Bassin versant de la rivière Boyer -1998
La pollution agricole... il faut y voir sérieusement (suite)
Des pressions qui perturbent le milieu
Trop de fertilisants qui rejoignent le fleuve
Les fertilisants employés sur les terres en culture exercent des
pressions environnementales sérieuses dans le bassin de la rivière Boyer. Annuellement,
les activités agricoles génèrent des excédents de 317 tonnes de phosphore et de 630
tonnes d'azote par rapport aux prélèvements par les plantes. Si on compare ces
quantités aux rejets urbains, soit 0,7 tonne de phosphore et 16,8 tonnes d'azote, on
comprend que l'enrichissement des cours d'eau du territoire en substances nutritives
découle principalement des activités agricoles.
À l'embouchure du bassin, on estime que les pertes nettes de substances nutritives qui
se jettent directement dans le fleuve s'élèvent à 20 tonnes pour le phosphore et à 365
tonnes pour l'azote. Le tonnage de phosphore et d'azote perdu est susceptible de
s'accroître avec la progression constante du cheptel dans le bassin.
L'enrichissement important des eaux en substances nutritives généré par
les activités agricoles provoque, durant l'été, le développement rapide des algues et
des plantes aquatiques dans les cours d'eau: c'est l'eutrophisation. Dans le bassin de la
rivière Boyer, des changements majeurs dans la communauté de diatomées et une
diminution du nombre d'espèces sensibles à la pollution ont été notés.
Des pertes de sol par érosion
En plus de diminuer la productivité des sols, l'érosion hydrique des
terres cultivées contribue à la dégradation des cours d'eau par l'apport de matières
en suspension. Les sols laissés à nu après les labours à l'automne, par exemple,
deviennent plus sensibles aux processus d'érosion engendrés par l'eau ou par le vent. Un
labour effectué dans le sens de la pente augmente aussi les risques d'érosion en
favorisant l'écoulement rapide des eaux.
L'apport de matières en suspension et de substances nutritives au
cours d'eau est accentué par l'élimination de la végétation le long des rives.
Dans le bassin de la rivière Boyer, les pertes de sol peuvent varier de 1
à 11 tonnes à l'hectare par année. Rappelons que la limite acceptable pour le maintien
de la productivité des sols se situe à 4 tonnes de perte à l'hectare. Les particules de
sol arrachées aux champs comptent pour 78 % des sédiments trouvés dans certaines
sections des cours d'eau du bassin.
Berge érodée à la suite d'une crue importante.
Les travaux de reprofilage et de redressement des cours d'eau réalisés
surtout entre 1960 et 1984 sur 73 % du réseau hydrographique ont considérablement
modifié le régime d'écoulement des eaux. En période de crues printanières, notamment,
l'eau s'écoule à grande vitesse et acquiert une puissance capable d'arracher et de
transporter les matériaux meubles. En plus d'accentuer les problèmes d'érosion, ces
aménagements ont eu pour effet de détériorer ou même de détruire des écosystèmes
aquatiques de grande valeur.
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