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25 ans d'assainissement des eaux usées industrielles au Québec : un bilan (suite)Chapitre 3 : L'état d'avancement de l'assainissement des eaux usées industrielles en date de 1995 (suite)
3.11 Lassainissement des eaux des industries situées sur le territoire de la CUMLe degré davancement de lassainissement des eaux des industries situées sur le territoire de la CUM est établi à partir de deux rapports produits par le Service de l'environnement de cet organisme, portant respectivement sur létat davancement du programme de mise en application du Règlement 87 relatif aux rejets des eaux usées dans les réseaux dégout et les cours deau, datant doctobre 199219 et sur le bilan de la réduction des métaux lourds dans les effluents des industries du traitement de surface datant doctobre 199433. Depuis, la CUM na pas publié officiellement dautres données sur les rejets des industries situées sur son territoire. 3.11.1 État davancement du programme de mise en application du Règlement 87Le Règlement 87 relatif aux rejets deaux usées dans les réseaux d'égout et les cours deau est entré en vigueur en juin 1986 sur le territoire de la CUM. En octobre de la même année, le Ministère et la CUM ont signé une entente soustrayant celle-ci de lapplication de certains articles de la Loi sur la qualité de lenvironnement en contrepartie de la prise en charge de certaines responsabilités; ainsi, la CUM sengage à dresser et à tenir à jour un inventaire des sources de pollution de leau sur son territoire, à étudier tout projet dimplantation ou de modification dindustrie, à octroyer des permis de déversement aux établissements industriels identifiés dans le Règlement 87 et à donner suite aux plaintes. En plus de fixer des limites de rejet pour près de 20 contaminants, le Règlement 87 stipule que les établissements qui déversent leurs eaux usées ou leurs eaux de refroidissement dans un réseau d'égout raccordé aux intercepteurs de la CUM, en quantité supérieure à 4500 m³ durant une période de six mois ou contenant des substances énumérées aux paragraphes 3, 7 et 9 de larticle 10 du même règlement, doivent obtenir un permis de déversement. La mise en application de cette obligation est prévue en trois phases successives, en fonction des secteurs dactivité industrielle. La phase I regroupe les industries susceptibles davoir les rejets les plus problématiques (industries de la métallurgie et des produits métalliques, industries des produits chimiques, industries du transport et de lentreposage). La phase II comprend les industries des produits en matières plastiques, les industries du textile, du cuir, des produits du papier et de limprimerie. Quant à la phase III, elle couvre les autres industries manufacturières, dont les industries agro-alimentaires, ainsi que certaines entreprises de service. Parmi les 3800 établissements répertoriés sur son territoire, la CUM évalue en 1986 quenviron 900* seraient assujettis à un permis de déversement en fonction des critères du règlement. Des évaluations plus récentes indiquent que ce nombre est plutôt de lordre de 800 en 199534. De ce nombre, 300 établissements sont jugés prioritaires vu limportance de leurs rejets et doivent obtenir en premier un permis de déversement. * Ce nombre comprend un certain nombre d'entreprises de service. Ce type d'entreprises n'a généralement pas été considéré lorsqu'on parle des industries hors CUM. De tels permis de déversement comportent des exigences que les industries doivent respecter afin de contrôler adéquatement leurs effluents. À l'instar du PAEQ réalisé à lextérieur de la CUM, ce contrôle résulte de la mise en place de deux types de mesures, des mesures de contrôle interne visant une réduction à la source des volumes deau et des quantités de polluants ainsi que la réalisation de prétraitements des effluents résiduels. Au 31 août 1992, la CUM a délivré 381 permis répartis de la façon suivante. Quelque 274 permis ont été émis pour les industries appartenant aux secteurs identifiés dans la phase I, alors que le nombre dindustries prioritaires était de 195. Lobjectif démission de permis aux industries prioritaires a donc été atteint et même dépassé. La CUM évalue que, pour lensemble des industries détenant un permis, les travaux dimplantation des mesures de contrôle interne ont été réalisés à 92 % en moyenne et limplantation des systèmes de prétraitement, à 90 %. Dans la phase II, 53 permis ont été émis, dépassant ainsi lobjectif des 39 permis prioritaires. Les industries en possession d'un permis ont réalisé en moyenne 77 % des travaux relatifs aux mesures de contrôle interne et 80 % de limplantation des systèmes de prétraitement. Dans la phase III, 54 permis ont été émis alors que lobjectif était de 65 permis prioritaires. Les détenteurs de permis ont réalisé en moyenne 84 % des travaux relatifs au contrôle interne et aux prétraitements. Le tableau 11 présente le pourcentage des industries ayant obtenu un permis dans chacun des secteurs industriels. Les taux davancement les plus élevés sont observés dans le secteur des métaux et des produits métalliques, celui des produits chimiques et celui du textile, ce qui est assez similaire aux constats effectués dans le cas des industries à l'extérieur du territoire de la CUM (voir tableau 10). Finalement, il faut souligner quen 1995, la totalité des industries raccordées au réseau dégout de la CUM, notamment les 800 les plus significatives assujetties à un permis de déversement, ont vu leurs effluents aboutir à la station dépuration de la CUM et profiter ainsi dune étape supplémentaire de traitement.
3.11.2 Bilan de la réduction des métaux lourds dans les effluents des industries du traitement de surfaceLe secteur des activités de traitement de surface, de par la nature de ses procédés de fabrication et la toxicité des matières premières utilisées, a été ciblé depuis de nombreuses années comme un secteur sujet à intervention. Depuis près de deux décennies, la CUM tient un inventaire de ces établissements et applique un programme déchantillonnage des rejets déversés dans son réseau dégout. Ce programme est devenu systématique avec lentrée en vigueur du Règlement 87 en 1986. En date de 1993, la CUM estime quil y a sur son territoire quelque 210 industries du traitement de surface qui rejettent des effluents contenant des métaux lourds et d'autres contaminants toxiques. Une étude des données recueillies sur une centaine dindustries les plus importantes de ce secteur (représentant 94 % du volume total des effluents) a permis dévaluer la réduction des divers contaminants produits par ce secteur industriel entre 1980 et 1993. Tel que le montre la figure 20, la réduction des métaux lourds totaux atteint 92 % entre les années 1980 et 1993, passant de 333 tonnes à 28 tonnes par an. Elle sétablit respectivement à 98 % (6,2 tonnes à 0,1 tonne) pour le cadmium, 95 % (140 à 7 tonnes) pour le cuivre, 87 % (15,6 à 2 tonnes) pour le chrome, 96 % (65 à 2,3 tonnes) pour le nickel, 75 % (16,7 à 4 tonnes) pour le plomb, 88 % (91 à 12 tonnes) pour le zinc et 94 % (7,7 tonnes à 0,5 tonne) pour larsenic. Entre 1980 et 1993, on observe aussi des diminutions de 99 % pour les cyanures, de 84 % pour les huiles et graisses et de 87 % pour les MES.
Il est important de noter que les charges de contaminants compilées dans cette étude proviennent uniquement des industries du secteur du traitement de surface. Ces quantités sont bien inférieures aux charges totales déversées dans les égouts de la CUM qui parviennent à lentrée de la station dépuration, comme en témoignent les données apparaissant dans le rapport Évolution des contaminants toxiques dans les eaux usées à la station dépuration35 publié en 1994, par la CUM. Ainsi, les charges annuelles à lentrée de la station dépuration sont évaluées en 1993** à 1,1 tonne pour le cadmium, 32,3 tonnes pour le cuivre, 11,4 tonnes pour le chrome, 11,8 tonnes pour le nickel, 9,7 tonnes pour le plomb et 73,3 tonnes pour le zinc, ce qui représente des quantités très supérieures aux rejets des seules industries du traitement de surface en 1993. Ceci met clairement en évidence lexistence dautres sources démission de ces métaux, ces sources pouvant être industrielles ou non. Il serait donc très intéressant que la CUM réalise des bilans similaires pour dautres secteurs d'activité. ** À noter qu'en 1993, toutes les eaux usées à traiter sur le territoire de la CUM ne sont pas encore acheminées vers la station d'épuration, une branche de l'intercepteur sud-est n'étant pas encore raccordée. De plus, ces résultats doivent être analysés plus en détail, tout particulièrement en distinguant les mesures réalisées en temps de pluie de celles réalisées en temps sec. 3.12 Lassainissement des eaux dans le secteur minierAu Québec, à la fin de 1995, il y a 72*** sites miniers qui procèdent à des activités d'exploitation minière36, cest-à-dire des travaux de mise en valeur, dextraction et de traitement des minerais métalliques et non métalliques. Les activités métallurgiques intégrées à un site minier sont également considérées comme appartenant au secteur minier.
3.12.1 Caractéristiques des eaux uséesLes effluents provenant de lextraction du minerai sont constitués soit deaux dexhaure, soit deaux sécoulant à la sortie des parcs à résidus, ou encore deaux de ruissellement sur les terrils ou dune combinaison de plusieurs de ces types deaux. Les eaux dexhaure résultent de la pénétration deaux dinfiltration ou de ruissellement dans la mine et doivent être évacuées à lextérieur pour la maintenir à sec. Le traitement du minerai nécessite, quant à lui, lutilisation deau pour le refroidissement, le procédé en tant que tel (lavage, transport de la pulpe, etc.) et divers usages connexes (ex. : contrôle des poussières, nettoyage). Dans le traitement du minerai, les eaux de procédé représentent des volumes importants. Au Québec, environ 50 millions de tonnes de minerais (excluant lamiante qui utilise un procédé à sec) sont traitées par des procédés humides : flottation, lixiviation, séparation par solution dense, etc. Lorsque les substances recherchées ont été extraites du minerai (0,0001 % pour lor, 1 à 5 % pour les métaux non ferreux et environ 30 % pour le fer), de grandes quantités de résidus sous forme de boues, appelées communément pulpes, sont pompées dans des parcs à résidus doù sort un effluent. La plupart des mines de métaux usuels et certaines mines de métaux précieux renferment des minéraux sulfurés que lon retrouve finalement dans les tas de résidus et qui, lorsquils sont exposés à lair et à leau, soxydent et produisent fréquemment de lacide sulfurique lequel dissout des métaux présents dans les tas de résidus (cuivre, zinc, etc.). Les effluents de ce type de mines sont donc caractérisés par leurs propriétés acides et leur teneur en métaux. On estime que le drainage minier acide constitue le principal problème environnemental de ce secteur industriel. Les effluents peuvent contenir également des réactifs utilisés pour effectuer le traitement du minerai (agents moussants et collecteurs, cyanures), des particules de résidus et dautres matières en suspension, des composés azotés provenant du dynamitage, des huiles et graisses utilisées pour la machinerie, plusieurs métaux toxiques tels que le mercure, le plomb, le cadmium ou l'arsenic libérés au moment de l'extraction ou du traitement du minerai. 3.12.2 Nature des travaux dassainissementMesures de prévention de la pollution Des travaux de recherche ont permis de réduire la quantité des réactifs utilisés, den récupérer une bonne partie ou de développer de nouveaux réactifs. Létanchéité des digues entourant les aires de rétention a été améliorée. Lutilisation de nouvelles technologies de remblayage des galeries désaffectées, en mélangeant des résidus et du ciment, permet de réduire les quantités de résidus miniers entreposés en surface et, par voie de conséquence, de diminuer le rejet de métaux dans le milieu aquatique. La restauration progressive des parcs à résidus miniers et leur revégétation réduisent également les quantités de contaminants disséminés dans le milieu aquatique. Depuis le 9 mars 1995, une nouvelle loi du ministère des Ressources naturelles oblige les entreprises minières à élaborer un plan de restauration de leurs sites. Traitements effectués par les industries minières Selon les caractéristiques particulières des eaux, plusieurs traitements spécifiques peuvent être appliqués, comme le chaulage lorsque les effluents sont acides, l'oxydation des cyanures (procédé au peroxyde ou procédé au dioxyde de soufre), la précipitation des métaux toxiques et la floculation du fer colloïdal. 3.12.3 Appréciation des efforts de dépollutionLe secteur minier n'a jamais été la cible d'un programme spécifique d'assainissement des eaux comme l'ont été les autres secteurs industriels avec le PAEQ. Les interventions se sont réalisées par le biais de la délivrance des certificats d'autorisation (voir la section 1.2.3). En 1995, une bonne partie des entreprises minières détiennent un certificat d'autorisation et se trouvent ainsi soumises à des exigences correspondant généralement à celles prescrites dans la Directive 019. Les bilans de conformité environnementale du secteur minier publiés annuellement par le Ministère depuis 1989 montrent une amélioration régulière de la qualité des effluents. Le taux de conformité globale pour lensemble de lindustrie minière québécoise varie, en 199536, de 94,8 % à 100 % pour les différents paramètres considérés. Au cours de la période 1989-1995, lamélioration du respect des normes de la Directive 019 a été notable pour les paramètres suivants :
Malgré ces résultats encourageants, il est difficile détablir les gains réels en termes de charges de contaminants rejetées dans le milieu aquatique, du fait que plusieurs entreprises minières ne mesurent pas régulièrement leur débit. |
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