Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
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Bassin versant de la rivière Yamaska (1997)

Modifier nos pratiques agricoles... la priorité (suite)


La pollution agricole, il faut y voir sérieusement

Les rejets urbains et industriels génèrent divers impacts dans le bassin. Mais, à eux seuls, ils ne peuvent expliquer le degré de pollution de la rivière Yamaska. Les rejets agricoles, tantôt ponctuels, tantôt diffus, soumettent le milieu à des charges polluantes qui contribuent dans une très large mesure à la contamination du milieu. Dans le bassin de la rivière Yamaska, les activités agricoles occupent une place importante. En 1994, on y dénombrait 3811 producteurs possédant 226 320 hectares de terres en culture et 314 508 unités animales. Au cours des dernières années, des efforts ont été déployés pour réduire les sources ponctuelles de pollution agricole. On pense à la construction de structures adéquates d'entreposage, en particulier par les producteurs porcins. Avec la poursuite de la construction de structures étanches pour le bovin laitier, le plus grand défi consiste aujourd'hui à réduire la pollution de source diffuse.

La pollution diffuse est plus complexe à contrôler parce qu'elle est liée à une multitude de sources réparties sur l'ensemble du territoire. Des engrais de ferme appliqués en trop grande quantité sur les champs et dont la matière fertilisante finit par rejoindre un cours d'eau par ruissellement illustrent ce type de pollution. Si on ne résout pas le problème de pollution diffuse par de bonnes pratiques agricoles et par des modes appropriés de gestion des pesticides et des engrais, la qualité de l'eau ne pourra pas s'améliorer de façon satisfaisante. La protection et la restauration de certains usages, tels que l'approvisionnement en eau potable, les activités récréatives et la protection de la vie aquatique, en dépendent.

Beaucoup de terres en culture... beaucoup de pesticides

Les plantes fourragères et les grandes cultures comme le maïs et le soya occupent respectivement 43% et 41% des superficies agricoles du bassin. Les superficies restantes se divisent en cultures céréalières, maraîchères et fruitières.

Photo d'irrigation des cultures

L ' eau souterraine, en plus d'être une source importante d'eau potable, est utilisée pour l'irrigation des cultures dans le bassin versant de la rivière Yamaska. C'est pourquoi il est important de préserver la qualité de cette ressource.

Pour chaque sous-bassin du territoire, sauf ceux des rivières Yamaska Nord et Yamaska Sud-Est, le pourcentage des terres en culture dépasse 40%, ce qui traduit une activité agricole intense. Toutefois, les plus importantes superficies en culture se concentrent dans les sous-bassins des rivières Yamaska et Noire. Les grandes cultures et les plantes fourragères y occupent un peu plus de 140 000 hectares. La culture des céréales s'effectue en grande partie dans ces deux sous-bassins, alors que les producteurs de fruits et de légumes se rencontrent surtout dans le sous-bassin de la rivière Yamaska.

Graphique: Types de cultures

Les grandes cultures, de gros consommateurs de pesticides

Afin de lutter contre les insectes indésirables, les mauvaises herbes ou toute maladie s'attaquant aux cultures, les agriculteurs ont recours aux pesticides. Le taux moyen annuel d'utilisation de pesticides dans le bassin de la rivière Yamaska s'élève à 1,83 kg d'ingrédients actifs par hectare cultivé, alors que la moyenne québécoise se chiffre à 1,3. Par contre, les sous-bassins des rivières Yamaska Sud-Est et Yamaska Nord, presque exclusivement consacrés au pâturage et à la production fourragère, ne dépassent pas la moyenne d'utilisation provinciale. Les grandes cultures monopolisent presque les trois quarts des pesticides utilisés dans le bassin. Les exploitations fruitières dans certains sous-bassins s'avèrent aussi d'importants utilisateurs.

Il n'est donc pas surprenant de constater la présence de nombreux pesticides dans les eaux de surface du bassin versant. La rivière Chibouet, qui se jette dans la rivière Yamaska à la hauteur de Saint-Hugues, montre à diverses reprises depuis 1992 de fortes concentrations d'atrazine et de métolachlore, deux herbicides associés à la culture du maïs. De grandes quantités de ces deux herbicides ont aussi été détectées dans la rivière Salvail en 1992 et 1993. Plusieurs autres pesticides sont aussi détectés dans ces deux rivières ainsi que dans plusieurs autres cours d'eau du bassin.

Photo de culture de maïs en bordure de la rivière

La culture du maïs jusqu'aux abords des cours d'eau augmente les risques de contamination du milieu aquatique par l'apport de pesticides et de fertilisants.

Des fertilisants agricoles plus qu'il n'en faut

L'élevage de porcs et de bovins laitiers domine les productions animales du bassin, avec respectivement 58% et 21% du cheptel recensé. Au même titre que les productions végétales, les activités d'élevage se concentrent surtout dans les sous-bassins des rivières Yamaska et Noire. Avec une production porcine fort importante, le sous-bassin de la rivière Yamaska compte à lui seul 143 345 unités animales.

Graphique: Types d'animaux

Le sous-bassin de la rivière Yamaska, le plus grand producteur d'engrais de ferme

Le bassin de la rivière Yamaska souffre d'une très forte production de fertilisants d'origine animale. Les volumes de fumier et de lisier qui y sont générés annuellement représentent pas moins de 23 000 tonnes d'azote et de 6700 tonnes de phosphore. Parce qu'il regroupe 46% des unités animales de tout le bassin, il ne faut pas s'étonner que le sous-bassin de la rivière Yamaska présente le plus haut taux de production annuelle de fertilisants.

Malgré l'énorme volume d'engrais naturels disponible, les producteurs agricoles achètent d'importantes quantités d'engrais minéraux pour combler les recommandations théoriques de fertilisation. Il se dépense presque 25 millions de dollars en fertilisants minéraux par année dans le bassin, soit une source supplémentaire d'éléments nutritifs équivalant à plus de 13 200 tonnes d'azote et de 3800 tonnes de phosphore. L'utilisation de ces engrais prédomine dans les sous-bassins Pot au Beurre, David, Yamaska Sud-Est et Salvail.

L'emploi de fertilisants d'origine animale et minérale cause des pressions environnementales majeures dans le bassin de la rivière Yamaska, en particulier dans les sous-bassins des rivières Yamaska Nord, Noire, Yamaska et Salvail. De fortes concentrations d'azote et de phosphore dans l'eau entraînent souvent un accroissement rapide des plantes aquatiques et des algues. Ce phénomène, appelé eutrophisation, nuit à la vie aquatique, aux activités récréatives et au traitement de l'eau potable. Le lisier et le fumier peuvent aussi occasionner une contamination microbienne des cours d'eau présentant un risque pour la santé.

Photo d'épandage de lisier

L'épandage excessif de lisier à des doses supérieures aux besoins nutritifs des végétaux devient vite un facteur important de pollution de l'eau.

Les aménagements agricoles... attention à l'érosion

L'érosion hydrique des terres, en plus de diminuer la productivité des sols, réduit la qualité des cours d'eau par l'apport de matières en suspension. Dans le bassin de la rivière Yamaska, le problème d'érosion des champs apparaît en général assez limité, compte tenu de la nature et de la faible pente des sols. Le secteur principal de la rivière Yamaska, avec sa large bande de sol à texture limoneuse, présente le plus grand risque.

Photo d'aménagement des berges

L'aménagement et l'entretien des cours d'eau à des fins agricoles ont souvent un effet dévastateur sur les berges et les écosystèmes aquatiques.

Selon les pratiques culturales choisies, les cultures à grands interlignes, comme le maïs, le soya et les légumes, peuvent causer de sérieux dommages aux sols. Lorsque laissés à nu durant une bonne partie de l'année, ces sols deviennent plus sensibles au processus d'érosion causée par l'eau ou par le vent. Dans le bassin, 46% des superficies totales cultivées sont consacrées à ce type de culture.

Le drainage artificiel améliore la productivité des terres agricoles. Toutefois, en plus de détruire des écosystèmes naturels de grande valeur, le reprofilage des fossés et des ruisseaux, la suppression du couvert végétal ou forestier le long des rives et les sorties de drainage mal aménagées entraînent souvent des problèmes d'érosion. À l'échelle locale, ces problèmes peuvent prendre des proportions très inquiétantes. Au-delà de 60% des terres agricoles ont fait l'objet de drainage souterrain dans le bassin.

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