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Portrait régional de l’eauEstrie (Région administrative 05)4. Portrait de l’eau souterraine
8. Portrait faunique et récréotouristique
4. Portrait de l’eau souterraine4.1 UsagesPrès de 41 % de la population totale de l’Estrie, soit environ 116 000 personnes, est alimentée par eau souterraine, dont près de 72 % est alimentée par des puits individuels (voir tableau A.2). Au-delà de 9 000 puits ont fait l’objet d’un rapport de forage et sont enregistrés dans le système d’informations hydrogéologiques (S.I.H.) du ministère de l’Environnement pour le territoire. À ce nombre, il faut ajouter quelques milliers de puits de surface ainsi que tous les puits qui n’ont pas fait l’objet d’un rapport de forage ou dont les rapports ne sont pas encore saisis. On estime ainsi à environ 20 900 le nombre total de puits dispersés dans la région. La région de l’Estrie compte un puits de captage d’eau de source à des fins commerciales, localisé dans la MRC Asbestos. Un autre de ces puits a été autorisé dans la MRC Coaticook, il y a quelques années, mais n’est pas encore exploité. La région compte 2 usines d’embouteillage; l’une est située dans la MRC Asbestos et l’autre dans la MRC La Région-Sherbrookoise. Il existe plusieurs autres usages de l’eau souterraine en Estrie. Les principaux sont reliés aux productions animales et aux piscicultures, dont les débits peuvent être relativement élevés. Les piscicultures « Truites des sources 1990 inc. », à Saint-Augustin-de-Woburn, et « Ferme piscicole des Bobines inc. », à East Hereford, sont les deux plus importantes de la région avec un débit quotidien respectif de 20 784 m3 et 16 364 m3. Les autres cas sont peu documentés, ce qui ne permet pas de dresser un bilan complet de la situation. 4.2 Problèmes de contaminationLa Direction de la santé publique de l’Estrie a entrepris, au printemps 1997, une étude exhaustive afin de déterminer la qualité de l’eau souterraine sur l’ensemble du territoire de la MRC Coaticook. Un échantillon de 230 puits domestiques a fait l’objet de rigoureuses campagnes d’échantillonnage effectuées au printemps et à l’automne 1997. Au total, 8 paramètres ont été mesurés afin d’obtenir un portrait de la qualité de l’eau souterraine sur le territoire de la MRC Coaticook. Parmi ceux-ci, on trouvait les nitrates, l’azote ammoniacal, les orthophosphates, la couleur, le pH, la conductivité, le sodium et les coliformes fécaux. Dans l’ensemble, les résultats physico-chimiques ont démontré une bonne qualité de l’eau. Cependant, la qualité bactériologique indiquait que 16 % des puits de surface présentaient une contamination bactérienne fécale. L’agriculture est la principale activité économique de la MRC Coaticook. La superficie des terres agricoles et le cheptel y sont les plus importants de la région de l’Estrie. Toutefois, l’étude n’établit pas de relations entre les paramètres analysés dans l’eau souterraine et la distribution géographique ou la présence d’activités agricoles sur ce territoire. Certaines activités industrielles et commerciales ont également affecté la qualité de l’eau souterraine, ici et là sur le territoire estrien. Cependant, les cas identifiés en Estrie ont tous été de faible ampleur et sont associés à des sites d’entreposage des sels déglaçants ou à des sols contaminés par des hydrocarbures. Notamment, 3 sites de sols contaminés classés dans l’inventaire du Groupe d’étude et de restauration de lieux d’élimination de déchets (GERLED) avaient retenu l’attention en raison de la présence de contaminants dans l’eau potable. On observe également une grande préoccupation sociale par rapport aux prises d’eau commerciales. Ces projets d’eau embouteillée suscitent de plus en plus d’inquiétude chez les citoyens qui habitent à proximité des sites d’exploitation. Les principales craintes qui ont été formulées à l’égard de 2 projets récents, dans les municipalités du Canton d’Orford et de Barnston-Ouest, ont surtout porté sur la tranquillité et les risques d’assèchement des puits individuels. 4.3 Gestion des eaux souterraines et aménagement du territoirePar le passé, 3 cas de conflits entre usagers de la ressource eau souterraine ont été rapportés. Dans 2 cas, celui de la municipalité de Saint-Augustin-de-Woburn et celui de la municipalité de Weedon, le conflit résultait de l’effet des pompages d’eau souterraine réalisés pour alimenter une pisciculture. Le troisième conflit s’est produit lors d’un essai de pompage d’eau souterraine pour l’aménagement d’un projet domiciliaire dans le Canton d’Orford. Quelques résidents ont vu leur puits être asséché. Tous ces problèmes ont été résolus soit par entente entre les parties, soit par le prolongement d’un réseau d’aqueduc ou par l’aménagement d’un nouveau puits. Les autorisations délivrées en vertu des articles 22 et 32 de la Loi sur la qualité de l’environnement (L.R.Q., c. Q-2) constituent le moyen dont dispose actuellement le ministère de l’Environnement pour évaluer a priori l’impact potentiel d’un captage sur celui des usagers déjà en place. Toutefois, ces mécanismes d’autorisation ne portent pas sur l’ensemble des projets majeurs de captage, puisqu’ils ne visent qu’une partie des secteurs d’activité humaine susceptibles d’effectuer des captages d’importance. Les périmètres de protection (immédiate, rapprochée et éloignée) des ouvrages de captage d’eau souterraine alimentant un réseau de distribution d’eau potable (c’est-à-dire la détermination de leur aire d’alimentation et de la vulnérabilité des eaux souterraines au sein de cette aire) ne sont pas généralement déterminés par les municipalités. Nombre de municipalités se limitent, à ce jour, à la délimitation d’un périmètre de protection de 30 mètres autour de leurs ouvrages de captage d’eau souterraine. Cependant, depuis 1996, le ministère de l'Environnement exige pour ces projets de captage, en vertu de la Directive 001 portant sur le captage et la distribution de l’eau, la détermination des périmètres de protection et recommande l'adoption d'une réglementation visant à régir les usages des eaux souterraines sur le territoire et les activités qui en influencent la qualité. 4.4 RéférencesBEAUMIER, M., F. KIROUAC et M. LEDUC, 1994. BADGEQ en totalité sur support digital, Québec, Ministère des Ressources naturelles. McCORMACK, R., 1985. Carte de vulnérabilité des eaux souterraines à la pollution, rive sud et bassins versants des rivières Nicolet et Bécancour, Québec, Ministère de l'Environnement. McCORMACK, R., 1985. Carte de vulnérabilité des eaux souterraines à la pollution – Bassin versant de la rivière Chaudière, Québec, Ministère de l'Environnement. SIMARD, G., 1970. Étude hydrogéologique du bassin versant de la rivière Eaton, rapport H.G.-2, Québec, Ministère des Richesses naturelles, Direction générale des mines, Service de l’hydrogéologie. McCORMACK, R., 1982. Programme de connaissances intégrées, étude hydrogéologique du bassin de la Chaudière, cartes 0-86 à 0-95, rapport E.I.-1, Québec, Ministère del'Environnement. McCORMACK, R., 1979. Étude hydrogéologique du bassin versant de la Saint-François, rapport E.A.-16, Québec, Ministère des Richesses naturelles, Direction générale des eaux. MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA FAUNE, 1995. Guide sur les périmètres de protection autour des ouvrages de captage d’eau souterraine, Les Publications du Québec, Québec. MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT, 1984. Directive no 001 – Captage et distribution de l’eau, Québec. PARÉ, D., 1981. Programme de connaissances intégrées, étude hydrogéologique du bassin versant de la Nicolet, cartes 0-74 à 0-79, rapport E.G.-1, Québec, Ministère de l'Environnement. POLAN, P. et M. HENRY, 1998. Qualité de l’eau souterraine dans la MRC de Coaticook, Québec, Direction de la santé publique et de l’évaluation, Régie régionale de la santé et des services sociaux de l’Estrie. SIMARD, G. et R. DES ROSIERS, 1979. Qualité des eaux souterraines du Québec, rapport H.G.-13, Québec, Ministère de l’Environnement, Direction générale des inventaires et de la recherche. SIMARD, G., 1977. Isotopes naturels et système d’écoulement souterrain – Bassin de la rivière Eaton, rapport H.G.-8, Québec, Ministère des Richesses naturelles, Direction générale des eaux. SIMARD, G., 1970. Étude hydrogéologique du bassin versant de la rivière Eaton ,rapport H.G.-2,Québec,ministère des Richesse naturelles, Direction générales des mines, Service de l’hydrogéologie. 5. Portrait municipal5.1 Portrait général5.1.1 Gestion des services d’alimentation en eauLa région de l’Estrie compte 79 réseaux municipaux d’eau potable qui desservent une population de 201 967 habitants dans 69 municipalités. De ces réseaux, 40 possèdent un système de traitement (plus de détails sont fournis au tableau A.2 en annexe). On trouve également sur le territoire de la région 52 réseaux privés d’eau potable qui desservent 5 047 habitants. On estime que 59,3 % de la population totale de la région de l’Estrie est alimentée par eau de surface tandis que 40,7 % est alimentée par eau souterraine. De ce dernier pourcentage, environ 28,2 % de la population est alimentée par les réseaux municipaux et 71,8 % par des puits individuels. 5.1.2 Gestion des eaux usées municipalesDans la région de l’Estrie, 71 % de la population était raccordée à un réseau d’égouts municipal en 1999. Le Programme d’assainissement des eaux du Québec (PAEQ) et le Programme d’assainissement des eaux municipales (PADEM) ont permis au gouvernement du Québec et aux municipalités d’investir plus de 288 millions de dollars pour la construction d’infrastructures d’assainissement des eaux usées municipales. Grâce à ces investissements, 99 % de la population qui est raccordée à un réseau d’égouts traitait ses eaux le 31 décembre 1999. La totalité de la population raccordée de la MRC La Région-Sherbrookoise traitait déjà ses eaux usées le 31 décembre 1999. Cette MRC a reçu, à elle seule, 45 % des sommes investies pour la région, à savoir plus de 130 millions de dollars. Pour connaître les données par MRC, on peut consulter le tableau A.3 en annexe. 5.2 Problématiques spécifiques5.2.1 Arsenic à KingsburyLors de la vérification semestrielle de l’été 1997, le réseau d’aqueduc de la municipalité de Kingsbury affichait un taux d’arsenic de 0,06 mg/L, alors que la norme acceptée est de 0,05 mg/L. La Direction de la santé publique de l’Estrie a donc émis un avis de santé publique recommandant de ne plus consommer l’eau tant que la concentration en arsenic ne reviendrait pas sous la norme prévue dans le Règlement sur l’eau potable. Après une étude de la situation, la municipalité de Kingsbury a creusé un nouveau puits à l’extérieur de la zone de captage du précédent; le nouveau puits est présentement en exploitation et fournit une eau qui répond aux normes de potabilité. 5.2.2 Gestion du domaine hydriqueZones inondables La cartographie officielle des zones inondables est maintenant complétée pour la région de l’Estrie. Weedon est la dernière zone inondable d’importance à avoir été cartographiée et la carte officielle de ses zones inondables a été intégrée au schéma d’aménagement révisé de la MRC Le Haut-Saint-François. Les MRC ont, pour leur part, délimité et réglementé d’autres zones inondables sur leur territoire. Un programme est actuellement en cours pour compléter, en collaboration avec le ministère de l’Environnement, la cartographie de toutes les zones inondables sur le territoire. Érosion des sols et des rives Depuis les 20 dernières années, on constate une érosion de plus en plus sérieuse des rives et un apport significatif de sédiments dans les cours d’eau de l’Estrie. La nature des sols et le relief accidenté des Appalaches jouent certes un rôle majeur dans l’évolution de ce phénomène généralisé, qui touche particulièrement les rivières au Saumon (à l’est de Sherbrooke), Eaton, Coaticook, Nicolet Sud-Ouest et Tomifobia et les ruisseaux Nick et Castle. Il faut cependant reconnaître que l’accroissement des interventions humaines sur le territoire, tels le drainage, l’urbanisation, certaines pratiques agricoles, le déboisement et la mise à nu des sols, peuvent modifier le régime hydraulique et la qualité des cours d’eau. À titre d'exemple, on constate que les pratiques forestières dans les forêts privées de l'Estrie sont soumises à une réglementation moins sévère qu'en forêt publique, notamment en ce qui a trait aux travaux de voirie forestière. Ces travaux sont souvent inadéquats et ont un impact négatif sur les cours d'eau. Un suivi effectué sur un tronçon de la rivière Eaton a débuté au printemps de 1999 (collaboration du ministère des Ressources naturelles et du ministère de l’Environnement) afin de connaître l’état de la situation au regard de l’apport de sédiments par les chemins forestiers. On compte plus de 10 000 producteurs forestiers en territoire privé dans la région. L’instabilité des rives ainsi que la sédimentation dans les cours d’eau peuvent causer des dommages directs à l'habitat du poisson, aux propriétés riveraines et aux infrastructures publiques comme les ponts et les routes. De plus, il faut également souligner que, même si la qualité générale des eaux de surface en Estrie est intéressante, nombre de cours d’eau, après une averse, se détériorent rapidement et changent radicalement de couleur, à cause du lessivage des sols et de l’érosion des rives. Les rivières Saint-François, Magog et Coaticook sont des exemples évidents de ce phénomène. 6. Portrait industriel6.1 Portrait général6.1.1 Secteur primaireDans le secteur primaire, les activités d’extraction minérale sur le territoire de la région sont représentées actuellement par la production d’amiante, de chaux et de matériaux de construction (pierre, sable et gravier). La compagnie JM Asbestos exploite au cœur même de la ville d’Asbestos une mine d’amiante dont les effluents sont constitués d’eaux d’exhaure, d’eaux de procédé et d’eaux sanitaires. Un bassin de sédimentation et une station physico-chimique permettent le traitement de ces effluents. La région compte plusieurs carrières et sablières, dont 31 d’importance selon le MRN. De façon générale, l’exploitation des carrières et des sablières a peu d’effet sur les eaux souterraines, à part l’abaissement de la nappe phréatique dans certains cas où le matériel exploité est situé sous le niveau de cette nappe. En ce qui concerne les eaux de surface, les eaux générées par l’exploitation d’une carrière ou d’une sablière ou par un procédé de concassage ou de tamisage doivent respecter les concentrations prévues au Règlement sur les carrières et sablières. 6.1.2 Secteur secondaireDans le secteur secondaire, parmi quelque 740 établissements industriels et manufacturiers en Estrie, environ 83 % comptent moins de 50 employés. De ce nombre, le ministère de l’Environnement a compté, en 1995, 103 établissements dont les rejets d’eaux usées (eaux de procédé) étaient susceptibles de causer directement ou indirectement des dommages significatifs à l’environnement, soit en raison de leur nature ou de leur quantité. Dans les autres établissements, l’eau est principalement réservée à un usage domestique. Le tableau A.4 en annexe présente quelques caractéristiques de ces 103 établissements, répartis en fonction de la taille des entreprises, des secteurs d’activité industrielle et du lieu de rejet des eaux usées (rejet dans un réseau d’égouts municipal ou dans l’environnement). On remarque que 72 établissements, soit 70 %, sont raccordés à un réseau municipal d’égouts qui, dans tous les cas, est relié à une station municipale d’épuration qui était en service en 1995. Depuis les années 1970, diverses mesures ont été progressivement mises en œuvre par le gouvernement en vue d’assainir les eaux usées industrielles : délivrance d’autorisations préalablement à l’implantation d’un établissement industriel, adoption de règlements dans deux secteurs industriels soit le secteur des pâtes et papiers et celui du raffinage du pétrole, réalisation de programmes d’intervention spécifiques tels le Programme d’assainissement des eaux du Québec (PAEQ), le Plan d’action Saint-Laurent (PASL/SLV 2000) et, depuis peu, le Programme de réduction des rejets industriels (PRRI). Dans le cas des établissements qui déversent leurs effluents directement dans l’environnement, de plus en plus, le Ministère se réfère, pour établir le niveau d’assainissement, aux critères de qualité des eaux de surface et établit des objectifs environnementaux de rejet (OER), tout en tenant compte de la meilleure technologie disponible et économiquement acceptable. Par ailleurs, au niveau municipal, des règlements régissant les rejets industriels dans les réseaux d’égouts ont été adoptés lors de l’implantation des stations d’épuration. En 1995, le ministère de l’Environnement a dressé un état de la situation de l’assainissement des eaux usées industrielles pour l’ensemble du Québec. Il a déterminé le nombre d’établissements qui avaient terminé leurs travaux d’assainissement (ex. : installation d’un système de prétraitement pour les établissements raccordés à un réseau municipal d’égouts ou d’un système de traitement complet pour ceux qui déversent leurs effluents dans l’environnement) ou étaient en train de les réaliser et le nombre de ceux qui en étaient à l’étape d’évaluation de correctifs. Les travaux d’assainissement sont considérés comme terminés lorsque les ouvrages installés sont susceptibles d’assurer le respect des normes réglementaires et de toute exigence établie en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement (L.R.Q., c. Q-2), et ceci à la date visée. Le tableau A.4 en annexe présente également une évaluation du taux d’avancement des travaux d’assainissement, réalisé en 1995, pour les industries de la région de l’Estrie. Les grandes entreprises du secteur des pâtes et papiers, de la chimie et de la transformation du métal avaient toutes réalisé les travaux d’assainissement qui étaient alors requis par le ministère de l’Environnement. De façon générale, pour l’ensemble des secteurs industriels, 80 % des grandes entreprises, 74 % des moyennes entreprises et 54 % des petites entreprises avaient complété leurs travaux d’assainissement en 1995. De plus, les effluents de la totalité des industries raccordées à un réseau municipal d’égouts sont traités dans une station d’épuration, ce qui assure le traitement de plusieurs types de contaminants. Depuis 1995, plusieurs autres établissements ont réalisé des travaux d’assainissement, mais aucun nouvel inventaire n’a été réalisé. Actuellement, les problématiques relatives à l’eau concernent principalement le secteur des pâtes et papiers, en raison des volumes considérables d’eau puisée et rejetée et, dans une moindre mesure, le secteur agroalimentaire et celui du textile. Secteur des pâtes et papiersParmi les industries répertoriées dans la région de l’Estrie, ce sont les établissements du secteur des pâtes et papiers qui ont les volumes de rejet les plus importants et qui sont les plus grands utilisateurs d’eau. Le tableau 6.1 présente ces industries en précisant leurs points de captage et de rejet, le débit moyen de rejet et le type de traitement de leurs eaux usées industrielles. Ces entreprises sont assujetties à des normes sectorielles de rejets, en vertu du Règlement sur les fabriques de pâtes et papiers. Les eaux de procédé en provenance de ces entreprises ne sont rejetées dans l’environnement qu’après un traitement, ce qui en a diminué considérablement l’impact sur le milieu récepteur. De plus, en vertu de la section IV.2 relative à l’attestation d’assainissement dans la Loi sur la qualité de l’environnement (L.R.Q., c. Q-2) et du Règlement sur les attestations d’assainissement en milieu industriel, ces entreprises devront élaborer et appliquer progressivement des plans d’assainissement afin de respecter des normes supplémentaires basées sur le milieu récepteur. Elles auront aussi une incitation économique à réduire les quantités de contaminants qu’elles rejettent dans l’environnement, en raison de la redevance relative à la pollution imposée par le règlement. Cette redevance prendra effet après la délivrance des premières attestations d’assainissement. Le calcul de la redevance est établi en fonction des quantités de contaminants rejetées et non en fonction des volumes d’eau prélevés ou rejetés. Il n’y a donc pas d’incitation directe à réduire le volume d’eau utilisé.
Secteur agroalimentaire Près de 30 % des industries qui ont des rejets d’eaux usées significatifs appartiennent au secteur agroalimentaire. On trouve des usines de transformation des produits du lait (laiterie, fromagerie), de transformation de la viande (abattoir, charcuterie, boucherie, salaison) et de transformation de légumes (pommes de terre). Elles produisent des effluents contenant une charge organique importante lorsqu’ils ne sont pas adéquatement traités, ce qui peut se traduire par l’accélération du phénomène d’eutrophisation des cours d’eau. Secteur du textile Il y a quelques décennies, ce type d’industrie occupait une place importante dans l’économie de la région. Aujourd’hui, il reste encore quelques entreprises importantes, dont les effluents peuvent contenir des contaminants qui ont une certaine toxicité, surtout en raison de l’usage de colorants et de surfactants. 6.1.3 Secteur tertiaireLe secteur tertiaire regroupe les activités commerciales et les services. L’usage de l’eau s’y limite généralement à un usage domestique. 6.2 Problématiques spécifiques6.2.1 Problématique reliée à l’exploitation minière passéeAu cours du siècle dernier, plusieurs mines de cuivre ont été exploitées en Estrie. Ces sites sont maintenant fermés, mais parce qu’ils contiennent de la pyrite, ils ont un fort potentiel de génération d’acide et de cuivre, dont le rejet spontané dans l’environnement perturbe gravement l’équilibre biologique fragile des eaux de surface situées dans le bassin versant de ces mines. Le tableau suivant donne une idée de la situation actuelle en fonction des mesures de restauration déjà entreprises pour remédier à ce problème :
* La différence de charge entre le total des trois effluents et la charge mesurée dans la rivière Massawippi est probablement causée par une sédimentation du cuivre après précipitation et adsorption. Notes : 6.2.2 Industrie de la pisciculturePrès de 800 tonnes de poissons sont produites chaque année sur le territoire estrien. De ce nombre, on compte 2 établissements de pisciculture qui produisent annuellement plus de 150 tonnes chacune. Ce type d'industrie, par les quantités importantes d’eau prélevées et les rejets appréciables en phosphore (une production de 100 tonnes par année génère une charge quotidienne moyenne de 2,5 kg en phosphore), entraîne des répercussions significatives sur le milieu récepteur. 7. Portrait agricole7.1 Portrait généralEn 1996, la région de l’Estrie regroupait 8,73 % des fermes et 6 % des superficies cultivées du Québec. Les productions laitière et porcine sont les plus importantes, suivies de la production de bovins de boucherie. L’importance de l’agriculture dans la région de l’Estrie se traduisait, en 1996, par 3 143 fermes occupant 32,3 % du territoire (incluant les boisés) et 10 % des terres en culture. On y trouvait un cheptel de 529 307 animaux, dont 203 724 volailles, 149 401 bovins et 161 835 porcs répartis dans 864 fermes laitières, 895 fermes de bovins de boucherie et 206 fermes de production porcine. La superficie cultivée et drainée était de 1 018 km2, dont 7 km2 était irriguée (voir tableau A.5 en annexe). Les fermes sont assez bien distribuées sur le territoire et il n’y a pas de zone de grande concentration. L’Estrie ne compte aucune municipalité désignée comme zone d’activité limitée où les superficies nécessaires à l’épandage des fumiers sont insuffisantes. Pour les eaux de surface, il existe encore des problèmes de pollution liés à des rejets de purin provenant de tas de fumier ou iés à des systèmes inadéquats d’entreposage des fumiers et qui occasionnent notamment un surplus de phosphore dans les cours d’eau. Cependant, la situation va en s’améliorant car les exploitations agricoles de la région se dotent progressivement de systèmes d’entreposage des fumiers conformes à la réglementation. Les cas de contamination des eaux souterraines par les activités agricoles sont très rares et ponctuels; ils sont souvent résolus par la construction d’un système étanche d’entreposage des fumiers. 7.2 Problématique spécifique7.2.1 Élevage porcinLa région de l’Estrie présente un bilan agroenvironnemental relativement positif. Toutefois, au cours des 3 dernières années, la région de l’Estrie a vu s’implanter un grand nombre de nouvelles fermes de production porcine qui ont augmenté le cheptel de plus de 50 %. Ce développement soudain a suscité les inquiétudes d’une partie de la population de l’Estrie. Plusieurs projets de construction de porcheries ont été contestés. La plupart des doléances sont reliées aux odeurs inhérentes à ce type de production agricole. Cependant, 2 projets d’implantation de porcheries ont suscité des contestations quant à la possibilité de contamination, par les lisiers, des eaux de surface et des eaux souterraines. Entre autres, dans la municipalité de Danville, les citoyens appréhendaient une contamination de la rivière Danville, où est localisée la prise d’eau potable de la municipalité; dans la municipalité de Martinville, ils craignaient pour la contamination de la zone de recharge du puits municipal d’eau potable. 8. Portrait faunique et récréotouristique8.1 Portrait faunique8.1.1 Pêche sportiveDistribution des espèces La faune ichtyenne de la région de l’Estrie se caractérise par une forte présence des salmonidés et une répartition généralisée d’espèces dites indésirables, soit les cyprinidés. Il faut aussi préciser que, à l’exception de certains cas, les populations de salmonidés sont toujours accompagnées d’espèces d’eau fraîche, notamment la perchaude, l’achigan à petite bouche et la barbotte brune. La majorité des frayères connues sont localisées dans la partie sud de la région et sont principalement des frayères de salmonidés. Selon les résultats des divers inventaires réalisés région, les rivières et ruisseaux abritent surtout des populations d’omble de fontaine et de truite arc-en-ciel, tandis que les milieux lacustres sont peuplés plutôt par la perchaude, la barbotte, l’omble de fontaine, l’achigan à petite bouche et la truite arc-en-ciel. Quant au touladi, on le trouve dans 14 lacs de la région, souvent en compagnie de la truite brune. Le saumon atlantique d’eau douce se trouve dans 3 lacs à touladi. En ce qui a trait aux ésocidés, le grand brochet et le brochet maillé sont les principaux représentants de cette famille dans la région, alors que le maskinongé n’est présent que dans quelques lacs. Au chapitre des espèces particulières, on notera la présence de l’éperlan arc-en-ciel dans 7 lacs, du grand corégone dans 2 lacs du cisco de lac dans un lac ainsi que quelques observations concernant la lotte. Deux des principaux lacs de la région de l’Estrie, les lacs Massawippi et Memphrémagog, abritent chacune des 14 espèces mentionnées. Utilisation des plans d’eau Des travaux de dénombrement aérien, effectués en 1988 et 1989 par le ministère de l’Environnement, ont permis de constater que l’utilisation estivale des plans d’eau de la région était très variable, entre 50 et 138 000 jours-utilisateurs. En général, la pêche sportive est une activité secondaire par rapport aux activités nautiques : promenade en embarcation, canot, kayak, voilier et planche à voile. L’utilisation des plans d’eau durant la période hivernale est peu documentée. La pêche sur glace en est l’activité principale sur les plans d’eau où elle est autorisée. Intervention de la Société de la faune et des parcs du Québec Actuellement, la Société de la faune et des parcs du Québec (FAPAQ) consacre ses efforts au suivi des populations de touladi et de doré jaune. D’une part, conformément au plan tactique du touladi (1989), la FAPAQ doit documenter l’évolution de l’abondance de cette espèce dans la région. D’autre part, la FAPAQ s’intéresse à l’état de la population de doré jaune dans la partie nord de la région, tout particulièrement dans le secteur du lac Trois-Lacs, à Asbestos. Un plan d’intervention concerté avec les municipalités environnantes et les associations locales de chasse et pêche a été adopté récemment et plusieurs mesures sont actuellement en voie de réalisation. De plus, toujours en regard du doré jaune, les lacs Aylmer et Saint-François, localisés dans la partie est de la région, vont prochainement faire l’objet d’analyse et d’intervention du même genre, en partenariat avec les gens du milieu. Enfin, à l’automne, le Ministère participe, avec quelques organismes locaux, au déversement annuel dans les rivières et ruisseaux de salmonidés provenant d'étangs de pêche. Ces travaux sont des gestes tangibles et efficaces au chapitre de la conservation et de la mise en valeur de la faune. 8.2 Activités de contact avec l’eauLa plupart des rivières de la région sont utilisées pour une panoplie d’activités telles que la villégiature, la pêche, le canotage, etc. La baignade non organisée renaît en certains endroits; ailleurs, c’est la pratique du kayak qui s’intensifie. Plusieurs parcs riverains et lieux récréatifs ont été aménagés, comme des quais, des rampes de mise à l’eau, des marinas, des centres de location de matériel nautique ainsi que des réseaux cyclables et pédestres. De plus, les événements favorisant le contact avec l’eau sont en essor, telles les festivités en rapport avec la thématique de l’eau, traversées de lacs, descentes organisées de rivière en canot, etc. La Ville de Sherbrooke est en train d’élaborer un important projet associé à l'eau, soit « Sherbrooke : Cité des rivières ». Le patrimoine régional recèle également un bon nombre de ponts couverts, ce qui représente un attrait de plus des cours d'eau estriens. En raison de la topographie de la région, de nombreux lacs se situent en tête des bassins. L’accessibilité de ces lacs accroît l’intérêt reconnu pour les activités récréatives. On y dénombre plusieurs plages publiques, campings, sites de villégiature, bases de plein air et centres nautiques. Certains endroits offrent des cours de voile, de planche à voile, de plongée sous-marine et permettent la pratique du canot-camping. Certains lacs sont utilisés notamment pour la navigation de plaisance, la moto marine, le ski nautique et la pêche sportive. La pêche blanche est également pratiquée sur quelques lacs. Enfin, la région de l’Estrie compte 3 parcs provinciaux, soit une partie du Parc de Frontenac, le Parc du Mont-Mégantic et le Parc du Mont-Orford. La zone d’exploitation contrôlée (ZEC) Louise-Gosford complète ces aires protégées. Toutefois, la pression sans cesse croissante créée par l’utilisation des cours d’eau à des fins récréotouristiques, énergétiques, municipales et industrielles génère maints conflits d’usages. À titre d’exemple, notons les inconvénients liés à la variation de niveau des plans d’eau, au respect d’un débit minimal en aval des barrages, à l'ancrage des bateaux, à la vitesse et au bruit des embarcations motorisées, à la protection des rives, à la préservation des habitats et de la faune aquatiques, à la menace de la moule zébrée, etc. 9. Initiatives locales9.1 Projets en développement durableDans la version présommet du répertoire intitulé « 400 réussites en développement durable qui ont transformé le Québec », réalisé à l’occasion de l’ÉcoSommet 96, les projets qui ont un rapport avec les thèmes « lacs et cours d’eau » et « faune aquatique » de la région de l’Estrie ont été consultés afin de faire ressortir ceux rattachés au développement durable. Ces projets figurent au tableau A.6 en annexe et présentent les promoteurs et les partenaires. Le répertoire des réussites (400 projets), produit par le personnel d’ÉcoSommet, est le fruit des consultations publiques tenues dans 15 régions administratives du Québec et de 16 tables de consultation thématiques panquébécoises, qui se sont déroulées à l'automne 1995 et à l'hiver 1996. ÉcoSommet est né de la volonté de groupes environnementaux de poursuivre le virage amorcé par le Sommet de Rio. Ses objectifs sont de mettre en valeur des réussites environnementales, de promouvoir de nouveaux projets, d'identifier des domaines d'action prioritaire et d'élaborer un plan d'action pour la prochaine décennie en matière de développement durable pour le Québec. 9.2 Initiatives en gestion de rivièresAu 1er juin 1998, la région de l’Estrie comptait 6 organismes de rivières. Ces organismes sont composés de citoyens qui se sont regroupés en corporation, en association ou en comité et qui se sont donné des mandats de protection, de restauration ou d’aménagement de leur rivière. Pour plus de précision sur le nom de chacun de ces organismes et sur leurs mandats, on peut consulter le tableau A.7 en annexe. 9.3 Gestion par bassin versantLa gestion par bassin versant est une approche privilégiée depuis le début des années 1980 par les intervenants de la région de Sherbrooke. Depuis quelques années, certains regroupements de protection de l’environnement, et en particulier le groupe RAPPEL, jouent un rôle de plus en plus significatif en ce domaine. Même si leurs préoccupations sont particulièrement associées aux lacs, la gestion par bassin versant demeure la notion clé sur laquelle s’appuie l’essentiel de leurs interventions. Un autre exemple d’approche par bassin versant est la création du Groupe de travail Québec-Vermont, en 1989, dont le mandat est d’assurer le suivi de la qualité des eaux du lac Memphrémagog. À l’heure actuelle, c’est la MRC Memphrémagog qui assure la coordination du comité qui voit au suivi des recommandations de ce groupe de travail. |
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