Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
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Le Saint-Laurent

La qualité des eaux du fleuve, 1990-2003


Référence : Hébert, S. et J. Belley, 2005. Le Saint-Laurent ― La qualité des eaux du fleuve 1990-2003, ministère de l’Environnement, Direction du suivi de l’état de l’environnement,  Envirodoq no ENV/2005/0095, collection no QE/156, 25 p. et 3 annexes.

Rapport, format PDF, 1,4 Mo*

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Présentation : un grand fleuve influencé par les activités humaines

Le Saint-Laurent est le plus important cours d’eau du Québec et l’un des grands fleuves du monde. En plus d’être au cœur de nos activités économiques, il représente un habitat essentiel pour un grand nombre d’espèces animales et végétales, possède un très bon potentiel récréotouristique et constitue la source d’approvisionnement en eau potable de près de la moitié des Québécois. L’urbanisation, l’industrialisation et l’intensification des activités agricoles liées à un changement du mode de production ont toutefois contribué, au cours du 20e siècle, à la détérioration de la qualité de ses eaux. Au cours des 20 dernières années cependant, des efforts financiers et techniques considérables ont été consacrés à l'assainissement urbain et industriel. Ces interventions ont permis une amélioration notable de la qualité de l'eau du fleuve, mais des actions restent à entreprendre, notamment en ce qui concerne la désinfection des eaux usées municipales et les débordements des réseaux d’égouts par temps de pluie. Des efforts ont aussi été consacrés à la réduction de la pollution d’origine agricole, notamment par la mise en place de programmes visant à encourager l’utilisation de pratiques plus respectueuses de l’environnement.

Le présent document dresse un portrait de la qualité de l’eau du fleuve Saint-Laurent à partir des données recueillies au cours des étés 2000 et 2001. La portée géographique de cette étude se limite au corridor fluvial compris entre le lac Saint-François et l’île d’Orléans et les données de qualité d’eau se réfèrent exclusivement aux paramètres conventionnels (substances nutritives, matières en suspension, coliformes fécaux, etc.). Ce document fait également le point sur l’évolution de la qualité des eaux du fleuve depuis 1990 et tente de déterminer les causes des changements observés. La qualité bactériologique de 16 sites potentiels de baignade caractérisés au cours de l’été 2003 est également présentée.

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Caractéristiques générales

  • Source : Grands Lacs;

  • Superficie du bassin versant du Saint-Laurent et des Grands Lacs : 1 610 000 km2;

  • Superficie du bassin versant des Grands Lacs : 770 500 km2;

  • Superficie du bassin versant du Saint-Laurent à la hauteur de Québec : 1 025 000 km2;

  • Longueur du tronçon fluvial en territoire québécois (Cornwall – Québec) : 400 km.

Caractéristiques hydrographiques

  • Vitesse d’écoulement moyenne

  • de Cornwall à Pointe-du-Lac : 0,3 à 1,0 m/s;

  • dans les baies des lacs fluviaux : inférieure à 0,1 m/s;

  • dans les rapides : de 1,5 à 2,8 m/s;

  • en aval du lac Saint-Pierre : 0,6 à 1,5 m/s dans le chenal de navigation et peut atteindre 3,0 m/s au moment de la marée baissante.

  • Les cinq masses d’eau du fleuve

Plusieurs masses d’eau, aux caractéristiques physico-chimiques naturelles bien distinctes, s’écoulent côte à côte avant de se mélanger :

  • les eaux vertes des Grands Lacs contribuent en moyenne à 80 % du débit du fleuve à la hauteur de Sorel;

  • les eaux brunes de la rivière des Outaouais contribuent en moyenne à 16 % du débit du fleuve à la hauteur de Sorel mais, au moment des crues printanières, elles peuvent constituer jusqu’à 50 % du débit;

  • les eaux de mélange des tributaires de la rive nord et des Grands Lacs;

  • les eaux de mélange des tributaires de la rive sud et des Grands Lacs;

  • les eaux bien mélangées de la région de Québec.

  • Les principaux tributaires du secteur fluvial

Selon l’importance décroissante du débit, on retrouve les rivières suivantes : des Outaouais (1 937 m3/s), Saint-Maurice (700 m3/s), Richelieu (374 m3/s), Saint‑François (219 m3/s), Chaudière (137 m3/s), Batiscan (105 m3/s), Yamaska (87 m3/s), Sainte-Anne (86 m3/s), L’Assomption (79 m3/s), Nicolet (77 m3/s), Jacques‑Cartier (74 m3/s), Bécancour (52 m3/s), Etchemin (37 m3/s) et Châteauguay (33 m3/s).

  • Le débit annuel moyen (1990-2001)

  • à Cornwall : 7 400 m³/s;

  • à la hauteur de Sorel : 10 350 m³/s;

  • à la hauteur de Québec : 12 350 m³/s.

Le Saint-Laurent est principalement alimenté par les Grands Lacs et la rivière des Outaouais. Les contributions en eau de ces deux grands bassins versants dépendent des conditions climatiques et de la régularisation des eaux effectuée au barrage Moses-Saunders, à la sortie du lac Ontario, et aux différents barrages situés sur la rivière des Outaouais.

Débits de l'Outaouais et du Saint-Laurent, à la hauteur de Québec et à LaSalle, en amont de Montréal, pour la période 1990 à 2001

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Pressions humaines exercées sur le milieu

  • Les rejets urbains

Environ 60 % de la population du Québec vit sur les rives du Saint-Laurent entre Cornwall et Québec. La population des municipalités riveraines du fleuve a augmenté de 300 000 personnes depuis 1990, pour atteindre 3 300 000 personnes en 2001. Pendant la même période, la population du Québec, dont 97 % vit à l’intérieur des limites du bassin versant, est passée de 6 540 000 personnes à 7 322 300 personnes.

Les principales initiatives visant à réduire la contamination des rivières et du fleuve Saint-Laurent auront été sans conteste le Programme d’assainissement des eaux du Québec (PAEQ) lancé en 1978 et les autres programmes qui lui ont succédé. Ces interventions ont permis l’interception, le traitement et, dans certains cas, la désinfection des eaux usées autrefois rejetées dans le fleuve et les rivières. Ainsi, aujourd’hui, plus de 98 % des municipalités desservies par un réseau d’égouts sont dotées d’une station d’épuration. Le traitement des eaux usées, presque inexistant au début des années 1980, est maintenant généralisé.

Évolution de la population desservie et du nombre de stations d'épuration au Québec entre 1980 et 2003

Ces programmes d’assainissement auront permis en 20 ans de réduire les rejets municipaux d’une façon importante. Les rejets de matières organiques (DBO5) ont ainsi diminué de 72 %, les rejets de matières en suspension (MES) de 78 % et les rejets de phosphore de 56 %.

Évolution des rejets quotidiens de phosphore, MES et DBO5 par les municipalités du Québec

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Population desservie par un système de traitement des eaux usées

Au cours des 20 dernières années, la construction de plus de 600 stations d’épuration aura permis de diminuer les rejets des municipalités de façon importante. Toutefois, des problèmes persistent à certains endroits à cause des débordements des réseaux d'égouts par temps de pluie. Dans la plupart des municipalités du Québec, les mêmes conduites évacuent les eaux de pluie et les eaux usées domestiques. Au moment de pluies importantes, les stations d'épuration ne peuvent recevoir toutes ces eaux, et des débordements d'eaux usées non traitées mélangées à de l’eau de pluie s'ensuivent. Dans certaines municipalités, de tels débordements peuvent se produire plus de 50 fois par année, le plus souvent en été. Ces débordements contaminent les cours d'eau et compromettent notamment les activités récréatives à cause de la contamination bactériologique ainsi engendrée. Depuis 1980, les nouveaux réseaux d’égouts sont de type « séparatif », c'est‑à‑dire que des conduites séparées sont prévues pour évacuer les eaux pluviales vers les cours d’eau et les eaux usées vers les stations d'épuration.

Une autre cause de contamination des eaux du fleuve Saint-Laurent est le rejet d'eaux usées qui, même si elles ont été traitées, n'ont pas été désinfectées. Au Québec, 60 % des eaux usées traitées sont rejetées sans désinfection. À elles seules, les stations d’épuration de Montréal, Longueuil et Repentigny, qui traitent 47 % des eaux usées de tout le Québec, rejettent dans le fleuve Saint‑Laurent les eaux non désinfectées de 2,2 millions de personnes.

  • Les rejets industriels

Depuis les années 1970, diverses mesures ont été mises en œuvre au Québec en vue d’assainir les eaux usées industrielles. Depuis le début des années 1990, le Programme de réduction des rejets industriels (PRRI) a permis une réduction importante des rejets des industries des pâtes et papiers localisées le long du Saint-Laurent et sur ses affluents. Ainsi, de 1981 à 2001, on a observé une réduction de 96 % des rejets de matière organique (DBO5), de 87 % des rejets de matières en suspension (MES) et de 39 % de la quantité globale des rejets d’eaux usées, alors même que la production de cette industrie augmentait de 33 %. L’ensemble des fabriques de pâtes et papiers a grandement réduit ses rejets, ce qui a contribué à améliorer la qualité des eaux du fleuve.

Évolution des rejets de MES et de DBO5 par l'industrie des pâtes et papiers entre 1981 et 2001

Trois raffineries de pétrole sont actuellement en exploitation au Québec et rejettent leurs effluents au fleuve. Entre 1975 et 1995, ces trois industries ont réduit leurs rejets d’azote ammoniacal de 810 tonnes/an à 67 tonnes/an et de matières en suspension de 446 tonnes/an à 262 tonnes/an. Si l’on comptabilise les rejets des quatre raffineries qui ont fermé au cours de cette période, les rejets d’azote ammoniacal et de matières en suspension étaient respectivement, en 1975, de 1 132 tonnes/an et de 2 698 tonnes/an. Ces efforts d’assainissement combinés à ceux réalisés par les autres industries visées par le programme Saint-Laurent Vision 2000 ont tous contribué à améliorer la qualité des eaux du Saint‑Laurent.

  • Les activités agricoles

L’agriculture québécoise s’est grandement transformée depuis 1950. La production globale a augmenté en raison de la spécialisation et de l’intensification des productions agricoles. Cette transformation de l’agriculture a aussi entraîné une plus grande pression sur l’environnement sous forme de rejets ou de modifications physiques du territoire et des milieux. Depuis 1991, on note une augmentation des superficies en culture et du cheptel. On observe, entre autres, une augmentation de 48 % des superficies en maïs et de 46 % du cheptel porcin.

Évolution des superficies en culture et du cheptel au Québec entre 1991 et 2001

De façon générale, la pollution d’origine agricole affecte plus fortement les tributaires que le fleuve lui-même, et ce, pour toutes les formes de pollution (matières nutritives, contamination bactériologique, matières en suspension et pesticides). Les activités agricoles sont, en effet, beaucoup plus importantes à l’intérieur des terres, qui sont drainées vers les rivières, que le long des rives du fleuve. De plus, étant donné le débit élevé du Saint-Laurent, les différents contaminants qui le rejoignent par les tributaires y subissent une dilution importante. Les impacts des activités agricoles se font donc surtout sentir à l’embouchure des rivières et dans leur zone d’influence. Les activités agricoles contribuent tout de même à l’augmentation des concentrations de phosphore, d’azote et de matières en suspension observées entre Montréal et Québec et à l’eutrophisation de certains secteurs comme le lac Saint-Pierre où la profondeur est faible et l’écoulement lent.

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Usages de l’eau

  • Hydroélectricité

Barrages

En plus des barrages servant à la régularisation des eaux du fleuve, trois barrages hydroélectriques ont été érigés entre le lac Ontario et l’île de Montréal : Moses-Saunders, Les Cèdres et Beauharnois.

  • Eau potable

Au Québec, environ 45 % de la population puise son eau potable dans le fleuve. On trouve 36 prises d’eau dans le corridor fluvial entre le lac Saint-François et l’île d’Orléans :

  • 30 entre Cornwall et Trois-Rivières;

  • 6 entre Bécancour et Québec.

  • Activités récréatives

Baignade

Plusieurs plages sont sous la surveillance du programme Environnement‑Plage :

  • Salaberry-de-Valleyfield (2 plages au parc des îles de Saint-Timothée);

  • lac Saint-François (plage du parc de la Baie-du-Village à Saint‑Anicet et plage municipale de Saint-Zotique);

  • Trois-Rivières (plage du parc de l’île Saint-Quentin, à l’embouchure du Saint-Maurice).

Navigation de plaisance

Il y avait 40 754 embarcations de plaisance enregistrées sur le Saint-Laurent en 1988 (dernières données disponibles).

 

Cornwall-Montréal

Montréal-Grondines

Grondines-Québec

Nombre de marinas :

25

10

4

Nombre de quais :

15

11

7

Nombre de marinas et de quais :

6

5

2

Pêche sportive

En 2000, plus de 78 000 pêcheurs sportifs ont mis leur ligne à l’eau entre le lac Saint‑François et l’île d’Orléans. Les principales espèces recherchées sont le brochet, la perchaude, le doré, l’achigan et le poulamon atlantique.

  • Activités commerciales

Pêche commerciale

Entre le lac Saint-François et l’île d’Orléans, les débarquements commerciaux totalisaient un peu plus de 800 tonnes en 2001 et représentaient une valeur de 2,3 millions de dollars. Les principales espèces pêchées sont la barbotte brune, l’anguille d’Amérique, la perchaude et l’esturgeon jaune.

Navigation commerciale

Entre 1978 et 1996, le trafic maritime en provenance de l’étranger, a peu changé et atteignait en moyenne 1 972 navires/an :

  • 250 navires se rendaient jusqu’aux Grands Lacs;

  • 1 048 accostaient dans un port du secteur fluvial;

  • 674 accostaient dans un port du secteur marin.

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