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L'acidité des eaux au Québec (1999) (fin)
Réduction des émissions polluantes
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La réduction des émissions polluantes est l'approche préconisée par
la majorité des gouvernements. La réduction des émissions de dioxyde de soufre (SO2)
et d'oxyde d'azote (NOx) est la seule méthode permettant d'envisager une
réversibilité de l'acidification à moyen et à long termes. En Amérique du Nord,
plusieurs programmes de réductions ont été adoptés et appliqués depuis 1985. Le
Québec prévoyait ainsi réduire de 55 % ses émissions de SO2 en 1990
par rapport à 1980, ce qui fut fait et même dépassé. Une large part de cette
réduction sexplique par le fait que Minéraux Noranda inc. a réduit ses émissions
de 70 % en 1994 et devrait atteindre près de 90 % en l'an 2000. L'Ontario a également
réussi à réduire plus de 60 % de ses émissions de SO2 pour 1995. Aux
États-Unis, la Loi sur la salubrité de l'air prévoit une réduction de 40 % des
émissions de SO2 (en deux phases de 20 % : une première tranche qui a
pris effet en 1995 et une deuxième qui devrait se terminer en 2010), ainsi qu'une baisse
de ses émissions d'oxyde d'azote d'ici l'an 2010.
Effets prévus de la réduction des émissions de
polluants
Les réductions des émissions d'oxydes de soufre et d'azote
entreprises au Canada et aux États-Unis modifieront passablement la qualité des
précipitations au Québec. Dans le cas des sulfates, qui est le principal indicateur de
l'acidité des précipitations, les dépôts pour la période 1986-1990 dépassaient 30
kilogrammes par hectare annuellement et étaient supérieurs au dépôt cible de 20
kilogrammes par hectare sur une grande partie du territoire québécois. En 2010, lorsque
l'ensemble des programmes de réduction d'émissions auront pris effet, la majeure partie
du Québec recevra des dépôts inférieurs à 20 et même 15 kilogrammes par hectare par
année. Seule la région de Québec recevra encore un dépôt de sulfates légèrement
supérieur au dépôt cible. La proximité du massif des Laurentides, où le volume annuel
de précipitation est le plus élevé au Québec, ne serait pas étrangère à cette
situation. Dans l'ensemble, les réductions d'émissions amèneront une baisse de 30 à
50 % des dépôts acides actuels dans le sud et le sud-ouest du Québec et c'est la
partie sud-ouest du Québec qui en bénéficiera le plus. Par contre, le secteur nord-est
(Lac-Saint-Jean et Côte-Nord) profitera peu des réductions (0 à 20 %), les dépôts
acides actuels d'origine humaine étant peu importants. Toutefois, ces réductions ne
permettront pas de récupérer la majorité des lacs affectés.
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L'application de modèles d'acidification permet aussi de prévoir
l'impact des réductions d'émissions, et par le fait même des dépôts acides, sur
l'acidité des eaux de surface. Selon ces modèles, plus de 77 % des lacs actuellement
acides des régions de l'Outaouais, de la Mauricie et de l'Abitibi devraient être
récupérés grâce aux programmes de réductions annoncés. Celles-ci diminueront
passablement létendue spatiale des zones de lacs actuellement acides. La hausse de
pH variera entre 0,5 à 1,0 unité de pH dans la majorité des cas. Par contre, sur la
Côte-Nord, les réductions d'émissions n'auront qu'un impact minime sur la
récupération des lacs acides, l'acidité de ces derniers étant principalement d'origine
naturelle.
Les réductions annoncées seront-elles
suffisantes?
Les réductions d'émissions entreprises au Canada et aux États-Unis
permettront de récupérer une forte proportion des lacs actuellement acides dans les
secteurs les plus touchés par les précipitations acides. Cette récupération ne sera
toutefois pas complète. Seule l'application d'une norme plus sévère pourrait permettre
de récupérer le reste des lacs, qui seront encore acides malgré les programmes actuels
de réduction. Les scientifiques s'entendent pour indiquer que des réductions
additionnelles de 50 à 75 % seront nécessaires pour permettent une restauration plus
complète. De telles réductions permettraient la considération d'une norme de dépôts
de sulfates se rapprochant de 10 à 12 kilogrammes par hectare par année, ce qui
assurerait la protection à long terme des écosystèmes sensibles.
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