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Cadre général d'orientation de la future Politique sur la gestion de
l'eau
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Introduction
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Les problématiques
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Les enjeux stratégiques de la Politique
1. Introduction
Le 29 août 1997, le premier ministre, M. Lucien Bouchard annonçait que le
Québec entreprenait une démarche devant conduire à l’adoption d’une
politique de gestion de l’eau qui impliquerait les différents acteurs dès le
départ.
Ainsi, un Symposium, réunissant plusieurs experts en gestion de l’eau, a
eu lieu en décembre 1997. Les échanges qui ont eu cours ont permis de retenir
plusieurs enseignements précieux, notamment que les usages de l’eau
augmentent de même que les besoins exprimés par la population eu égard à
cette ressource. De plus en plus, la société québécoise sera confrontée à
des choix sur ses usages de l’eau.
À la suite de ce Symposium, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement
a été mandaté pour tenir, dans toutes les régions du Québec, une vaste
consultation publique destinée à recueillir les opinions de la population en
général. C’est ainsi qu’a été créée la Commission sur la gestion de l’eau,
formée d’un président et de deux commissaires. La consultation publique s’est
déroulée au cours de l’année 1999 en deux étapes.
La première partie de la consultation (printemps 1999) visait à informer la
population. Au préalable, un document de consultation publique contenant des
pistes de réflexion relatives à la problématique de la gestion de l’eau a
été diffusé pour faciliter la participation des citoyens. Également, le
gouvernement a dressé un portrait des problématiques relatives à l’eau pour
chacune des 17 régions administratives du Québec. Enfin, un programme de
soutien financier a été mis sur pied pour favoriser la participation des
organismes à but non lucratif à ce grand débat public. Tous les ministères
impliqués dans la gestion de l’eau y ont participé activement (MENV, MSSS,
MAPAQ, MAMM, MIC, MRI, MRN et MR).
Cette consultation a permis également de débattre des principaux enjeux
liés à la gestion de l’eau. Par ailleurs, onze thèmes sur l’eau ont été
développés et abordés en profondeur, en présence d’experts, lors de
séances spéciales, à raison d’un thème par jour. Le public a été invité
à assister à ces rencontres, ce qui a permis à toute personne détentrice d’information
de venir la partager avec la Commission.
La seconde partie de la consultation publique a eu lieu à l’automne 1999
et visait à recueillir plus spécifiquement les opinions de la population.
Près de 400 mémoires ont été déposés devant la Commission sur la gestion
de l’eau. Un rapport final, contenant entre autres des recommandations sur les
problématiques soulevées autant au niveau local, régional, national et
international, a été déposé au ministre de l’Environnement le 1er
mai 2000 par le Bureau d’audiences publiques sur l’Environnement.
Le présent document présente les enjeux stratégiques de la future
Politique, soit les orientations à privilégier, les objectifs qui
devraient être visés et les principes qui devraient soutenir la
politique.
Soulignons que les recommandations de la Commission mixte internationale
contenues dans un rapport sur la protection des eaux des Grands Lacs, déposé
aux gouvernements du Canada et des États-Unis le 15 mars 2000, ont été prises
en compte lors de l’élaboration des orientations, objectifs et principes.
2. Les problématiques
À la fois essentielle à la vie, source pour diverses activités humaines et
composante primordiale pour l’habitat de nombreuses espèces fauniques et
floristiques, l’eau constitue un atout patrimonial de grande valeur ainsi qu’un
atout économique majeur pour le Québec. Sa présence en abondance a permis de
multiples activités reliées aux besoins domestiques, économiques et
récréatifs que ce soit au niveau collectif ou individuel.
Néanmoins, même si cette richesse représente au Québec plus de 3 % des
réserves mondiales renouvelables en eau douce, celle-ci n’est pas répartie
également sur l'ensemble du territoire et n’est pas inaltérable sur le plan
quantitatif ou qualitatif. Par ailleurs, nos connaissances actuelles sur les
eaux souterraines sont limitées et ne nous permettent pas de les localiser avec
précision ni de déterminer leurs potentiels hydrogéologiques. Cette situation
fait en sorte que dans certaines régions, la population doit se partager une
ressource parfois limitée ou peu connue. Enfin, notre connaissance des eaux de
surface et des écosystèmes aquatiques s’est améliorée depuis une vingtaine
d’années, mais nécessite un effort constant afin de connaître et de suivre
son évolution pour une gestion appropriée de cette ressource.
D’autre part, on remarque, dans plusieurs régions, une volonté accrue des
citoyens de récupérer les usages de l’eau à des fins récréatives. Cela
vient s’ajouter à la croissance continuelle d’autres usages déjà bien
implantés comme l’agriculture, la production industrielle et énergétique ou
encore l’alimentation en eau potable. Dans certaines régions, il en résulte
des conflits d’usage de plus en plus nombreux. Enfin, les effets des
changements climatiques et les pressions exercées par les activités
socio-économiques viennent ajouter aux incertitudes quant à la durabilité de
l'utilisation de la ressource.
2.1 État des eaux souterraines
Plus particulièrement, en ce qui concerne l’eau souterraine, celle-ci est
présente en quantité suffisante et accessible pour les besoins des Québécois
et ce, à des coûts acceptables sur la majeure partie du territoire du Québec.
On estime la quantité disponible dans les
régions habitées à l’équivalent du volume déversé pendant 193 jours
par le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Québec. Néanmoins, nos
connaissances sur sa disponibilité et son utilisation sont limitées. Les
mesures pour sa protection sont souvent inadéquates et des conflits d’usage
de plus en plus nombreux sont constatés dus
à la répartition inégale de l’eau. Il n’existe pas
actuellement de mécanismes favorisant la conciliation des usages,
souvent conflictuels, de la ressource, ce qui provoque à l'occasion de fortes
oppositions lorsqu'un nouvel usage est envisagé pour une nappe en particulier.
L’absence de mesures préventives, l’aménagement et la localisation
inadéquats des puits et l’ignorance des caractéristiques des nappes ont
été à l’origine de nombreux cas de pollutions ponctuelles ou diffuses des
eaux souterraines. Enfin, une certaine ambiguïté quant à la définition de
son statut juridique a conduit à de nombreux débats quant à sa propriété.
2.2 État des eaux de surface
En ce qui concerne les eaux de surface, on retrouve sur le
territoire plus de 4 500 rivières et un demi million de lacs dont 30
ont une superficie de plus de 250 km2. On compte également plus de
430 bassins majeurs dont 100 ont une superficie de drainage supérieure à 4 000
km2. La superficie du bassin du fleuve Saint-Laurent représente à
elle seule près du tiers de l’ensemble du territoire québécois. Une grande
partie de l’eau de surface se trouve au nord du 50e parallèle (»
7/8 de la superficie en eau). Outre le fleuve Saint-Laurent, les plus importants
bassins versants se retrouvent dans cette région.
L’état de santé des cours d’eau s’est sensiblement amélioré au
cours des quinze dernières années, dû largement aux efforts d’assainissement
des eaux usées municipales via les programmes d’investissements tels le
Programme d’assainissement des eaux du Québec (PAEQ) et le Programme d’assainissement
des eaux municipales (PADEM) et à la réduction marquée des rejets provenant
des industries, notamment ceux du secteur des pâtes et papiers et de la
métallurgie. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour retrouver la
qualité de nos cours d’eau notamment en ce qui concerne la pollution diffuse
due aux activités agricoles. L’urbanisation, les activités agricoles
intensives, les activités forestières, industrielles et autres contribuent
également à perturber le régime de l’eau ainsi qu’à détériorer sa
qualité. Les changements climatiques, les précipitations acides et toxiques
ainsi que l’introduction d’espèces non indigènes pourraient également
avoir des impacts non négligeables sur l'état de nos plans d’eau et de leurs
écosystèmes.
Enfin des problématiques de considération plus générale sont à l’effet
que :
- le dragage de la voie maritime contribue à la dégradation du fleuve
Saint-Laurent;
- les fluctuations de débit causent des inondations et des assèchements;
- nos connaissances sur les impacts des prélèvements et des rejets sur les
écosystèmes aquatiques sont insuffisantes;
- les rives ont de plus en plus un caractère privé et la population a
exprimé son désir d’avoir un meilleur accès à l’eau;
- l'eutrophisation des lacs se répand;
- les sédiments contaminés perdurent dans l'environnement;
- l’aménagement des cours d’eau en milieu agricole et forestier cause
certains impacts écologiques et hydrologiques;
- la popularité grandissante d’embarcations et de tout genre de
véhicules sur les plans d’eau, altère les habitats fauniques et la
qualité de vie des riverains.
2.3 État des modes de gestion de l’eau
Même si le Québec possède des milliers de lacs et de rivières et de l’eau
souterraine en quantité et en qualité suffisante pour répondre à ses
besoins, certains problèmes nous obligent à reconsidérer notre façon de
gérer l’eau.
Actuellement, la législation relative à la gestion de l’eau est partagée
entre de multiples acteurs, ce qui favorise peu la concertation. Ainsi, comme
nous l’avons mentionné auparavant, huit ministères du gouvernement du
Québec, dont cinq de façon plus importante (MRN, MAPAQ, MSSS, MAMM et MENV),
gèrent divers usages de la ressource eau. À cela, il faut ajouter les
1 306 municipalités locales, les 96 municipalités régionales de comté
et les trois communautés urbaines, de même que pas moins de huit ministères
fédéraux.
Nos expériences passées en matière de dépollution ont démontré qu’une
meilleure concertation et coordination permettraient d’éviter des
chevauchements d’activités sur le territoire.
2.4 État des services d’eau
L’eau servant à la consommation humaine doit être de qualité suffisante
pour ne pas porter atteinte à la santé publique. Les effets sur la santé d’un
nombre toujours grandissant de substances polluantes pouvant se retrouver dans l’eau
d’approvisionnement de même que la découverte de certains organismes
pathogènes résistants constituent des éléments de préoccupation. À cet
égard, un resserrement des normes et des contrôles relatifs à la qualité de
l’eau distribuée par les réseaux municipaux s’impose à la lumière des
connaissances actuelles. Également, il y a lieu d’améliorer l’assainissement
des eaux usées des résidences isolées de manière à assurer une meilleure
protection aux sources d’alimentation individuelles.
En ce qui concerne les infrastructures municipales de service d’eau, bien
que l’état des ouvrages externes (stations de traitement d’eau et d’épuration
des eaux usées) est jugé adéquat et que leur capacité permet en général de
satisfaire aux besoins, les équipements de traitement d’eau, notamment les
installations minimales, ont besoin d’une mise à niveau importante pour
pouvoir se conformer aux nouvelles exigences pour la qualité de l’eau
potable.
Quant aux ouvrages souterrains (réseaux d’aqueduc et d’égout), même si
leur comportement actuel ne laisse pas voir de problèmes majeurs, on doit
reconnaître que leur condition réelle n’est pas suffisamment connue et que
leur taux de renouvellement souffre d’un manque d’investissement qui
pourrait à moyen terme mettre en péril leur pérennité.
Par ailleurs, des interventions doivent être envisagées pour apporter une
solution aux problèmes des petites municipalités dépourvues des services de
base en eau et de débordement des réseaux d’égout en temps de pluie et pour
compléter, là où les objectifs environnementaux le justifient, le traitement
des eaux usées.
Enfin, la privatisation des services municipaux liés à l’eau, la
tarification au compteur de l’eau de consommation domestique ainsi que le
gaspillage de l’eau sont autant de sujets qui suscitent au sein de la
population des craintes et des débats auxquels il faudra répondre.
2.5 État de l’eau comme enjeu stratégique mondial
Un marché potentiel important, qui correspond parfaitement à l'expérience
du Québec dans le domaine de l’assainissement des eaux et de traitement de l’eau
potable, pourrait être exploité, principalement dans les pays en voie de
développement. Toutefois, l’exportation de cette expertise est difficile car
celle-ci est répartie entre différents organismes et entreprises, ce qui
nécessite des ententes de partenariats qui n’existent pas actuellement.
Par ailleurs, les projets d’exportation d’eau soulèvent de nombreuses
inquiétudes au sein de la population, notamment en ce qui a trait aux
prélèvements massifs ou aux détournements des cours d’eau. À cet égard,
le Québec a adopté une loi qui interdit le transfert hors du Québec des eaux
de surface ou souterraines prélevées au Québec (Loi 73). Ce moratoire prendra
fin le 1er janvier 2001.
Enfin, avec 3 % des réserves mondiales en eau douce, le Québec devra
assumer une présence active dans la définition des politiques et instruments
internationaux dans le domaine de l’eau. Il aura également à définir sa
position face à la problématique des pénuries prévisibles d’eau dans
certaines régions du monde et au respect des ententes sur le commerce
international. Relativement à cette problématique, la Loi 73, mentionnée
ci-dessus prévoit que, pour des motifs d’urgence ou humanitaires, le
gouvernement peut lever l’interdiction de transférer de l’eau à l’extérieur
du Québec.
En résumé, les préoccupations grandissantes des citoyens relativement à
la protection de cette ressource, à la santé publique et à la pénurie d’eau
qui s’annonce dans plusieurs pays dans les 50 prochaines années font en sorte
que l’eau est devenue un véritable enjeu pour la société québécoise.
3. Les enjeux stratégiques de la Politique
3.1 Les grandes orientations
Lors du lancement de la consultation publique sur l’eau en janvier 1999, le
ministre de l’Environnement rendait public un document de consultation
intitulé La gestion de l’eau au Québec.
Ce document rappelait d’abord l’orientation du gouvernement relativement
à la gestion des ressources. Celle-ci se définit comme suit :
- Respecter la qualité du milieu et la pérennité des ressources
renouvelables
Le document de consultation publique sur la gestion de l’eau présentait
également des orientations ministérielles se rapportant directement à la
gestion de l’eau. Nous les reprenons ici en y ajoutant certains éléments
(soulignés) qui permettent de compléter et d’améliorer leur cohérence et
ce, en considérant les recommandations d'organisations internationales telles
que l'ONU, l'OCDE, la Banque mondiale et le
Conseil mondial de l’eau. Ces orientations se lisent comme suit :
- assurer la protection de la santé publique et des écosystèmes
aquatiques;
- rechercher la pérennité de la ressource eau;
- mettre en valeur la ressource au plan social et économique;
- concilier les usages dans une perspective de satisfaction des besoins
légitimes des citoyens et des milieux aquatiques.
3.2 Les objectifs
Dans le but de structurer la gestion de l’eau au Québec, des objectifs ont
été établis à l’égard des problématiques. Ces objectifs, tous en
conformité avec les orientations gouvernementales ci haut mentionnées, devront
faire partie de la future politique de l’eau. Nous avons inclus pour chacun d’eux
les motifs qui les sous-tendent. Ces objectifs sont :
- Confirmer le statut de l’eau comme patrimoine collectif,
afin de :
dissiper la mauvaise interprétation qui en est faite, notamment en ce qui
concerne les eaux souterraines;
éviter son appropriation à des fins peu conformes au bien-être
collectif, notamment en regard des prélèvements massifs et de l’exportation;
assurer une conservation et une protection adéquate de la
ressource.
- Mettre en œuvre une gestion intégrée de l’eau à l’échelle des
bassins hydrographiques,
afin de :
- réduire les chevauchements et dédoublements dus à une gestion
sectorielle;
- gérer les impacts cumulatifs des divers usages de l’eau;
- assurer une dépollution concertée des cours d’eau;
- assurer la participation de la population à la gestion de l’eau
- maximiser les gains environnementaux;
- respecter l’engagement du gouvernement du Québec envers le Réseau
international des organismes de bassin (RIOB);
- permettre une régularisation des régimes hydriques;
- assurer la sécurité du public en zones inondables;
- mieux gérer les impacts des changements climatiques.
- Accentuer la protection de l’eau, destinée à la consommation et
à la récréation,
afin de :
protéger la santé publique;
protéger les sources d’approvisionnement elles-mêmes
(puits, lacs-réservoirs, rivières, fleuve).
- Accroître la responsabilité spécifique du Québec à l’égard du
fleuve Saint-Laurent, incluant la partie québécoise du golfe, et lui
reconnaître un statut particulier,
afin de:
établir son importance en tant que principal cours d'eau et bassin
hydrographique du Québec sur les plans économique, social, touristique,
historique et environnemental;
encadrer les activités de dragage et de navigation de la voie maritime
ayant des impacts sur l’environnement (érosion, contamination, baisse des
niveaux d’eau, détérioration des milieux humides, etc);
intensifier la représentation du Québec sur les organismes décisionnels
internationaux.
- Préserver, protéger et restaurer les écosystèmes aquatiques
, afin
de :
maintenir ou augmenter leur biodiversité (flore, faune,
écosystèmes);
en assurer la pérennité;
conserver leur valeur patrimoniale (ex. rivières).
- Développer et mettre en place des mécanismes de concertation et de
résolution des conflits d'usage, notamment pour les eaux souterraines,
afin
de:
assurer une équité et une justice sociale pour tous les usagers;
développer une éthique chez tous les usagers de la ressource;
favoriser la participation de la population.
- Améliorer et accroître les connaissances sur l’eau et les
écosystèmes aquatiques,
afin de :
informer les citoyens, les usagers et les décideurs;
favoriser des décisions éclairées et la participation des usagers de la
ressource (eau souterraine et eau de surface) à partir de données
scientifiques fiables et socio-économiques appropriées;
améliorer la gestion et réduire les conflits d’usages;
connaître les relations de cause à effets des activités anthropiques sur
les usages de la ressource;
approfondir la problématique (caractéristiques des nappes, contamination,
localisation des puits) des eaux souterraines de manière à mieux maîtriser
les usages de cette ressource;
améliorer notre compréhension de la problématique de la pollution
diffuse;
dresser un bilan de la santé des écosystèmes lacustres et évaluer le
potentiel récréotouristique et faunique, largement dépendant de la
qualité de nos plans d’eau;
suivre la qualité de l’eau (brute, potable) et protéger la
santé publique relativement aux divers polluants (trihalométhanes, virus,
protozoaires) pouvant affecter l’eau;
connaître l’état des infrastructures d’eau (distribution et
traitement) de façon à améliorer la performance et l’efficacité, dans un
souci d’économie;
suivre les impacts des changements climatiques et des précipitations acides
et toxiques dont les incidences sur la quantité et la qualité de la
ressource eau sont à évaluer.
- S'assurer de la pérennité, de l’efficience et de l’efficacité des
infrastructures de services d'eau
, afin de:
protéger les investissements publics;
minimiser les impacts socio-économiques sur les citoyens;
maintenir l'expertise québécoise;
assurer la protection de la santé publique;
rentabiliser les infrastructures en place.
- Assurer la cohérence des politiques, programmes, lois et règlements
liés à la gestion de l’eau
, afin de :
permettre des gains sociaux, politiques, économiques et environnementaux
pour la société québécoise;
tenir compte des nouvelles conditions internationales provoquées par les
changements climatiques.
- Informer et éduquer les différentes clientèles et favoriser la
formation de clientèles particulières,
afin de :
mobiliser les utilisateurs et susciter la participation des citoyens;
maintenir et soutenir le développement de l’expertise québécoise dans l’opération
des ouvrages de traitement et d’assainissement des eaux.
- Favoriser et protéger l’accès public aux plans d’eau,
afin de :
répondre à une volonté populaire;
favoriser les activités récréotouristiques;
mettre en valeur nos plans d’eau.
- Accentuer les efforts de dépollution provenant des différents secteurs d’activité,
en particulier du secteur agricole, incluant l’évaluation de la
faisabilité du concept d’écoconditionalité,
afin de :
diminuer la pollution ponctuelle ou diffuse (charges polluantes) dans les
cours d’eau;
restaurer les milieux aquatiques dégradés;
protéger les sources d’alimentation en eau potable;
récupérer les usages.
- Reconnaître les besoins spécifiques des autochtones en élaborant des
mécanismes de participation ou de consultation relativement au
développement et à la gestion des ressources en eau au Québec,
afin
de :
- tenir compte des préoccupations des autochtones et les intégrer dans les
solutions retenues ;
- tenir compte des valeurs et des connaissances des autochtones dans la
future politique de l’eau.
- Associer le Québec aux débats internationaux portant sur l’eau,
afin de
- collaborer avec les organisations internationales établies en sol
québécois;
- assurer le suivi et influencer le développement des politiques et
instruments internationaux.
- Soutenir et faciliter l’exportation de l’expertise québécoise
publique et privée, notamment en matière d’eau potable et d’assainissement
des eaux usées
, afin :
- d’accroître la part des entreprises québécoises du secteur
environnemental sur le marché international.
3.3 Les principes
En sus des grandes orientations et des objectifs, toute politique est basée
sur de grands principes qui constituent autant de règles de conduite qui
doivent permettre d’en assurer le respect.
Ainsi afin :
- d’accorder une importance de premier plan à la santé publique,
- de rechercher la pérennité de la ressource eau pour que nous puissions
bénéficier de cette richesse et que les générations futures puissent en
profiter, tant en quantité qu’en qualité,
- de mettre en valeur la ressource eau de manière à en faciliter l’utilisation
par toute la collectivité et d’en assurer son développement
socio-économique dans le respect d’une gestion durable,
- de concilier les usages dans une perspective de satisfaction des besoins
légitimes de la population et des écosystèmes aquatiques,
nous proposons sept grands principes pour soutenir la future Politique de
gestion de l’eau au Québec qui sera rédigée au cours des prochains mois.
Ces principes sont les suivants :
- L’eau fait partie du patrimoine collectif de la société
québécoise
L’eau est un élément essentiel à la vie et primordial pour le
développement social et économique du Québec de même que pour le
maintien des écosystèmes. Cette reconnaissance confère à la ressource
eau des valeurs qui sont de nature sociale, économique, environnementale et
patrimoniale. Cette notion de valeur est importante pour une gestion durable
et efficace de la ressource eau.
- La protection, la restauration et la mise en valeur de l’eau
requièrent un engagement collectif
Un tel engagement comporte un devoir, une éthique d’utilisation par
tous et chacun. L’eau est en effet une ressource limitée en quantité et
en qualité. Elle est également une ressource structurante sur les plans
écologique, social, culturel, économique et politique.
- Le principe de précaution doit guider l’action de la société
québécoise vis-à-vis sa ressource eau
« Pour protéger l'environnement des mesures de précaution doivent
être largement appliquées par les États selon leurs capacités. En cas de
risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude
scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus
tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de
l'environnement ». (Énoncé du 15e principe de
la DÉCLARATION DE RIO, 1992).
Ce principe, qui ne doit pas être interprété comme étant un principe
d’inaction, fait en sorte d’obliger les usagers à accepter que l’État
puisse leur imposer des mesures pour protéger l’environnement même si
ces mesures sont nouvelles ou non scientifiquement éprouvées.
- Chaque citoyen doit pouvoir bénéficier d’un accès à une eau
potable de qualité, à un coût abordable
En vertu d’un principe d’équité, le Québec reconnaît l’importance
pour chaque citoyen d’avoir accès à des approvisionnements sûrs et
abordables en eau de bonne qualité pour satisfaire ses besoins
élémentaires. En fait, la notion d'équité, dans une perspective de
développement durable, peut se définir comme la notion de partage
intergénérationnel (co-propriété intra et inter générations).
- Les usagers doivent être redevables quant à l’utilisation et la
détérioration de l’eau selon une approche utilisateur-payeur et
pollueur-payeur
La mise en place de ce principe vise à faire payer le juste prix pour la
distribution de l’eau potable, l’assainissement des eaux usées, la
dépollution ainsi que la restauration et la conservation de la ressource.
- La ressource eau doit être gérée de manière durable et intégrée
dans un souci d’efficacité, d’équité et de transparence
Une telle gouverne de l’eau reconnaît ainsi l’interdépendance des
dimensions qualitatives et quantitatives de la ressource ainsi que les
interdépendances avec les autres ressources et les usages du territoire.
Cette reconnaissance commande une plus grande interrelation entre les
différentes politiques qui agissent sur la gestion de la ressource eau.
La mise en œuvre d’une telle approche comporte certains éléments
primordiaux :
- le bassin hydrographique (versant) est l’unité de référence
territoriale pour la gestion de l’eau;
- la subsidiarité1 est privilégiée quant à l’application de la
politique et la prise en charge de certaines décisions (définition et
partage précis des responsabilités et des pouvoirs entre les
intervenants);
- l’approche participative (consultation, conciliation, concertation,
etc.) des gestionnaires, des usagers et des citoyens constitue la voie
à privilégier pour réaliser une véritable gestion intégrée de l’eau;
- L’acquisition et la diffusion de l’information sur l’état de la
ressource eau et des pressions qu’elle subit constituent un élément
essentiel à une gestion intégrée de l’eau
Il est prioritaire de bien informer les décideurs, les usagers et les
citoyens sur tous les aspects de la ressource eau et des écosystèmes
aquatiques qui en dépendent. Ceci implique nécessairement une bonne
connaissance de ces éléments.
1 La Commission européenne définit ainsi
le principe de subsidiarité : « Les responsabilités pour
les services dans le domaine de l’eau et la gestion de la ressource doivent
être décentralisées au plus bas niveau administratif approprié. La
subsidiarité ne signifie pas l’abandon de responsabilités mais vise
plutôt à encourager la mobilisation des ressources et la participation à
tous les niveaux ainsi que le développement des compétences pour permettre
une plus grande décentralisation de la prise de décision sur une base
progressive ».
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