Normes de qualité de l’atmosphère relatives au nickel
Projet de règlement modifiant le Règlement sur l’assainissement
de l’atmosphère
Une analyse comparative de l’encadrement règlementaire de l’industrie
du nickel a permis de déterminer qu’il est avantageux de modifier
la norme sur le nickel afin d’obtenir une solution optimale sur
les plans de la protection de la santé publique, de l’environnement
et du développement économique. Elle a été réalisée par quatre experts
indépendants choisis par le Comité interministériel d’examen de
la norme sur le nickel.
Ces experts ont suggéré d’établir une norme annuelle équivalente
à la recommandation de l’Union européenne, qui est de 20 nanogrammes
par mètre cube (ng/m³).
Dans la Revue toxicologique de l’encadrement règlementaire de
l’industrie du nickel pour le volet air ambiant, il est conclu que
la valeur de 20 ng/m³ permet de prévenir les effets respiratoires
critiques associés à une exposition répétée au nickel et qu'elle
devrait également protéger contre les effets cancérogènes. Une valeur
sur 24 heures serait aussi nécessaire pour protéger les individus
plus sensibles qui pourraient être affectés plus rapidement que
la population générale s’ils sont exposés à de fortes concentrations.
Il est suggéré d’en faire une valeur cible, ce qui implique de prendre
des moyens raisonnables en fonction des meilleures technologies
disponibles pour en assurer le respect.
Dans le Rapport comparatif des règlementations applicables à
la pollution de l’air ambiant par le nickel dans différentes régions
du monde, l’utilisation d’une valeur limite, soit une valeur à ne
pas dépasser en tout temps, est suggérée afin d’assurer une cohérence
règlementaire avec les autres normes du Règlement sur l’assainissement
de l’atmosphère (RAA). En effet, il est nécessaire de maintenir
une certaine cohérence dans l’application des normes de qualité
de l’atmosphère et dans la gestion des risques auxquels seront exposés
la population et l’environnement. Les principes encadrant la détermination
et l’application des normes de qualité de l’atmosphère sont définis
dans le
Cadre de détermination et d'application
(PDF,
236 ko).
Madame Michèle Bouchard, experte en toxicologie, a conclu que
l’étude retenue par le Ministère afin de réviser la norme sur le
nickel en 2013 ne faisait pas consensus au niveau international.
La nouvelle norme sur 24 heures a été déterminée en prenant en considération
ses principales recommandations. L’étude retenue, qui a été réalisée
par le National Toxicology Program (NTP), un organisme reconnu mondialement
pour la qualité de ses études, est celle ayant été recommandée par
l’experte. Précisons que madame Bouchard est vice-doyenne à la recherche
et professeure titulaire à l’École de santé publique de l’Université
de Montréal, titulaire de la Chaire d'analyse et de gestion des
risques toxicologiques et directrice de l'Unité d'analyse de biomarqueurs/Xénobiotiques
et nanoparticules.
La différence observée entre la valeur suggérée par Mme
Bouchard et la norme journalière retenue est principalement due
à de légers ajustements méthodologiques apportés pour uniformiser
la norme sur le nickel avec les autres normes du RAA. Elle a été
consultée sur la nouvelle norme journalière et ses commentaires
ont été pris en compte. Le détail du calcul ayant mené à l’établissement
des normes sur le nickel est présenté dans la
fiche
technique de la norme de qualité de l’atmosphère relative au nickel
(PDF,
251 ko).
Rapports des experts mandatés par le Comité interministériel
d’examen de la norme sur le nickel
1. Revue toxicologique de
l’encadrement règlementaire de l’industrie du nickel pour le volet
air ambiant
Cette revue de la littérature comporte des données toxicologiques
et épidémiologiques permettant de déterminer des normes de qualité
de l’atmosphère pour le nickel et ses composés. Elle inclut également
un tableau synthèse de valeurs de référence appliquées par différents
juridictions ou organismes.
La détermination d’une norme de qualité de l’atmosphère exige
des étapes d’évaluation et de gestion des risques qui doivent être
encadrées par un ensemble de principes et de lignes directrices.
Il est nécessaire de maintenir une certaine cohérence entre le traitement
des effets potentiels des contaminants sur la santé et l’environnement,
l’application administrative des exigences imposées pour le respect
des normes de qualité de l’atmosphère et la gestion des risques.
Principaux points saillants
- Les composés du nickel sont classés cancérogènes chez l’humain
par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
- En plus des effets possibles d’une exposition répétée au
nickel, des effets peuvent aussi être observés à la suite d’une
courte période d’exposition à des concentrations plus élevées.
- Les individus plus sensibles, comme les personnes asthmatiques,
pourraient manifester des effets à des concentrations qui n’auraient
pas d’impact pour la population générale.
- Plusieurs juridictions ont sélectionné comme base les études
réalisées par le NTP en 1996, un organisme reconnu mondialement
pour la qualité de ses études.
- Plusieurs juridictions proposent une valeur moyenne annuelle
basée sur la recommandation de l’Union européenne, qui est de
20 ng/m³.
- L’estimation du risque de cancer réalisée par la United
States Environmental Protection Agency (US EPA) n’a pas été
retenue, car elle se base sur le sous-sulfure de nickel, un
des composés du nickel les plus toxiques qui est, de façon générale,
peu présent dans l’air ambiant.
- L’étude utilisée pour établir la norme du RAA de 14 ng/m³
sur 24 heures, publiée en 2013, présente des faiblesses méthodologiques.
Propositions pour la modification de la norme
- Une norme annuelle de 20 ng/m³ est recommandée pour prévenir
les effets respiratoires critiques associés à une exposition
répétée au nickel et à ses composés. Selon l’information disponible
à l’heure actuelle, cette valeur devrait également protéger
contre les effets cancérogènes associés à l’exposition au nickel
et à ses composés.
- Une valeur cible de 40 ng/m³ sur 24 heures pourrait être
visée pour prévenir les effets respiratoires chez les individus
plus sensibles.
Ce rapport vise à fournir une analyse comparative des règlementations
visant la protection de l’air ambiant qui s’appliquent à l’industrie
du nickel dans les juridictions où cette industrie est présente,
ainsi qu’à recommander une stratégie ou des approches pour le Québec.
Les normes de qualité de l’atmosphère pour les composés de nickel
établies par différentes juridictions peuvent varier en fonction
de plusieurs facteurs, tels que la date de révision des normes,
les effets que l’on souhaite prévenir, les niveaux de risque considérés
comme acceptables ainsi que la taille des particules visée par la
norme. De plus, afin de juger de la sévérité d’une norme, le cadre
règlementaire et les exigences associées au respect de celle-ci
doivent être considérés.
Principaux points saillants
- Certaines juridictions ont établi une valeur cible pour
le nickel, ce qui équivaut à une obligation de prendre des moyens
raisonnables en fonction des meilleures technologies disponibles
afin d’en assurer le respect. En contrepartie, d’autres juridictions
ont plutôt opté pour une valeur limite qui correspond à une
obligation de résultat, soit une valeur à ne pas dépasser en
tout temps. Pour une même valeur, une valeur limite est plus
contraignante qu’une valeur cible.
- Pour l’ensemble des juridictions étudiées, des sanctions
permettant d’exiger le respect des normes ou des valeurs imposées
pour le nickel sont appliquées. Cependant, de manière générale,
des mesures d’amélioration continue sont plutôt demandées.
- Certaines juridictions ont des mécanismes permettant de
déroger à la norme existante, tels que des normes applicables
pour certains secteurs industriels ou des normes spécifiques
à un site.
Propositions pour la modification de la norme
- Établir une norme annuelle basée sur la valeur recommandée
par l’Union européenne, qui est de 20 ng/m³.
- Établir une norme sur le nickel basée sur un principe de
valeur limite dans un souci de cohérence avec les autres normes
du RAA.
- Éviter des approches telles que celle de l’Ontario qui entrainent
une négociation au cas par cas dans le cadre de l’autorisation
des projets, ce qui n’est pas souhaitable.
Ce rapport présente une comparaison des exigences imposées par
différentes juridictions pour l’autorisation de projets émettant
du nickel, en plus de dresser un portrait de l’industrie du nickel
dans les juridictions ciblées. Afin de bien documenter le contexte
spécifique du Québec, le rapport présente un état de la situation
en lien avec la qualité de l’air ambiant, en ce qui concerne le
nickel, au Québec.
Le type de sources pouvant émettre du nickel peut varier d’une
juridiction à l’autre. Ainsi, le cadre règlementaire peut être adapté
de façon à mieux encadrer les sources présentes. De plus, l’application
de normes de qualité de l’atmosphère n’est pas le seul mécanisme
permettant de limiter les émissions de nickel dans l’air ambiant.
Principaux points saillants
- Les concentrations de nickel mesurées dans l’air ambiant
au Québec lorsqu’il n’y a pas d’installations de nickel à proximité
sont généralement basses et représentatives des concentrations
observées ailleurs dans le monde.
- Une diminution des concentrations de nickel dans l’air ambiant
a été observée entre 2006 et 2015 aux stations de mesure situées
à proximité de sources émettrices au Québec.
- Dans les pays occidentaux où est effectuée l’extraction
du nickel, peu d’entre eux appliquent un critère ou une norme
de nickel dans l’air ambiant accompagnée d’une exigence de modélisation
ou de suivi pour l’autorisation de projets. De plus, certaines
juridictions, telles que l’Ontario et les pays européens, ont
choisi une stratégie d’accompagnement plutôt qu’une approche
punitive.
- L’Ontario est une des juridictions où les exigences en lien
avec le nickel dans l’air ambiant sont les plus élaborées. Le
règlement prévoit des mécanismes permettant de déroger à la
norme existante, tels que des normes applicables pour certains
secteurs industriels ou des normes spécifiques à un site.
- Afin de diminuer les concentrations de nickel dans l’air
ambiant, l’application des meilleures technologies disponibles
est essentielle. Par exemple, le concentré ou le minerai devrait
être traité et manipulé à l’intérieur de bâtiments et de convoyeurs
fermés. De plus, l’application des meilleures technologies disponibles
n’entraine pas de coûts disproportionnés.
- L’application d’une norme journalière plutôt qu’annuelle
mènerait potentiellement à des dépassements, que l’entreprise
ait utilisé ou non les meilleures technologies disponibles.
Propositions pour la modification de la norme
- Appliquer une norme annuelle de 20 ng/m³, comme le recommande
l’Union européenne.
- Si une norme journalière est conservée, permettre un pourcentage
de dépassement (exemple : applicable sur le 98e
centile).
Ce rapport vise à quantifier les retombées économiques attribuables
à l’industrie du nickel et à mettre en perspective les potentielles
conséquences économiques associées à la norme sur le nickel sous
sa forme actuelle. Pour réaliser ce mandat, une collecte de données
sur les marchés québécois et mondial du nickel a été effectuée,
des entrevues ont été réalisées avec les acteurs de cette industrie
au Québec et des simulations ont été faites avec le modèle intersectoriel
de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). De plus, une analyse
portant sur l’attractivité du Québec en matière d’investissements,
et ce, en lien avec la norme sur le nickel, a été réalisée.
Principaux points saillants
- La production minière de nickel permet d’injecter annuellement
plus de 500 M$ dans l’économie québécoise et de contribuer à
plus de 2 900 emplois (ETC) directs et indirects, à 340 M$ de
PIB annuel et à 72 M$ de revenus fiscaux et parafiscaux annuels
pour le Québec.
- Les deux minières de nickel en opération (Glencore Mine
Raglan et Canadian Royalties) ont recours à une main-d’œuvre
et à des fournisseurs (1 000 +) provenant des 17 régions
administratives du Québec.
- Environ 22 % des dépenses d’exploitation et 17 % des emplois
directs des sites miniers de nickel, excluant les entrepreneurs,
sont liés à des groupes autochtones. À cela s’ajoutent, entre
autres, des montants de partage de profits.
- De nouveaux projets miniers de nickel pourraient voir le
jour sur la scène internationale, puisqu’une forte hausse de
la demande est prévue, notamment en raison des prévisions de
croissance du marché des batteries pour véhicules électriques
et du prix du nickel, qui suit une trajectoire à la hausse.
- Le nickel constitue la troisième substance minérale la plus
recherchée au Québec. Le projet de prolongement de la durée
de vie de la Mine Raglan et le Projet Dumont (phase II) doubleraient
la production québécoise de nickel.
- Les sociétés minières exploitant le nickel pourraient être
confrontées à de potentiels dépassements à répétition de la
norme actuelle sur le nickel.
- Les sociétés minières canadiennes (et particulièrement celles
du Nord-du-Québec) ont des coûts de production parmi les plus
élevés au monde.
- La mise en place de mesures de mitigation additionnelles
en réponse à de potentiels dépassements de la norme réduirait
la compétitivité mondiale des minières de nickel au Québec
et pourrait éventuellement les amener à ralentir leurs activités
de manière temporaire ou même permanente.
- Le niveau et la récurrence des retombées annuelles associées
aux dépenses d’exploitation et les retombées en capital récurrent
durant la durée de vie des projets sont à risque, étant donné
que ces derniers pourraient être ralentis ou arrêtés en cours
de route, en raison de pressions sociétales ou de la non-compétitivité
du coût du nickel québécois.
- Pour chaque année d’opération perturbée, c’est en moyenne
1 600 emplois (ETC) directs et indirects, 310 M$ de PIB
annuel et 57 M$ de revenus fiscaux qui sont à risque.
- Une norme sur le nickel plus contraignante qu’ailleurs dans
le monde et dans le reste du Canada pourrait réduire l’attractivité
du Québec en matière d’investissements additionnels dans le
secteur du nickel, alors que le contexte mondial semble propice
au développement de nouveaux projets.
- L’Ontario, Terre-Neuve-et-Labrador et l’Australie pourraient
notamment constituer des solutions de rechange potentielles.