Les aventures de Rafale
Interview avec l’inspectrice en environnement
Quel travail effectuez-vous en tant qu’inspectrice en environnement?
L’inspecteur en environnement voit à ce que les lois et les règlements qui assurent la protection de la qualité de l’environnement soient respectés. Il existe différents secteurs dans lesquels un inspecteur en environnement peut travailler, par exemple les secteurs industriel, municipal, agricole, hydrique et naturel.
Pour ma part, j’ai choisi de travailler dans le secteur agricole, car j’adore les animaux et la nature. Cela me permet de demeurer en contact avec ce milieu que j’aime tant. Je vais donc inspecter des fermes et discuter des pratiques respectueuses de l’environnement avec les producteurs agricoles.
L’inspecteur en environnement donne des conseils pour modifier les pratiques et faire en sorte qu’elles respectent la réglementation. Il arrive parfois, selon la gravité du manquement, qu’une sorte d’amende soit imposée. L’inspecteur agit donc comme une « police de l’environnement ». Il se rend sur place pour évaluer la conformité environnementale et, de retour au bureau, il rédige un rapport d’inspection en y indiquant ce qu’il a constaté. Si des situations de non-conformité sont détectées, le producteur agricole en est avisé et, selon la situation, un suivi des correctifs est réalisé par la suite.
L’inspecteur en environnement répond également aux plaintes à caractère environnemental qui sont formulées par le public. À titre d’exemple, dans mon domaine, je traite les plaintes concernant l’accès des animaux aux cours d’eau, car la réglementation interdit que les animaux d’élevage aient accès aux cours d’eau et à leurs rives. Cette protection est importante pour la préservation du milieu naturel et pour le maintien de la qualité de l’eau. Pour se conformer, les producteurs doivent mettre en place des clôtures et installer des abreuvoirs pour les animaux.
Certains d’entre nous ont aussi la chance de faire partie de l’équipe d’Urgence-Environnement.
Qu’aimez-vous particulièrement dans votre travail?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours adoré les animaux. Je me considère comme très chanceuse de pouvoir en voir autant dans le cadre de mon travail! Ce dernier me permet également de rencontrer des producteurs agricoles passionnés par leur métier. J’aime apprendre d’eux et les amener à coopérer avec moi afin d’améliorer leur situation environnementale.
Comme les producteurs agricoles ne se trouvent pas sur les coins de rue du centre-ville, je suis également amenée à découvrir certains recoins cachés de ma région. Le secteur agricole de ma région totalise environ 96 000 km2. La superficie du territoire est très élevée, tout comme le nombre de producteur qui s’y trouvent. Les types d’élevage sont donc variés et, comme je ne suis en poste que depuis deux années, je rencontre toujours de nouvelles personnes.
Pour nous aider à réaliser notre travail, nous faisons parfois des survols aériens pour repérer et déterminer les endroits qu’il faut inspecter en priorité. À titre d’exemple, lors de la fonte des neiges, il est possible de repérer, lors d’un survol aérien, les débordements de fumier provenant des structures d’entreposage et de communiquer avec une équipe d’inspecteurs au sol pour qu’ils effectuent une intervention rapide et efficace.
Mon travail nécessite une bonne connaissance des lois, des règlements et du milieu agricole (connaissance que je continue d’acquérir de jour en jour), une bonne approche humaine, une éthique irréprochable et une grande « fibre environnementale ».
En quoi consiste une journée typique à votre travail?
Elle consiste à préparer des inspections, à les réaliser et à remplir des rapports sur celles-ci.
D’abord, je recherche les dossiers sur les lieux que je prévois inspecter et je relis les derniers rapports d’inspection dont ils ont fait l’objet. Je m’informe aussi sur le type d’élevage et sur la grosseur de ce dernier. Cette lecture me permet de savoir si certains éléments qui étaient non conformes lors de l’inspection précédente devraient faire l’objet d’un suivi. Je consigne l’information importante dans mon cahier terrain.
Je me rends à destination et j’y effectue mon inspection en compagnie du producteur agricole. Les éléments à vérifier sont très variés. Il peut s’agir, par exemple, de la gestion des fumiers, des superficies de terres cultivées ou du nombre de bêtes élevées sur le site. En terminant mon inspection, je m’assure d’expliquer mes constats au producteur agricole et de répondre à ses questions.
De retour au bureau, je rédige mon rapport d’inspection, auquel j’annexe une carte ou un croquis de l’endroit, si nécessaire. Si tout était conforme, je fais approuver mon rapport par mon chef d’équipe et je le place dans le dossier du site inspecté. Si, par contre, certains éléments n’étaient pas conformes, je rédige, en plus, un avis de non-conformité qui est transmis par courrier au producteur agricole. Ce dernier se trouve donc dans l’obligation de se conformer aux lois et règlements et de nous aviser de ses démarches. De plus, en fonction de la gravité des éléments qui ne sont pas conformes et de leur importance, je dois, dans certains cas, préparer un dossier pour qu’une mesure plus sévère soit prise. Par exemple, il est possible qu’une sanction administrative pécuniaire (SAP) soit imposée au contrevenant. Une SAP est un montant d’argent qui est imposé à une personne qui contrevient à la loi (ex. : un producteur agricole en situation de non-conformité) pour l’inciter à prendre sans délai les mesures requises pour se conformer et pour la dissuader de recommencer. Dans tous les cas, j’effectue ensuite le suivi approprié pour m’assurer du retour à la conformité.
Quelles sont les études nécessaires pour devenir inspecteur en environnement au gouvernement du Québec?
Pour ma part, j’ai fait une technique qui s’appelle « Environnement, hygiène et sécurité au travail ». Dès ma première année de technique, j’ai commencé à travailler au ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) à titre d’étudiante et j’ai eu « la piqûre »! Comme à la fin de ma technique, il n’y avait pas d’ouverture pour un emploi au Ministère, je me suis inscrite au baccalauréat en chimie des produits naturels. Entre-temps, j’ai été engagée à titre d’inspectrice en environnement au MDDELCC. J’ai terminé ma formation universitaire à temps partiel tout en travaillant dans mon domaine. Les études universitaires ne sont toutefois pas nécessaires pour occuper cet emploi.
Une technique au cégep dans le domaine de la chimie, de la biologie, de la faune et, bien entendu, de l’environnement, peut ouvrir les portes qui mènent au métier d’inspectrice en environnement.
Outre les études, quelles sont les aptitudes requises pour travailler comme inspecteur en environnement?
Je crois que ça prend un bon sens de l’organisation. Il faut aussi avoir de la facilité à communiquer avec différentes clientèles. Les inspecteurs en environnement rencontrent beaucoup de gens dans le cadre de leur travail, mais fondamentalement, ce n’est pas un travail d’équipe. Il ne faut donc pas avoir de difficulté non plus à travailler en solitaire.
L’inspecteur en environnement doit non seulement reconnaître une situation qui pourrait être problématique sur le plan environnemental, mais il doit aussi agir avec diplomatie afin d’obtenir la collaboration de la personne pour régler rapidement la situation. Il faut aussi avoir un grand sens éthique. Enfin, il faut aimer travailler à l’extérieur, et ce, qu’il fasse 25 °C ou -25 °C!
Selon vous, à quoi ressemblera votre travail dans dix ans? Quels seront vos défis?
Je crois que l’environnement est un sujet qui touche la population. Le grand public est de plus en plus informé sur la réglementation environnementale et il tient à ce qu’elle soit respectée. Comme tout ce qui compose l’environnement est un bien collectif, c’est une bonne chose!
De plus, je crois que les outils dont je me sers pour réaliser mon travail s’amélioreront. Bientôt, je serai en mesure de rédiger mes rapports d’intervention à partir d’un outil mobile qui m’accompagnera partout sur le terrain. Cette tablette numérique multifonctionnelle facilitera notamment l’accès aux dossiers et la prise de photographies. En outre, je crois que l’utilisation de l’avion pour faire du repérage, voire l’utilisation de technologies telles que le drone, révolutionneront les façons dont j’effectuerai mon travail dans le futur.
Quel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes qui souhaitent suivre vos traces?
Si la protection de l’environnement vous tient à cœur, je vous encourage à évaluer la possibilité d’en faire votre carrière. Il faut aimer ce que l’on fait dans la vie, et le domaine de l’environnement est aussi vaste qu’intéressant! Il y a constamment de nouvelles choses à apprendre et de nouveaux défis à relever. C’est un domaine de convictions et rassembleur.
Au MDDELCC, les équipes de travail sont stimulantes et le travail que nous réalisons est enrichissant et nous procure de la fierté.
Si vous êtes curieux, il est toujours possible de passer une journée en milieu de travail ou d’y faire un stage, une fois au cégep, comme moi et plusieurs de mes collègues l’avons fait. Cette incursion dans notre milieu vous donnera un aperçu concret du travail que nous réalisons quotidiennement et vous donnera peut-être, à vous aussi, « la piqure »!
Publication : juin 2016