Le coin de Rafale

Sais-tu comment réduire ton empreinte carbone en modifiant ton alimentation?
Catégorie : 12 à 15 ans

Aurore
Dans cette capsule, j’ai envie de te faire découvrir cinq habitudes que tu peux adopter pour diminuer l’empreinte carbone de ton assiette. Mais d’abord, sais-tu ce qu’est l’empreinte carbone?

L'empreinte carbone d'un aliment permet de connaître son impact sur les changements climatiques. Pour la connaître, on calcule l'ensemble des gaz à effet de serre (GES) émis tout au long du cycle de vie de l’aliment. Ce cycle de vie comprend sa production à la ferme, sa transformation en usine, son transport vers l’épicerie, son utilisation dans la cuisine et finalement son élimination (quand tu jettes tes restes à la poubelle ou au compost, par exemple). Plus la quantité de GES émise pendant ces étapes est élevée, plus l’empreinte carbone de l’aliment est grande et plus l’aliment contribue aux changements climatiques.

Comme tu le sais peut-être, plusieurs de nos activités, comme le transport, les industries ou l’agriculture, émettent des GES. L’alimentation, activité essentielle, serait responsable de plus du quart de tous les GES émis par les humains. Le problème c’est qu’actuellement, nous émettons trop de GES dans l’atmosphère, ce qui entraîne un réchauffement accéléré du climat et des conséquences négatives pour les humains et les autres êtres vivants.

Tu peux faire ta part pour le climat en adoptant cinq bonnes habitudes alimentaires. Es-tu prêt à relever ce défi?

1-Dans ton assiette, remplace certains aliments provenant des animaux par des protéines d’origine végétale

Les produits animaux, comme la viande, les produits laitiers, le poisson et les Å“ufs, sont les aliments qui génèrent le plus de GES. Pourquoi? Parce qu’élever des animaux crée des pertes d’éléments nutritifs et d’énergie tout au long du processus. Pour vivre et grandir, les vaches, les cochons et les autres animaux ont besoin de manger beaucoup plus de protéines que celles qui se retrouvent au final dans la viande que l’on mange.

De plus, l’élevage d’animaux requiert beaucoup plus de superficies cultivées pour les nourrir que si les humains mangeaient directement des plantes. Au niveau mondial, si les humains remplaçaient les produits animaux par des produits végétaux dans leur assiette, plus de 3 milliards d’hectares de terres agricoles deviendraient disponibles pour d’autres utilisations, par exemple, pour créer des réserves de biodiversité.

De grandes superficies de culture pour nourrir les animaux signifient aussi l’utilisation d’engrais et de pesticides, ainsi que des activités de transport, telles que l’utilisation de tracteurs et d’autres machineries agricoles. Ces activités émettent des GES et contribuent aux changements climatiques. S’ajoutent à ces impacts des problématiques d’érosion des sols et de pollution des cours d’eau et, enfin, moins de forêts et d’habitats disponibles pour la faune et la flore sauvages.

Les vaches et les autres ruminants émettent aussi des GES d’une autre manière : en rotant! En digérant leur nourriture, ils produisent du méthane (CH4), un gaz qui réchauffe l’atmosphère 25 fois plus que le dioxyde de carbone (CO2), le GES le plus connu. L’élevage de poissons et de crustacés émet aussi des GES.

Pour t’aider à choisir ce que tu mets dans ton assiette en fonction de l’empreinte carbone, voici un graphique qui montre les GES émis pour obtenir 50 grammes de différents types de protéines. Tu remarqueras que le bÅ“uf est le plus grand émetteur de GES. En revanche, les sources végétales de protéines comme le tofu, les légumineuses et les noix en émettent très peu.

Graphique qui montre les GES émis pour obtenir 50 grammes de différents types de protéines.

Pour illustrer l’empreinte carbone de certains aliments, nous allons les comparer à un trajet en auto. En moyenne, manger 50 grammes de protéines de bÅ“uf émet autant de GES que de rouler en voiture pendant plus d’une heure sur l’autoroute. En comparaison, manger la même quantité de protéines de tofu équivaut à rouler sur l’autoroute pendant seulement cinq minutes1. La différence est énorme!

1Estimations basées sur une consommation d’essence de 6 L/100 km, sur une émission de GES de 2,3 kg CO2 par litre et sur une émission moyenne de 16,75 kg équivalent CO2 par 50 g de protéines pour le bÅ“uf.

Coup d’Å“il sur les légumineuses

Sais-tu qu’en plus de générer moins de GES, les légumineuses peuvent nourrir le sol? Eh oui, les légumineuses contribuent à améliorer la fertilité du sol. Or, plus les sols sont fertiles, plus ils font pousser les végétaux!

Les légumineuses absorbent l’azote de l’air pour se nourrir. Elles ont donc besoin de beaucoup moins d’engrais que les autres types de cultures. Les légumineuses réduisent ainsi leur empreinte carbone et minimisent la pollution causée par le ruissellement d’engrais vers les cours d’eau. Savais-tu que lorsque l’engrais atteint les cours d’eau, cela peut entrainer une multiplication d’algues et de bactéries? Cette situation peut même mener à l’eutrophisation des cours d’eau, ce qui n’est pas souhaitable.

Lorsque les racines des légumineuses se décomposent et se mélangent au sol, elles libèrent l’azote capturé dans l’air et le rendent disponible pour les végétaux qui pousseront l’année suivante.

Toutefois, il faut savoir que pour que ces bienfaits se concrétisent, les légumineuses doivent être produites selon des pratiques agricoles écoresponsables.

2-Évite de gaspiller de la nourriture

Plus du tiers des aliments produits dans le monde sont gaspillés, que ce soit directement à la ferme, durant leur transport ou à la maison. Cela représente 1,3 milliard de tonnes de nourriture jetée par an, soit le poids de 200 millions d’éléphants! À eux seuls, les consommateurs sont responsables de près de la moitié de ce gaspillage alimentaire. Imagine l’utilisation de précieuses ressources (énergie, terre, eau) et tous les GES émis qui pourraient être évités! C’est pourquoi il est important de bien choisir notre nourriture et d’éviter le gaspillage alimentaire. Sur Internet, tes parents et toi pouvez trouver une foule de trucs pour éviter le gaspillage de la nourriture! Tu peux donc faire une différence!

3-Privilégie les produits locaux (du Québec), surtout lorsqu’ils sont de saison

Les aliments vendus dans nos épiceries ont souvent fait un très long chemin avant d’y arriver. Puisque le transport génère des GES, demande à ta famille, lorsque possible, de choisir des aliments provenant du Québec, surtout lorsqu’ils sont de saison. En plus de réduire les GES, ton geste encouragera les entreprises agricoles d’ici et contribuera à l’économie locale.

Toutefois, rappelle-toi que le transport n’est qu’une des étapes du cycle de vie d’un aliment; il faut regarder les impacts dans leur ensemble avant de faire un choix. Le transport cause 10 % des GES associés aux aliments, alors que la production à la ferme en génère plus de 60 %. De manière générale, le tofu et les légumineuses importées génèrent moins de GES que la viande locale, tandis que les tomates du Québec cultivées dans des serres chauffées en hiver peuvent avoir une plus grande empreinte carbone que des tomates de champs importées. C’est pourquoi l’achat de fruits et légumes du Québec de saison est à privilégier.

Pour les aliments importés, le transport maritime génère très peu d’impacts. À l’opposé, le transport d’aliments par avion est le plus polluant, suivi du transport par camion. L’impact de ces moyens de transport augmente lorsque les aliments transportés doivent être congelés ou réfrigérés, puisque des GES supplémentaires sont émis dans le processus de refroidissement. Ainsi, des fruits congelés d’Amérique du Sud transportés par avion auront une plus grande empreinte carbone que les fruits frais du Québec consommés en saison.

4- Choisis des aliments naturels et moins emballés

Les aliments transformés, par exemple les plats surgelés ou les barres tendres, sont généralement moins bons pour toi et pour la planète que les aliments simples et naturels. En effet, pendant la préparation mécanique de ces aliments en usine, des GES et d’autres polluants sont émis. De plus, divers ingrédients, comme des agents de conservation, eux aussi produits en usine, sont ajoutés aux recettes. Alors, si tu veux contribuer à la lutte contre les changements climatiques et rester en bonne santé, amuse-toi à cuisiner avec tes parents des repas et des collations à partir d’ingrédients simples et naturels, comme de la farine de grains entiers et des fruits et légumes frais.

À l’épicerie, plusieurs aliments sont suremballés et vendus dans des contenants individuels jetables. Les barres tendres, les compotes et les petits jus en sont de bons exemples. Tous ces emballages finissent dans la poubelle ou au recyclage après une seule utilisation. Comme environ 10 % des GES liés aux aliments sont causés par l’emballage, il faut essayer de l’éviter. Pour réduire ton empreinte carbone, suggère à ta famille d’acheter de gros formats ou du vrac et apporte tes lunchs et collations dans des sacs ou des contenants réutilisables.

5-Recherche les certifications fiables

On trouve des certifications sur certains produits alimentaires. Ils sont souvent sur l'emballage ou sur une petite étiquette collée sur le fruit ou le légume. Par exemple, les certifications biologiques indiquent des modes de production qui peuvent être bons pour l’environnement et la santé en réduisant ou en éliminant, par exemple, l'utilisation de pesticides. Mais attention, certains logos ou courtes phrases (ex. : « 100 % naturel Â») sur les emballages ne sont pas des vraies certifications! Le répertoire des écoétiquettes peut t'aider à obtenir de l’information sur plusieurs écoétiquettes utilisées au Québec et à faire des choix plus éclairés.

En terminant, te souviens-tu des cinq bonnes habitudes que tu peux adopter pour réduire les émissions de GES associées à ton assiette?

Et voilà! Tu es maintenant prêt à combattre les changements climatiques, une assiette à la fois!

Teste tes connaissances!

Tu veux en savoir plus ?

 

Publication : juillet 2020