Portrait global de la qualité des eaux au
Québec
Édition 2000
Description des pressions sur le territoire
- Population humaine
- Agriculture
- Industrie
Population humaine
Répartition spatiale des pressions humaines sur le territoire
En moyenne, le Québec est caractérisé par une densité de population
très faible, soit 4,8 habitants/km2 (versus une moyenne de 16,6 pour
lAmérique du Nord et une moyenne mondiale de 40,1). Sur la base de ces seules
statistiques, la pression de la population sur les écosystèmes aquatiques semble minime.
Toutefois, de vastes territoires sont à peu près inhabités. La densité de la
population est de lordre de 0 à 50 habitants/km2 dans les régions
rurales, de 50 à 500 habitants/km2 dans les petites municipalités et de 500
à plus de 5000 habitants/km2 dans les agglomérations plus importantes. Donc,
la pression exercée par les rejets municipaux sur les cours deau est très inégale
à la fois en termes de répartition et dintensité.
Densité humaine dans les municipalités du Québec en 1996
Tendances temporelles des pressions humaines
De très nombreux facteurs influencent la qualité des eaux de surface.
Cette section présente l'impact et l'évolution temporelle de facteurs de pression
municipale qui ont influencé particulièrement la qualité des eaux de surface du Québec
méridional. Les programmes d'assainissement des eaux usées municipales ont permis de
réduire considérablement les rejets de phosphore, de matière organique (DBO5)
et de matières en suspension (MES). Les polluants d'origine industrielle sont aussi
traités par des stations d'épuration municipales puisqu'un grand nombre d'industries
sont actuellement reliées aux réseaux d'égouts municipaux.
Rejets de phosphore, de DBO5 et de MES dans les eaux
usées municipales (1980-1999)
Agriculture
Répartition spatiale des pressions agricoles sur le territoire
Malgré lindustrialisation et l'urbanisation qui ont sculpté le
paysage québécois, lagriculture occupe une partie importante du sud-ouest du
Québec, principalement des Basses-Terres du Saint-Laurent où on retrouve plus de la
moitié des sols à bon potentiel agricole. De plus, une partie importante des
terres du SaguenayLac-Saint-Jean, du pourtour de la péninsule gaspésienne et de
laxe Outaouais-Témiscamingue sont à vocation agricole. Les activités agricoles
intensives (culture du maïs et concentration des élevages) pratiquées dans le sud-ouest
du Québec contribuent à la dégradation de la qualité des cours deau.
Superficie en culture dans les municipalités du Québec en 1996
Tendances temporelles des pressions agricoles
Au Québec, comme ailleurs dans le monde, les activités agricoles constituent une
pression importante sur les écosystèmes aquatiques. Depuis les années 1950,
lagriculture a profondément changé. Les fermes sont maintenant moins nombreuses,
plus grandes et lagriculture y est pratiquée en mode intensif. De nombreux intrants
sont utilisés : les carburants, les pesticides et les engrais. Les pratiques actuelles de
fertilisation, de travail du sol et de drainage ont parfois un impact considérable
sur la qualité des cours deau. Les graphiques qui suivent montrent
lévolution temporelle de certaines pratiques reconnues pour avoir des impacts sur
les eaux de surface.
Engrais en azote et en phosphore
Lutilisation non optimale des engrais entraîne un enrichissement
parfois marqué en azote et en phosphore des eaux souterraines et de surface.
Lutilisation des engrais minéraux a atteint un sommet à la fin des années 1980.
L'emploi d'engrais phosphorés diminue lentement depuis le début des années 1990, ce qui
semble être une tendance généralisée dans les pays industrialisés. Toutefois, depuis
1996, l'utilisation des engrais azotés est à la hausse et a atteint une valeur maximale
en 1998. L'utilisation d'engrais minéraux est toujours importante dans les monocultures,
particulièrement le maïs et le soya, deux cultures en forte croissance depuis 1995.
Utilisation des engrais azotés et phosphorés (1966-1998)
Maïs
La culture du maïs a pris son essor au cours des années 1960 et a connu
une progression particulièrement forte entre 1976 et 1996. En 1999, on estime que la
culture du maïs couvre environ 21% du territoire cultivé (360 000 hectares). La culture
du maïs-grain se classe tout juste derrière la culture fourragère et au premier rang
dans la classe des céréales et des oléagineux, puisque le maïs-grain est cultivé sur
près de la moitié des superficies. Lessentiel de la production québécoise est
utilisé pour lalimentation animale. Toutefois, la production d'éthanol carburant
pourrait stimuler la production du maïs au Québec.
Superficie des terres agricoles utilisées à des fins de culture du
maïs (1966-1999)
La culture du maïs qui occupe 21 % des superficies cultivées reçoit
environ le tiers des pesticides utilisés au Québec et la moitié des pesticides
agricoles. De plus, les pratiques culturales employées dans les monocultures rendent les
sols vulnérables à lérosion. Les éléments fertilisants utilisés sont
lessivés, ruissellent et peuvent se retrouver dans les eaux de surface et souterraines.
La croissance de cette culture depuis 1995 risque ainsi d'entraîner des hausses des
teneurs en azote dans les eaux de surface.
Porc
Depuis 20 ans, la production porcine québécoise est devenue la plus
importante au Canada. L'industrie porcine de la Montérégie, de Chaudière-Appalaches et
de Lanaudière revendique 80 % du cheptel. Les impacts de cet industrie sont
principalement ressentis dans les bassins de la Chaudière, de la Yamaska et de
LAssomption. Ces impacts vont de la contamination microbiologique à la
contamination par la matière organique, lazote et le phosphore des eaux de surface
et souterraines. La contamination microbiologique des eaux de surface se produit par
ruissellement lors de lépandage des fumiers et des lisiers, particulièrement en
périodes de pluie. Elle peut évidemment limiter ou interdire les usages récréatifs des
cours d'eau et affecter la santé humaine quand l'eau contaminée sert de source d'eau
potable.
Les apports en azote et en phosphore provenant des fumiers et des lisiers
constituent une toute autre problématique. Ils contribuent au phénomène
deutrophisation. Toutefois, les méthodes et les périodes dépandage peuvent
moduler grandement leurs effets sur les cours deau. Par exemple, l'enfouissement du
lisier lors de l'épandage réduit les charges d'azote et de phosphore dans les eaux de
surface au même niveau que celles dun sol naturel sans épandage. La pollution
pourrait également être réduite en limitant les taux dépandage aux quantités
requises par les cultures et en évitant les épandages lors des journées pluvieuses. De
plus, des épandages au début de la période de croissance des cultures et en quantités
conformes à leurs besoins permettraient de réduire sensiblement les impacts négatifs de
la production porcine sur la qualité de leau.
Évolution temporelle du cheptel porcin (1950-1999)
L'évolution du nombre total de porcs montre une stabilisation relative du
cheptel après la période de forte croissance de 1976 à 1987. Toutefois, le nombre moyen
de porcs par ferme et le nombre de fermes porcines a continué d'évoluer de façon
marquée entre 1987 et 1996. Donc, pendant cette période, la production porcine s'est
fortement concentrée. Les impacts sur l'environnement et la qualité de l'eau, en
particulier, se sont accrus dans les bassins concernés.
Nombre moyen de porcs/ferme en fonction du nombre de fermes
déclarant des porcs (1976-1996)
Industrie
Répartition spatiale des pressions de l'industrie papetière sur le territoire
Les papetières, tout comme lensemble des industries se concentrent dans le
sud-ouest du Québec et au Saguenay -- Lac-Saint-Jean alors que les autres sont
dispersées dans les régions périphériques. Limpact de lindustrie des
pâtes et papiers sur la qualité de leau s'est grandement amélioré au fil des
ans. Traditionnellement, les papetières consommaient beaucoup d'eau et rejetaient
d'importantes quantités de DBO5 et de MES. Grâce aux améliorations
apportées aux procédés de production et d'épuration au cours des 20 dernières
années, on observe une baisse de 95% de la DBO5 et de 85% des MES rejetées
par les papetières. Depuis 1983-1988, l'industrie des pâtes et papiers est soumise à
une réglementation environnementale spécifique et contraignante. De plus, à partir de
1995, la très grande majorité des papetières doivent rencontrer des normes
moyennes de rejets de 8 kg/tonne de MES
et de 5 kg/tonne de DBO5.
Localisation des usines de pâtes et papiers au Québec
Tendances temporelles des pressions de l'industrie
papetière
Le secteur des pâtes et papiers fait lobjet dune réglementation et
dun suivi rigoureux. Depuis le début des années 1980, les rejets de DBO5
et de MES imputables à cette industrie ont grandement diminué. Au cours des années
1980, lindustrie des pâtes et papiers sest graduellement dotée
dinstallations de traitement des eaux usées. Les procédés mis en place visaient
principalement la réduction de la DBO5 et des MES. La charge globale imputable
à cette industrie a donc diminué significativement depuis1981. L'année 1995 est une
année charnière dans le traitement des eaux usées des papetières. Le traitement
secondaire des eaux usées, réalisé depuis 1995, réduit encore davantage la quantité
de DBO5 rejetée dans les écosystèmes aquatiques. Ces actions
ont permis de réduire la toxicité aiguë des effluents des papetières.
Évolution des rejets de DBO5 et de MES des papetières
québécoises (1981-1997)
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