Les aventures de Rafale
L'environnement à la ferme
Rafale à la découverte de l’agriculture
écologique |
L'environnement
à la ferme |
Pour en savoir plus
Pour découvrir les explications de Léa sur les bonnes pratiques environnementales à la ferme, clique sur un des points d'interrogation dans chacune des images. Les flèches vertes te permettront de changer d'image.
Tu sais sûrement déjà que, pour aider nos plantes à pousser, plusieurs agriculteurs utilisent du fumier afin de fournir des nutriments qui servent à la croissance des cultures, mais savais-tu que cela peut polluer nos cours d’eau? Effectivement, il faut prévoir des installations étanches pour l’entreposage du fumier produit par les animaux afin de s’assurer que le phosphore qu’il contient ne contamine pas le sol et ultimement les cours d’eau. Il faut savoir que les normes d’entreposage varient en fonction de la taille de la ferme et de la grosseur des élevages. Une fosse à fumier étanche permet de contenir les éléments fertilisants et d’en limiter les fuites (pertes). Du coup, on empêche le ruissellement de ces derniers jusqu’au cours d’eau ou leur pénétration dans le sol jusqu’aux nappes phréatiques, un phénomène que l’on nomme lessivage.
Une des technologies d’épandage que nous utilisons est la rampe basse. Ce type de machinerie permet de procéder à un épandage plus localisé du fumier sous forme liquide, ce qui favorise une bonne fertilisation des cultures. L’agronome de notre club-conseil joue aussi un rôle important dans cette activité puisqu’il peut, grâce au bilan de phosphore et aux différents renseignements que ma famille lui fournit, évaluer la capacité réceptrice du sol. Ainsi, il peut nous indiquer précisément les quantités de fumier à épandre. Je vais t’expliquer tout à l’heure ce que veut dire la capacité réceptrice du sol…
Les normes varient en fonction de la grosseur de l’entreprise agricole et du type d’animaux qu’on y retrouve. Il s’agit d’une donnée très importante puisque les animaux peuvent aussi contaminer l’environnement. Ainsi, plus la grosseur des élevages augmente, plus les exigences sont sévères parce qu’il y a un plus grand risque pour l’environnement. Pas de panique! On peut très bien avoir une entreprise d’importance et s’assurer de protéger nos cours d’eau, en commençant par se conformer aux normes du Ministère.
Ce ne sont pas toutes les fermes qui doivent avoir une installation étanche pour l’entreposage du fumier. Parfois, elles sont autorisées à faire des amas de fumier dans le champ, en suivant certaines règles. Il s’agit d’un monticule de fumier placé directement dans un champ dans le but d’être épandu pour fertiliser la culture en place. Toutefois, cet amas ne doit pas être installé dans une côte trop prononcée afin d’éviter que la pluie ou la neige n’entraînent des nutriments dans la nappe phréatique ou dans nos cours d’eau. Autrement, cela pourrait débalancer les écosystèmes et nuire à la nature. Voilà pourquoi cette activité doit être réalisée avec précaution. Afin d’établir la meilleure stratégie et de veiller à la préservation de l’environnement, l’agronome de notre club-conseil en agroenvironnement est chargé d’évaluer la conformité des amas. Tu sais, un agronome, c’est un peu comme un médecin de famille pour notre ferme! Il nous conseille sur les moyens à prendre pour avoir une terre et des cultures plus en santé.
Tu te souviens, tout à l’heure, nous avons parlé des façons d’épandre du fumier dans les champs? En voilà un autre exemple : il s’agit d’une machine qui procède à une aspersion basse. C’est un système qui limite la dispersion des bruines et la dérive des lisiers tout en étant précis en ce qui concerne la quantité à épandre au sol. Afin de pratiquer l’aspersion basse, les agriculteurs et leurs conseillers peuvent se référer à un guide produit par l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA).
Le Règlement sur les exploitations agricoles (REA) limite l’épandage et la culture de certains végétaux sur la bande riveraine. La largeur de cette dernière est habituellement de trois mètres, mais elle peut être augmentée par un règlement de la municipalité. Tu te demandes sûrement pourquoi on prend toutes ces mesures pour protéger cette partie du terrain des fermiers? C’est parce qu’il s’agit d’un accès direct des contaminants au cours d’eau. Ces cours d’eau sont des écosystèmes très fragiles, et il est important de les protéger. En respectant les distances prescrites par le REA et en évitant de cultiver jusque dans le lit de la rivière, on diminue les risques d’écoulement d’agents pathogènes et de fertilisants qui pourraient se retrouver dans nos rivières et nos lacs. C’est très important, Rafale! Il s’agit là d’une petite protection qui peut faire une grande différence.
On n’y pense pas toujours mais nos rivières, nos marais, nos lacs et tous nos cours d’eau sont des écosystèmes très riches mais aussi très fragiles. L’épandage de fumier sans encadrement peut s’avérer très dangereux pour ces milieux et carrément altérer la qualité de l’eau! La faune et la flore peuvent en être modifiées, et on peut ruiner un écosystème sans même le savoir. Il n’y a pas qu’en jetant directement des déchets dans l’eau qu’on en altère la qualité. Il faut aussi penser à toute l’eau drainée par le sol et au ruissellement, surtout à la suite de fortes pluies et lors de la fonte de la neige au printemps!
Comme tu peux le voir, nous avons décidé d’aménager des sites d’abreuvement sur notre ferme afin de nous assurer que les animaux ne s’abreuvent pas directement dans les cours d’eau, car cette pratique est étroitement contrôlée par le Règlement sur les exploitations agricoles. Cette mesure est très importante puisque la présence d’animaux d’élevage dans les cours d’eau constitue une voie d’entrée importante pour les contaminants. Ne t’en fais pas Rafale, il est quand même possible d’aménager une traverse à gué pour permettre aux animaux de franchir les cours d’eau.
Pour s’assurer qu’ils respectent les normes du Règlement sur les exploitations agricoles, la grande majorité des exploitants agricoles doivent produire annuellement un bilan de phosphore. Il s’agit d’un document qui permet d’estimer la quantité de phosphore contenue dans les matières fertilisantes produites et utilisées et d’évaluer la capacité des sols à les recevoir. Cette analyse est effectuée par l’agronome, dont le travail consiste à faire des recommandations basées sur l’analyse du sol et des déjections. Le bilan de phosphore représente une partie importante du travail des spécialistes en agroenvironnement. C’est un peu l’équivalent de la déclaration d’impôt que remplissent tes parents, mais pour l’environnement, car il donne un état de la situation par rapport à ce type de contaminant.
Lorsque l’inspecteur est venu visiter notre ferme, il nous a mentionné que des normes supplémentaires s’appliquaient spécialement pour nous puisque notre ferme est située dans un bassin versant dégradé. C’est logique : plus la proportion du territoire du bassin versant consacrée à la culture des végétaux est grande, plus la concentration de phosphore dans les cours d’eau environnants risque d’être élevée. Je t’explique : un bassin versant concentre naturellement toute l’eau du territoire vers une même embouchure. Ainsi, il est normal que tous les contaminants qui atteignent les cours d’eau y soient plus concentrés s’il y a beaucoup de superficies cultivées sur le territoire du bassin versant. Lorsque le phosphore dépasse une certaine quantité, l’eau est considérée comme étant de mauvaise qualité. Il faut donc faire particulièrement attention à ce que les quantités de phosphore qui vont se trouver dans cette eau soient limitées.
Finalement, il y a un dernier point qui est très important. Est-ce que tu sais ce qu’est la capacité de support? Il s’agit de la capacité d’un écosystème à recevoir des contaminants jusqu’à ce qu’il devienne saturé. Un peu comme lorsque tu te prépares un lait au chocolat : si tu mets trop de poudre chocolatée dedans, il y a un excédent! Les particules de lait ne peuvent plus retenir celles du chocolat, et ces dernières s’accumulent au fond. On appelle ce phénomène la saturation. Il arrive la même chose avec nos écosystèmes! S’il y a une trop forte densité de champs cultivés dans une même région, la quantité d’éléments fertilisants épandue est plus grande que la capacité de support du milieu, et l’écosystème devient pollué. Mes parents et moi, nous sommes aussi conscientisés au fait qu’il faut limiter les superficies cultivées puisque nous sommes situés dans un bassin versant dégradé. Nous attachons donc une importance capitale à la protection de nos boisés! Ça peut paraître contraignant puisque nous ne pouvons pas cultiver partout, mais au fond il s’agit de mesures très importantes pour protéger notre territoire et nos cours d’eau! Et il ne faut pas oublier que les boisés ont aussi leur importance pour l’agriculture, notamment dans le cas d’érablières.