
Les aventures de Rafale
Les milieux humides : des habitats à protéger
L’an dernier, mon ami Fyto s’est joint à un groupe d’ornithologues amateurs. Si vous entendiez ses longues descriptions du dernier
spécimen aperçu
lors d’une promenade et ses drôles d’imitations de chants d’oiseaux! J’ai
accepté de l’accompagner sur le territoire du marais Léon-Provancher, un site
naturel voué à la protection de la
faune et de la
flore, à Neuville, à 20 km de
la ville de Québec.
Regarde
le grand oiseau qui décolle là-bas!
Qu’est-ce
que c’est? On dirait un héron!
Oui!
C’est un grand héron! Cet oiseau
nicheur
migrateur est commun dans
presque tout le sud du Québec et présent de la fin de mars à la mi-octobre. Il
est appelé également « héron bleu », en raison de la coloration bleu grisâtre de
son dos. Remarque comme son vol est lent et puissant!
Ses
ailes sont vraiment immenses!
Le territoire du marais Léon-Provancher Le territoire du marais Léon-Provancher, un site naturel dédié à la protection de la faune et de la flore, est situé à Neuville dans le comté de Portneuf, à environ 20 km de la ville de Québec. D’une superficie de 125 hectares, il s’étend sur deux plateaux entre la rive nord du Saint-Laurent et la route 138. Un réseau de sentiers donne accès au marais, aux zones boisées et aux berges du fleuve afin que les visiteurs puissent contempler la faune et la flore. Au fil des saisons, 200 espèces d’oiseaux ont été répertoriées sur le territoire. L’hiver, la Ville de Neuville y entretient un réseau de pistes de ski de fond de 4 km. L’accès y est gratuit en tout temps. Pour plus d’information :
|
En
effet, son envergure
atteint en moyenne 2 mètres. Le grand héron est le plus
imposant de tous nos
échassiers. Ces oiseaux aux longues pattes fines se
nourrissent principalement de petits poissons, de grenouilles et d’insectes
aquatiques trouvés en eau peu profonde. On aperçoit souvent le grand héron en
quête de nourriture en périphérie des
cours d'eau et dans les
milieux humides.
Dans
ce cas, il est sûrement un habitué de la place! Et je parie qu’il n’est pas le
seul à profiter de l’abondance du lieu!
Tu
as tout à fait raison. Le
marais qui a été aménagé sur ce site, la
forêt ainsi que le fleuve et son
littoral sont des
habitats
très appréciés par la faune ailée. Elle y trouve le refuge et la nourriture pour
subsister et se reproduire. Il paraît que le territoire du marais
Léon-Provancher accueille plus de 200
espèces d’oiseaux annuellement.
Formidable!
Tu m’apprendras à les identifier?
Oui,
certainement! Et nous en profiterons pour apprécier toute la richesse des
écosystèmes de ce site naturel.
Regarde
la carte du site! Des sentiers d’interprétation donnant accès au fleuve, au
marais et aux zones boisées ont été aménagés sur tout le territoire. Au fait,
qui est le propriétaire des lieux?
Le
territoire du marais Léon-Provancher appartient à la Société Provancher
d’histoire naturelle du Canada. Le nom donné à la société et au territoire
rappelle la mémoire d’un naturaliste québécois du XIXe
siècle, Léon Provancher. Ce passionné de sciences naturelles a rédigé des
ouvrages de
taxinomie de la flore et du monde des insectes.
La
Société Provancher est donc une organisation qui s’affaire à protéger la faune
et la flore.
Oui,
puisque cette
organisation non gouvernementale (ONG)
participe à la
protection de l’environnement
en achetant des sites qu’elle conserve à
l’état naturel. Celui que nous visitons aujourd’hui est un site que la Fondation
de la faune du Québec a cédé à la Société Provancher en 1996. Le marais de 20
hectares
qui est devant nous, et d’où le grand héron a pris son envol voilà
quelques minutes, a été aménagé par la société de conservation Canards Illimités
en 1994. C’est une organisation qui protège les milieux humides depuis plus de
65 ans.
Le
marais est donc un type de milieu humide. Tout comme la
tourbière
d’ailleurs! Nous avons déjà visité une tourbière ensemble dans
une autre de nos aventures.
![]() |
Grand héron - Source : Klus pour la FAPAQ |
Justement!
Alors tu te rappelles certainement que les milieux humides sont des écosystèmes
qui se forment à la rencontre d’un milieu terrestre et d’un milieu aquatique.
Oui,
ce sont des milieux généralement saturés d’eau. Y a-t-il d’autres types de
milieux humides?
Oui.
Les classifications courantes en dénombrent plusieurs types. Ceux-ci se
différencient par les caractéristiques de leur sol, par la composition de leur
végétation ainsi que par leur niveau d’eau. Comme tu peux voir, le marais est un
milieu humide caractérisé par ses eaux dormantes et peu profondes ainsi que par
sa flore aquatique particulière.
Les
milieux humides sont donc un genre de compromis entre la terre et l’eau.
Oui...
ou plutôt un lieu de transition entre les deux. C’est pourquoi leur aspect varie
selon les
marées, les
crues, les
précipitations et les
saisons. Pour résumer, les milieux humides sont des étendues de terre aux
dimensions variées qui sont
inondées d’eau assez longtemps pour qu’une
flore et une faune spécifiques s’y développent.
Tu
as dit qu’il y a différents types de milieux humides : le marais, la
tourbière... et ensuite?
L’étang
et le
marécage... les
plaines inondables et les
milieux riverains peuvent également être considérés comme des milieux humides.
Ces
écosystèmes sont des habitats privilégiés pour la faune et la flore, mais
ont-ils d’autres usages?
Les fonctions essentielles des milieux humides Ils participent au cycle de l’eau. Ils régularisent le niveau de l’eau. Ils améliorent la qualité de l’eau. Ils sont une source d’approvisionnement en eau. Ils constituent un habitat pour de nombreuses
espèces. |
Bien
sûr! Si l’équilibre des milieux humides est essentiel pour la faune et la flore,
il l’est tout autant pour les humains! Ces écosystèmes sont un peu comme les
reins de la Terre!
Tiens,
quelle comparaison bizarre!
Pas
tant que ça! Tout comme nos reins filtrent le sang de notre organisme pour
l’épurer, les milieux humides filtrent nos cours d’eau pour en maintenir la
qualité. Ils sont une composante essentielle du cycle de l’eau et ils ont aussi
d’autres fonctions, comme celles d’atténuer les effets des sécheresses et de
limiter les dommages causés par les crues printanières.
Pourrait-on
comparer les milieux humides à une usine de filtration?
Non!
Parce qu’aucune usine de filtration, même la plus techniquement évoluée, ne
pourrait accomplir toutes les fonctions de l’ensemble de nos milieux humides.
Chaque fois qu’un tel écosystème disparaît, c’est l’efficacité du système de
filtration planétaire qui en prend un coup.
Es-tu
en train de me dire que les milieux humides sont menacés?
Malheureusement,
ces écosystèmes très riches, mais très fragiles, sont menacés par nos activités
humaines. L’étalement de nos populations en Amérique du Nord, nos pratiques
agricoles et nos activités industrielles sont largement responsables de la
disparition d’un fort pourcentage de nos milieux humides. Plusieurs de ces
terres humides ont été
drainées
et
remblayées
afin d’améliorer nos
réseaux de transport routier.
Je
comprends mieux maintenant pourquoi une organisation comme Canards Illimités
s’applique à conserver les milieux humides.
Tu
sais que plusieurs
organisations sans but lucratif, appuyées par les
gouvernements, acquièrent des milieux naturels afin de les garder intacts pour
toujours!
Ainsi,
ils conservent des habitats pour assurer la survie d’un plus grand nombre
d’espèces!
|
Le marais Léon-Provancher |
Oui!
Ce sont des actions concrètes en faveur de notre
patrimoine naturel. Tu
dois savoir que la diversité biologique est un excellent indicateur de la santé
de l’environnement.
Comment
la diversité biologique peut-elle nous renseigner sur l’état de l’environnement?
Savais-tu
qu’à chaque année la Terre perd des milliers d’espèces? Au cours des 200
dernières années, 7 espèces fauniques et 3 espèces floristiques ont été
complètement rayées de la carte du Québec. Tu vas certainement dire que je me
répète, mais la pire menace pour la diversité des espèces vivantes, c’est la
destruction des milieux naturels par l’activité humaine.
Est-ce
que des mesures ont été prises pour limiter les dégâts?
Oui,
des mesures ont été mises en œuvre dans plusieurs pays pour protéger les
habitats naturels et pour surveiller l’évolution de la
biodiversité. Au
Québec par exemple, la Politique de protection des rives, du littoral et des
plaines inondables protège les écosystèmes aquatiques et, en conséquence,
toutes les formes de vie qui en dépendent. Quant à la Loi sur les
espèces menacées et vulnérables, elle a été adoptée pour mettre à l’abri
certaines espèces plus en difficulté en leur attribuant un statut spécial; on
dit alors que ces espèces sont « désignées »
menacées ou
vulnérables.
Y
a-t-il beaucoup d’espèces ainsi désignées au Québec?
Jusqu’à
ce jour, 12 espèces animales et 34 espèces végétales sont protégées par la loi.
Il arrive parfois que les chiffres en disent long sur l’état de nos écosystèmes.
Si je te disais que 50 % des plantes menacées ou vulnérables au
Québec croissent en milieu humide...
Tes
chiffres confirment, sans l’ombre d’un doute, que les milieux humides sont des
habitats à protéger! Allons observer les oiseaux qui fréquentent le marais!
D’accord!
Peut-être aurons-nous la chance de voir un pygargue à tête blanche! Le printemps
dernier, j’ai vu un spécimen de cette espèce désignée vulnérable. Il planait
très haut, ici-même, au-dessus du marais.
Canards Illimités :
« La société de conservation »
Canards Illimités, une organisation privée de conservation de la nature, s’est donné pour mission de conserver un vaste réseau de milieux humides, des habitats propices pour une faune et une flore très diversifiées. La survie de nombreuses espèces végétales et animales dépend directement de la présence des milieux humides et de leurs richesses. Ces écosystèmes sont aussi un rouage essentiel du cycle de l’eau à l’échelle de la Terre. Les milieux humides ont donc une valeur inestimable pour notre équilibre et celui de notre environnement. Canards Illimités propose des activités d’apprentissage aux moins de 17 ans. Son volet éducatif, qui inclut les programmes Adoptez-une-classe et Aile Verte, permet de mieux connaître les milieux humides, la faune qui les habite et les moyens à prendre pour les conserver. Pour plus d’information : |
Ouvrages de référence
DARVEAU, Marcel. « Destination : le marais Léon-Provancher », QuébecOiseaux, vol. 14, no 3, printemps 2003, p. 32-37.
GOUPIL, Jean-Yves. Protection des rives, du littoral et des plaines inondables : guide des bonnes pratiques, 2e éd., Québec, Environnement Québec, 2002, 170 p.
Année de publication : 2003