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25 ans d'assainissement des eaux usées industrielles au Québec : un bilan (suite)Chapitre 2 : Les industries et la problématique des eaux usées
Chapitre 2 : Les industries et la problématique des eaux usées Les établissements industriels ont des productions très diverses (aliments, vêtements, pâte à papier, produits chimiques, etc.) et rejettent plusieurs types deaux usées dont les volumes et le degré de contamination sont très variables. En règle générale, on distingue les eaux de procédé qui sont le plus souvent contaminées puisquelles entrent dans le processus de fabrication même, les eaux de refroidissement plus ou moins contaminées, les eaux sanitaires et, dans certains cas, les eaux pluviales. Les caractéristiques des eaux de procédé sont directement fonction du type dindustrie : certaines industries nen génèrent carrément pas ou très peu, comme les industries de confection de vêtements alors que dautres en produisent des volumes considérables comme, par exemple, les fabriques de pâtes et papiers. La contamination des eaux de procédé varie aussi avec le type dindustrie : la fabrication daliments produit des contaminants organiques alors que la fabrication des produits en métal génère surtout des contaminants inorganiques. Et, pour un même contaminant, le taux démission est variable selon la production industrielle : la fabrication dune tonne de pâte à papier produit environ 50 kilogrammes de DBO5 (effluent brut) tandis que la transformation dune tonne de pommes de terre en génère de 10 à 20 kilogrammes. Lexistence deaux de procédé et leur degré de contamination étant reliés au type de production industrielle, il est intéressant de classifier les industries en fonction des secteurs dactivité industrielle. La classification utilisée comme référence dans le présent rapport est la classification nord-américaine SIC (Standard Industrial Classification)14. La taille des entreprises est également un critère à considérer. Pour un même type dindustrie, il existe des relations entre limportance de lentreprise, qui peut être exprimée en termes de volume de production, de nombre demployés, de chiffre d'affaires, etc., et la quantité de ses rejets. Même si on ne peut pas toujours établir de proportionnalité directe, il sagit dun indicateur intéressant. Lorsquil est question dassainissement, il est également utile de tenir compte du lieu de rejet des eaux usées, de façon à distinguer si ces eaux sont rejetées dans un réseau dégout qui aboutit dans une station dépuration municipale (rejet « en réseau ») ou encore dans lenvironnement (rejet « hors réseau »), auquel cas elles nécessitent un traitement plus complet. On observe que le rejet dans lenvironnement peut se faire sous deux formes, soit directement dans des eaux de surface, soit par lentremise dinstallations septiques. Ce mode de disposition des eaux usées se rencontre seulement lorsque les volumes deaux usées sont très faibles, et le rejet s'infiltre généralement dans le sol. Tel qu'il est mentionné dans le chapitre précédent, le Ministère a constitué dans le cadre du PAEQ un inventaire de tous les établissements industriels et manufacturiers hors CUM, qui rassemble un certain nombre de données de base reliées à la problématique des eaux usées. À partir de cet inventaire, il est possible de dresser un portrait général de la situation qui est, par ailleurs, complété par des données portant sur la CUM. 2.1 Quelques statistiques sur lensemble des industriesAu milieu des années 1990, on dénombre au Québec près de 15 000 établissements industriels ou manufacturiers qui emploient environ 400 000 personnes. Sur ces 15 000 établissements, un quart se retrouve sur le territoire de la CUM tandis que les trois autres quarts se répartissent sur le reste du territoire québécois. À cela, il convient dajouter les 72 sites actifs dexploitation minière concentrés en grande partie dans le Nord et le Nord-Ouest du Québec, et qui constituent le secteur minier. Dans la suite de ce rapport, ce secteur fera lobjet dune section à part à la fin du chapitre 3. Une catégorisation de ces établissements a été établie sur la base des secteurs dactivité industrielle de la classification SIC, en effectuant toutefois certains regroupements puisque cette classification comporte jusqu'à 20 activités industrielles différentes. Pour les fins du présent rapport, les industries (à l'exclusion de celles du secteur minier) sont réparties en neuf secteurs, soit :
Lannexe 1 fournit la définition précise de ces neuf secteurs, telle qu'elle a été établie à partir des codes SIC.
La figure 1 montre la répartition des 11 150 établissements situés à lextérieur de la CUM en fonction de ces neuf secteurs. Les industries de transformation (transformation du métal, du bois, industrie agro-alimentaire, etc.) sont nombreuses comparativement aux industries primaires (pâtes et papiers, métallurgie, raffineries) qui, par contre, sont des entreprises de grande taille, avec des volumes de production importants. Si lon considère la répartition de lensemble des quelque 15 000 entreprises en fonction du point de rejet des eaux usées, on remarque que la grande majorité des industries (78 %) sont raccordées à un réseau dégout, ce qui est le cas notamment des industries situées sur le territoire de la CUM, à quelques exceptions près. La plupart des industries raccordées à un réseau dégout sont des industries de transformation de moyenne ou de petite taille. Au contraire, les industries rejetant leurs effluents dans les eaux de surface sont en faible nombre (moins de 5 %) et sont généralement de grandes entreprises (fabriques de pâtes et papiers, industries métallurgiques, raffineries de pétrole). Finalement, un nombre important dentreprises, soit 18 % du total, envoient leurs eaux usées dans des installations septiques et leffluent est rejeté dans lenvironnement généralement par infiltration dans le sol; il sagit de très petites entreprises qui se retrouvent dans plusieurs secteurs industriels. 2.2 Portrait des industries ayant des rejets deaux usées significatifs2.2.1 La place des industries significatives par rapport à lensembleAprès avoir donné un aperçu général de lensemble des établissements industriels et manufacturiers du Québec, il sagit maintenant de dresser le portrait des industries qui ont des rejets deaux usées « significatifs », c'est-à-dire susceptibles de créer un impact significatif sur l'environnement en raison de leur nature ou de leur quantité. Dans le présent rapport, la notion de rejets deaux usées significatifs fait référence à un impact potentiel sur lenvironnement qui peut s'exercer d'une façon directe (industries hors réseau) ou indirecte (industries en réseau). Cela ne veut pas dire que les effluents industriels ne sont pas actuellement gérés convenablement et quils créent systématiquement des dommages à lenvironnement: ces effluents méritent cependant une attention particulière et doivent notamment faire lobjet dune surveillance. La sélection des industries significatives découle principalement de la méthode développée dans le cadre du PAEQ et expliquée précédemment. On y retrouve toutes les industries retenues pour intervention dans le PAEQ, auxquelles sont ajoutées les industries des secteurs réglementés (fabriques de pâtes et papiers et raffineries de pétrole) ainsi que les entreprises qui nont pas fait lobjet de correctifs à proprement parler dans le cadre du PAEQ mais dont les rejets deaux usées demeurent significatifs. Il sagit dune part, détablissements qui, au moment de la réalisation du PAEQ, traitaient de façon satisfaisante leurs eaux usées - leur nombre est en fait très restreint - et, dautre part, de nouveaux établissements industriels qui se sont installés entre 1978 et 1995, et dont la gestion des eaux usées a été contrôlée par le Ministère lors de la délivrance des certificats dautorisation. En 1995, le nombre détablissements industriels dont les rejets deaux usées sont jugés significatifs est de lordre de 1300 pour lensemble du territoire québécois situé à lextérieur de la CUM. Même si ce nombre représente un faible pourcentage du nombre total des établissements industriels, soit environ 12 %, il sagit des entreprises les plus importantes; en effet, celles-ci représentent 50 % de la totalité des emplois. Du côté de la CUM, il est possible didentifier environ 800 établissements significatifs, c'est-à-dire les établissements pour lesquels la CUM prévoit lobligation dobtenir un permis de déversement dans son réseau dégout en vertu de larticle 15 du Règlement 879. Parmi ceux-ci, 300 sont jugés particulièrement prioritaires pour lémission des permis de déversement19. On rappelle que les 72 sites d'exploitation minière sont considérés à part (voir la section 3.12); toutefois, ils sont, pour la plupart, des sources de rejets d'eaux usées significatifs.
Les secteurs industriels La figure 2 montre la proportion respective des industries retenues comme significatives dans chacun des neuf secteurs, ceci à l'extérieur du territoire de la CUM. Pour les établissements situés sur le territoire de la CUM, des données précises nont pas été établies, mais il y a tout lieu de croire que les mêmes tendances devraient être observées. Le lieu de rejet des eaux usées Pour les industries raccordées à un réseau dégout, on constate, dans l'ensemble, que 14 % de celles-ci sont retenues comme significatives, soit environ 20 % dans le cas de la CUM et 10 % ailleurs. La différence observée entre les deux pourcentages peut sexpliquer, en partie, par le fait quil existe probablement un plus grand nombre dentreprises importantes sur le territoire de la CUM quailleurs au Québec. De plus, ce ne sont pas exactement les mêmes critères qui ont été utilisés pour sélectionner les industries. La CUM considère, par ailleurs, quil y a 300 établissements véritablement prioritaires sur les 800, ou 9 % du total19 .
En ce qui a trait aux industries situées hors réseau, les industries ayant des rejets d'eaux usées significatifs représentent 16 % du total. Il est toutefois essentiel de faire une distinction selon que le rejet se fait directement dans les eaux de surface ou via une installation septique. Ainsi, 63 % des établissements rejetant leurs effluents dans les eaux de surface sont retenus comme significatifs; on trouve surtout dans cette catégorie des entreprises importantes déversant de grands volumes deffluents (fabriques de pâtes et papiers, industries métallurgiques, raffineries de pétrole). Au contraire, seulement 7 % des entreprises utilisant des installations septiques sont jugées significatives quant à la problématique des eaux usées; elles se retrouvent principalement dans le secteur agro-alimentaire.
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