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Guide agro-environnemental de fertilisation (fin)Suivis du phosphore requis dans un plan agro-environnemental de fertilisationLa présente section décrit trois éléments devant apparaître dans le plan agro-environnemental de fertilisation (PAEF) spécifié au Règlement sur la réduction de la pollution dorigine agricole (RRPOA), à savoir : le calcul de lévolution prévisible de la teneur et du pourcentage de saturation du sol en phosphore, le suivi régulier de cette teneur et de ce pourcentage ainsi que la détermination de la capacité de réception ou du surplus de phosphore dune exploitation agricole. 1. Calcul de lévolution prévisible de la teneur et du pourcentage de saturation du sol en phosphore1.1 Évolution de la teneur du sol en phosphoreIl est connu quun apport de phosphore supérieur aux prélèvements de la partie récoltée dune culture provoque un enrichissement de la teneur du sol en cet élément. Comme le contenu en azote et en phosphore des déjections animales ne correspond généralement pas aux quantités dazote et de phosphore prélevées par les différentes cultures, et comme la quantité de phosphore nécessaire pour satisfaire le besoin des cultures est généralement inférieure à la quantité dazote nécessaire, les doses dépandage fixées pour combler la totalité ou une forte proportion du besoin en azote des cultures ont pour effet de produire une augmentation plus ou moins importante de la teneur en phosphore du sol. Il peut en être de même dans le cas où des engrais minéraux phosphatés sont utilisés en plus des apports par les déjections animales ou au-delà du besoin des cultures. Cette situation sera dautant amplifiée quelle se répétera fréquemment. Dans le cas des parcelles dont le sol est classifié « pauvre » ou « moyen » en phosphore, un enrichissement contrôlé est souhaitable pour obtenir des rendements de qualité. Cependant, dans le cas des parcelles dont le sol est classifié « bon », « riche » ou « excessivement riche », un enrichissement excessif nuit au maintien de la qualité des eaux de surface, notamment lorsque le niveau de saturation dépasse 10 p. cent (Giroux et Tran, 1996). Bien que, dune part, les exigences réglementaires concernant les quantités de phosphore pouvant être épandues sur un sol et une culture donnés se resserrent dans le temps et que, dautre part, il ne soit pas toujours aisé de procéder rapidement aux ajustements nécessaires pour certaines exploitations agricoles, il est prévisible que pendant une certaine période (à court et moyen terme) des exploitations doivent fertiliser au-delà des quantités souhaitables. Dans pareilles situations, il est toutefois nécessaire dévaluer la vitesse denrichissement du sol et les conséquences de réduire plus ou moins rapidement les quantités de phosphore épandues sur ses parcelles. Ces données permettent de retenir la méthode de fertilisation la mieux adaptée à la situation de lexploitation agricole en cause. En consultant plusieurs travaux de recherche réalisés au Québec, Giroux et al. (1996) ont constaté quil faut ajouter de deux à cinq kg P/ha aux prélèvements des récoltes pour augmenter la teneur en phosphore Mehlich III dun sol de 1 kg P/ha. Pour sa part, Beaudet (1996) a estimé la progression à long terme de la teneur du sol en phosphore dune culture de maïs à ensilage à la suite dune fertilisation avec du lisier de porc. Aussi, il a établi quil fallait pratiquer une fertilisation dépassant le prélèvement de la culture de 3,5 kg P/ha pour accroître la teneur en phosphore du sol de 1 kg P/ha. Dans un autre cas, Tran et al. (1996) montrent que chaque 3,6 kg P/ha apporté en excédent des prélèvements dune culture de maïs à ensilage sous forme de lisier de porc sur un loam limoneux Neubois engendre une augmentation de la teneur du sol de 1 kg P/ha. De même, ils ont enregistré une augmentation de 1 kg P/ha sur un loam limoneux Le Bras pour chaque 3,8 kg P/ha épandu sous forme de fumier de bovin en excédent des prélèvements dune culture de maïs à ensilage. Enfin, Gangbazo et al. (1998) ont obtenu sur un loam limoneux Coaticook une augmentation de 1 kg P/ha pour chaque 2,8 kg P/ha apporté en excédent des prélèvements en phosphore dune culture de maïs à ensilage ainsi quune augmentation de 1 kg P/ha pour chaque 10 kg P/ha en excédent des prélèvements pour une prairie. Ces auteurs ont également observé quun apport de 2,8 kg P/ha et de 1,4 kg P/ha inférieur aux prélèvements en phosphore, respectivement pour une culture de maïs à ensilage et de prairie, entraînait une réduction de 1 kg P/ha de sol. Lorsque de telles fertilisations sont prévues, le niveau de fertilité peut sévaluer en ajoutant à la teneur initiale du sol (selon lanalyse de sol) en phosphore la valeur de lenrichissement obtenu à la suite dun excédent de fertilisation par rapport au prélèvement de la récolte, pour chacune des saisons en cause. Cet excédent sétablit en évaluant les apports de phosphore par les matières fertilisantes utilisées, auxquels il faut soustraire le prélèvement de la récolte et appliquer le facteur de conversion retenu dans les travaux cités précédemment ou obtenu à la ferme. Le prélèvement de la récolte est calculé en multipliant le rendement de cette culture, obtenu par lexploitation en cause selon les données de la Régie des assurances agricoles du Québec, par le prélèvement dune tonne de la culture récoltée (kg P/tonne récoltée selon les valeurs mentionnées à la section Évaluation du prélèvement en phosphore de la partie récoltée des cultures du présent guide). La teneur finale du sol en phosphore sétablit à partir des données suivantes : teneur initiale du sol + [ (apports - prélèvement) ÷ facteur de conversion ] = teneur finale. Voici un exemple : Supposons une parcelle cultivée en maïs à grains dont le sol est argileux et le rendement en grains évalué selon la Régie des assurances agricoles du Québec est de 6 800 kg/ha à un taux dhumidité de 15 p. cent. Lanalyse du sol de cette parcelle effectuée avec lextractif Mehlich III montre des teneurs de 132 kg P/ha, 156 kg K/ha et 1128 mg Al/kg. Les besoins de la culture selon les Grilles de référence en fertilisation du Conseil des productions végétales du Québec inc. (AGDEX 540, 2e édition, 1996) sont de : 150 kg N/ha, 40 kg P2O5/ha, 75 kg K2O/ha. La parcelle est fertilisée au semis avec des engrais minéraux à raison de 30 kg N/ha, sous forme de NH4NO3, et en post-levée avec du lisier dune maternité de porcs contenant 3,0 kg N/m3, 2,8 kg P2O5/m3 et 1,5 kg K2O/m3, épandu par aéro-aspersion et incorporé en moins dune semaine. À la suite dune fertilisation de 30 kg N/ha sous forme de NH4NO3, les besoins de la culture sont donc de : 120 kg N/ha, 40 kg P2O5/ha et 75 kg K2O/ha. Compte tenu des modalités de fertilisation retenues (type de déjection, moment dépandage, etc.), du coefficient defficacité et des facteurs de perte qui sappliquent à cette situation, le contenu en azote disponible du lisier utilisé est obtenu comme suit :
Dans le cas où la fertilisation est effectuée selon le besoin en azote de la culture, cela représente une dose de :
Cette dose correspond à un apport en phosphore de :
Un tel type de fertilisation fournit un excédent en phosphore qui sévalue de la façon suivante :
Sachant que 2,29 kg P2O5 correspond à 1 kg P, cet excédent correspond à :
Pour les fins du présent exercice, il a été retenu quune culture de maïs fertilisée au-delà des prélèvements à raison de 3,5 kg P/ha enrichit le sol de 1 kg P/ha. Cette fertilisation contribue à lenrichissement du sol en phosphore de la façon suivante :
En conséquence, elle aura pour effet délever la fertilité du sol au niveau suivant :
Pour prévoir à long terme la teneur du sol en phosphore de cette parcelle, toute évaluation devra tenir compte de la fertilisation pratiquée à chacune des saisons précédant la date déchantillonnage. Ainsi, la pratique de fertilisation précédente répétée pendant cinq ans conduira à un niveau de phosphore de 262 kg P/ha, qui accroît le risque environnemental. 1.2 Évolution du pourcentage de saturation du sol en phosphoreLe pourcentage de saturation du sol en phosphore nous informe sur le niveau de la disponibilité du phosphore mais également sur le niveau de risque environnemental que représente cet élément pour la qualité de leau. En plus dengendrer une augmentation de la teneur du sol en phosphore, la surfertilisation a donc également pour effet délever le pourcentage de saturation du sol en phosphore. Ainsi, lorsquun sol contient 1128 mg Al/kg sol et 132 kg P/ha extraits avec la solution Mehlich IIII et quil est fertilisé de telle façon que sa teneur atteigne 262 kg P/ha, le pourcentage de saturation du sol quil présente augmente de 5,3 p. cent à 10,6 p. cent. Une parcelle peut donc passer dune situation agronomique intéressante à une situation environnementale présentant un risque sans nécessairement garantir de meilleures performances agronomiques. Le calcul de lévolution du pourcentage de saturation dun sol en phosphore seffectue selon léquation qui suit : [ teneur en phosphore M-31 (kg P/ha)/teneur en aluminium M-3 (mg Al/kg sol) x 2,22 ] x 100 Voici un exemple : Supposons la même parcelle que dans lexemple précédent dont la teneur initiale du sol en phosphore serait de 132 kg P/ha et la teneur en aluminium de 1128 mg Al/kg sol extraits avec une solution Mehlich III et présentant une teneur en phosphore de 165 kg P/ha après fertilisation avec du lisier de porcs de maternité. Initialement, le pourcentage de saturation est de :
Après une année de fertilisation, le pourcentage de saturation sera de :
Après cinq années de fertilisation, le pourcentage de saturation sera de:
1.3 Périodes et modalitésLe PAEF doit fournir les deux évaluations précédentes pour une période sétendant de la première campagne de culture couverte par le PAEF jusquà la date de mise en vigueur de la deuxième phase de la norme sur le phosphore. Toutefois, cette période ne peut être inférieure à cinq ans. Plus précisément, il faut produire des valeurs pour la première campagne de culture où la norme de la première phase et de la deuxième phase entrent en vigueur. Une fois ces dates atteintes, les évaluations devront être produites pour une date clôturant une période minimale de cinq ans. Les évaluations doivent être produites pour chaque parcelle dune exploitation agricole. La production des évaluations doit tenir compte de la fertilisation prévue et de la rotation des cultures. Le facteur de conversion des quantités de phosphore apportées en excès des prélèvements à employer pour effectuer les évaluations est de 3,5 kg P/ha, pour augmenter la teneur en phosphore du sol de 1 kg P/ha, ou toute valeur justifiée avec des données par le rédacteur du PAEF (travaux de recherche effectués au Québec ou données provenant de lexploitation agricole en cause). Références Gangbazo, G., A.R. Pesant et G.M. Barnett, 1998. Effets de lépandage des engrais minéraux et de grandes quantités de lisier de porc sur leau, le sol et les cultures. Ministère de lEnvironnement et de la Faune du Québec. Direction des écosystèmes aquatiques. 46 pages. Giroux, M., D. Carrier et P. Beaudet, 1996. Problématique et méthode de gestion des charges de phosphore appliquées aux sols agricoles en provenance des engrais de ferme. Agrosol 9 (1) : 36-45. Giroux, M. et T.S. Tran, 1996. Critères agronomiques et environnementaux liés à la disponibilité, la solubilité et la saturation en phosphore des sols agricoles du Québec. Agrosol 9 (2) : 51-57. Tran, T.S., D. Côté et A. NDayegamiye, 1996. Effets des apports prolongés de fumier et de lisier sur lévolution des teneurs du sol en éléments nutritifs majeurs et mineurs. Agrosol 9 (1) : 21-30. 2. Suivi régulier de la teneur du pourcentage de saturation du sol en phosphoreLa seule façon connue deffectuer un suivi de lévolution de la teneur et du pourcentage de saturation du sol en phosphore consiste à en mesurer les contenus en phosphore et en aluminium extraits avec la solution Mehlich III. Le suivi régulier prévu au RRPOA a pour objectif de mesurer lévolution réelle de la teneur et du pourcentage de saturation en phosphore du sol. À partir de ces données, il sera plus facile de planifier un usage optimal des matières fertilisantes de lexploitation agricole en cause ou encore des déjections animales et du compost de ferme à exporter ou à importer. Ainsi, dans le cas où une parcelle reçoit uniquement des engrais minéraux, le suivi consiste à prélever un échantillon de sol et à mesurer sa teneur en phosphore au minimum une fois aux trois ans. Dans les autres cas, il doit seffectuer au minimum une fois par deux ans. 3. Détermination de la capacité de réception ou du surplus de phosphore d'une exploitation agricoleToute exploitation agricole fertilisant selon un PAEF et recevant des déjections animales ou du compost de ferme dune ou plusieurs autres exploitations doit déterminer sa capacité de réception du phosphore selon la norme de fertilisation en vigueur. De même, toute exploitation fertilisant selon un PAEF et ne pouvant pas utiliser la totalité de ses déjections ou de son compost de ferme de façon à respecter les quantités dazote et de phosphore prévues à la norme de fertilisation en vigueur doit déterminer le surplus de phosphore dont elle devra disposer dune autre façon. La présente fiche vise à préciser la démarche encadrant la réalisation de ces deux évaluations ainsi que la période et les modalités pour les réaliser. 3.1 Capacité de réception du phosphore dune exploitation agricoleLa première étape de cette exigence consiste à établir, à partir des renseignements apparaissant au PAEF, les quantités de phosphore pouvant être épandues sur chacune des parcelles de lexploitation agricole en fonction de leur teneur et de leur pourcentage de saturation en cet élément, de leur superficie, de la culture pratiquée ainsi que de la fertilisation prévue et spécifiée au PAEF, celle-ci ne devant pas excéder la norme de fertilisation en vigueur. Par la suite, il sagit de totaliser ces quantités pour lensemble des parcelles de lexploitation. Létape suivante consiste à établir les quantités de phosphore provenant des déjections animales ou du compost de ferme de lexploitation. En dernier lieu, il sagit de déterminer la capacité de réception du phosphore de cette exploitation en soustrayant les quantités pouvant être épandues de ses déjections animales et de son compost de ferme, telles quévaluées précédemment. 3.2 Surplus de phosphore dune exploitation agricoleLa présente évaluation est basée sur les mêmes paramètres que lévaluation de la capacité de réception du phosphore dune exploitation agricole. Toutefois, la dernière étape de cette évaluation consiste plutôt à déterminer le surplus de phosphore dune exploitation en soustrayant les apports provenant de ses déjections animales et de son compost de ferme des quantités pouvant être épandues, telles quelles ont été évaluées précédemment. 3.3 Période et modalitésLa présente exigence est de produire des évaluations à différents moments. Ainsi, dans tous les cas, il faut effectuer une évaluation pour la première campagne de culture couverte par le PAEF. Lévaluation doit aussi porter sur chacune des années où la première et la deuxième phase de la norme de fertilisation entre en vigueur. En tout temps, lévaluation devra couvrir une période minimale de cinq campagnes annuelles de culture. Ces évaluations pourront être produites en tenant compte de la fertilisation et de la rotation prévues au PAEF, en considérant les valeurs obtenues du calcul de lévolution prévisible de la teneur et du pourcentage de saturation du sol en phosphore, qui sont elles-mêmes fonction des fertilisations prévues et des rotations des cultures. 1 M-3 : extractif Mehlich III Facteur de transformation : mg Al/kg sol en kg Al/ha sur une épaisseur de 16,9 cm de sol |
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