État général de la qualité de l’eau en rivière
Dans les milieux aquatiques, l’eau contient des substances dissoutes et
particulaires parfois indésirables pour le maintien des communautés
biologiques et des usages par l’être humain. La composition
physico-chimique de l’eau est déterminée par la mesure d’un certain
nombre de variables qui nous renseignent sur sa transparence, sa teneur en
éléments nutritifs (azote et phosphore), en matière en suspension, etc.
La qualité de l’eau est évaluée au moyen d’un indice appelé
« indice de la qualité bactériologique et physico-chimique » (IQBP).
L’IQBP est une valeur numérique résultant de la synthèse de 10
paramètres courants de la qualité de l’eau :
- phosphore total; |
- nitrites et les nitrates; |
- coliformes fécaux; |
- chlorophylle a; |
- matière organique (DBO5); |
- pH; |
- saturation en oxygène; |
- turbidité; |
- ammoniac; |
- matières en suspension (MES). |
Calculé pour chaque échantillon, l’indice est
conçu pour faire ressortir le descripteur qui affiche le plus mauvais
résultat. Le portrait dressé par cet indice ne rend pas compte de
l'ensemble des critères de qualité de l'eau et n'utilisera que certains
critères qui ont servi à la conception de l'IQBP.
L’IQBP peut toutefois être ajusté lorsque les données d’un
descripteur sont en nombre insuffisant ou absentes : le pH, par
exemple, peut ne pas être considéré afin d’éviter que les
disparités régionales naturelles ne viennent biaiser l’indice de
qualité. L’indice modifié (IQBP7)
sera utilisé dans ce document pour caractériser la
qualité estivale
de l’eau. La saturation en oxygène et la DBO5 n’ont
pas été considérées pour le calcul de l’IQBP, puisque les données
étaient insuffisantes. Le pH n’a également pas été retenu en raison
des disparités régionales (le pH étant naturellement bas en raison de la
géologie particulière de certains bassins versants situés sur le Bouclier
canadien). Cette variante de l’ IQBP (IQBP7) ne pourra donc pas être
directement comparée à l’IQBP présenté dans de précédentes
publications, puisque ces indices ne sont pas constitués des mêmes
descripteurs.
Les données présentées dans ce portrait de la qualité de l’eau des
rivières québécoises couvrent les mois de mai à octobre inclusivement.
Elles englobent ainsi la saison estivale, période au cours de laquelle
les débits des cours d’eau atteignent de très bas niveau (étiage) et la
température de l’eau est la plus élevée. Par conséquent, la composition
physico-chimique et la qualité bactériologique de l’eau sont alors les
plus susceptibles d’affecter la vie aquatique et les différents usages
associés aux cours d’eau, tels l’approvisionnement en eau potable, la
baignade et les autres activités nautiques. C’est aussi durant cette
période que sont habituellement observées les manifestations les plus
évidentes de l’eutrophisation des cours d’eau, soit la prolifération des
plantes aquatiques et des algues. C’est donc au cours de cet intervalle
qu’il y a le plus d’efforts consacrés à l’assainissement (par exemple,
la déphosphatation des eaux usées municipales). |
Le portrait de la qualité de l’eau des rivières québécoises,
présenté ici, intègre l’information colligée au cours des années
2000 à 2002. Ce portrait de la répartition spatiale de la
qualité de l’eau est établi à l’aide des
médianes estivales afin de
refléter la tendance centrale des observations. Le
centile 90 des
mesures, qui constitue un indice des valeurs extrêmes que peuvent afficher
certaines stations, permet d’identifier les régions soumises à des
pressions persistantes de pollution. Ce portrait est un document évolutif
et sera soumis à une mise à jour récurrente. Les
analyses des tendances
chronologiques 1988-1998 du précédent portrait seront également
accessibles à titre de complément d’information, puisque ces dernières
seront mises à jour ultérieurement.
La qualité de l'eau aux stations situées dans le fleuve Saint-Laurent,
quoique illustrées sur les cartes, ne sera pas décrite dans ce portrait,
mais sera présentée ultérieurement dans un document ne traitant que du
fleuve Saint-Laurent.
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Indice de la qualité bactériologique et physico-chimique (IQBP)
La répartition de l’IQBP7 montre que les bassins versants du centre du
Québec, de même que ceux situés sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent,
présentent une eau de qualité relativement bonne comparativement à celle des
bassins du sud-ouest du Québec qui est généralement dégradée. De plus, la
qualité de l’eau est généralement de meilleure qualité à la tête des bassins
versants qu’à leur embouchure. Toutefois, la qualité de l’eau de certains
bassins versants est de meilleure qualité à leur embouchure.
Citons comme exemple la qualité bactériologique à la tête du bassin
versant de la rivière Bécancour, qui est de mauvaise qualité en raison
de l’absence de désinfection à la station d’épuration de Thetford Mines
et des nombreux problèmes de débordement d’égouts par temps de pluie en
amont du bassin. La mauvaise qualité de l’eau de surface de la partie en
amont du bassin versant de la rivière Nicolet reflète, quant à elle,
l’agriculture intensive qui est pratiquée aux abords de la rivière des
Pins. Les valeurs élevées des concentrations de nitrates et de nitrites
de même que des coliformes fécaux, qui y sont observées, résulteraient
de l’utilisation intensive d’engrais minéraux et de lisiers ainsi que
des rejets de la station d’épuration de Warwick et des débordements
estivaux du réseau des municipalités de Victoriaville et de Warwick. |
À la suite d’un bref retour à la fraîcheur au cours de l’année 2000, les
années 2001 et 2002 ont été particulièrement chaudes et sèches. En 2001,
la majeure partie du Québec méridional présentait des températures
moyennes annuelles parmi les plus chaudes de la dernière décennie, de
même qu’un déficit de précipitation allant jusqu’à 30 % des normales
dans l’extrême sud du Québec. L’année 2002 a aussi présenté partout, à
l’exception de la Côte-Nord, des températures au-dessus des normales. Le
déficit de précipitation atteignait 20 % des normales par endroits dans
la vallée du Saint-Laurent. À l’été 2002, ces mêmes déficits ont atteint
plus de 30 % dans le sud et l’ouest du Québec. |
Généralement, l’eau est de mauvaise qualité dans les bassins ou les sous-bassins versants où l’agriculture occupe une forte proportion du
territoire, en particulier ceux des rivières Châteauguay, Richelieu,
Yamaska, L’Assomption, Nicolet, Boyer et Chaudière. Les étiages estivaux
2001-2002 ayant été très sévères, les paramètres qui ont le plus affecté la
qualité de leurs eaux sont les matières en suspension et la turbidité.
Cependant, les seconds paramètres qui ont le plus influencé la qualité de
l’eau de ces bassins ont été le phosphore total, la chlorophylle a
totale et, dans une moindre mesure, les nitrates et les nitrites de même que
les coliformes fécaux. Depuis le dernier portrait global, on note une légère
amélioration de la qualité de l’eau des rivières Chaudière, Bécancour et
Saint-Charles (quoique la qualité de l’eau de ces bassins soit toujours
jugée de satisfaisante à mauvaise). La turbidité a été le paramètre qui a le
plus touché la qualité de l’eau dans ces bassins versants, alors que le
phosphore total, les nitrates et les nitrites ainsi que les coliformes
fécaux ont également affecté la qualité de l’eau, mais dans une moindre
mesure.
Dans ce contexte d’étiages sévères, en raison des
étés chauds et secs que nous avons connus, la qualité estivale de l’eau
fait ressortir les effets bénéfiques de l’assainissement urbain. En de
telles circonstances, le ruissellement de surface des villes et des sols
agricoles est moins important et les débordements de réseau sont moins
fréquents. Ceci met ainsi en évidence l’assainissement optimisé des
sources ponctuelles et la contribution minimale des sources diffuses. |
La figure ci-dessous présente la
classification des principales rivières
du Québec en fonction de la qualité de l’eau à leur embouchure. La figure
montre aussi la valeur de l’IQBP7 observée à la station la plus
en amont du bassin versant. Les rivières les plus détériorées (faible valeur
de l’IQBP7) sont illustrées dans la partie supérieure de la
figure. Les écarts observés entre les valeur amont (vert) et aval (jaune) de
l’IQBP7 reflètent en grande partie les impacts de la dégradation
de la qualité de l’eau engendrée par les activités humaines.
Les rivières les plus dégradées traversent des régions à fortes activités
agricoles. Ainsi, la qualité de l’eau des rivières Yamaska et L’Assomption
est extrêmement dégradée sur une portion importante de leur bassin versant,
alors qu’elle est de bonne qualité à la tête de ces bassins. Les étiages
estivaux sévères auraient surtout entraîné une concentration des apports de
substances organiques et inorganiques. La tête des bassins versants des
rivières Nicolet et Bécancour est, quant à elle, très dégradée
comparativement à l’embouchure de leur bassin. L’importante dégradation de
la qualité de l’eau du bassin versant de la rivière Boyer résulterait des
activités agricoles qui y sont pratiquées. La problématique particulière des
matières en suspension et de la turbidité des rivières Harricana et
Bourlamaque a eu pour effet d’abaisser considérablement la valeur de l’IQBP7,
mais il a été déterminé que certains cours d’eau de la région de l’Abitibi
sont naturellement turbides en raison de la nature argileuse des sols qui
recouvrent la région. Cette caractéristique classerait les rivières
Harricana et Bourlamaque comme étant des rivières dégradées, bien que les
causes de cette dégradation soient surtout d’origine naturelle.
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