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Guide d'aménagement des lieux d'élimination de neige et mise en oeuvre du Règlement sur les lieux d'élimination de neige

Annexe E / Techniques d'élimination de la neige

1. Dépôt terrestre avec traitement des eaux de fonte

1.1 Aire d'accumulation
1.2 Aire de traitement

1.2.1 Charge superficielle (Cs)
1.2.2 Vitesse d'entraînement
1.2.3 Débit d'eau à traiter

1.3 Fonctions des différents éléments de l'aire de traitement

1.3.1 Zone de décantation
1.3.2 Déflecteur
1.3.3 Sortie surélevée
1.3.4 Grille

1.4 Opération et entretien

2. Rejet à l'égout desservi par une station d'épuration

2.1 Capacité du réseau et de la station d'épuration
2.2 Types de rejet à l'égout

2.2.1 Chute à l'égout
2.2.2 Fondeuse à neige

2.2.3 Dépôt terrestre sans aire de traitement

1. Dépôt terrestre avec traitement des eaux de fonte

Les dépôts terrestres avec traitement des eaux de fonte sont constitués :

  • d'une aire d'accumulation pour la réception de la neige;

  • d'une aire de traitement pour les eaux de fonte et de ruissellement.

1.1 Aire d'accumulation

Elle doit posséder une superficie suffisante pour recevoir le volume de neige anticipé. Différentes techniques d'exploitation peuvent être utilisées selon la capacité d'accumulation d'un lieu et sa topographie. Elles se distinguent selon le mode retenu pour l'accumulation de la neige sur le dépôt. On retrouve les amoncellements par simple déchargement, par poussée, par soufflage, en cratère et en carrière.

Les amoncellements par simple déchargement se font généralement sur des terrains de grande superficie où peu de neige doit être accumulée. Les camions déchargent les uns derrière les autres sans que cette neige ne soit accumulée en hauteur. À la fin de la période de déneigement, un tracteur-chargeur tasse la neige. La hauteur de l'accumulation est généralement de 2 à 3 mètres tout au plus.

Les amoncellements par poussée consistent à accumuler la neige en hauteur sur des terrains relativement plats, à l'aide de tracteurs sur chenilles.Après le déchargement des camions, les tracteurs poussent la neige en pente et l'entassent aux endroits appropriés. L'accumulation se fait simplement par poussée.La hauteur de l'accumulation peut souvent atteindre 15 m. Dans le cas où les camions de déneigement sont de grande capacité et où beaucoup de neige doit être entassée, la construction de surfaces glacées pour la circulation de camions, appelées « ponts de glace » peut s'avérer nécessaire afin d'accroître la capacité portante. À partir de ces ponts, il est alors possible de circuler et de procéder à une nouvelle accumulation.

L'équipe se compose d'un contrôleur et d'une équipe d'opérateurs de tracteurs sur chenilles. Le nombre de ces opérateurs dépend du volume de neige accumulé, lui-même fonction de l'affluence de camions, ainsi que de la superficie du dépôt. L'expérience des municipalités qui emploient cette technique démontre qu'un tracteur sur chenilles peut suffire pour entasser 100 000 m3 de neige usée.

Lorsque le dépôt est situé à proximité d'habitations et qu'il n'y a pas d'écran antibruit, il convient alors de créer un écran de neige autour du dépôt. Une façon d'améliorer l'apparence des lieux pendant la période de fonte lorsque le dépôt se situe près de quartiers résidentiels est de décaper régulièrement la croûte noire qui se forme à la surface du dépôt. Cette action permet également d'accélérer le processus de fonte. Les résidus sont ensuite transportés dans un lieu d'enfouissement sanitaire. Toutefois, le fait de manipuler la neige accumulée sur un dépôt risque de faire augmenter de façon importante les matières en suspension dans les eaux de fonte. Certaines municipalités accélèrent la fonte par arrosage; cette technique ne peut être privilégiée car l'eau qui ruisselle entraîne une quantité supplémentaire et non négligeable de fines particules qu'il est préférable de traiter.

L'amoncellement par soufflage est une technique qui est utilisée sur des lieux d'élimination de petite superficie ou pour augmenter la capacité d'accumulation d'un lieu. La neige est soufflée depuis l'aire de déchargement sur l'aire d'accumulation par des souffleuses conventionnelles ou plus puissantes.

L'équipe se compose d'un contrôleur et d'un ou deux opérateurs de souffleuses. Le nombre de souffleuses en service dépend de l'affluence des camions et de la taille des quais de déchargement. L'accumulation de la neige se fait donc en hauteur (10 à 30 m) par soufflage à partir de quais de déchargement. Dès que la neige est soufflée, le quai est prêt à recevoir d'autres camions.

Tout comme pour l'accumulation par poussée, il peut être nécessaire de décaper la croûte noire lorsque le dépôt se situe près de quartiers habités, de façon à améliorer l'esthétique des lieux pendant la période de fonte.

Figure 8 : Aménagement d'un dépôt conventionnel avec technique de soufflage

Figure 8 Aménagement d'un dépôt conventionnel avec technique de soufflage
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Les amoncellements en cratère consistent à décharger la neige dans une cavité créée artificiellement. Un talus (remblai) est érigé autour de la superficie prévue pour l'accumulation de neige et le déchargement se fait à partir du haut du talus. Ce mode d'exploitation permet une plus grande capacité d'accumulation, comparativement aux amoncellements par poussée, diminue le temps de manipulation de la neige sur le lieu et requiert généralement l'utilisation de moins de machinerie lourde. La capacité d'accumulation dépend de la hauteur des talus et du périmètre du lieu.

L'équipe se compose d'un contrôleur et de quelques opérateurs de bulldozers. Toutefois, en comparaison du mode d'exploitation par poussée, le nombre d'opérateurs peut être plus restreint dû au fait que la neige se trouve à être poussée depuis l'aire de déchargement dans une cavité, ce qui limite considérablement les manipulations. Le circuit suivi par le camionneur est généralement circulaire, entrant d'un côté du remblai pour en sortir de l'autre.

S'il n'y a pas d'écrans antibruit, il convient alors de créer un écran de neige à l'aide du contenu des premiers camions. Installés sur le remblai, ces écrans pourront être poussés vers le centre de la cavité à la fin de la période d'activité. Avec ce mode d'exploitation, le dépôt est dissimulé à l'intérieur des remblais et l'apparence noirâtre du dépôt, lors de la période de fonte, n'est pas exposée à la vue des gens; il n'est donc pas nécessaire de décaper la croûte noire.

Figure 9 : Aménagement d'un dépôt en cratère

Figure 9 Aménagement d'un dépôt en cratère
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Les déchargements en carrière peuvent se faire directement sur le fond de la carrière ou à partir de quais aménagés sur son périmètre. La capacité d'accumulation dépend alors de la dimension de l'aire de déchargement ou encore du nombre de quais disponibles. Le déchargement à partir de quais situés au haut de la carrière permet une plus grande capacité d'accumulation, comparativement à l'accumulation à partir du fond de la carrière.

Pour le déchargement à partir de quais situés au haut de la carrière, l'équipe se compose d'un contrôleur et d'un opérateur de tracteur-chargeur. La neige étant directement déversée dans la carrière, les manipulations s'en trouvent d'autant réduites. Le tracteur-chargeur nettoie la surface des quais de déchargement.

Figure 10 : Aménagement d'un dépôt en carrière

Figure 10  Aménagement d'un dépôt en carrière
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Il est recommandé de procéder annuellement au nettoyage de la zone d'accumulation. La principale tâche consiste à enlever les déchets accumulés sur le site, tout particulièrement ceux qui peuvent générer des odeurs ou être emportés par le vent. Ces déchets doivent être éliminés dans un endroit conforme.

1.2 Aire de traitement

Dans le traitement des eaux de fonte, il est important de comprendre les notions de base que sont la charge superficielle, la vitesse d'entraînement et le débit d'eau à traiter.

1.2.1 Charge superficielle (Cs)

Une particule dans l'eau est soumise à diverses forces qui peuvent la faire sédimenter ou demeurer en suspension. La vitesse à laquelle décante la particule dépend entre autres de sa densité, de sa grosseur et de la densité du fluide dans lequel elle se trouve (eau à 4º C).

La loi de Stoke (Desjardins, 1988) permet de prévoir la vitesse de décantation, soit (pour un nombre de Reynolds inférieur ou égal à 1) :

Vp = g (Þp - Þl) dÞp - Þl) d2
                  18h

où :

Vp:

vitesse de chute de la particule (m/s)

g :

accélération due à la pesanteur (m/s2)

Þp :

masse volumique de la particule (kg/m3)

Þl

masse volumique de l'eau (kg/m3)

d2:

diamètre de la particule au carré (m2)

h

viscosité dynamique de l'eau Pascal·seconde (Pa·s)

Exemples :

1) particule de 2µ, de 2600 kg/m3 dans une eau à 4º C :

Vp

= 9,8 m/s2 x (2600 kg/m3 - 1000 kg/m3) x (0,000002 m)2
                                18 x 0,0016 kg·m/s2

Vp

= 0,00000218 m/s, soit 0,008 m/h

2) particule de 16 µ, de 2600 kg/m3 dans une eau à 4º C :

Vp

= 9,8 m/s2 x (2600 kg/m3 - 1000 kg/m3) x (0,000016 m)2
                           18 x 0,0016 kg·m/s2

Vp

Vp = 0,00014 m/s, soit 0,5 m/h

3) particule de 63 µ, de 2600 kg/m3 dans une eau à 4º C :

Vp

= 9,8 m/s2 x (2600 kg/m3 - 1000 kg/m3) x (0,000063 m)2
                              18 x 0,0016 kg·m/s2

Vp

= 0,00216 m/s, soit @ 8 m/h

La particule de diamètre le plus grand a la vitesse de décantation la plus rapide. La conception d'un décanteur (zone de décantation) est basée sur la vitesse de chute des particules que l'on veut soutirer. Ainsi, si l'on désire éliminer les particules qui chutent à 0,5 m/h, il faut dimensionner la surface du décanteur en tenant compte de cette vitesse. Selon la théorie de la décantation, la surface du décanteur s'obtient en divisant le débit d'eau à traiter par la vitesse de décantation :

  • pour un débit de 20 m3/h et une vitesse de chute de 0,008 m/h = 2500 m2;

  • pour un débit de 20 m3/h et une vitesse de chute de 0,5 m/h = 40 m2;

  • pour un débit de 20 m3/h et une vitesse de chute de 8,0 m/h = 2,5 m2;

Une vitesse de décantation rapide permet une surface de décantation réduite.

Ces concepts de vitesse de chute, de surface de décantation et de débit d'eau se retrouvent dans le facteur que l'on appelle la charge superficielle (Cs). Celle-ci est le rapport entre le débit sur la surface de décantation (20 m3/h ÷ 40 m2), on obtient ainsi une charge superficielle de 0,5 m3/m2/h ou tout simplement 0,5 m/h. La charge superficielle devient donc la vitesse de chute de la particule cible que l'on désire enlever. Le temps de décantation est cependant relié à la profondeur de la zone de décantation :

1) Débit de 20 m3/h, surface de 40 m2 et 1 m de profond :
             Cs = 0,5 m3/m2h ou 0,5 m/h
             temps de décantation : 2 heures 

2) Débit de 20 m3/h, surface de 40 m2 et 2 m de profond :
              Cs = 0,5 m3/m2/h ou 0,5 m/h
              temps de décantation : 4 heures

3) Débit de 20 m3/h, surface de 40 m2 et 4 m de profond :
               Cs = 0,5 m3/m2/h ou 0,5 m/h
               temps de décantation : 8 heures

4) Débit de 20 m3/h, surface de 80 m2 et 2 m de profond :
               Cs = 0,25 m3/m2/h ou 0,25 m/h
               temps de décantation : 8 heures

Les exemples 1 à 3 ont tous la même charge superficielle (0,5 m/h), donc tous la même capacité de décantation. Pourtant, les temps de décantation diffèrent de 2 à 8 heures. Pour qu'une particule soit considérée décantée, elle doit atteindre le fond du bassin; l'augmentation de la hauteur d'eau a donc comme effet d'augmenter le temps de décantation.

Par contre, l'accroissement de la surface de décantation augmente la capacité de décantation en permettant à des particules dont la vitesse de chute est plus petite de toucher le fond (voir points 3 et 4).

1.2.2 Vitesse d'entraînement

Les particules sont considérées comme décantées lorsqu'elles touchent le fond. Toutefois, si les vitesses tangentielles sont trop fortes, les particules décantées peuvent être entraînées. Cette vitesse tangentielle est la vitesse d'entraînement, ou « scour velocity » en anglais. Camp (Metcalf, 1979) permet de prédire la vitesse d'entraînement des particules, soit :

Vh = (8k (s - 1) gd/f).5

Vh : vitesse d'entraînement (m/s)

k : constante, fonction de la particule normalement entre 0,04 à 0,06

s : densité relative de la particule

g : accélération due à la pesanteur (m/s2)

d : diamètre de la particule au carré (m)

f : constante, fonction de la surface, normalement entre 0,02 et 0,03

Exemples :

1)   k = 0,05 ; s = 2,6; g = 9,8 m/s2 ; d = 0,000002 ; f = 0,025 : 
Vh = (8 x 0,05 x (2,6 - 1) x 9,8 m/s2 x 0,000002 m/0,025).5 
Vh = 0,0224 m/s
2) k = 0,05 ; s = 2,6; g = 9,8 m/s2; d = 0,000016 m; f = 0,025:
Vh = (8 x 0,05 x (2,6 - 1) x 9,8 m/s2 x 0,000016 m/0,025).5
Vh = 0,0634 m/s
3) k = 0,05 ; s = 2,6; g = 9,8 m/s2; d = 0,000063 m; f = 0,025:
Vh = (8 x 0,05 x (2,6 - 1) x 9,8 m/s2 x 0,000063 m/0,025).5 
Vh = 0,126 m/s

Une vitesse d'entraînement plus grande permet de déplacer des particules plus grosses.

Si l'on veut décanter des particules qui chutent à 0,5 m/h pour un débit de 20 m3/h (0,0056 m3/s), la surface de décantation doit être d'au moins 40 m2. En supposant un rapport longueur sur largeur de la zone de décantation de 10 :1, soit 20 m de long par 2 m de large, la profondeur (p) d'eau doit être telle qu'elle permette une vitesse horizontale inférieure à 0,06 m/s, d'où :

p ³0,0056 m3/s ÷ ( 2 m x 0,06 m/s)
p ³0,047 m

La surface de la zone de décantation peut être obtenue par la charge superficielle, alors que la profondeur est calculée en tenant compte de la vitesse d'entraînement des particules.

1.2.3 Débit d'eau à traiter

L'écoulement de l'eau à la sortie d'un dépôt terrestre est influencé par :

  • la fonte des neiges usées accumulées, exemple : 60 000 m3 de neige de densité 0,5 qui fond en 62 jours donne 20 m3/h d'eau.(60 000 m3/d x (0,5 m3 d'eau/m3 de neige) ÷ 62 jours ÷ 24 h/jour) = 20 m3/h.

  • les précipitations (averses), exemple : zone d'accumulation de 20000 m2 de surface, averse de 40 mm/h donne 800 m3/h. (20 000 m2 x 0,04 m/h) = 800 m3/h.

Ces écoulements peuvent se produirent lors de périodes de fonte hivernale (redoux en hiver), lors de la fonte printanière ou lors d'averses sur le dépôt lorsque la neige est fondue (été, automne, début d'hiver).

La période de fonte hivernale se compose d'une fonte partielle et possiblement d'averses, donc de débit variant, selon l'exemple précédent, entre 0 et 820 m3/h. La période de fonte printanière se compose de fonte et d'averses, donc des débits entre 20 m3/h et 820 m3/h. La période d'averse produit des débits entre 0 et 800 m3/h. Les averses peuvent donc générer un débit bien supérieur au débit des eaux de fonte et la période de fonte printanière est celle qui produit le débit maximal.

La période la plus critique pour le transport des contaminants provenant des dépôts terrestres est la fin de la période printanière. Le débit y est à son maximum et bon nombre de contaminants ne sont plus emprisonnés dans la neige. Ils peuvent donc être entraînés massivement vers la zone de décantation. Compte tenu de l'importance des averses dans le transport des contaminants, nous suggérons de considérer une récurrence minimale de une fois/an.

1.3 Fonctions des différents éléments de l'aire de traitement

L'objectif du traitement est l'obtention d'un effluent exempt de débris, de MES décantables 15 minutes et huiles et graisses flottantes. Cet objectif est techniquement assez facile à atteindre. Il suffit d'utiliser une chaîne de traitement constituée des éléments suivants : une zone de décantation, un déflecteur, une sortie surélevée et une grille. Le tableau XXI présente les fonctions de la chaîne de traitement et suggère quelques critères de conception.

Tableau XXI
Éléments de la chaîne de traitement : fonctions et critères de conception suggérés

Élément

Fonctions principales

Fonctions secondaires

Critères de conception

Zone de décantation

rétention des débris, des MES et des éléments flottants

homogénéisation

charge superficielle
£0,5 m3/m2/h

Déflecteur

entrave à l'entraînement des flottants vers la sortie

 

dimensions suffisantes pour empêcher les flottants de passer par-dessus ou par-dessous

Sortie surélevée

entrave à l'entraînement des MES décantées vers la sortie

 

rehaussement suffisant afin de minimiser l'entraînement des MES décantées

Grille

rétention des débris de faible densité

 

espacement maximal de 50 mm, préférablement 15 mm

1.3.1 Zone de décantation

Pour que les débris, les MES décantables et les huiles et graisses flottantes puissent être retenus, il faut que toutes les eaux de fonte et de ruissellement soient dirigées vers une zone de décantation.

Les MES décantables 15 minutes exigent une charge superficielle de 0,5 m3/m2/h; celle des débris, plus élevée est d'environ 8 m3/m2/h, alors que celle des huiles et graisses flottantes varie de 0,5 m3/m2/h à plus de 20 m3/m2/h.

En plus des eaux de fonte, les eaux de ruissellement du dépôt devront passer par cette zone de décantation avant leur rejet dans l'environnement, de façon à empêcher tout rejet non décanté. Les pluies peuvent entraîner les fines particules qui se sont accumulées sur le site, à moins que ce dernier n'ait déjà été nettoyé.

La zone de décantation doit être opérationnelle à longueur d'année compte tenu des périodes de pluie et des redoux.

La fonction « décantation » peut se faire sans avoir recours à un décanteur séparé. Dans bien des cas, les dépôts de surface ou en carrière sont constitués d'espaces enclavés ou entourés de fossés. Sous certaines conditions, un simple ouvrage de retenue d'eau (digue, haussement de la grille d'évacuation) peut créer un plan d'eau susceptible de remplacer le décanteur distinct en créant des fossés partiellement noyés ou des aires d'accumulation partiellement noyées. Il devient donc possible d'obtenir des charges superficielles très petites (qualité de traitement supérieure) à un coût raisonnable.

Il faut toutefois s'assurer que la surface respecte la charge superficielle recherchée de 0,5 m/h et qu'elle continuera à le faire lorsqu'il y aura évacuation des eaux du site (fonte ou pluies). L'accumulation de neige, de glace, voire même de débris, peut réduire le plan d'eau: la conception devra donc en tenir compte. On portera une attention particulière au court-circuitage afin d'assurer le maintien des conditions de décantation optimales.

Décanteur séparé

Le décanteur séparé est constitué d'un plan d'eau défini par des parois (digues). Il s'ajoute aux aménagements du dépôt terrestre. Les critères généraux de conception mentionnés ci-dessus s'appliquent.

Fossé partiellement noyé

Le fossé partiellement noyé est constitué d'un plan d'eau formé à partir du ou des fossés qui ceinturent la zone d'accumulation. Sa fonction est double :

  • recueillir les eaux de fonte et les diriger vers la sortie;

  • permettre la décantation des débris et des MES décantables

  • permettre la flottation des huiles et graisses.

La retenue peut être constituée d'un seuil avec déflecteur ou un regard. Il faut toutefois limiter l'accumulation de neige dans les fossés afin de maintenir la surface nécessaire pour la décantation. L'utilisation d'un tel type de décanteur ne doit pas entraîner d'inondation des terrains avoisinants.

Aire d'accumulation partiellement noyée

L'aire d'accumulation partiellement noyée est constituée d'un plan d'eau qui occupe une partie de la zone d'accumulation. Sa fonction est double :

  • permettre l'accumulation de la neige;

  • permettre la décantation des débris et des MES décantables

  • permettre la flottation des huiles et graisses.

Si l'aire de décantation est enclavée à l'intérieur des bermes du dépôt, un rehaussement du seuil de la conduite de sortie est suffisant pour créer une aire d'accumulation partiellement noyée.

Le plan d'eau doit être prévu de façon à ne pas nuire à l'opération de la machinerie. Il faut rappeler que le plan d'eau ne se fait pas uniquement au printemps.

1.3.2 Déflecteur

Le déflecteur a pour but d'empêcher l'écoulement libre de tous les éléments flottants. L'usage d'un déflecteur, de flotteurs absorbants ou une sortie noyée sont tous des moyens acceptables.

1.3.3 Sortie surélevée

La sortie surélevée a pour but d'empêcher l'entraînement des sédiments hors de la zone de décantation, autant pendant les périodes d'utilisation normales que lors de sa vidange pour entretien. L'utilisation d'un déversoir à niveau ajustable (vanne) peut être nécessaire pour effectuer une vidange complète de la zone de décantation et également pour contrôler le débit du rejet. Le pompage de l'eau décantée vers le milieu récepteur peut s'avérer intéressant pour régulariser le débit du rejet dans le cours d'eau (respect du facteur de dilution, notamment). On devra cependant s'assurer que la prise d'eau de la pompe soit maintenue près de la surface de l'eau afin de ne pas entraîner la partie décantée.

1.3.4 Grille

La grille n'a pas un fort rendement sur l'épuration des eaux de fonte, comme on peut le constater au tableau XXII. Cependant, elle permet de retirer les débris de faible densité qui circulent entre deux eaux, les plastiques et les papiers, entre autres. Afin de bien jouer son rôle elle doit être nettoyée régulièrement.

1.4 Opération et entretien

Il est recommandé de vidanger l'aire de décantation annuellement afin d'en retirer les débris grossiers, et plus particulièrement ceux qui peuvent générer des odeurs ou être emportés par le vent. Lors de cette vidange, le niveau d'eau sera abaissé; on devra donc prendre les précautions suivantes :

  • les huiles et graisses flottantes devront être récupérées afin qu'elles ne quittent pas le plan d'eau avec l'eau d'évacuation;

  • le taux de vidange devra être contrôlé afin de ne pas déstabiliser les digues qui retiennent les eaux du plan d'eau;

  • la méthode et le taux de vidange devront être conçus et opérés de façon à ne pas entraîner les sédiments accumulés dans le fond du plan d'eau.

Il est suggéré de prévoir une vanne d'évacuation spécifique, à débit limité, pour la vidange du plan d'eau afin de prévenir le risque d'affaissement des digues. Une fois la vidange effectuée, on devra refermer la vanne d'évacuation afin d'empêcher l'entraînement de débris, de MES ou d'huiles et graisses dans l'environnement.

Tableau XXII
Ordre de grandeur des rendements anticipés pour les différentes composantes du traitement sur le site

Contaminants

Surface d'accumulation

Zone de décantation

Grille

Rendement cumulatif

Concentration avant traitement
(mg/l)

Concentration après traitement
(mg/l)

Débris

99 %
(99 % de 100)

0,99 %
(99 % de 1)

0,001 %
(10 % de 0,01)

@100 %

4000

Trace

MES décantables

90 %
(90 % de 100)

9 %
(90% de 10)

0 %
(0 % de 0)

99 %

500

5

MES

80 %
(80 % de 100)

10 %
(50 % de 20)

0 %
(0 % de 10)

90 %

1000

100

Huiles et graisses flottantes

20 %
(20 % de 100)

72 %
(90 % de 80)

0 %
(0 % de 8)

92 %

15

1

Cl-

0 %
(0 % de 100)

0 %
(0 % de 100)

0 %
(0 % de 100)

0 %

2000

2000

Métaux

70 %
(70 % de 100)

6 %
(20 % de 30)

0 %
(0 % de 100)

76 %

Fe : 30
Pb : 1
Cr : 0,1

Fe : 7
Pb : 0,2
Cr : 0,02

2. Rejet à l'égout desservi par une station d'épuration

2.1 Capacité du réseau et de la station d'épuration

Avant d'utiliser le réseau d'égout pour y rejeter des neiges usées ou des eaux de fonte, il faut s'assurer que le réseau possède une capacité d'interception suffisante et que l'usine d'épuration possède la capacité de recevoir ces eaux supplémentaires sans que cela affecte l'efficacité du traitement.

Le réseau d'égout, plus particulièrement les postes de pompage et les régulateurs en place, doit donc posséder une capacité résiduelle. Le déversement de neige, d'eau de fonte ou d'eau de ruissellement d'un dépôt terrestre non décantées ne doit pas contribuer à des débordements sur le réseau d'égout ni entraîner de refoulement dans les résidences. On devra porter une attention particulière aux risques d'accumulation de débris dans le réseau d'égout.

La station d'épuration doit pouvoir continuer à fonctionner avec la même efficacité (DBO, MES, etc.). Il est donc essentiel que les neiges usées déversées à l'égout soient fondues avant leur arrivée à la station d'épuration. La baisse de température et/ou la dilution des eaux usées provoquées par l'ajout des neiges usées et/ou des eaux de fonte et/ou des eaux de ruissellement ne doivent, en aucun temps, entraîner une baisse de performance à la station d'épuration. En général, les stations d'épuration utilisant un procédé biologique ne sont pas aptes à recevoir des débits importants d'eau de fonte de neige.

2.2 Types de rejet à l'égout

Les rejets au réseau d'égout peuvent être de trois types :

  • déversement de neige directement dans le réseau d'égout par une chute à neige;

  • déversement d'eau de fonte dans le réseau d'égout à l'aide d'une fondeuse à neige;

  • déversement d'eau de fonte et d'eau de ruissellement dans le réseau par une dépôt terrestre sans aire de traitement.

Le déversement de neige usée et/ou d'eau de fonte de neige usée et/ou d'eau de ruissellement d'un dépôt de neige usée dans un réseau d'égout qui n'est pas dirigé à une station d'épuration avec zone de décantation (décanteur, étang) est l'équivalent d'un rejet direct au cours d'eau et s'avère inacceptable.

Figure 11 - Vue en coupe d'une chute à neige Dögens

Figure 11 Vue en coupe d'une chute à neige Dogens.
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2.2.1 Chute à l'égout

La chute à l'égout doit être conçue de façon à minimiser les blocages. Les quantités de neige qui atteignent l'égout doivent être dosées en fonction de la capacité de transport et de la capacité calorifique des eaux usées à faire fondre les neiges usées sans provoquer de déversement lorsque le temps est sec. Il existe actuellement sur le marché des équipements qui permettent le dosage de la neige en fonction de la capacité hydraulique et calorifique du réseau d'égout. Ces équipements peuvent devenir particulièrement utiles pour les réseaux de faible capacité.

Le bon fonctionnement d'une chute à l'égout requiert la présence d'une équipe composée d'un contrôleur par lieu et d'autant de superviseurs et de conducteurs de tracteur-hargeur qu'il y a d'unités de déchargement. Ainsi, pour un lieu d'élimination à l'égout composé de deux chutes, l'équipe sera constituée de deux superviseurs, de deux conducteurs de tracteur-hargeur et d'un contrôleur. Alors que le contrôleur supervise l'entrée et la sortie des camions de même que l'exploitation générale du lieu, les superviseurs s'occupent de diriger les camions et, dans le cas des chutes à l'égout, d'enlever les débris retenus par la grille, tels les sacs à ordures ou autres déchets. Le tracteur-hargeur déverse dans la fondeuse ou dans la chute la neige qui tombe à l'extérieur des structures lors des déchargements.

Lorsque la chute à l'égout est bloquée par la neige déversée ou que le débit dans la conduite ne permet pas de recevoir du même coup toute la neige qui est amenée, les camionneurs peuvent être momentanément dirigés vers un autre lieu d'élimination ou s'il y a de l'espace disponible, l'accumulation peut se faire sur le lieu même. Cette aire d'accumulation sera nettoyée dès que l'équipement sera en mesure de fonctionner normalement.

2.2.2 Fondeuse à neige

Figure 12 :   Principe de fonctionnement d'une fondeuse à neige fixe

Figure 12 Principe de fonctionnement d'une fondeuse à neige fixe
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Le rejet de la fondeuse peut être effectué à l'égout à la condition d'être dirigé vers une station d'épuration. L'apport calorifique qui permet la fonte des neiges usées vient d'une source de chaleur différente de celle des eaux usées, un combustible normalement. La baisse de température des eaux usées dans le réseau d'égout devrait être moins importante puisque les eaux de fonte ont une température plus élevée que celle des neiges usées.

2.2.3 Dépôt terrestre sans aire de traitement

Un dépôt terrestre qui ne possède pas d'aire de traitement doit déverser ses eaux de fonte et de ruissellement dans un réseau d'égout dirigé vers une usine d'épuration. Ce mode de traitement ne devrait toutefois pas être à privilégier, parce que :

  • La majorité des réseaux d'égout au Québec sont des réseaux pseudo-domestiques ou unitaires dont le débit peut augmenter d'une façon importante lors de la période de fonte et lors d'averses. Des équipements de surverse sont installés sur le réseau d'égout afin de ne pas surcharger les usines d'épuration. Puisque les eaux de fonte seront déversées dans le réseau d'égout lorsque ce dernier risque déjà d'être surchargé, une partie des eaux de fonte risque d'être rejeté dans le milieu récepteur sans traitement.

  • L'aménagement d'une zone de décantation peut coûter moins cher à long terme que le rejet dans un réseau d'égout si on tient compte du coût de traitement à l'usine d'épuration.

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