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La qualité de l'eau et les usages récréatifsLes causes de la contamination : les eaux usées et la pollution agricole
L’essentiel de la contamination de l’eau est causé par l’homme. Les oiseaux et les mammifères peuvent entraîner localement une certaine contamination, mais celle-ci est faible par rapport à la pollution engendrée par les eaux usées et par l’épandage des fumiers. Les humains, et les millions d’animaux qu’ils élèvent pour se nourrir, génèrent des milliers de tonnes de matières fécales chaque jour. Le défi consiste à mettre en place, et dans certains cas à mettre au point, les techniques qui permettront de réduire le plus possible la contamination microbienne provenant des déjections d’origine humaine et animale. À l’heure actuelle, les principaux problèmes découlent des débordements d’égouts, des rejets d’eaux usées traitées non désinfectées et de l’épandage des fumiers et des lisiers en milieu agricole. La contamination microbienne provenant des eaux usées est particulièrement marquée à proximité des grands centres urbains. Les rejets de la station d’épuration de Montréal constituent la plus importante source de contamination des eaux au Québec. Débordements d'égouts à
la suite de fortes précipitations
Malgré la construction de centaines de stations d’épuration municipales des eaux usées, des problèmes de contamination microbienne persistent à certains endroits à cause des débordements de réseaux d’égouts par temps de pluie. Les déversements en rive dans le fleuve, les rivières des Prairies et des Mille-Îles à Montréal, ainsi que dans la rivière Saint-Charles à Québec illustrent ce problème. Dans la plupart des quartiers des villes, les mêmes conduites évacuent les eaux de pluie et les eaux usées domestiques. Lors de pluies importantes, les stations d’épuration ne peuvent recevoir toutes ces eaux et des débordements d’eaux pluviales contaminées par des eaux usées non traitées s’ensuivent. De tels débordements peuvent se produire plus de 50 fois par année, la majorité du temps en été, ce qui contamine les cours d’eau récepteurs et empêche les activités récréatives. Depuis 1980, les nouveaux réseaux sont de type séparatif, c’est à dire que des conduites séparées sont prévues pour évacuer les eaux pluviales vers le milieu récepteur et les eaux usées vers les stations d’épuration.
Le ruissellement des eaux de pluie contribue aussi à la dégradation de la qualité de l’eau. En effet, l’eau de pluie entraîne par ruissellement toutes sortes de contaminants et de bactéries dans les cours d’eau. La présence de végétation riveraine le long des cours d’eau et de marais permet de retenir et de filtrer les eaux de ruissellement. La protection des plans d’eau requiert donc à la fois le contrôle des débordements et une bonne gestion du bassin versant. Les rejets d’eaux usées traitées non désinfectées
Une autre cause de contamination des eaux de surface, du fleuve Saint-Laurent en particulier, est le rejet d’eaux usées qui, même si elles ont été traitées, n’ont pas été désinfectées. Au Québec, 60 % des eaux usées traitées sont rejetées sans désinfection. Si l’on exclut les sources majeures que constituent Montréal, Longueuil et Gatineau, les eaux usées non désinfectées affectent principalement des cours d’eau qui ne présentent pas de caractéristiques physiques permettant les usages récréatifs. Les eaux usées de certaines villes forment la plus grande part des eaux non désinfectées. À elle seule, la station de la Ville de Montréal, qui compte pour 40 % de la capacité de traitement de l’eau de tout le Québec, rejette dans le fleuve Saint-Laurent les eaux non désinfectées de 1,8 million de personnes. Ces rejets représentent une source de contamination bactériologique de première importance du fleuve Saint-Laurent. La désinfection est nécessaire quand des usages récréatifs doivent être protégés dans le cours d’eau recevant les eaux traitées. Une telle désinfection est effectuée dans 40 % des stations d’épuration des eaux usées. Elle est exigée par le Ministère lorsque la protection des usages le requiert, seulement durant les périodes de l’année où cela est nécessaire. Seuls les moyens de désinfection qui ne présentent pas d’effets nocifs pour la vie aquatique et qui ne génèrent pas de sous-produits indésirables pour la santé humaine sont admis. Les systèmes utilisant la chloration sont ainsi proscrits. En effet, les concentrations de chlore qui persistent dans les eaux usées après leur désinfection ont un effet toxique sur la vie aquatique. De plus, la chloration des eaux usées traitées entraîne la formation de substances potentiellement cancérigènes pour l’humain. La contamination d’origine agricole
L’agriculture constitue aussi une source importante de contamination microbienne. L’élevage des animaux génère des fumiers solides et liquides. Lors de l’épandage sur les terres agricoles, des contaminants bactériologiques peuvent être entraînés vers les cours d’eau. L’agriculture traditionnelle, caractérisée par des troupeaux de petite taille disséminés à travers le territoire agricole québécois, avait relativement peu d’impacts sur la qualité des eaux de surface. L’agriculture intensive moderne, par contre, tend à concentrer les élevages, notamment pour la production porcine, ce qui accentue les problèmes de pollution agricole dans certaines régions. Les bassins versants des rivières Yamaska, l’Assomption et Chaudière sont particulièrement affectés à cause de la contamination de l’eau par les cultures et les élevages intensifs.
Les risques pour la santé causés par les fumiers ne sont pas bien documentés quoique la présence de virus, de bactéries et de parasites pathogènes dans les déjections animales soit bien connue. L’entreposage dans des structures conformes aux normes du Ministère entraîne une diminution des microorganismes dans les fumiers, ce qui a pour effet de réduire la contamination des cours d’eau environnants. Les conditions météorologiques au moment de l’épandage influent également beaucoup sur la contamination subséquente des cours d’eau. Lorsque des précipitations abondantes surviennent après l’épandage, une contamination plus marquée s’ensuit du fait de l’apport augmenté de fumiers par les eaux de ruissellement. Les usages récréatifs sont ainsi grandement limités et même perdus dans les plans d’eau traversant les zones d’élevage intensif, particulièrement en période d’épandage des fumiers.
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