Bassin versant de la rivière Chaudière (1997)
Modifier nos pratiques agricoles... la priorité (suite)
La pollution agricole, il faut y voir sérieusement
Les rejets urbains et industriels génèrent divers impacts dans le
bassin. Mais, à eux seuls, ils ne peuvent pas expliquer le degré de pollution de la
rivière Chaudière, surtout en territoire fortement agricole. En effet, les rejets
agricoles, tantôt ponctuels, tantôt diffus, soumettent le milieu à des charges
polluantes qui contribuent dans une large mesure à la contamination du milieu. Au cours
des dernières années, de gros efforts ont été déployés pour réduire les sources
ponctuelles de pollution agricole. On pense en particulier à la construction de
structures adéquates d'entreposage pour le fumier et le lisier. Aujourd'hui, le plus
grand défi consiste à réduire la pollution de source diffuse.
La pollution diffuse est plus complexe à contrôler parce qu'elle est liée à une
multitude de sources réparties sur l'ensemble du territoire. Des engrais de ferme
appliqués en trop grande quantité sur les champs et dont la matière fertilisante finit
par rejoindre un cours d'eau par ruissellement illustrent ce type de pollution. Si on ne
résout pas le problème de pollution diffuse par de bonnes pratiques agricoles et par des
modes appropriés de gestion des déjections animales et des pesticides, la qualité de
l'eau ne pourra pas s'améliorer de façon satisfaisante. Dans le bassin de la rivière
Chaudière, notamment dans la portion nord du territoire, les activités agricoles
occupent une place importante. En 1994, on dénombrait 2850 entreprises agricoles, 120 300
hectares de terres en culture et 183 100 unités animales.
Les pesticides: la prudence est de mise
Des cinq sous-bassins du territoire, c'est celui de la rivière Chaudière
qui possède la plus grande superficie en culture, soit environ 65 630 hectares.
Cependant, dans les sous-bassins Saint-Victor et Beaurivage, le nombre d'hectares de terre
en exploitation par kilomètre carré est supérieur à celui du sous-bassin Chaudière.
Les cultures fourragères dominent les productions végétales du bassin et couvrent
plus de 85% des superficies cultivées. Les grandes cultures comme le maïs, les cultures
céréalières et les cultures de fruits et de légumes demeurent plutôt marginales sur
l'ensemble du bassin et occupent moins de 15% du territoire cultivé. Par contre, plus de
50% des surfaces consacrées aux grandes cultures sont regroupées dans le sous-bassin
Beaurivage et plus de 60% de la production céréalière, dans le sous-bassin Chaudière.
La majeure partie du territoire cultivé dans le bassin de la
rivière Chaudière
est consacrée aux fourrages, un type de culture qui nécessite peu de pesticides.
Un faible taux d'utilisation, mais...
Afin de lutter contre les insectes indésirables, les mauvaises herbes ou
toute maladie s'attaquant aux cultures, les agriculteurs ont en général recours aux
pesticides. Les superficies cultivées étant majoritairement consacrées aux plantes
fourragères, le taux moyen annuel d'utilisation de pesticides dans le bassin de la
rivière Chaudière s'avère donc très bas. Il se situe à 0,3 kg d'ingrédients actifs
par hectare cultivé, une valeur bien en deçà de la moyenne provinciale d'utilisation
évaluée à 1,3. Des échantillonnages effectués en 1991 dans des puits situés à
Saint-Lambert-de-Lauzon et à Saint-Nicolas ont toutefois révélé la présence de
certains pesticides dans l'eau souterraine. L'aldicarbe, un insecticide disponible
jusqu'en 1990 aux producteurs de pommes de terre pour la lutte contre le doryphore, y a
notamment été détecté. Bien que l'insuffisance des données sur la présence de
pesticides dans les eaux de surface et souterraines du bassin ne permette pas une juste
appréciation de la situation, il est clair que leur emploi représente un risque pour
l'environnement et la santé humaine. Pour cette raison, une utilisation rationnelle et
sécuritaire des pesticides est de mise.
Types de cultures produites dans le bassin
Productions animales: des fertilisants en abondance
Les productions porcines et bovines tiennent une place prépondérante
dans le bassin versant. Le porc compose près de 50% des unités animales recensées et le
bovin 43%. Peu représentées dans le bassin, les productions avicoles ne comptent au
total que 14 600 unités animales, concentrées essentiellement dans les sous-bassins
Chaudière et Beaurivage.
Le bassin de la rivière Chaudière est depuis longtemps considéré comme
un important producteur de fertilisants d'origine animale. Avec un total de plus de 157
000 unités animales, les sous-bassins Chaudière et Beaurivage en génèrent les plus
grands volumes. Les apports en fumier et lisier de ces territoires équivalent à 11 600
tonnes d'azote et à 2 500 tonnes de phosphore par année.
Types d'animaux produits dans le bassin
Des besoins largement dépassés dans le sous-bassin Beaurivage
Malgré une quantité importante d'engrais naturels disponible, plusieurs
producteurs agricoles achètent des engrais minéraux aux fins de fertilisation. En raison
de la prédominance des cultures fourragères, les engrais minéraux sont toutefois
employés avec modération dans le bassin de la rivière Chaudière.
L'épandage excessif de lisier, à des doses supérieures aux besoins
nutritifs
des végétaux, devient vite un facteur important de pollution de l'eau.
L'étude des pressions environnementales exercées par les fertilisants d'origine tant
animale que minérale révèle des quantités appréciables d'azote et de phosphore dans
les sous-bassins Beaurivage, Chaudière et Saint-Victor. Dans le sous-bassin Beaurivage,
ces pressions se chiffrent à 185 kg d'azote et à 35 kg de phosphore par hectare. Bien
que les eaux usées des municipalités de Saint-Patrice-de-Beaurivage, de Saint-Gilles et
de Saint-Narcisse-de-Beaurivage soient actuellement non traitées, une large part des
rejets d'azote et de phosphore dans la rivière Beaurivage est attribuable aux sources
agricoles.
De mauvais aménagements agricoles... attention à l'érosion
En plus de diminuer la productivité des sols, l'érosion hydrique des
terres réduit la qualité des cours d'eau par l'apport de matières en suspension.
Toutefois, vu l'importance des productions fourragères dans le bassin de la rivière
Chaudière, le problème d'érosion des champs est, en général, assez limité. En
plusieurs endroits, la texture limoneuse des sols cultivés ainsi que le relief escarpé
des terres agricoles risquent cependant d'entraîner divers problèmes d'érosion. C'est
le cas du secteur de la rivière Chaudière compris entre les municipalités de
Saint-Ludger et de Scott.
Certaines pratiques agricoles peuvent causer de sérieux dommages aux sols. S'ils sont
laissés à nu durant une bonne partie de l'année, lorsque le labour est effectué à
l'automne, par exemple, les sols deviennent plus sensibles aux processus d'érosion
causée par l'eau ou par le vent. Un labour effectué dans le sens de la pente augmente
aussi les risques d'érosion parce qu'il favorise l'écoulement rapide de l'eau.
Le labourage des terres dans le sens de la pente favorise
l'écoulement de l'eau, augmentant ainsi les risques d'érosion.
Outre le fait de détruire des écosystèmes naturels, le reprofilage des fossés et
des ruisseaux, la suppression du couvert végétal ou forestier le long des rives et les
sorties de drains mal aménagées entraînent souvent l'érosion des berges. Environ 20%
des terres agricoles du bassin sont dotées de systèmes de drainage souterrain. À
l'échelle locale, ces divers problèmes peuvent prendre des proportions importantes.
L'accès du bétail au cours d'eau peut à la fois mener à des
problèmes de
contamination bactérienne de l'eau et de dégradation sérieuse des berges.
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