Aires protégées au Québec
Les provinces naturelles
Niveau I du cadre écologique de référence du Québec
Avant-propos
L’élaboration d’une stratégie québécoise sur les aires protégées
suppose la préparation d’un ensemble de documents comprenant des portraits de
situation, des réflexions et des orientations stratégiques, de même que l’établissement
de moyens d’intervention et d’éléments de mise en œuvre.
Un des grands défis que comporte la création d’un réseau d’aires
protégées représentatif de la diversité biologique est de pouvoir définir
en quoi consiste cette biodiversité à divers niveaux de perception du
territoire québécois. Le présent document, intitulé « Les
provinces naturelles - niveau I du cadre écologique de référence du
Québec », répond à cette exigence scientifique et représente aussi
un outil partageable par tous les intervenants concernés. Le texte qui suit
aborde la biodiversité du Québec à l’échelle du paysage territorial. Il
présente les principaux descripteurs pour les treize provinces naturelles,
lesquelles constituent le niveau de perception le plus élevé du cadre
écologique de référence. Chacune des provinces naturelles est décrite à
partir de ces descripteurs.
Ce document a été élaboré par le ministère de l’Environnement du
Québec. Il a fait l’objet de nombreuses discussions avec les
principaux acteurs scientifiques du Québec en ce domaine. Il a aussi été
soumis à une consultation auprès de représentants de la Société de la faune
et des parcs du Québec et du ministère des Ressources naturelles.
Léopold Gaudreau
Ministère de l’Environnement
Responsable de la préparation du projet de stratégie
Introduction
Le Québec est un grand territoire aux multiples facettes écologiques.
Le climat passe de tempéré au sud à polaire au nord. Cela est souligné par
les grandes zones de végétation s’étendant successivement de la forêt
feuillue, au sud, à la grande forêt boréale résineuse et à la toundra
nordique. Bien qu’ils ne soient pas les plus contrastés au monde, les reliefs
du Québec présentent des grands ensembles bien tranchés, comme les plaines
uniformes des basses-terres, les plateaux disséqués, les hauts massifs du
bouclier canadien ou encore les chaînons montagneux des Appalaches, etc. La
géologie du socle et les glaciations du quaternaire contribuent également
beaucoup à la mosaïque écologique du Québec.
Même s’il possède une nature diversifiée étalée sur de grands espaces
aux horizons illimités, le Québec n’échappe pas aux problèmes
environnementaux cruciaux de cette fin de siècle. Aussi sommes-nous en droit de
nous poser certaines questions sur la santé des écosystèmes. Peut-on
continuer à exploiter la forêt comme on le fait actuellement, même dans une
optique de développement durable ? Est-il possible de maintenir le
rendement des terres agricoles et l’intégrité des écosystèmes
aquatiques ? Les espèces indigènes de la flore et de la faune et leurs
habitats subsisteront-ils encore longtemps ? Pour éviter que les
écosystèmes subissent des dommages irréversibles, nous devons connaître leur
nature, leur diversité et leur répartition spatiale. Cela nous amène à
adopter une perspective géographique dans laquelle le territoire est découpé
selon une logique écologique, elle-même inscrite dans une perspective
nord-américaine, pour faciliter les échanges en gestion écologique du
territoire et des ressources.
La régionalisation écologique en Amérique
du Nord
En 1994, dans la foulée de l’Accord nord-américain de libre-échange
(ALENA), le Canada, les États-Unis et le Mexique ont créé la Commission de
coopération environnementale (CCE), un organisme chargé de s’attaquer aux
problèmes environnementaux communs. La première tâche de la CCE a été de
réaliser une régionalisation écologique des trois pays, laquelle présente la
nature, l’état et l’évolution des principaux écosystèmes (CCE, 1997).
Ainsi, l’Amérique du Nord a successivement été divisée en 15 grandes
régions écologiques de niveau I (figure 1), puis en 52 régions
écologiques de niveau II.
Parallèlement à ces travaux, le gouvernement canadien définissait un cadre
écologique national comportant des unités géographiques à deux niveaux
(Groupe de travail sur la stratification écologique, 1995). Quinze des 52
régions écologiques correspondant au niveau II nord-américain se trouvent au
Canada ; ces 15 régions, nommées écozones, constituent le niveau I
canadien (figure 2). Elles ont été, à leur tour, subdivisées en 194
écorégions qui constituent le niveau II canadien et le niveau III
nord-américain.
Pour le territoire québécois, la cartographie de ce dernier niveau a été
réalisée par le ministère de l’Environnement, en collaboration
avec les autorités fédérales responsables. L’exercice a abouti à la
définition de 13 unités territoriales, les provinces naturelles (figure 3).
Ces dernières constituent le niveau I du cadre écologique de référence du
Québec (Ducruc et al., 1995) et, par le fait même, s’inscrivent dans
l’approche de régionalisation écologique hiérarchique du continent
nord-américain. Cela présente l’avantage considérable de faciliter les
discussions, les échanges d’information, les actions concertées d’une
frontière à l’autre et d’envisager la protection de l’environnement en
Amérique du Nord dans une perspective commune.
Figure 1 : Les régions écologiques
de l'Amérique du Nord
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Source : Commission de coopération
environnementale, 1997.
Figure 2 : Les écozones terrestres
du Canada
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Source : Groupe de
travail sur la stratification écologique, 1995.
Figure 3 : Les provinces naturelles
du Québec
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Source : Ministère de
l'Environnement, Direction de la conservation et du patrimoine écologique,
février 1999.
Le cadre écologique de référence du
Québec
Le cadre écologique de référence du Québec (CERQ) est un outil de
cartographie et de classification écologiques du territoire. Dans une approche
globale et hiérarchique, il reconnaît les écosystèmes terrestres et les
hydrosystèmes comme des entités spatiales dont il est possible d’obtenir la
cartographie selon plusieurs niveaux de perception (figures 4 et
5).
Bien ancrées dans la hiérarchie nord-américaine, les provinces naturelles
constituent le niveau le plus élevé (niveau I) du CERQ. Ce sont des unités de
grande superficie (de l’ordre de 105 km2). Leur
cartographie repose, en grande partie, sur la recherche de contrastes et de
différences dans la physiographie dont l’histoire géologique est, dans bien
des cas, le révélateur privilégié. Les provinces naturelles sont des unités
écologiques fonctionnelles de haut niveau (grands écosystèmes) induites par
une structure spatiale particulière, exprimée au travers de la nature du socle
rocheux, de la configuration du relief, de l’hydrographie, des dépôts de
surface, du climat, de la végétation, etc. Leur description reposera donc
principalement sur ces variables.
Figure 4 : Écosystèmes terrestres :
les niveaux de perception
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Source : Ministère de l'Environnement,
Direction de la conservation et du patrimoine écologique, février 1999.
Figure 5 :
Hydrosystèmes d'eau courante : les niveaux de perception
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Source : Ministère de l'Environnement,
Direction de la conservation et du patrimoine écologique, février 1999.
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