L’année 2018 a été la 26e année la plus chaude en 104 ans au sud de la province et la 21e année consécutive avec une température moyenne au-delà de la normale du 20e siècle au sud et au Québec – une séquence record. L’été le plus chaud en 146 ans au sud de la province a été le reflet de la quatrième année la plus chaude en 139 ans à l’échelle mondiale, derrière 2015, 2016 et 2017. Cependant, le froid exceptionnel subi au nord et anormal durant les autres saisons a fait de cette année la plus froide jusqu’à maintenant au 21e siècle à l’échelle du Québec. Les derniers 21 ans ont en moyenne été 1,3 °C plus chauds que le 20e siècle et l’année 2018, bien qu’elle ait été également au-dessus de cette normale, ne se retrouve qu’au 55e rang des années les plus chaudes en 104 ans au Québec. On se rappellera que 2017 s’était classée au 10e rang.
Année 2018 en chiffres | |
21e | année consécutive plus chaude que la normale du 20e siècle au sud et au Québec |
16 | années de plus que la deuxième plus longue séquence au sud et au Québec |
0,7 | °C de plus que la température moyenne normale du 20e siècle au sud |
0,1 | °C de plus que la température moyenne normale du 20e siècle au Québec |
0,1 | °C sous la température moyenne normale de 1981-2010 au sud |
0,5 | °C sous la température moyenne normale de 1981-2010 au Québec |
1,0 | °C sous la température moyenne normale de 1981-2010 au nord |
100 | % du total de degrés-jours de chauffage normale de 1981-2010 au sud |
123 | % du total de degrés-jours de croissance normale de 1981-2010 au sud |
200 | % du total de degrés-jours de climatisation normale de 1981-2010 au sud |
27 | cm de neige de plus que la normale de 1981-2010 au sud |
38 | mm de pluie de moins que la normale de 1981-2010 au sud |
Sud du Québec
L’été le plus chaud en 146 ans a pratiquement suffi à compenser le froid anormal de l’hiver, du
printemps et de l’automne, en comparaison de la normale de la période 1981-2010. La saison de gel soutenu a pourtant été prolongée de près d’un mois (25 jours), la
fonte printanière a été retardée de plus de deux semaines et poussée à un niveau record en mai et, dès novembre, la neige abondante recouvrait hâtivement le sol du double de l’épaisseur normale. Particulièrement anormal à la fin du printemps et à l’automne, le froid n’a toutefois pas causé de hausse des degrés-jours de gel et de chauffage, tandis que la chaleur estivale, elle, a doublé le besoin en climatisation. Le mercure a franchi deux fois plus souvent que la normale les 25 °C. Une
canicule, d’une durée (sept jours) et d’une chaleur rarement ressentie, a entraîné 93 décès. Même écourtée de plus de deux semaines, la saison de croissance a offert près d’un quart de degrés-jours de croissance de plus que la normale. La chaleur a aussi aggravé l’état de
sécheresse dans la vallée du Saint-Laurent et en Gaspésie, en proie à un manque de pluie, et favorisé les
feux de forêt. Le total de précipitations plus élevé au sud-ouest a inversement entraîné des inondations et des glissements de terrain.
Nord du Québec
Alors que le monde, la Nouvelle-Angleterre et le sud du Québec enregistraient respectivement leur 4e, 18e et 26e année la plus chaude en plus de 100 ans, le nord du Québec subissait un froid exceptionnel, et ce, peu importe la période de référence. Dix des douze mois de l’année y ont été sous la normale de la période
1981-2010, et on y a enregistré le mois de
mai le plus froid jamais observé dans l’Arctique québécois. La
chaleur mondiale a visiblement délaissé le nord du Québec, alors qu’aux mêmes latitudes, l’Alaska vivait plutôt sa deuxième année la plus chaude. La portion nordique du Québec a également souffert d’un important déficit de précipitations.
Janvier a été légèrement plus chaud que la normale de la période 1981-2010 au sud, mais légèrement sous la normale au Québec. Février a été divisé entre douceur au sud et froid au nord et en une première moitié froide et une deuxième plus douce. En raison de la neige hivernale et printanière abondante, la charge en eau du couvert de neige au sud de la province a dépassé le maximum hivernal normal dès février, s’est pointée au septième rang en 56 ans en mars et a terminé au premier rang en avril.
Mars et avril ont été tout les mois respectivement le plus anormalement chaud et froid de 2018 au Québec, mars 2018 ayant été le premier mois de mars le plus doux en cinq ans, au sud, et avril 2018, le huitième mois d’avril consécutif plus froid que la normale. Il est tombé autant de neige qu’attendu en mars et plus du double de la normale en avril, contribuant à une fonte record en mai. Les faibles pluies tombées durant la période de fonte ont toutefois facilité la gestion de la crue printanière. Légèrement sous la normale au sud, mai a été froid au Québec et le plus froid observé au Québec arctique.
En juin, on a enchaîné avec un troisième mois consécutif sous la normale au Québec, qui s’est toutefois terminé en pleine canicule au sud. D’une chaleur rarement ressentie, cette canicule durera sept jours, amorçant le mois le plus chaud depuis 1921 en juillet, suivi du deuxième mois d’août le plus chaud des archives climatiques. En conséquence, l’été 2018 a été le plus chaud observé en 146 ans. La chaleur et le manque de précipitations ont toutefois entraîné de nombreux feux de forêt au Québec et un état de sécheresse d’anormal à grave de la Montérégie à la Gaspésie. Au nord, l’Arctique québécois n’avait inversement jamais été aussi froid en 26 ans de janvier à septembre.
Ce froid arctique s’est ensuite étendu sur le sud de la province, où on a connu les mois d’octobre et de novembre les plus froids en 82 ans. Pour l’ensemble du Québec il s’agissait du plus froid mois d’octobre en 44 ans et du plus froid mois de novembre en 29 ans. Apparu plus tôt que prévu, le couvert de neige a été deux fois plus épais que la normale au Québec en novembre. La vague de froid intense s’est poursuivie les deux premières semaines de décembre, avant un important redoux qui a ramené ce mois et cette année au-dessus de la normale du 20e siècle au Québec. Fin 2018, le manteau neigeux demeurait plus épais que la normale.
2018 : les 10 événements climatiques les plus marquants au Québec
La température moyenne annuelle du Québec n’est plus descendue sous la normale du dernier siècle depuis maintenant 21 ans. Cette séquence est venue bien près d’être interrompue en 2018 à l’échelle du Québec, mais la chaleur a été nettement au-dessus de la normale du siècle dernier au sud de la province. Aussi, quelques événements climatiques extrêmes ont ponctué ces valeurs moyennes en 2018, rappelant que cette séquence incomparable n’est pas la norme connue précédemment :
La présente analyse est basée sur les observations climatiques prises aux stations de surface de référence du Québec depuis 1915 et homogénéisées depuis 1960.
Sommaire annuel géostatistique pour le Québec
Région | Température | Précipitation | ||||||
Neige | Pluie | Totale | ||||||
Moyenne (°C) |
Anomalie (°C) |
Moyenne (mm) |
Anomalie (mm) |
Moyenne (mm) |
Anomalie (mm) |
Moyen (mm) |
Anomalie (mm) |
|
Saint-Laurent sud-ouest Montérégie, Centre-du-Québec, Estrie |
6 | 0,4 | 270 | 61 | 931 | 60 | 1 202 | 120 |
Outaouais et Montréal Témiscamingue, Outaouais, Laurentides |
4 | 0,2 | 270 | 78 | 774 | 3 | 1 060 | 98 |
Saint-Laurent nord-ouest Lanaudière, Mauricie, Capitale-Nationale |
3 | 0,1 | 297 | 61 | 776 | -55 | 1 074 | 17 |
Saint-Laurent sud-est Chaudière-Appalaches, Bas-St-Laurent, Gaspésie (nord) |
4 | 0,0 | 370 | 71 | 693 | -99 | 1 085 | -12 |
Baie-des-Chaleurs et Percé Bas-St-Laurent (sud), Gaspésie (sud) |
3 | 0,2 | 426 | 109 | 624 | -179 | 1 066 | -47 |
Saguenay–Lac-Saint-Jean | 1 | -0,2 | 275 | 0 | 641 | -21 | 916 | -25 |
Côte-Nord | -1 | 0,1 | 324 | -9 | 575 | -38 | 890 | -75 |
* Sud du Québec | 1,1 | -0,1 | 293 | 27 | 664 | -38 | 965 | -9 |
Nord-du-Québec | -6 | -1,0 | 201 | -74 | 354 | -25 | 556 | -112 |
* Au Québec | -2,5 | -0,5 | 254 | -12 | 510 | -33 | 769 | -46 |
1 Les anomalies sont basées sur la normale de la période 1981-2010.