Une classification climatique du Québec à partir de
modèles de distribution spatiale de données climatiques mensuelles :
Vers une définition des bioclimats du Québec
2. Discussion
Malgré un réseau météorologique distribué de façon très inégale sur
le territoire (figure 1), la modélisation
climatique donne néanmoins des résultats intéressants.
La zonation des températures est avant tout dépendante de la latitude, puis
de l’altitude et de la distance par rapport aux grandes masses d’eau
(figures 2,
4,
5). L’altitude générale du relief du
Québec augmente d’ouest en est (figure 13),
parallèlement à l’accroissement de la continentalité. L’effet cumulé de
ces deux variables marque le gradient de latitude des précipitations (figures
6,
7,
8)
ce, d’autant plus fortement que la saison est chaude (figure
7).
Quant aux indices bioclimatiques que sont la durée de la saison croissance
et le nombre de degré-jours de croissance, leur interprétation est plus
délicate. La durée de la saison de croissance (figure
9)
suit un gradient sud-ouest/nord-est, marquant d’un coté l’influence de l’altitude
sur les températures et, de l’autre, l’influence probable – tout au moins
en fin d’été, début d’automne – de la proximité des grandes masses d’eau
(baie James, baie d’Hudson et golfe du Saint-Laurent). La forme de la limite
nord de la classe comprise entre 143 et 163 jours de croissance est à ce point
de vue très éloquente (figure 9). Cette
fonction complexe de l’influence combinée de l’altitude et de la
continentalité est cependant moins marquée pour le paramètre degrés-jours de
croissance qui semble plus influencé par l’altitude seule (figure
10).
Cette bonne corrélation entre des indices climatiques et des variables
géographiques n’est évidemment pas étonnante puisque le modèle s’appuie
explicitement sur l’altitude et implicitement sur la continentalité ou
distance des grands plans d’eau (positions x, y).
Les classifications climatiques présentent de plus une image cohérente avec
nos connaissances actuelles de la distribution des espèces, des communautés et
des structures végétales.
Les travaux menés tant les territoires de la Baie James et de la
Moyenne-et-Basse-Côte-Nord (Gerardin, 1980) ont conduit à définir des
régions écologiques (Ducruc, 1985; Lavoie, G., 1992) à partir de la
distribution de certaines espèces végétales, des groupes écoclimatiques, des
types physionomiques de végétation et des chronoséquences végétales. Bien
qu’aucune information climatique n’ait servi à la cartographie des régions
écologiques, la convergence générale de leurs limites avec celles de la
classification climatique est remarquable (figure
14).
Les gradients de latitude et de longitude sont parfois même surprenants compte
tenu que le nombre de classes retenues (51) est tout à fait arbitraire.
Figure 13 -
Le relief
du Québec (selon le modèle numérique d'altitude à 1 : 1000 000)
Bien sûr, les limites de certaines régions écologiques (FG, RO, MA),
probablement discutables en regard de leur taille et de l’échelle d’expression,
ne ressortent pas du modèle climatique probablement à cause du réseau
météorologique lacunaire de ces territoires.
Par ailleurs, certaines inconsistances peuvent être attribuées à une
insuffisance d’échantillons de la végétation, particulièrement dans les
parties limitrophes des territoires d’étude.
Figure 14 –
Régions
écologiques des territoires de la Baie James et de la
Moyenne-et-Basse-Côte-Nord, et la classification climatique en 51 classes
Figure 15 –
Classes
selon Litynski (température, précipitation, saison de croissance en jours)
Mise à jour : 10 janvier 2002
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