Les précipitations acides au Québec:
État de la situation (1996)
Impacts sur le milieu
Écosystèmes aquatiques
Sur le plan biologique, l'acidification des eaux de surface est responsable de dommages
directs et indirects sur les organismes aquatiques. On observe une baisse de 25 % du
nombre d'espèces de poissons les plus sensibles lors d'une baisse de pH de 6,0 à
5,5 unités. Une baisse du pH de 5,5 à 5,0 unités entraîne quant à elle une
diminution additionnelle de 50 % du nombre d'espèces de poissons, tandis que les
25 % d'espèces résiduelles disparaissent complètement avec un pH de 4,5. La
reproduction du poisson est compromise pour les espèces les moins sensibles à l'acidité
dès que le pH atteint 5,0 unités.
Des études récentes effectuées sur le Bouclier canadien au sud de la latitude 51°N
(latitude du lac Mistassini) montrent que 6 151 (19,3 %) des
31 808 lacs de superficie comprise entre 0,1 et 20 km2 étaient
acides entre 1986 et 1990; 52 % de ces mêmes lacs (16 525) présentaient un pH
inférieur ou égal à 6 unités, valeur sous laquelle les dommages aux populations
de poissons commencent à être observés.
L'extrapolation des pourcentages précédents aux 160 000 lacs de plus d'un
hectare dénombrés sur le territoire au sud de la latitude 51°N implique qu'il y aurait
un minimum de 29 432 lacs acides. On évaluerait à plus de 81 000 le
nombre combiné de lacs acides (pH< = 5,5) et de transition
(5,5<pH< = 6,0).
Des études récentes montrent clairement que les nitrates joueraient un rôle
déterminant dans l'acidification des eaux de surface. Plusieurs lacs du Canada, et en
particulier plusieurs plans d'eau du Québec, ont presque atteint le seuil de saturation
en nitrates, seuil à partir duquel l'acidification peut s'accroître de façon
importante. Plusieurs lacs des monts Adirondack, dont les caractéristiques sont
similaires à celles des lacs du Québec, auraient d'ailleurs déjà atteint ce seuil.
Écosystèmes forestiers
Les relevés aériens du dépérissement, entre 1985 et 1987, indiquent que 50 %
des 2,12 millions d'hectares d'érablières inventoriés montrent des signes de
dommages associés au dépérissement. Parmi les symptômes caractéristiques du
dépérissement, on note la présence de stress nutritifs et la diminution de croissance
des arbres. Les relations entre les déséquilibres cationiques du sol et les carences
foliaires ainsi que les expériences de fertilisation suggèrent très fortement que les
modifications des propriétés chimiques des sols causées par les précipitations acides
sont largement responsables du dépérissement des forêts au Québec.
Santé
Les aérosols acides, précurseurs des précipitations acides, ont des effets directs
sur la santé. Certaines études épidémiologiques canadiennes ont déjà démontré des
relations entre les concentrations de sulfates et les taux d'admission dans les hôpitaux
ainsi qu'entre les aérosols acides et la fonction pulmonaire chez des adolescents. Le
niveau d'exposition de la population québécoise demeure cependant mal connu.
Agriculture
Les effets des dépôts acides sur les sols cultivés au Québec seraient
négligeables. En effet, l'acidification résultant de l'utilisation de fertilisants
azotés est supérieure d'environ deux à dix fois l'acidification occasionnée par les
dépôts acides. Les données actuelles indiqueraient que l'ensemble des sources
d'acidité des sols cultivés, y compris les fertilisants azotés, occasionne une acidité
environ dix fois plus importante que les dépôts acides.
Autres effets
Il n'existe aucun élément de mesure (étude ou suivi gouvernemental) pour évaluer au
Québec les dommages sur les biens matériels (bâtiments, structures, monuments, etc.)
causés par les précipitations acides.
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