extérieur;
  • Éviter les produits de soins personnels contenant des composés perfluorés. Ceci inclut certains types de soies dentaires, de polis à ongles, de crèmes hydratantes et de produits cosmétiques;
  • Consulter le site PFASCentral.org (en anglais seulement), qui présente une liste de fabricants et de distributeurs qui ont pris des engagements afin de retirer les composés perfluorés de leurs produits.

Les données disponibles pour le Québec montrent que les concentrations observées dans les eaux servant pour l’alimentation en eau potable de plusieurs municipalités sont faibles. La population peut continuer à consommer l’eau potable normalement, mais il pourrait arriver que, dans des situations précises, les autorités concernées émettent des recommandations et avisent la population afin de protéger sa santé. Les autorités gouvernementales continuent de surveiller l’évolution des connaissances sur ces composés ainsi que leur présence dans l’environnement et l’eau potable.

Le MELCCFP ne recommande pas de suivis particuliers pour mesurer les PFAS dans l’eau potable, que vous soyez alimenté par un système de distribution municipal ou par votre propre puits. Si toutefois vous souhaitez vous procurer des équipements de traitement résidentiels, employez des équipements qui sont certifiés pour l’enlèvement des composés perfluorés. Bien que les organismes de certification suivants soient reconnus au Canada, seuls certains d’entre eux fournissent une liste d’équipements certifiés à cet effet :

Pour en savoir plus :

Dernière mise à jour : 17 avril 2023