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Aires protégées au Québec
Les provinces naturelles
Niveau I du cadre écologique de référence du Québec
Les principaux descripteurs des provinces
naturelles
La configuration actuelle du territoire québécois découle avant tout des
transformations géologiques et climatiques qu’il a subies tout au long de son
histoire. Dans un passé lointain, des chaînes de montagnes se sont érigées,
dont certaines n’auraient rien eu à envier à l’actuel Himalaya. Le temps a
fait son œuvre et l’érosion a terriblement aplani le territoire. Même si
les glaciations du quaternaire ont été un événement majeur dans la mise en
place du Québec physique, elles n’ont à peu près pas contribué à l’édification
de son relief. Il est permis d’affirmer que l’essentiel du relief du Québec
est d’âge préquaternaire. L’histoire géologique du territoire joue ainsi
un rôle primordial dans la caractérisation des niveaux les plus généraux de
sa régionalisation écologique.
La géologie (brève esquisse de l’histoire
géologique du Québec)
Orogénèses, périodes d’érosion, pénéplanations et démantèlement de
continents ont contribué à modeler la croûte continentale du Québec depuis
plus de trois milliards d’années.
Tel qu’il nous apparaît aujourd’hui, le Québec physique n’est ni plus
ni moins qu’une coupe à travers une multitude de terrains d’âges et d’origines
très diversifiés. La connaissance des événements qui ont présidé à leur
mise en place est essentielle à la compréhension des grands ensembles qui
apparaissent en survolant le Québec, comme des vieux massifs montagneux
rabotés (les Laurentides), d’anciennes chaînes de montagnes (monts Torngat,
Appalaches), ou encore des basses-terres (du Saint-Laurent, de l’Abitibi, de
la baie James). Il faut donc remonter dans la nuit des temps, au travers des
ères géologiques, jusqu’aux origines du continent nord-américain.
L’ère archéenne (3,8 - 2,5 Ga)1
Les roches les plus anciennes qui affleurent à la surface du sol québécois
(3,1 à 2,8 Ga) se trouvent dans la péninsule d’Ungava. L’édification du
territoire québécois a commencé là, autour d’un bloc continental initial.
Au sud du lac Bienville, on trouve des terrains plus jeunes (2,8 à 2,6 Ga)
orientés est-ouest. Ils seraient dus à une série d’arcs insulaires venus du
Sud qui auraient successivement embouti ce protocontinent. « Le
résultat de ces accrétions successives confère un patron structural est-ouest
souligné par l’alternance de sillons volcano-sédimentaires et de
méga-édifices granitiques » (Landry et Mercier, 1992). Ce patron est
l’élément marquant de l’organisation spatiale des basses-terres de l’Abitibi
et de la baie James, des hautes-terres de Mistassini et des basses collines de
la Grande-Rivière.
Ces accrétions successives ont mené à la constitution d’un bloc
continental important qui s’est démantelé peu après sa formation. La
province géologique du Supérieur, issue de ce démantèlement, forme alors
déjà une part importante du territoire québécois. Elle va du nord de la
péninsule d’Ungava au sud de l’Abitibi et des littoraux jamésiens et
hudsoniens, à l’ouest, à la hauteur de Schefferville à l’est.
1 Ga : Milliard d'années
Figure 6 : La géologie du Québec
(carte simplifiée)
Cliquez pour agrandir
Source : Avramtchev, 1985
L’ère protérozoïque (2,5 Ga - 545 Ma)2
La surface pénéplanée de ce bloc archéen a été recouverte, à plusieurs
époques, par des dépôts continentaux glaciaires, fluviatiles, lacustres et
marins. Des mers épicontinentales le ceinturaient presque totalement. Les
dépôts de dolomie du lac Mistassini ou de fer de Schefferville et Fermont en
sont témoins. Vers 1,9 Ga, le Québec fait partie d’une grande « île
archéenne ». À partir de ce moment et jusque vers 1,6 Ga, la collision
de cette grande « île » avec des domaines océaniques et d’autres
masses continentales a donné naissance à une chaîne de montagnes (l’orogène
transhudsonien), qui s’étendait tout autour. À l’origine, ces montagnes
étaient aussi imposantes que les Rocheuses. Il n’en reste aujourd’hui que
des collines : les collines du Labrador et du lac aux Feuilles, qui vont de
Schefferville à Tasujaq, et les monts de Puvirnituq, qui traversent, d’est en
ouest, le nord de la péninsule d’Ungava. C’est également au cours de ces
événements tectoniques que se sont mis en place les monts Torngat.
Près de la moitié du territoire québécois est alors établi et il fait
partie du craton Laurentia, l’ancêtre de l’actuelle Amérique du Nord. Tout
au long et surtout vers la fin de son édification, l’érosion a entamé la
chaîne de montagnes transhudsonienne et le bloc archéen que celle-ci
enserrait. Cette érosion a été accompagnée, après un certain temps, par un
démembrement de la partie méridionale du continent, lequel s’est étendu sur
plusieurs centaines de millions d’années et s’est terminé par l’orogénèse
grenvillienne, qui a donné naissance aux Laurentides et à la province
géologique de Grenville. C’est un orogène très complexe constitué de
terrains d’âge et de nature très divers transportés très loin de l’endroit
de leur genèse, comme les roches carbonatées de la dépression de Mont-Laurier
dans les Laurentides méridionales, les roches volcano-sédimentaires des
collines du lac Watshishou sur le plateau de la Basse-Côte-Nord ou encore le
massif d’anorthosite du lac Magpie. Ce dernier constitue une barrière
naturelle entre les Laurentides centrales et le plateau de la Basse-Côte-Nord.
Les Laurentides ont alors l’ampleur de l’Himalaya, et un supercontinent
protérozoïque est formé.
À partir de 800 Ma, il commence à se fracturer à la manière de l’est de
l’Afrique actuelle. Des grabens d’envergure continentale y ont vu le jour
pendant que l’érosion active entraînait la pénéplanation des reliefs les
plus jeunes. La séparation complète de Laurentia du reste du supercontinent s’est
faite avec l’ouverture de l’océan Iapetus.
2 Ma : Millions d'années
L’ère paléozoïque (545 - 250 Ma)
Le long de la marge de Laurentia, des grabens entaillent le continent à
partir de l’océan Iapetus en expansion. Deux d’entre eux, le graben d’Ottawa-Bonnechère
au sud-ouest et le graben du Saguenay à l’est, sont d’une grande importance
puisqu’ils individualisent aujourd’hui les Laurentides méridionales et les
Laurentides centrales. Durant cette période, des sédiments continentaux
(conglomérats), puis des sédiments marins d’eau peu profonde se déposent
sur les marges submergées de Laurentia. Ils constituent l’assise des
basses-terres du Saint-Laurent. On en trouve aussi au sud de la baie James, à l’extrémité
nord-ouest des basses-terres de l’Abitibi et de la baie James. Au large se
développait un milieu océanique, où s’accumulaient des sédiments plus fins
(boues argileuses ou calcareuses).
À partir de 500 Ma environ, la direction des mouvements des continents s’inverse.
En particulier, le continent Baltica se rapproche de Laurentia, produit la
formation d’arcs insulaires puis la collision vers 440 Ma : c’est l’orogénèse
taconienne et l’édification d’une cordillère au nord des Appalaches
actuelles, qui s’étend aujourd’hui des monts Sutton en Estrie aux monts
Chic-Chocs en Gaspésie.
Entre 400 et 360 Ma, le macrocontinent du Gondwana, accompagné de
microcontinents, se rapproche de nouveau de Laurentia-Baltica, ce qui provoque
la mise en place de l’essentiel de la chaîne appalachienne au Québec au
cours de l’orogénèse acadienne. De grandes intrusions granitiques (Estrie,
Beauce, Gaspésie) datent de cette époque. Aussitôt émergées, ces parties
des Appalaches sont soumises à la fois à l’érosion et à une phase d’extension
qui ouvre un bassin sédimentaire dont le centre se trouve à la hauteur des
Îles-de-la-Madeleine et constitue les assises de la partie méridionale du
golfe du Saint-Laurent.
Il s’est accumulé dans ce bassin jusqu’à 8 km de sédiments rouges
continentaux, en milieu intertropical, accompagnés d’évaporites (sel). Vers
290 Ma, les grandes masses continentales s’accolent complètement pour
constituer un supercontinent : la Pangée. C’est la dernière phase de
formation des Appalaches (l’orogénèse alleghanienne), et elle a peu d’effets
au Québec. Dès lors et pour environ 50 Ma, une bonne partie du territoire
québécois est sous climat tropical à désertique.
L’ère mésozoïque (250 - 66 Ma)
Depuis le début de l’ère mésozoïque, la croûte continentale du
territoire québécois n’a cessé d’être soumise à l’érosion. Depuis
environ 140 Ma (Jurassique), elle subit l’influence de l’ouverture de l’Atlantique
Nord, dont l’expansion très lente se poursuit encore aujourd’hui.
Conséquemment, le Québec a lentement dérivé vers le nord-ouest et gagné des
latitudes plus élevées. C’est au cours de cette dérive, au milieu du
Crétacé (environ 100 Ma), que le chapelet des collines montérégiennes s’est
mis en place, au fur et à mesure que cette partie de l’Amérique du Nord
passait à l’aplomb d’un point chaud réputé avoir existé à l’emplacement
actuel des Bermudes.
Mis à part cette activité magmatique, l’histoire géologique du
mésozoïque se résume essentiellement en une intense érosion qui atteint
probablement quelques kilomètres.
L’ère cénozoïque (66 Ma - aujourd’hui)
L’érosion se poursuit. Des mouvements épirogéniques liés à l’ouverture
de la mer du Labrador ont pu soulever l’extrémité septentrionale du Québec
(monts Torngat). Par ailleurs, le relief des Laurentides, au nord de Québec (le
massif du lac Jacques-Cartier), semble rajeuni. Depuis le début du quaternaire
(1,6 Ma), le Québec a été le théâtre de glaciations qui ont raboté le
territoire. Ce dernier s’est enfoncé sous plusieurs milliers de mètres de
glace, puis a été envahi par des mers et par de grandes étendues lacustres,
lors de la fonte des glaces. Ainsi, les glaciations et les fontes successives
des glaces ont déposé des sédiments de nature et d’épaisseur diverses et
donné une dernière touche au portrait physique du Québec contemporain. En
effet, le relief préquaternaire a imposé leur répartition spatiale aux
dépôts de surface. Par ailleurs, certains événements ont marqué le
territoire québécois d’une empreinte plus forte : la mer de Champlain
dans les basses-terres du Saint-Laurent, la mer de Tyrrell et le lac
Barlow-Ojibway dans les basses-terres de l’Abitibi et de la baie James ou la
calotte glaciaire résiduelle du Labrador dans le plateau central du
Nord-du-Québec et le bassin de la baie d’Ungava.
Le relief : les principaux traits
La géologie souligne combien le Québec est un vieux territoire ! Elle
nous permet de mieux comprendre son relief actuel; c’est pourquoi nous avons
choisi les provinces géologiques pour en présenter les principaux traits.
Figure 7 : Le relief du Québec :
altimétrie
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Interprétée d'après le modèle numérique
d'élévation du United States Geological Survey.
La province géologique du Supérieur
Elle constitue la plus ancienne partie du Québec soumise à l’érosion
depuis la nuit des temps. Il n’est pas étonnant que le relief y soit si peu
prononcé, si monotone. Les plateaux dominent (péninsule d’Ungava, plateau
central du nord du Québec, hautes-terres de Mistassini), ainsi que les basses
collines (basses collines de la Grande Rivière) et les plaines (les
basses-terres de l’Abitibi et de la baie James).
Des chaînes de montagnes qui se sont édifiées en périphérie de cette
province géologique, il ne subsiste aujourd’hui que des chaînons de basses
collines plus ou moins parallèles : les collines du Labrador à l’est et
les monts de Puvirnituq au nord. Les monts Otish, avec leur relief particulier
de cuesta, se sont aussi formés à cette époque, comme les monts Torngat qui
constituent aujourd’hui la seule chaîne de montagnes digne de ce nom. Le
sommet le plus élevé du Québec, le mont D’Iberville, y culmine à 1 622 m.
La province géologique de Grenville
Une bonne partie de la province géologique de Grenville correspond aux
Laurentides. D’une masse montagneuse originellement aussi imposante que l’Himalaya,
il ne reste aujourd’hui qu’un territoire dominé par des collines aux
sommets arrondis. Cependant, certains blocs se distinguent.
-
Aux deux extrémités, on trouve des plateaux dont
la façade méridionale est fortement entaillée par le réseau
hydrographique (plateau de la Dumoine à l’ouest et plateau de la
Basse-Côte-Nord à l’est).
-
Au centre, des blocs surélevés succèdent à des
dépressions ou à des zones d’effondrement : dépression de
Mont-Laurier, massif du Mont-Tremblant, massif du lac Jacques-Cartier,
plaine du lac Saint-Jean et fjord du Saguenay, monts Valin, cuvette du
réservoir Manicouagan, monts Groulx, etc.
La province géologique de la plate-forme du Saint-Laurent
La province géologique de la plate-forme du Saint-Laurent correspond, en
grande partie, aux basses-terres du Saint-Laurent ; elle englobe aussi l’île
d’Anticosti et la Minganie. Les basses-terres forment une vaste plaine
localement interrompue par les collines montérégiennes, au sud, et qui devient
plus ondulée vers l’est. Sur l’île d’Anticosti et en Minganie, reliefs
tabulaires et cuesta sont la figure dominante.
La province géologique des Appalaches
La province géologique des Appalaches comprend l’ensemble des reliefs
appalachiens du Québec et déborde un petit peu, au point de vue
physiographique, dans les basses-terres du Saint-Laurent pour englober la partie
faiblement accidentée du piedmont appalachien.
Dans l’ensemble, les Appalaches sont faites d’une succession de creux et
de collines allongées subparallèles et d’orientation générale sud-ouest–nord-est.
Quelques ensembles particuliers méritent d’être signalés, comme les
montagnes Blanches au sud, les monts Notre-Dame au centre et les monts
Chic-Chocs à l’est. Ces derniers abritent le mont Jacques-Cartier, dont le
sommet constitue le point culminant du Québec méridional, soit 1 268 m.
Les dépôts de surface
Lorsque l’on parle des dépôts de surface au Québec, on pense au
quaternaire qui a commencé il y a 1,65 million d’années. Cette période a
été dominée par des perturbations climatiques majeures, lesquelles ont
favorisé la croissance d’imposantes calottes glaciaires (les inlandsis) qui
ont recouvert la totalité du Québec. Il y a 18 000 ans, la province
géologique des Appalaches croulait sous une épaisseur de glace de plus de 2
Km. Les glaciers ont aujourd’hui disparu, mais ils nous ont laissé tout un
héritage : les dépôts de surface. Ceux-ci correspondent au matériel
meuble au-dessus du socle rocheux. Ce matériel est de composition et d’épaisseur
variables ; c’est à partir de lui que se sont mis en place les sols du
Québec. En absence de dépôts de surface, c’est le roc qui affleure.
L’origine et la mise en place de la majorité des dépôts de surface du
Québec sont bien connues ; il existe de nombreuses études régionales, et
une bonne partie d’entre elles sont accompagnées de cartographies à grande
ou moyenne échelle. Malheureusement, il n’existe pas de carte synthèse
présentant, à petite échelle, les principaux dépôts de surface du Québec.
Cependant, au milieu des années 1980, la Section de l’inventaire des sols du
Centre de recherches sur les terres d’Agriculture Canada a entrepris de créer
une base de données informatisées, afin d’enregistrer des descripteurs du
sol et des terres pour l’ensemble du Canada et de préparer des cartes au
1 : 1 000 000. Les auteurs ont qualifié de « pédo-paysage »
l’ensemble des descripteurs qui décrivent les sols et les caractéristiques
qui y sont associées, notamment le relief, la pente, l’origine du dépôt de
surface, la nappe phréatique, etc. (Shields et al., 1991). En retenant
le thème « origine du dépôt de surface », nous proposons
une carte synthétique des dépôts de surface du Québec (figure 8) dont l’échelle
originale est au 1 : 1 000 000. Elle est extraite de la carte des pédo-paysages du Québec dressée par Lamontagne 1992 et 1993, Lamontagne et
Drolet, 1992 et Tarnocaï et Cossette, 1992.
Figure 8 : Les dépôts de surface du
Québec.
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Source : Pédo-paysage du Canada. Inventaire des
terres du Canada. Équipe pédologique du Québec. Centre de recherche sur les
terres et les ressources biologiques. Direction générale de la recherche,
Agriculture Canada, Sainte-Foy.
Légende de la carte des dépôts de surface
Nous présentons ci-dessous une brève description des classes de dépôts de
surface de la figure 8.
Les dépôts glaciaires sont omniprésents sur le territoire, et ils
prennent différentes formes selon qu’ils ont été mis en place lors de la
progression du glacier, au front du glacier ou lors de la fonte progressive de
la calotte glaciaire.
On utilise le terme général de moraine pour désigner les dépôts
glaciaires, alors que le matériau constitutif des moraines est le till. Le till
est généralement un matériau hétérogène dont les éléments sont de toutes
dimensions (des blocs aux argiles), sans aucune organisation spatiale. Dans
certains cas cependant, il pourra être à prédominance de sable et présenter
une certaine stratification.
Souvent, le dépôt épouse étroitement les formes du relief sous-jacent qu’il
recouvre d’une épaisseur variable ; parfois, il prend des formes plus
spectaculaires, comme les drumlins, les moraines côtelées ou les moraines
frontales.
Les dépôts fluvio-glaciaires sont dispersés sur l’ensemble du
territoire québécois dans les vallées et plateaux des Appalaches et du
bouclier canadien. Ces dépôts présentent des stratifications nettes, avec des
couches de granulométrie très différente mais généralement sableuse ;
certains peuvent atteindre plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur. Les
formes les plus remarquables sont les eskers, les kames, les plaines d’épandage
et les deltas proglaciaires.
Les dépôts fluviatiles tapissent le fond des vallées de la
majorité des cours d’eau. Les alluvions actuelles se déposent dans les
plaines de débordement au moment des crues. Ces dépôts sont sableux sur le
bouclier canadien et plutôt limoneux dans les basses-terres du Saint-Laurent et
de l’Abitibi - baie James ainsi que dans les Appalaches.
Les dépôts glacio-lacustres recouvrent de grandes superficies dans
les basses-terres de l’Abitibi et du Témiscamingue. Ce sont des dépôts de
limon et d’argile – plus rarement de sable fin– qui se sont mis en place
dans de grands lacs proglaciaires.
Les dépôts marins se trouvent principalement dans les basses-terres
du Saint-Laurent, de l’Outaouais et de la baie James. Ils ont été formés
dans les mers post-glaciaires qui ont permis la sédimentation d’argile
sur quelques dizaines de mètres d’épaisseur dans les parties les plus
profondes. En périphérie des territoires immergés, on trouve des plages qui
se composent généralement de sables, de graviers et de galets.
Deux types de dépôts éoliens se trouvent au Québec : l’un
bien connu, les dunes; l’autre méconnu, le loess. On appelle dune
« toute accumulation de sable due au vent, quelle que soit sa
forme ». Rarement isolées, elles sont plutôt regroupées en
ensembles plus ou moins importants. Constituées de sable exempt de pierrosité,
elles peuvent atteindre quelques dizaines de mètres de hauteur. Les plus
spectaculaires sont certainement les dunes littorales que l’on trouve aux
Îles-de-la-Madeleine.
Les dépôts de loess sont sporadiques au Québec. C’est un dépôt de
texture fine (limon ou sable très fin) sans pierrosité, qui vient recouvrir d’une
épaisseur rarement supérieure à 1 mètre le till ou directement le socle
rocheux.
Les dépôts colluvionnaires sont aussi très sporadiques au Québec
et de faible importance spatiale. Ce sont des dépôts de bas de pente, à
texture fine, qui constituent des milieux généralement riches.
Les dépôts résiduels sont également très sporadiques au Québec
et de faible importance spatiale. Ces dépôts résultent de la fragmentation in
situ des roches du socle géologique. Les rares endroits où l’on peut les
observer sont situés sur le socle rocheux sédimentaire (Appalaches) ou
volcano-sédimentaire (Îles-de-la-Madeleine).
La roche en place affleure en de nombreux endroits et occupe des
superficies importantes, principalement dans l’extrême nord de la province,
sur la Moyenne-Côte-Nord et, de façon plus sporadique dans le bouclier
canadien et les hauts sommets appalachiens.
Les dépôts organiques sont caractéristiques des tourbières. De
façon générale, le terme de « tourbière » s’applique
à tout terrain dont la matière organique a une épaisseur minimale de 40 cm.
Les tourbières sont omniprésentes sur le territoire québécois, puisqu’on
en trouve des basses-terres du Saint-Laurent aux basses-terres de l’Abitibi et
de la baie James, du littoral de la Moyenne-et-Basse-Côte-Nord au centre nord
du Québec. Leur importance diminue cependant vers le nord, à partir du 55e
parallèle.
Le climat
Le climat actuel n’intervient pas directement dans le découpage des
unités écologiques, car il n’a pas d’influence sur la physiographie qui
structure le paysage. Cependant, il est la variable motrice du fonctionnement
des écosystèmes ; c’est pourquoi nous le retrouvons, avec force, dans
la description et la caractérisation écologique du territoire. À cause de l’immensité
territoriale, le climat du Québec varie beaucoup. Traditionnellement, il est
déterminé à partir d’un réseau de stations météorologiques. Souvent, ce
réseau est inégalement réparti; des régions entières en sont parfois
dépourvues.
Afin de pallier ces lacunes, Mackey et al., 1996 ont conçu un
algorithme de classification des variables climatiques qui prend en
considération la latitude, la longitude et l’altitude et qui permet l’extrapolation,
d’une station météorologique à l’autre, par le couplage à un modèle
numérique d’altitude (résolution de 2 Km). À partir des valeurs mensuelles
moyennes, pour une période de 30 ans, des températures minimum et maximum
ainsi que des précipitations, le modèle génère un estimé de ces trois
variables pour chacun des pixels de 2 Km. De ces valeurs, sont dérivées les
neuf variables climatiques suivantes :
- température moyenne annuelle ;
- température moyenne annuelle des 3 mois les plus chauds ;
- température moyenne annuelle des 3 mois les plus froids ;
- amplitude thermique moyenne annuelle ;
- longueur de la saison de croissance ;
- nombre moyen de degrés-jours de croissance pendant la saison de
croissance ;
- précipitation moyenne annuelle ;
- précipitation moyenne annuelle des 3 mois les plus chauds ;
- précipitation moyenne annuelle des 3 mois les plus froids.
Soumises à un algorithme de classification hiérarchique, ces valeurs
estimées aboutissent à une classification climatique du Québec (McKenney,
1998). Ainsi, à un niveau de perception général, le Québec a été divisé
en 15 régions climatiques (figure 9). Une analyse de ces 15 régions, selon la
classification mondiale de Litynski (1988), mène à un regroupement en 12
classes (tableau 1).
Tableau 1 : Caractéristiques sommaires des climats du Québec
Classes selon Litynski |
Région climatique |
Température (*) |
Précipitation (*) |
Saison de croissance |
1 |
1 |
polaire |
semi-aride |
très courte |
2 |
2 |
subpolaire froid |
modérée |
très courte |
3 |
3 |
polaire |
modérée |
courte |
4 |
4 |
polaire |
modérée |
très courte |
5 |
5 |
subpolaire froid |
modérée |
courte |
6 |
6, 7 |
subpolaire froid |
sub-humide |
courte |
7 |
8, 9 |
subpolaire froid |
sub-humide |
moyenne |
8 |
10 |
subpolaire |
humide |
courte |
9 |
11 |
subpolaire doux |
sub-humide |
longue |
10 |
12, 13 |
subpolaire |
humide |
moyenne |
11 |
14 |
modérée |
sub-humide |
longue |
12 |
15 |
subpolaire |
sub-humide |
moyenne |
* Subdivisions de la classification mondiale de Litynski (1988)
Figure 9 : Les climats du Québec.
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Source : McKenney, 1998
L’hydrographie
La configuration et la densité du réseau hydrographique (lacs et cours d’eau)
sont fortement dépendantes du relief, de la géologie et des dépôts de
surface ; elles sont le révélateur par excellence de la structure et de l’organisation
spatiales du territoire. C’est pourquoi la description des provinces
naturelles présente les faits marquants de l’hydrographie du territoire.
Figure 10 : Le réseau
hydrographique du Québec.
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Source : Ministère de l'Environnement,
Direction de la conservation et du patrimoine écologique, septembre 1999.
La végétation actuelle
Il n’existe aucune carte de la végétation actuelle couvrant tout le
Québec. Cependant, il est aujourd’hui possible, grâce aux images
satellitales, d’en obtenir une image synoptique. Celle que nous avons retenue
provient du satellite météorologique NOAA, dont le niveau de résolution est
de l’ordre du km2 (pixel de 1 km X 1 km). La classification
proposée est tirée des travaux de Beaubien et al., 1997. La figure
11 présente la végétation actuelle du Québec et le tableau 2, la
légende des classes retenues.
Figure 11 : La végétation
du Québec : couvert actuel
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Source : Image NOAA
reclassifiée d'après les travaux de Beaubien et al,., 1997
Tableau 2 : La végétation actuelle du Québec (légende des classes)
TERRITOIRE BOISÉ
(Tout territoire couvert par au moins 5 % d’arbres de
plus de 5 m de hauteur) |
TERRITOIRE NON BOISÉ
(Comprend toutes les formes naturelles de couvert
végétal sans arbre) |
TERRITOIRE ANTHROPISÉ
(Couvert végétal profondément modifié par l’homme) |
TERRITOIRE SANS VÉGÉTATION |
Couvert forestier composé de plus de 80 % d’essences
résineuses (surtout sapin, épinette, pin, mélèze et thuya). |
Couvert forestier mélangé d’essences résineuses (surtout sapin,
épinette, pin) et feuillues (surtout les essences de lumière tels le
bouleau à papier et le peuplier faux-tremble, mais aussi le bouleau
jaune). |
|
|
|
1. Forêt résineuse
dense : Forêt résineuse dont la fermeture
du couvert est supérieure à 70 %. Deux grandes formations dominent cette
classe : la sapinière à sapin baumier et la pessière à épinette
noire. Ces forêts sont fréquemment associées à un parterre de mousses. |
5. Forêt mélangée à
dominance résineuse : Forêt dans laquelle
les résineux dominent à plus de 60 % et les feuillus occupent une
proportion d’au moins 20 %. |
9. Tourbière et arbustaie
humide : Ce sont essentiellement des
arbustaies dont le couvert est de densité supérieure à 40 %,
souvent situées en milieu organique (tourbière). Cette classe comprend
aussi des formations herbacées dont l’origine est mal définie (landes
alpines, toundra et divers types de tourbières). |
13. Agriculture :
Tout territoire de production agricole, comprenant les grandes cultures
céréalières, les prairies et pâturages et incluant les bois de petite
surface. |
15. Eau, neige, glace |
2. Forêt résineuse
claire : Forêt résineuse dont la
fermeture du couvert varie entre 40 et 70 %. Ce sont, là aussi, des
pessières à épinette noire et des sapinières quoique ces dernières
sont moins fréquentes. |
6. Forêt mélangée :
Forêt dont les proportions respectives de feuillus et de résineux
varient de 40 à 60 %. Par exemple, on trouvera dans cette classe les
forêts formées à proportion égale de sapin et bouleau à papier. |
10. Lande à lichens et
arbustes : Étendue dominée par un
parterre de lichens accompagné d’arbustes (éricacées, aulnes ou
bouleaux nains). |
14. Urbain :
Centre urbain et banlieue dense. |
|
3. Forêt résineuse
ouverte : Forêt résineuse dont la
fermeture du couvert varie entre 10 et 40 % Ce sont généralement des
forêts d’épinette noire avec un parterre de mousses, d’éricacées
et de lichens ou de sphaignes selon les conditions écologiques. |
7. Forêt mélangée à
dominance feuillue : Forêt dans laquelle
les feuillus dominent le couvert à plus de 60 % et les résineux
occupent une proportion d’au moins 20 %. |
11. Toundra :
Étendue dominée par un patron de lichens, d’herbacées, d’arbustes
et de sol à nu. Ressemble à la classe 10 mais se cantonne au-delà de la
limite des arbres (milieux arctique et alpin). |
|
|
4. Lande boisée :
Surface couverte par une végétation arbustive, herbacée ou muscinale
mais piquée d’arbres généralement résineux (surtout épinette noire
et mélèze) dont le recouvrement oscille autour de 10 %. |
8. Forêt feuillue :
Forêt dans laquelle les feuillus sont dans une proportion supérieure à
80 % par rapport aux résineux. La majorité de ces forêts est
dominée par des essences tolérantes à l’ombre (surtout bouleau jaune
et érable à sucre). |
12. Brûlis :
Étendue, en milieu forestier ou non, brûlée récemment avec ou sans
reprise apparente de végétation. |
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Source : Beaubien et al., 1997
La faune
Un très bref sommaire sur la faune complète le portrait de chaque province
naturelle. Le contexte restreint du document ainsi que l’état actuel des
connaissances nous ont conduits à une présentation quelque peu subjective et
très sélective. D’abord, nous n’avons retenu que les vertébrés
(mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons), et nous avons tenté d’exprimer
l’abondance, la rareté, le caractère remarquable, commun ou indigène de l’espèce,
et le fait que l’espèce est introduite ou réintroduite.
C’est pourquoi, nous avons retenu trois rubriques : les espèces
abondantes ou représentatives, les espèces notables et, lorsque cela était
significatif, les espèces introduites. Les espèces représentatives sont
celles qu’on est le plus susceptible de trouver dans la province naturelle
considérée ou qu’on associe le plus facilement à cette province naturelle.
Les espèces notables ne sont pas nécessairement abondantes dans une province
naturelle donnée, mais méritent cependant d’être signalées à cause d’une
situation « exceptionnelle » ou
« spectaculaire ». Ce terme recouvre aussi parfois certaines
espèces menacées ou vulnérables.
Bien sûr, le choix des espèces est empirique, donc discutable, et faute de
références facilement accessibles, nous avons procédé par enquête auprès
de collègues biologistes. De plus, les espèces omniprésentes ou celles dont
on ne peut évaluer d’abondance particulière pour un territoire, tels que l’écureuil
roux ou le lièvre, n’ont pas été retenues. Enfin, on note une diminution
significative de la diversité et de la richesse des espèces de vertébrés au
fur et à mesure que l’on progresse vers le nord.
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