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Que faire en cas de résultat de coliformes totaux ou de Escherichia coli non conforme?Tous les systèmes de distribution d’eau potable dont la clientèle est résidentielle, touristique ou institutionnelle et qui desservent plus de 20 personnes doivent faire réaliser chaque mois une analyse des coliformes totaux et de la bactérie Escherichia coli dans l’eau qu’ils distribuent, comme l’exige le Règlement sur la qualité de l’eau potable (RQEP). Bien que la très grande majorité des résultats des analyses réalisées respectent les normes, un responsable peut éventuellement se retrouver face à un résultat non conforme et devoir poser différents gestes pour retrouver la conformité en vertu des exigences du RQEP. L’information qui suit vise à fournir des pistes à un responsable pour qu’il puisse mettre en place les solutions les plus appropriées à la suite d’une situation de non-conformité. Plusieurs des éléments à examiner proposés en fonction des différents contextes sont tirés de cas précédemment rencontrés par le personnel du Ministère. Sections à consulter
1. Déterminer si un résultat est conforme ou non Le responsable d’un système de distribution d’eau potable doit s’assurer que l’eau qu’il distribue est conforme aux normes établies, sans quoi il doit mettre en place les actions prévues au RQEP. Or, les résultats des analyses de coliformes totaux, de la bactérie Escherichia coli et des colonies atypiques (qui sont des bactéries pouvant apparaître dans certains milieux de culture) peuvent être énoncés de différentes façons. Le tableau suivant établit la distinction entre les résultats conformes et les résultats non conformes. En cas de doute, le responsable d’un système de distribution devrait communiquer avec le laboratoire ayant réalisé les analyses.
Le RQEP établit des exigences précises auxquelles doit se conformer le responsable d’un système de distribution qui reçoit un résultat d’analyse non conforme. Les gestes à poser résultant de ces obligations sont présentés dans le tableau suivant.
Lorsqu’un avis de faire bouillir l’eau doit être diffusé, différents éléments d’information doivent y être inclus. Le Ministère propose un modèle d’avis intégrant les précisions requises. Avant de lever un avis de faire bouillir l’eau ou de revenir à la conformité, le responsable qui a mis en place des mesures pour remédier à la situation a l’obligation de compléter le processus de retour à la conformité établi à l’article 39 du RQEP. Ce processus comporte un nombre minimal d’échantillons à prélever pour compléter le retour à la conformité. Le nombre d’échantillons requis est établi en fonction du nombre de personnes desservies, comme présenté dans le tableau suivant.
(Extrait de
l’article 39 du RQEP.) 1 Y compris les
systèmes de distribution non municipaux dits « appendices ». 3. Vérifications pour déterminer l’origine des coliformes Un résultat d’analyse non conforme peut être causé par différents problèmes. Il est important pour un responsable de tenter de déterminer la source de chaque résultat non conforme pour éviter que le problème ne se produise de nouveau. Le tableau suivant présente des éléments pouvant être examinés par le responsable, notamment lorsqu’il s’agit d’un cas isolé.
4. Résultat positif et présence de chlore résiduel Il est tout à fait possible d’obtenir un résultat d’analyse montrant la présence de coliformes totaux ou de bactéries Escherichia coli même si du chlore résiduel a été mesuré au même moment. Il est vrai que les coliformes totaux et Escherichia coli montrent une plus faible résistance au chlore que d’autres microorganismes, dont les virus et les protozoaires. Néanmoins, un résultat d’analyse qui indiquerait la présence simultanée de chlore résiduel libre et de coliformes ne doit pas être rejeté ou déconsidéré. Plusieurs facteurs contribuent en effet à réduire l’efficacité du chlore contre les bactéries coliformes pouvant se retrouver dans le système de distribution :
Des coliformes peuvent aussi être endommagés ou stressés par un traitement, tout en conservant une capacité de récupération3. Les coliformes et d’autres bactéries peuvent être ingérés par d’autres microorganismes présents dans les systèmes de distribution (amibes, nématodes, rotifères et d’autres), survivre à l’intérieur de ceux-ci et même y proliférer dans certains cas avant d’être relâchés subséquemment. Présence d’un biofilm : cette couche plus ou moins épaisse de bactéries qui se forme à l’intérieur des conduites d’aqueduc et des réservoirs contribue à protéger des bactéries comme les coliformes de l’action du chlore. Des espèces de coliformes totaux peuvent notamment s’attacher et se multiplier au sein d’un biofilm, malgré la présence d’un résiduel de chlore dans la conduite. Relargage de bactéries par le biofilm : un biofilm bien établi dans une conduite relâche naturellement des agrégats de bactéries, dont des coliformes, qui peuvent à leur tour coloniser de nouvelles surfaces. Des changements de pression ou de sens d’écoulement de l’eau dans les conduites sont aussi susceptibles d’entraîner de tels relargages de bactéries issues d’un biofilm. Caractéristiques de l’eau : à un pH élevé (> 8), le chlore est moins efficace, ce qui peut réduire son action désinfectante sur les coliformes. Une turbidité élevée contribue à fournir aux coliformes plus de particules pour se protéger de l’action du chlore, et réduit aussi la disponibilité du chlore. De manière générale, les systèmes de distribution dont l’eau est non désinfectée sont plus susceptibles que ceux dont l’eau est désinfectée d’être aux prises avec une présence fréquente de coliformes totaux. Un système de distribution dont l’eau est non désinfectée présente des conditions particulièrement propices au développement d’un biofilm dans les conduites, compte tenu de l’absence de chlore résiduel qui autrement peut à tout le moins limiter l’ampleur du développement du biofilm. Dans un tel cas, l’implantation d’un programme organisé de rinçage unidirectionnel apparaît comme une mesure incontournable à mettre en place. Cette mesure contribue également à réduire la corrosion interne et l’accumulation de sédiments dans les zones propices. Par ailleurs, il est important de s’assurer que les mesures de chlore résiduel réalisées à l’occasion d’un prélèvement d’échantillon fournissent des résultats valides. Le type d’appareil et sa conformité aux exigences du RQEP, son nettoyage et son calibrage réguliers, de même que l’emploi de réactifs dont la date de péremption n’est pas dépassée, sont des éléments à ne pas négliger sur ce plan. 3 Ce phénomène pourrait expliquer que des résultats de coliformes totaux soient négatifs à la sortie du traitement (les coliformes étant affectés, ils ne croissent pas dans le milieu de culture en laboratoire), mais qu’ils soient subséquemment détectés en réseau une fois leur processus de réparation terminé. 5. Sources associées à une présence fréquente Les coliformes totaux sont un indicateur de la dégradation de la qualité bactérienne de l’eau distribuée. Il est important de déterminer la cause de leur présence et de résoudre le problème puisque certaines sources de coliformes peuvent également amener en parallèle l’intrusion de microorganismes pouvant rendre les gens malades. Le tableau suivant présente des éléments pouvant être examinés par le responsable d’un système de distribution en cas de présence récurrente de coliformes totaux.
Des variations de pression peuvent survenir régulièrement dans un système de distribution et être à l’origine de résultats de coliformes totaux positifs. En effet, une « vague » de variations de pression peut se propager sur plusieurs kilomètres de conduites avant de se dissiper, et provoquer un relargage de biofilm et du siphonnage tout au long du déplacement de cette vague. Les phénomènes pouvant provoquer des variations de pression sont notamment l’ouverture d’une borne d’incendie, une panne électrique, le bris d’une conduite, la fermeture d’une vanne et l’arrêt d’une pompe. Également, plus le système comporte un dénivelé important, plus les risques associés à ces phénomènes sont susceptibles d’être élevés. D’autre part, comme indiqué au tableau, les réservoirs peuvent constituer des sources de coliformes totaux récurrents. Dans un réservoir comportant une entrée qui sert aussi de sortie, une stratification de l’eau peut se former jusqu’à ce que, notamment par un changement de la température de l’eau, un brassage se produise et que de la matière décantée ou flottante du réservoir, selon le cas, se retrouve aspirée dans le système de distribution. Au moment d’une demande en eau importante ou d’une baisse de pression, le vidage complet du réservoir peut aussi retourner dans le système de distribution la matière décantée et provoquer la détection de coliformes totaux. Ce phénomène peut également se produire dans un réservoir comportant une entrée et une sortie distinctes mais rapprochées; dans ce cas, un court-circuitage se produira en période de faible consommation, tandis qu’un retour d’eaux mortes pourra survenir en période de plus forte consommation. Enfin, en ce qui concerne les raccordements croisés, l’utilisation de simples clapets ou de vannes d’isolement peut s’avérer insuffisante selon les contextes; chaque raccordement croisé doit être évalué de manière appropriée7. Bien que le propriétaire du bâtiment soit responsable de procéder à la vérification annuelle de ses dispositifs antirefoulement en faisant appel à un vérificateur certifié, le responsable du système de distribution peut s’assurer que ces vérifications sont bien réalisées, particulièrement pour les bâtiments à risque. Il est rapporté que les raccordements croisés auraient mené à plusieurs épidémies aux États-Unis et dans des pays européens, et qu’il s’agirait de la principale cause d’épidémie parmi celles dont l’origine est associée au système de distribution8. 4
Un court-circuit dans un réservoir amène une partie de l’eau à y circuler
très rapidement, ce qui réduit le temps de contact avec le procédé, et une
autre partie de l’eau à se retrouver dans des zones dites « mortes ».
6. Sources associées à une station de production d’eau potable En dépit de l’application d’un traitement respectant les exigences réglementaires, il est possible qu’une installation de production d’eau potable constitue une source de coliformes totaux. Différents situations peuvent survenir. D’abord, une dégradation importante de la qualité de l’eau de la source d’eau, résultant par exemple de conditions météorologiques particulières, peut nuire à l’efficacité du traitement appliqué. De même, des problèmes au moment de la conception ou de modifications subséquentes, ou une dégradation progressive des équipements, et même une mauvaise opération et un suivi inapproprié des paramètres de mesure en continu peuvent empêcher les équipements d’atteindre les objectifs fixés. Le tableau suivant énumère une liste d’aspects qui pourraient être examinés pour vérifier si une installation peut être la source d’un problème récurrent.
Comme indiqué dans le tableau, la dégradation de la qualité de l’eau brute de surface peut empêcher le traitement en place satisfaire aux normes de performance, bien que ce traitement été le sujet d’une autorisation du Ministère. Les résultats d’analyse de l’eau brute et les résultats inscrits au registre sont, dans ce cas, des éléments centraux de la vérification du bon fonctionnement d’un traitement en place. D’autres facteurs peuvent par ailleurs réduire l’efficacité d’un traitement, dont une turbidité élevée, une faible température, une forte demande en eau et un dépassement de la capacité maximale de l’installation (réduisant le temps de contact avec le chlore) et un pH élevé (qui rend le chlore moins efficace). Dans le cas des eaux souterraines, la possibilité que celles-ci soient en fait sous l’influence directe des eaux de surface peut être examinée. En effet, les eaux souterraines sous influence directe des eaux de surface doivent se conformer à des exigences de traitement de l’eau plus sévères puisqu’il est possible que des protozoaires atteignent le captage (au contraire des eaux souterraines pour lesquelles on considère que le sol est en mesure de retenir les protozoaires). Les façons de déterminer si les eaux souterraines sont sous influence directe des eaux de surface sont présentées au chapitre 6 du Guide de conception des installations de production d’eau potable. Il est à noter qu’une influence directe des eaux de surface peut résulter de conditions hydrogéologiques existantes ou encore d’une installation de captage inappropriée (vice de construction, dégradation des composants, modification des conditions d’utilisation). Enfin, des problèmes de conception, de construction, une dégradation des composants dans le temps, des modifications non autorisées, des travaux mineurs et des entretiens réalisés de manière non appropriée peuvent réduire l’efficacité du traitement et même le court-circuiter. Dans beaucoup de ces cas, seule une vérification approfondie sur place par une personne possédant une bonne connaissance des équipements de traitement de l’eau peut permettre de déterminer la source de contamination. 9
Se référer à la section 6.6.2 du chapitre 6 du
Guide de conception des
installations de production d’eau potable. 7. Efficacité des mesures pouvant être prises Par rapport à un résultat positif de coliformes totaux, certaines mesures correctrices ne s’avèrent efficaces qu’à court terme ou, encore, sont susceptibles de générer d’autres problèmes. De manière générale, il est important que le responsable s’assure d’employer les mesures les plus à même d’endiguer le problème et de le régler de façon durable. Le tableau suivant fournit des exemples de l’efficacité potentielle de différentes mesures.
Comme indiqué dans le tableau, l’utilisation de chlore résiduel peut, dans certains cas, faire partie des solutions préconisées en réponse à des problèmes récurrents de coliformes totaux, mais elle doit se faire avec prudence. En effet, l’ajout de chlore ponctuel ou la désinfection-choc peuvent avoir plusieurs effets secondaires indésirables : plaintes en raison du goût ou de l’odeur de l’eau, augmentation des trihalométhanes totaux et corrosion. Il est par ailleurs important de noter que cette intervention n’agit pas sur la source du problème et qu’elle peut masquer temporairement les coliformes sans pour autant éliminer des microorganismes pathogènes susceptibles de les accompagner. 8. Documents complémentaires à consulter en ligne (disponibles en français) Bureau de normalisation du Québec, 2004. Travaux de construction – Clauses techniques générales – Conduites d’eau potable et d’égout (devis normalisé NQ-1809-300), [En ligne], http://www-es.criq.qc.ca/pls/owa_es/bnqw_norme.detail_norme?p_lang=fr&p_id_norm=8437&p_code_menu=NORME. Conseil canadien des normes, 2007. Guide de sélection et d’installation des dispositifs antirefoulement (CSA/B64.10), [En ligne], http://www.scc.ca/en/standardsdb/standards/18775. InfraGuide, 2005. L’eau potable – Méthodes de création d’un programme de contrôle des raccordements croisés, Guide national pour des infrastructures municipales durables, [En ligne], http://fmv.fcm.ca/files/Infraguide/Potable_Water/methodology_cross_connect_control_progr_fr.pdf. Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, 2006. Guide de conception des installations de production d’eau potable, [En ligne], http://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/potable/guide/index.htm. Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, 2012. Règlement sur la qualité de l’eau potable – Guide destiné aux établissements touristiques. RÉSEAU environnement, 2007. Norme AWWA pour la désinfection des réservoirs d’eau (C652-02) http://www.reseau-environnement.com/fr/services/publications/publications-techniques/norme-awwa-pour-la-desinfection-des-reservoirs-deau-norme-ansiawwa-c652-02 RÉSEAU environnement, 2008. Norme AWWA pour la désinfection des conduites d’eau (C651-05), [En ligne], http://www.reseau-environnement.com/fr/services/publications/publications-techniques/norme-awwa-pour-la-desinfection-des-conduites-deau-norme-ansiawwa-c651-05. RÉSEAU environnement, 2009. Guide pratique sur la désinfection des conduites et des réservoirs, [En ligne], http://www.reseau-environnement.com/fr/services/publications/publications-techniques/guide-pratique-sur-la-desinfection-des-conduites-et-des-reservoirs-deau. RÉSEAU environnement, 2009. Guide pratique pour répondre à une plainte relative à la qualité de l’eau, [En ligne], http://www.reseau-environnement.com/fr/services/publications/publications-techniques/guide-pratique-pour-repondre-a-une-plainte-relative-a-la-qualite-de-leau. 9. Documents complémentaires à consulter en ligne (non disponibles en français) Craun, G. F. et R. L. Calderon, 2001. « Waterborne disease outbreaks caused by distribution system deficiencies », Journal AWWA, 93(9), p. 64-75 http://www.environmental-expert.com/articles/waterborne-disease-outbreaks-caused-by-distribution-system-deficiencies-55905 Friedman, M. et al., 2009. Strategies for Managing Total Coliform and E. coli in Distribution Systems, Water Research Foundation et United States Environmental Protection Agency, 317 p., [En ligne], http://www.waterrf.org/ExecutiveSummaryLibrary/91259_3116_4130_profile.pdf. Hasit, Y. J. et al., 2004. Cost and Benefit Analysis of Flushing, AWWA Research Foundation, Denver (CO), 109 p., [En ligne], http://www.waterrf.org/ExecutiveSummaryLibrary/91010_2605_profile.pdf.Lechevallier, M. W. et al., 1996. Factors Limiting Microbial Growth in Distribution Systems, AWWA Research Foundation, Denver (CO), [En ligne], http://www.waterrf.org/ExecutiveSummaryLibrary/90709_704b_profile.pdf.Lechevallier, M. W. et al., 1990. Assessing and Controlling Bacterial Regrowth in Distribution Systems, AWWA Research Foundation, Denver (CO), 241 p., [En ligne], http://www.waterrf.org/ExecutiveSummaryLibrary/90567_309_profiles.pdf.Narasimhan, R. et J. Brereton, 2004. Sample Collection Procedures and Locations for Bacterial Compliance Monitoring, AWWA Research Foundation, Denver (CO), 140 p., [En ligne], http://www.waterrf.org/ExecutiveSummaryLibrary/90989F_2676_profile.pdf.United States Environmental Protection Agency. The Effectiveness of Disinfectant Residuals in the Distribution System, [En ligne], http://www.epa.gov/ogwdw/disinfection/tcr/pdfs/issuepaper_effectiveness.pdf. United States Environmental Protection Agency, 2002. Health Risks from Microbial Growth and Biofilms in Drinking Water Distribution Systems, [En ligne], http://www.epa.gov/ogwdw/disinfection/tcr/pdfs/whitepaper_tcr_biofilms.pdf. United States Environmental Protection Agency, 2006. Causes of Total Coliform-Positive Occurrences in Distribution Systems, [En ligne], http://www.epa.gov/ogwdw/disinfection/tcr/pdfs/issuepaper_tcr_causes.pdf. United States Environmental Protection Agency, 2006. Distribution Systems Indicators of Drinking Water Quality, [En ligne], http://www.epa.gov/ogwdw/disinfection/tcr/pdfs/issuepaper_tcr_indicators.pdf. United States Environmental Protection Agency, 2002. Finished Water Storage Facilities, White Papers, [En ligne], http://www.epa.gov/ogwdw000/disinfection/tcr/pdfs/whitepaper_tcr_storage.pdf. |
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