Note : Cette page traite également de la renouée de Sakhaline (R. sachalinensis) et de la renouée de Bohème (R. ×bohemica).
La renouée du Japon est une plante exotique envahissante originaire de l’Asie de l’Est.
Il s’agit d’une plante herbacée vivace à croissance rapide qu’on retrouve souvent sur des terrains résidentiels comme plante ornementale. Elle colonise une grande variété de sols et préfère les endroits ouverts comme :
La formation de colonies denses empêche la croissance d’autres espèces végétales, ce qui fait que les milieux envahis ont une très faible diversité d'espèces. La renouée du Japon peut également favoriser l’érosion des rives et modifier la composition chimique du sol ainsi que la diversité des microorganismes qui s’y trouvent. Elle limite l’accès aux rives de même que les ouvertures donnant un point de vue sur le paysage. Ses racines et ses tiges peuvent également s’infiltrer dans les fissures des infrastructures.
La renouée du Japon a été introduite au Québec en 1901. Elle peut être fécondée par le pollen de la renouée de Sakhaline (Reynoutria sachalinensis), créant un hybride, la renouée de Bohème (Reynoutria ×bohemica). La renouée du Japon et son hybride sont très similaires à bien des égards. La différenciation de ces deux espèces est difficile et n’est pas toujours faite lors de la prise de données sur le terrain. Elles sont donc traitées ensemble quant à leur répartition.
La renouée de Bohème serait plus compétitive et se propagerait plus rapidement que ses parents. La renouée de Sakhaline est moins envahissante et les observations de cette espèce en milieu naturel sont peu fréquentes.
Aujourd’hui, la renouée du Japon et la renouée de Bohème se concentrent principalement dans les régions situées le long du Saint-Laurent et dans le sud du Québec (figure 1). Ces renouées ont été introduites récemment en Abitibi et dans la région du Nord-du-Québec. Elles sont présentes dans toutes les zones hydrographiques du Québec méridional, sauf sur l’île d’Anticosti.
Cette plante forme des massifs appelés colonies ou clones. À maturité, vers la fin juillet, une colonie mesure entre 1 et 3 mètres de hauteur.
La renouée du Japon présente plusieurs autres caractéristiques.
Le système racinaire est composé d’un réseau de rhizomes, qui sont des tiges souterraines charnues contenant les réserves nutritives de la plante.
Les rhizomes de la renouée du Japon présentent les caractéristiques suivantes :
Un plant de renouée du Japon est souvent formé de plusieurs tiges qui émergent d’une même masse compacte de rhizomes.
Les tiges de la renouée du Japon présentent les caractéristiques suivantes :
Les feuilles sont ovales à triangulaires. Leur l’extrémité est pointue et leur base est tronquée (jamais cordée). Elles ne sont pas dentelées. Elles mesurent de 7 à 15 centimètres de long par 5 à 12 centimètres de large. Elles sont placées en alternance sur les tiges.
Les fleurs forment des fruits blancs. Dans certaines régions du Québec où la saison de croissance est plus courte, les graines n’ont pas le temps de parvenir à maturité.
La renouée du Japon peut être confondue avec la renouée de Sakhaline et la renouée de Bohème.
La renouée de Sakhaline se distingue de la renouée du Japon par ses feuilles :
La renouée de Bohème se distingue de la renouée du Japon par :
Bien que la renouée du Japon puisse produire des graines viables, elle se propage essentiellement de façon végétative. De petits fragments de rhizomes ou encore de tiges peuvent produire de nouveaux plants.
Plusieurs vecteurs participent à la dispersion des fragments comme :
Étant donné les effets nuisibles de la renouée du Japon sur l’environnement et parce qu’elle est très difficile à éradiquer, il est important de prévenir sa propagation (les recommandations s’appliquent aussi à la renouée de Sakhaline et à la renouée de Bohème) :
La lutte contre la renouée du Japon est particulièrement difficile et se fait sur plusieurs années. L’idéal est de commencer la lutte dès l’apparition de nouvelles colonies. Dans un premier temps, il faut miser sur la prévention et la détection hâtive de nouvelles colonies. Après les interventions de lutte, un suivi rigoureux des endroits traités est nécessaire.
L’excavation d’une colonie et de son réseau de rhizomes peut être effectuée à l’aide d’une pelle mécanique. Bien exécutée, cette technique permet d’éliminer une colonie. Il faut toutefois gérer adéquatement le matériel excavé.
L’arrachage des tiges avec extraction des rhizomes situés en surface, lorsqu’effectué à répétition pendant plusieurs années, peut permettre de diminuer la taille d’une colonie.
La méthode du bâchage, qui consiste à étendre une toile opaque à la surface du sol pour empêcher la croissance de la plante, peut réduire l’envergure d’une colonie, mais il faut y mettre du temps et l’éradication n’est pas garantie.
Voici quelques recommandations pour l’utilisation de cette méthode :
En dernier recours, des herbicides homologués peuvent être utilisés. Assurez-vous que la règlementation en vigueur le permette et que les conditions d’utilisation du produit soient bien respectées.
Une distance d'au moins 3 mètres d’un cours d’eau ou d’un milieu humide doit être respectée lors de l’application de pesticides. Pour connaître les autres règles à respecter, consultez la page Application des pesticides commerciaux.
Notez que la coupe de tiges seule, sans atteinte aux rhizomes, ne permet pas d’éliminer une colonie. Couper une colonie seulement une fois la stimulera au lieu de lui nuire.
Les interventions en milieux humides et dans la rive ou le littoral des lacs et cours d’eau peuvent être assujetties à des autorisations. Consultez votre municipalité et le bureau du Ministère de votre région avant d’intervenir dans ces milieux.