Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
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Information sur la présence d’animaux dans les lieux de compostage industriel

Foire aux questions

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  1. Les lieux de compostage industriel attirent-ils les animaux?
  2. Les lieux de compostage attirent-ils les oiseaux en grand nombre?
  3. Qu’est-ce qui influence la présence d’animaux dans un lieu de compostage?
  4. Certains types de résidus organiques attirent-ils davantage les animaux dans les lieux de compostage?
  5. Arrive-t-il que des résidus non alimentaires attirent un nombre significatif d’oiseaux?
  6. Les odeurs de résidus de nourriture destinés au compostage ou en cours de compostage peuvent-elles attirer les oiseaux?
  7. Quelle est la différence entre un lieu de compostage et un autre lieu de gestion de matières résiduelles en ce qui concerne la présence d’oiseaux?
  8. Le compostage des résidus de table dans un bâtiment fermé permet-il d’éviter la présence d’animaux et d’oiseaux?
  9. Les oiseaux pourraient-ils suivre les camions de collecte des résidus de table?
  10. Qu’est-ce que le risque aviaire?
  11. Quelles sont les autorités compétentes au Canada en ce qui concerne le risque aviaire?
  12. Existe-t-il au Canada ou ailleurs dans le monde des lieux de compostage établis dans les environs des aéroports?
  13. Faut-il informer les gestionnaires d’un aéroport si on souhaite implanter un lieu de compostage près de celui-ci?
  14. Est-il possible de contrôler la présence d’oiseaux sur le terrain d’un site de traitement ou d’enfouissement de matières résiduelles?
  15. Qu’en est-il des sites de biométhanisation en ce qui concerne la présence d’animaux?

1. Les lieux de compostage industriel attirent-ils les animaux?

Des oiseaux et des mammifères peuvent parfois être observés dans les lieux de compostage industriel. Les espèces d’oiseaux qu’on peut y retrouver sont celles habituées à vivre proches de l’humain, par exemple les goélands, les étourneaux, les corneilles, les corbeaux et les pigeons. Parmi les mammifères, on peut noter la présence de moufettes, de ratons laveurs et de chevreuils et, bien qu’ils soient très rarement visibles, de rats et d’autres petits rongeurs.

Au Québec, l’obtention d’un certificat d’autorisation pour l’exploitation d’un lieu de compostage est encadrée depuis 2008 par des lignes directrices qui obligent les exploitants à garder les lieux propres en tout temps afin de limiter les odeurs et l’attraction d’insectes, d’animaux et d’oiseaux. L’exploitant est ainsi tenu « de prendre les mesures nécessaires pour prévenir ou supprimer toute invasion d’animaux nuisibles sur le lieu et à ses abords ». Cette exigence se concrétise par la mise en œuvre d’un programme de contrôle de la vermine dans les grands lieux de compostage.

Deux études réalisées dans le nord de l’Ohio, entre 1991 et 1994, ont montré que les installations de compostage extérieur en andains n’attiraient pas plus les goélands et les autres espèces d’oiseaux que des lieux témoins (Gabrey et al, 1994 ; Gabrey, 1997). De plus, les auteurs rapportent que la présence de petits mammifères et de rapaces sur les lieux de compostage de résidus verts échantillonnés était moins importante que sur les terrains de référence. Cependant, pour un des sites de compostage échantillonnés, la présence plus élevée de rats suggérait que des méthodes de contrôle spécifique à cette nuisance seraient requises.

2. Les lieux de compostage attirent-ils les oiseaux en grand nombre?

Il n’existe pas d’étude scientifique basée sur un dénombrement d’oiseaux qui permettrait d’estimer l’importance de leur présence dans les lieux de compostage au Québec. Cependant, des recherches effectuées aux États-Unis et en Europe révèlent que des oiseaux sont présents dans ces lieux, mais que leur nombre est limité. On en dénombre même moins que dans des sites témoins ou dans d’autres lieux de gestion des matières résiduelles. Questionnées sur le sujet, les directions régionales du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs ont répondu qu’elles n’avaient observé aucun lieu de compostage qui attirait un nombre significatif d’oiseaux, à part quelques-uns, qui étaient localisés sur le terrain d’un lieu d’enfouissement de matières résiduelles et situés près d’un cours d’eau d’importance. Un lieu de compostage particulièrement achalandé par les oiseaux a été identifié en milieu maritime. L’attraction des oiseaux serait amplifiée par la présence de résidus marins et par la coexistence, sur le lieu, d’un étang d’aération pour le traitement des eaux usées et d’un centre de transfert à ciel ouvert.

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3. Qu’est-ce qui influence la présence d’animaux dans un lieu de compostage?

Lieux de compostage
 Photo 1 - Un andain sur un lieu de compostage recevant des résidus de table, au Québec. Les goélands semblent utiliser davantage les piles pour se reposer ou pour observer les lieux que pour se nourrir.

Il existe peu d’études scientifiques traitant de la présence d’animaux dans les lieux de compostage. Cependant, les observations faites sur les lieux de compostage en activité au Canada permettent de dégager certains éléments déterminants dans l’attraction de la faune dans ces lieux, soit la présence de résidus de table facilement accessibles, le type de bâtiment et l’environnement du lieu.

Au Québec, sur les lieux de compostage de résidus alimentaires en andains extérieurs, il est possible d’observer des animaux lorsque ces résidus sont entreposés à l’air libre ou qu’ils sont laissés à la surface des piles. Par exemple, un site en milieu maritime où des carcasses de crustacés sont temporairement entreposées à l’air libre reçoit la visite de goélands argentés. Cependant, dans les lieux de compostage extérieur recevant des boues d’épuration municipales, des résidus de jardin ou tout autre résidu non alimentaire, peu de goélands ou d’animaux sont présents.

La probabilité d’observer des animaux dans les lieux de compostage est liée au type d’installation utilisée. Les lieux où le compostage se fait sous une toile (photo 2) ou dans un bâtiment fermé (photo 5) attirent très peu d’animaux. Toutefois, le compostage effectué sur une plate-forme abritée ou dans un bâtiment dont les portes demeurent ouvertes offre des conditions propices à l’établissement de pigeons et d’étourneaux à l’intérieur du bâtiment, ces derniers profitant ainsi d’un abri et de chaleur durant toute l’année. Les fientes de ces oiseaux, qui nichent en hauteur dans ces structures, peuvent nuire aux activités du centre de compostage. Pour éviter ces nuisances, ces oiseaux font généralement l’objet d’un contrôle spécifique.

La présence et le type d’animaux qu’on retrouve dans les lieux de compostage semblent fortement influencés par les caractéristiques du milieu environnant, dont la présence d’habitats favorables. Par exemple, un lieu extérieur en milieu forestier qui reçoit fréquemment des restes de boulangerie attire parfois des chevreuils, alors qu’un autre lieu de compostage, situé sur le terrain d’un site d’enfouissement, est visité par des goélands de passage à ce site.

Lieu de compostage
Photo 2 - Un lieu de compostage sous toile, en Ontario. À gauche, une pile de matières en cours de compostage; à droite, un nouvel andain avant son recouvrement. Au fond du lieu, on aperçoit des tas de compost mature tamisé.

4. Certains types de résidus organiques attirent-ils davantage les animaux dans les lieux de compostage?

Certains types de résidus organiques sont plus attractifs que d’autres. Les résidus de viande, de produits laitiers, de poissons ou de fruits de mer peuvent, dans certaines conditions, attirer des animaux si aucune mesure de contrôle n’est mise en œuvre. Plusieurs lieux de compostage en activité au Québec ne reçoivent pas ces types de résidus et ne sont pas réputés attirer des goélands ou d’autres types d’animaux. Les résidus moins attractifs pour les animaux sont les rognures de gazon, les feuilles, les biosolides municipaux, les boues d’abattoir et les rejets de pâtes et papiers. En ce qui concerne les digestats de biométhanisation, aucun cas d’attraction d’animaux ou d’oiseaux n’a été rapporté à ce jour en Europe et ailleurs dans les lieux de compostage.

5. Arrive-t-il que des résidus non alimentaires attirent un nombre significatif d’oiseaux?

Des tas de résidus organiques d’origine non alimentaire laissés à l’abandon peuvent entrer en compostage et générer de la chaleur. Par exemple, dans les années 1990, on a pu observer que des tas de résidus organiques d’une usine de pâtes et papiers de Québec ont servi de lieu de nidification à un groupe de 45 000 oiseaux dont certains restaient même durant l’hiver en raison de la chaleur générée par le compostage. Ces conditions ne sont pas observées dans les lieux de compostage en activité, car les piles sont régulièrement retournées.

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6. Les odeurs de résidus de nourriture destinés au compostage ou en cours de compostage peuvent-elles attirer les oiseaux?

Pour le moment, il n’existe ni démonstration basée sur un cas réel, ni étude scientifique permettant de démontrer que les odeurs de nourriture peuvent, à elles seules, sans présence d’aliments accessibles, attirer les goélands ou d’autres espèces d’oiseaux de manière à créer une nuisance. Bien qu’il soit possible que les odeurs de déchets puissent attirer l’attention d’espèces d’oiseaux détritivores, par exemple les corneilles, et les encourager à survoler ou à s’approcher de la source de ces odeurs, les oiseaux ne s’y attarderont pas s’ils n’ont pas accès à de la nourriture.

7. Quelle est la différence entre un lieu de compostage et un autre lieu de gestion de matières résiduelles en ce qui concerne la présence d’oiseaux?

Les sites d’enfouissement qui n’ont pas mis en œuvre un plan d’effarouchement sont visités par des milliers d’oiseaux chaque jour. En outre, les sites de transfert de matières résiduelles en plein air ou sous des bâtiments peuvent attirer des centaines d’oiseaux, comme le rapporte une étude réalisée sur une trentaine de sites de transfert aux Etats-Unis (Washburn, 2012). Dans le cas des lieux de compostage, les observations sur le terrain n’ont permis de dénombrer qu’un nombre limité d’oiseaux, allant d’aucuns à quelques dizaines dans la plupart des cas.

Une étude effectuée de 1991 à 1992 a comparé quatre différents types d’installations de gestion de matières résiduelles, soit des lieux de dépôt de matériaux de construction, des sites d’enfouissement, des lieux de transfert et des installations de compostage en andains extérieurs (Caccamise et al, 1996). Bien que les deux installations de compostage aient été situées à moins de 300 mètres de sites d’enfouissement accueillant plusieurs dizaines de milliers d’oiseaux, la quantité d’oiseaux dénombrés sur les lieux de compostage était faible. En comparaison avec les lieux témoins, le nombre d’individus de chacune des espèces était inférieur sur les sites de compostage, à l’exception de la corneille d’Amérique (moyenne de 91). Les auteurs en concluent donc que les piles de compost attirent très peu les oiseaux, mais que les corneilles peuvent les considérer comme une source de nourriture et un lieu d’interaction sociale.

Selon des études réalisées en 1993-1994 en Ohio, aux États-Unis, les installations de gestion de matières organiques autres que les sites d’enfouissement n’attiraient pas plus les oiseaux que le terrain vacant ou le boisé utilisé comme témoins (Gabrey, 1997).

Lieu de gestion de matières résiduelles   Centre de compostage   Lieu de compostage
Photo 3 - Certains sites de transfert de matières résiduelles peuvent attirer un nombre significatif d’oiseaux. Ici, on voit un site, dans le sud du Québec, où aucune méthode d’effarouchement active n’est utilisée. Des goélands entrent par les portes de réception pour se nourrir des matières résiduelles ménagères. De plus, des matières résiduelles organiques laissées au pourtour du bâtiment sont facilement accessibles par les oiseaux (photo prise le 21 avril 2009).    Photo 4 - Un lieu de compostage recevant des résidus de table au Québec (photo prise le 16 juin 2011).   Photo 5 - Centre de compostage dont les activités sont réalisées dans un bâtiment fermé, à Brampton, dans la région de Peel, en Ontario. Ces portes demeurent ouvertes pendant les activités. Ce centre accueille plus de 60 000 tonnes de résidus de table et de résidus verts chaque année. Au Québec, selon les lignes directrices, une installation ayant obtenu un certificat d’autorisation pour exploiter en bâtiment fermé avec ventilation à pression négative et traitement de l’air vicié aura l’obligation de se conformer à l’exigence d’une exploitation avec les portes fermées et devra utiliser un système de sas pour la réception des matières organiques.

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8. Le compostage des résidus de table dans un bâtiment fermé permet-il d’éviter la présence d’animaux et d’oiseaux?

Dans les installations de compostage en bâtiment fermé, il est possible de maintenir une pression négative afin d’empêcher les échanges d’air. Ces installations sont équipées d’un système de traitement de l’air vicié et comprennent un sas qui isole la zone de traitement des matières de l’extérieur. De tels lieux permettent une gestion optimale des odeurs et des autres nuisances potentielles. Ce type d’installations existe en Ontario et, pour aucune d’elles, il n’a été utile de mettre en place un système d’effarouchement des oiseaux. Cependant, un système de contrôle de la vermine est généralement implanté lorsque des résidus de table y sont acceptés ou que des matières recyclables sont gérées dans le même édifice. À l’instar de ceux de l’Ontario, les lieux de compostage fermés autorisés au Québec en vertu des lignes directrices en vigueur depuis 2008 doivent être exploités dans des conditions qui limitent la présence d’animaux et d’oiseaux. Cette exigence implique notamment que l’exploitation se déroule dans des bâtiments dont les portes sont fermées.

9. Les oiseaux pourraient-ils suivre les camions de collecte des résidus de table?

Un tel comportement chez les oiseaux n’a jamais été documenté au Québec ou en Ontario en ce qui concerne la collecte de matières résiduelles organiques, ni celle des matières résiduelles mélangées.

Selon des spécialistes du comportement aviaire questionnés sur la question, des odeurs ne peuvent à elles seules, sans présence d’aliments, attirer les oiseaux. Les camions de collecte des résidus organiques sont étanches, ce qui limite les odeurs et empêche que des liquides se répandent sur la route. Ainsi, les restes d’aliments ne sont pas accessibles aux oiseaux durant la collecte. Il n’y a donc pas à craindre que des oiseaux poursuivent des camions de résidus organiques.

10. Qu’est-ce que le risque aviaire?

Le « risque aviaire » ou « péril aviaire » désigne le risque de collision entre des aéronefs et des oiseaux. Ces impacts survenant à grande vitesse peuvent causer des dommages structuraux ou une perte de puissance des moteurs. Les collisions avec les oiseaux sont à l’origine d’accidents aériens, de pertes matérielles et de perturbations de l’activité aérienne.

Plusieurs espèces d’oiseaux ont été impliquées dans des collisions avec des avions par le passé. La taille et le comportement des oiseaux déterminent le niveau de risque que présente leur espèce. Ainsi, les oiseaux qui se déplacent en grand nombre ou qui sont capables d’effectuer des vols libres, comme les rapaces, de même que les espèces qui préfèrent les grands espaces gazonnés ou qui parcourent de grandes distances pour se nourrir, présentent un risque aviaire plus élevé. Bien que les goélands et les mouettes constituent le groupe d’espèces le plus impliqué dans les collisions, les oiseaux de grande taille tels que les oies présentent un niveau de risque supérieur. Les incidents impliquant la faune aviaire ont été recensés tout au long de l’année. Cependant, la fréquence des impacts demeure plus élevée de juillet à septembre, une période où l’élevage des petits est généralement terminé.

Aux États-Unis, l’Administration de l’aviation fédérale signale 23 décès de civils dus à des collisions de 1990 à 2008, une période où plus de 100 000 incidents impliquant la faune ont été rapportés. En comparaison, plus de 70 000 vols chaque jour permettent le transport de plus de 750 millions de passagers annuellement aux États-Unis. Au Canada, aucune collision d’aéronef avec des oiseaux n’a causé de perte de vie humaine.

Selon Transports Canada, dans l’ensemble de l’Amérique du Nord, les collisions avec les oiseaux sont responsables de pertes financières directes et indirectes de l’ordre de 500 millions de dollars (TP 13549F). Ces pertes sont assumées en grande partie par les compagnies aériennes et par les aéroports. Selon le dernier bilan disponible, en 2009, près de 94 % des impacts avec des oiseaux répertoriés au Canada n’ont généré aucune conséquence sur l’activité aérienne. Le Québec demeure la province où le nombre de collisions signalées est le plus faible, soit 95.

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11. Quelles sont les autorités compétentes au Canada en ce qui concerne le risque aviaire?

La question du risque aviaire concerne plusieurs ordres de gouvernance ayant chacun des responsabilités et des droits respectifs. Il s’agit essentiellement de ministères fédéraux, à savoir Transports Canada et Environnement Canada, des aéroports et des municipalités, et ce, en fonction des compétences qui leur sont octroyées par le gouvernement du Québec. Chacune des autorités concernées doit obligatoirement travailler de manière coordonnée et adaptée en fonction des réalités géographique, économique, sociale et environnementale des aéroports touchés.

Transports Canada : Ce ministère demeure la première référence au chapitre du risque aviaire. Il administre la Loi sur l’aéronautique qui habilite le gouvernement à réglementer dans le domaine de l’aviation civile, de la sécurité et de la sûreté aériennes. C’est la Section du contrôle de la faune de la Direction des aérodromes et de la navigation aérienne qui est chargée de coordonner la gestion de la faune dans l’ensemble des aéroports canadiens. Après consultation des différentes parties impliquées, le gouvernement peut mettre en vigueur des règlements de zonage aéroportuaire (RZA) à l’extérieur des limites de l’aéroport afin de garantir que les usages des terrains soient compatibles avec les activités aéroportuaires.

Le Règlement de l’aviation canadien, le document consultatif complémentaire à ce règlement intitulé Plan de gestion de la faune à l’aéroport et les lignes directrices de Transports Canada intitulées Utilisation des terrains au voisinage des aéroports fournissent certaines normes et recommandations visant à limiter les risques aviaires. Ces documents s’adressent en premier lieu aux gestionnaires d’aéroports, mais ils pourraient aussi être utiles aux promoteurs dont les projets sont susceptibles d’attirer des animaux dans le voisinage des aéroports.

Environnement Canada : Les méthodes de gestion de la faune impliquent généralement le contrôle de nombreuses espèces d’oiseaux, dont certaines, comme les goélands et les oies, sont protégées depuis 1916 en vertu de la Loi sur la convention concernant les oiseaux migrateurs. Le Service canadien de la faune est chargé de l’application de cette loi.

Aéroports : Alors que la surveillance de la sécurité et de la règlementation des aéroports est assurée par Transports Canada, l’exploitation de la plupart des aéroports canadiens, notamment en ce qui concerne la lutte contre le péril aviaire, est de la responsabilité des administrations aéroportuaires locales. Les aéroports ont compétence sur l’utilisation des terrains et sur la nature des activités menées à l’intérieur de leur propriété. Le Règlement de l’aviation canadien découlant de la Loi sur l’aéronautique permet également aux aéroports d’élaborer et de soumettre à l’approbation de Transports Canada un RZA interdisant les utilisations jugées dangereuses, et ce, dans un périmètre de huit kilomètres établi selon un point de référence à l’aéroport. Selon la nouvelle réglementation, la plupart des aéroports certifiés doivent élaborer et mettre en œuvre un plan de gestion de la faune adapté. Ce plan est élaboré à la suite d’une analyse du risque et d’une étude écologique menée sur une période d’un an. Cette étude doit porter plus particulièrement sur les espèces aviaires qui présentent le plus de risques. Les plans de gestion de la faune doivent indiquer toute installation de traitement ou d’élimination de matières résiduelles, y compris les centres de compostage situés sur le territoire des aéroports et à leurs abords.

Municipalités : Au Québec, le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire (MAMROT) agit en tant que responsable de l'organisation municipale et du développement régional. Il administre la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU) qui établit le cadre de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme en fonction des divers niveaux d’intervenants impliqués, soit le gouvernement, les communautés métropolitaines, les municipalités régionales de comté (MRC), les municipalités locales et les arrondissements.

En vertu de la LAU, les municipalités déterminent l’organisation physique du territoire dans un schéma d’aménagement et de développement (SAD) ou dans un plan métropolitain d’aménagement, selon qu’il s’agit d’une MRC ou d’une communauté métropolitaine. Ce document sert de lignes directrices pour l’organisation territoriale de la municipalité et permet, entre autres, d’harmoniser la planification et l’emplacement des équipements collectifs comme les installations de gestion de matières résiduelles. Il peut aussi décrire l'organisation du transport maritime et aérien en indiquant les modalités de l'intégration dans le système de transport. Par ailleurs, en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE), administrée par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, les municipalités régionales sont tenues d’établir un plan de gestion des matières résiduelles. Ce plan doit comprendre un recensement des installations de récupération, de valorisation ou d’élimination présentes sur le territoire.

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12. Existe-t-il au Canada ou ailleurs dans le monde des lieux de compostage établis dans les environs des aéroports?

Au Canada, on trouve des lieux de compostage extérieurs et dans des bâtiments fermés dans le voisinage d’aéroports régionaux et internationaux. Certains sont compris dans la zone dite « de péril aviaire », une zone située à l’extérieur des terrains d’un aéroport, mais que celui-ci considère comme sensible en ce qui concerne la sécurité du trafic aérien. Parmi ces centres, aucun de ceux dont les activités sont faites dans des bâtiments fermés n’a eu recours à un programme pour effaroucher les oiseaux à l’extérieur.

Brampton, région de Peel, en Ontario : Peel Integrated Waste Management Facility
Type : Compostage effectué dans un bâtiment fermé, dans des cellules de compostage étanches avec traitement de l’air vicié. Les portes du bâtiment demeurent ouvertes durant les opérations.

L’installation de gestion intégrée des déchets de la région de Peel comprend à la fois un centre de tri de matières recyclables, un centre de transfert de déchets et une section réservée au compostage des résidus organiques domestiques. Ce centre est situé à trois kilomètres des pistes de l’aéroport international de Pearson et il reçoit plus de 60 000 tonnes de matières organiques domestiques par an (photo 5). Ce centre ne dispose d’aucun système pour effaroucher les goélands.

Région de Guelph et de Waterloo, en Ontario : Organic Waste Processing Facility
Type : Compostage effectué dans un bâtiment fermé, dans des tunnels de compostage fermés, avec traitement de l’air vicié du bâtiment. Les portes demeurent fermées durant les opérations.

La nouvelle installation de la ville de Guelph, ouverte en 2011, a été bâtie en 2011 au même emplacement qu’un précédent centre de compostage exploité de 1996 à 2006. D’une capacité de traitement de 33 000 tonnes de résidus organiques domestiques, ce centre est localisé à un kilomètre de l’aéroport de Guelph. Lors de la planification du premier centre de compostage, en 1993, de nombreuses séances de consultation et des discussions animées ont eu lieu. Ce projet suscitait des inquiétudes, notamment à propos du risque aviaire. Une étude basée sur la quantification des oiseaux a été entreprise avant la construction et n’a pas conduit à l’adoption de mesures d’effarouchement. On ne rapporte aucun problème d’attraction d’oiseaux sur ce lieu de compostage depuis le début des activités.

Région de San Diego, en Californie, aux États-Unis : San Diego Miramar Landfill
Type : Compostage en andains extérieurs

Le lieu de compostage de San Diego est situé à moins d’un kilomètre d’un site d’enfouissement et d’un aéroport, la Marine Corps Air Station Miramar. Ce lieu n’est jamais visité par les goélands, bien qu’il reçoive des résidus alimentaires domestiques et qu’il soit localisé à moins de quatre kilomètres de l’océan. Le site d’enfouissement possède un système d’effarouchement multidimensionnel qui utilise actuellement la pyrotechnie et l’abattage sélectif. Au plus fort de la saison, seulement 14 oiseaux ont été dénombrés sur le lieu d’enfouissement.

Huron, en Ohio, aux États-Unis : Barnes Nursery Composting Facility
Type : Compostage en andains extérieurs

Active depuis 1991, la Barnes Nursery Composting Facility reçoit environ 10 000 tonnes de résidus verts et de restes de table dans deux sections distinctes. Le lieu est localisé à moins de deux kilomètres du lac Érié et d’un aéroport général. En 2007, le Département de l’agriculture des États-Unis (USDA) a entrepris une étude de 21 semaines afin de quantifier l’usage du lieu par les oiseaux et les petits mammifères. Aucune différence entre l’usage de l’aire de compostage de résidus verts et celle destinée aux résidus de table n’a été observée en ce qui concerne la présence des oiseaux. Seuls quelques petits mammifères ont été capturés dans la section des résidus verts. Le USDA en a conclu que le mélange des résidus de table et des copeaux de bois dès réception, suivi du broyage du mélange, était une méthode efficace pour rendre les matières organiques moins attirantes pour les animaux et les oiseaux (Bradley, 2008).

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13. Faut-il informer les gestionnaires d’un aéroport si on souhaite implanter un lieu de compostage près de celui-ci?

Tout projet ou toute installation existante de traitement de matières résiduelles à proximité d’un aéroport doit être signalé aux responsables de ce dernier. Selon le Règlement de l’aviation canadien, les aéroports doivent tenir la liste des installations de gestion de matières résiduelles établies sur le territoire de manière à mettre en œuvre un plan de gestion de la faune adapté à leur réalité. De plus, les promoteurs de projets doivent s’informer des limites de zonage aéroportuaire qui ont été adoptées par plus de 150 aéroports canadiens.

14. Est-il possible de contrôler la présence d’oiseaux sur le terrain d’un site de traitement ou d’enfouissement de matières résiduelles?

Aujourd’hui, les méthodes de gestion de la faune aviaire sont de mieux en mieux connues grâce aux études réalisées sur les lieux d’enfouissement de matières résiduelles et sur les zones aéroportuaires. Lorsque les méthodes d’effarouchement sont bien coordonnées et adaptées aux particularités du site et de son environnement, elles s’avèrent très efficaces.

Pour l’établissement d’un programme de contrôle des oiseaux, il faut obtenir l’avis d’un expert, de manière à pouvoir tenir compte à la fois du comportement des oiseaux et des nombreuses particularités du site ou de l’environnement immédiat. De plus, le personnel travaillant à l’installation de traitement de matières résiduelles doit recevoir une formation afin de pouvoir utiliser les outils efficacement. À titre indicatif, voici quelques méthodes souvent utilisées dans la lutte contre la présence d’oiseaux dans les lieux d’enfouissement et les zones aéroportuaires :

  • Pyrotechnie (balle sifflante ou canon à air mobile);
  • Câbles métalliques;
  • Bruits de rapace ou chants d’oiseaux en détresse;
  • Monofilament avec de faux oiseaux en position de détresse;
  • Rapace mécanique;
  • Contrôle de l’environnement (étang, toit d’édifice ou végétation);
  • Fauconnerie.

Ces méthodes sont très peu utilisées dans les lieux de compostage au Québec en raison du faible nombre d’oiseaux qui y sont observés. Un seul lieu de compostage recensé utilisait des canons à air car, étant adjacent à un site d’enfouissement, il recevait la visite d’un certain nombre de goélands. Des mesures simples peuvent s’avérer suffisantes pour contrôler la présence d’oiseaux dans les lieux de compostage. Pour le compostage extérieur, les restes de table peuvent être mélangés dès la réception avec des copeaux ou des résidus verts, (Bradley et al, 2008), ou être recouverts d’une couche de compost mature ou de feuilles (Emerson, 2010. Un chien de type berger s’est révélé efficace pour chasser les goélands d’un lieu de compostage situé à proximité d’un site d’enfouissement, à Wilmington, aux Etats-Unis (Sullivan et Goldstein, 2010). Rappelons que, bien que les activités de compostage ne soient pas réputées attirer les oiseaux, il se pourrait que la localisation d’un site exige l’application de méthodes de lutte et de prévention plus intensives afin d’éloigner des populations d’oiseaux déjà habituées à fréquenter ce lieu ou son pourtour.

15. Qu’en est-il des sites de biométhanisation en ce qui concerne la présence d’animaux?

On ne recense pas de problèmes au Canada, en Europe ou aux États-Unis en ce qui concerne la présence d’animaux nuisibles dans une installation de biométhanisation. Ce constat peut être expliqué par le fait que le traitement des résidus par biométhanisation se déroule en absence d’oxygène, dans une structure complètement étanche. Seules les aires de réception des matières extérieures pourraient éventuellement être accessibles aux animaux.

Les projets de biométhanisation présentement à l’étude au Québec prévoient tous des aires de réception dans des bâtiments fermés recourant à la pression négative et au traitement de l’air vicié, conformément aux exigences des lignes directrices en vigueur depuis 2011. De plus, tout comme les exploitants de lieux de compostage, les gestionnaires de sites de biométhanisation sont tenus « de prendre les mesures nécessaires pour prévenir ou supprimer toute invasion d’animaux nuisibles sur le lieu et à ses abords ».

Présence d’animaux dans les lieux de compostage industriel : état de la situation pour le Québec


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