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Les technologies propresFiche no 4 - Secteur agro-alimentaire
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Importance relative des rejets des abattoirs de volailles du Québec | |||||
Tous les abattoirs du Québec | Abattoirs de volailles | ||||
Nombre | Charge organique kg/jour |
Population équivalente |
Nombre | Charge organique kg/jour |
Population équivalente |
231 | 16 000 | 295 000 | 38 | 8 500 | 157 000 |
Labattage de volailles représente 53 p. 100 de la charge organique rejetée par tous les abattoirs du Québec.
Lutilisation de leau
Dans un abattoir de volailles, leau est utilisée à presque toutes les étapes du procédé de production :
Labattage dun poulet entraîne en moyenne la consommation de 20 litres deau et le rejet de 21 grammes de DBO5 (la demande biochimique en oxygène, un paramètre représentant la charge organique). Ainsi, un établissement-type au Québec, qui abat 25 000 poulets par jour, rejette environ 500 000 litres deaux usées par jour et 525 kilogrammes de DBO5 ; ceci équivaut aux rejets organiques de quelque 10 000 personnes.
L'abattoir de Saint-Félix-de-Valois
Labattoir de volailles que la Coopérative fédérée de Québec exploite à Saint-Félix-de-Valois a une production variée. On y abat quotidiennement plus de 23 000 volailles, dont des poulets à griller, des gros poulets et des poules pondeuses. Il utilise chaque jour près de 500 000 litres deau et déverse à légout municipal une charge organique de 400 kilogrammes de DBO5.
Pourquoi labattage des poules pondeuses est-il plus polluant?
Deux ou trois jours par semaine, le volume dabattage compte environ 10 000 poules pondeuses. Les poules contiennent des oeufs et des jaunes dufs, qui, à létape de léviscération, se dissolvent dans leau de transport des viscères. On évalue ainsi que, pour chaque 100 poules abattues, plus de trois litres de jaunes dufs sont ainsi déversés dans leau à traiter. Cet apport augmente considérablement la charge organique en la faisant passer de 400 à 2 100 kilogrammes de DBO5 par jour, ce qui équivaut aux rejets organiques dune ville de 34 000 habitants.
La difficulté dun traitement conjoint
Cest en octobre 1985 que la Coopérative fédérée de Québec et le ministère de lEnvironnement se sont entendus sur la mise en place dun programme complet dassainissement des eaux usées de labattoir de Saint-Félix de-Valois. Comme ce dernier rejetait ses eaux usées dans les égouts municipaux, le traitement de cet effluent a été abordé dans le contexte plus global du programme dassainissement des eaux usées de la municipalité de Saint-Félix-de-Valois. Des pourparlers se sont alors engagés entre labattoir et la municipalité pour la mise en place dune station dépuration conjointe.
Dès lors, il est apparu nécessaire que labattoir prétraite ses effluents, avant leur rejet dans légout municipal. En effet, la présence dhuiles et de graisses ainsi que les fortes fluctuations de la charge organique lors des jours dabattage des poules pouvaient compromettre lefficacité des équipements municipaux dépuration.
Or, les systèmes de prétraitement physico-chimique habituellement utilisés dans les abattoirs de volailles ne peuvent garantir un enlèvement efficace des protéines provenant des jaunes dufs. Il aurait alors fallu ajouter à ce système un prétraitement biologique, ce qui aurait presque doublé les frais dinstallation des équipements de prétraitement. La solution du traitement conjoint posait ainsi un problème majeur.
La Coopérative fédérée a par ailleurs envisagé la possibilité de traiter elle-même au complet son effluent. Les difficultés techniques de lopération restaient cependant les mêmes et la mise en place dune infrastructure aurait augmenté considérablement les frais dabattage, réduisant ainsi la compétitivité de lentreprise. La compagnie a estimé à 1 500 000 $ les frais dinstallation dun tel système.
Bilan
de la pollution selon le mode de transport des viscères |
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Paramètres |
Moyenne du |
Coopérative
fédérée de Québec Saint-Félix-de-Valois |
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Transport |
Transport par eau |
Transport
à sec |
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sans poule* | sans poule* | avec poule* | sans poule* | avec poule* | |
Demande biochimique en oxygène (DBO5) | 15,5 | 17,1 | 39,5 | 8,2 | 11,0 |
Matières en suspension (MES) | 10,9 | 9,7 | 25,8 | 7,8 | 9,4 |
Huiles et graisses | 5,1 | 3,7 | 7,0 | 2,1 | 2,5 |
* Il sagit ici de poules pondeuses.
Le transport à sec des viscères
Une solution logique et originale
La réduction à la source de la charge polluante sest avérée la solution la plus économique, tout en étant la plus prometteuse en ce qui a trait à lefficacité globale du processus dépuration. Il devenait dès lors possible de régulariser la charge polluante et de la ramener du même coup à un niveau acceptable.
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On a réalisé cette réduction à la source en éliminant le recours à leau comme moyen de transport des viscères. Lancien système à eau courante a été remplacé par un réseau de conduites sous vide qui aspirent les viscères à partir des tables déviscération et les amènent directement au conteneur de récupération des rebuts non comestibles. Ce réseau de conduites a pu être installé sur une ligne de production déjà existante (voir schéma).
Le recours à un système de transport à sec réduit de façon considérable la contamination de leffluent de lusine. En effet, leau de procédé nentre presque plus en contact avec les viscères ou leur contenu.
Ceci élimine du même coup le problème spécifique lié à labattage des poules ; les ufs et les jaunes dufs contenus dans les viscères sont maintenant complètement récupérés et leur effet sur la charge polluante de leffluent devient pratiquement nul. On peut alors revaloriser cette matière en la transformant en nourriture animale.
En récupérant à sec les viscères, la Coopérative fédérée réduit de façon déterminante sa charge polluante, les jours dabattage de poules. La DBO5 est réduite de quelque 75 p. 100, alors que les matières en suspension ainsi que les huiles et graisses sont chacune diminuées denviron 65 p. 100. |
La mise en place dun système de transport à sec des
viscères a eu un effet direct sur la charge organique de leffluent de
labattoir. Pour les jours dabattage de poules, la charge est réduite de plus
de 70 p. 100, ce qui la ramène bien en deçà de celle dun abattoir qui nabat
pas de poules. Et plus encore, pour les jours sans abattage de poules, la charge polluante
a diminué de plus de 75 p. 100. Grâce à linstallation dun tel système de transport à sec des viscères, leau nest plus utilisée quen des points de la ligne dabattage où elle est vraiment nécessaire. |
La direction de labattoir a également mis en place dautres mesures en vue de limiter le volume deau à traiter. Labattoir est alimenté en eau à partir dun puits qui fonctionne sans arrêt à un débit constant pour assurer une eau de qualité. Autrefois, toute leau provenant du puits était rejetée à légout, quelle soit utilisée ou non dans le procédé dabattage. Aujourdhui, un système automatique contrôle lalimentation en eau de la ligne de production, selon les besoins ; leau non utilisée est rejetée directement au cours deau.
Enfin, la Coopérative fédérée a aussi implanté les mesures de réduction à la source usuelles dans les abattoirs de volailles, soit :
Des avantages concrets et multiples
Les différentes mesures implantées par la Coopérative coopérée de Québec à son abattoir de Saint-Félix-de-Valois ont un impact positif sur plusieurs plans. Voici quelques exemples :
En ayant recours au transport à sec des viscères, labattoir élimine les fluctuations majeures de la charge organique contenue dans effluent. Ceci permet à la station municipale dassurer, de façon constante, un traitement adéquat de leffluent. Par voie de conséquence, cette technologie permet également de diminuer le rejet au cours deau dazote, dammoniaque et dagents fertilisants, ce qui limite la formation dalgues et de plantes aquatiques.
En comparant les coûts évalués des deux scénarios de prétraitement de leffluent, on constate quil en coûte 320 000 $ de moins en frais de capitalisation, en optant pour une formule qui mise sur des technologies de réduction à la source. Même constat pour les frais reliés au fonctionnement des équipements dassainissement, qui se trouvent réduits de 27 000 $ par année. Quant au traitement complet des eaux usées à labattoir, il aurait représenté des investissements de lordre de 1 500 000 $.
Cet abaissement des coûts de fonctionnement est attribuable à la diminution de la consommation en produits chimiques et en énergie. De plus, à cette économie sajouterait celle reliée à la réduction des quantités de boues à éliminer.
Par ailleurs, la récupération par le transport à sec permet la revalorisation des ufs, jaunes dufs et viscères comme supplément alimentaire pour animaux.
Coûts comparatifs, par scénario dassainissement | |||
Coûts | Traitement
complet à labattoir |
Traitement conjoint | |
Prétraitement
sans technologies propres |
Prétraitement
avec technologies propres |
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Capitalisation ($) |
1 500 000 | 300 000 (traitement physico-chimique) |
100 000 (réaménagement du traitement physico-chimique) |
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200 000 (traitement biologique) |
80 000 (transport à sec) |
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Total | 1 500 000 | 500 000 | 180 000 |
Fonctionnement* ($ par an) |
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4 000 | 20 000 | 4 000 |
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6 000 | 15 000 | --- |
Total | 10 000 | 35 000 | 4 000 |
* Cette évaluation exclut les coûts reliés à la main-duvre et à lélimination des boues résiduaires.
En récupérant à sec les viscères, lusine facilite dautant le nettoyage des puits de pompage des eaux usées, où saccumulaient de fortes quantités de graisses.
Lemploi de technologies propres a contribué à améoliorer les conditions de travail. En rendant le procédé plus propre, on maintient un milieu de travail plus agréable et plus sécuritaire.
La Coopérative fédérée a démontré lefficacité de son système de récupération à sec des viscères à son établissement de Saint-Félix-de-Valois. Il sagit en quelque sorte dune première pour lentreprise. La Coopérative élabore maintenant un projet pour appliquer cette technologie propre dans un certain nombre de ses autres établissements.
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