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Portrait de la présence de pesticides dans l’eau souterraine près de secteurs maraîchers,
vergers, vignes et petits fruits - Échantillonnage 2012 à 2014
Dans le cadre de la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture 2011-2021, le
Ministère souhaitait améliorer ses connaissances sur la présence de pesticides dans l’eau souterraine. À cette fin, un suivi a été mis en place pour documenter la présence des pesticides dans des puits de régions agricoles du Québec. Entre 2012 et 2014, 103 puits ont été échantillonnés à raison d’une trentaine annuellement. Le présent rapport vise à rendre compte des résultats obtenus relativement à ces puits.
Les 103 puits échantillonnés sont des puits de particuliers, essentiellement de producteurs agricoles. La plupart (87 puits) servent à l’alimentation en eau potable, mais peuvent aussi être employés pour des usages agricoles. Les puits ont été sélectionnés pour leur proximité avec des cultures maraîchères (42 puits), des vergers (24 puits), des vignes (9 puits) ou des cultures de petits fruits (28 puits). Dans la plupart des puits, plus de 80 pesticides ont été recherchés.
Parmi les 103 puits échantillonnés, 42 ont montré la présence de pesticides. Seize puits comptent plus d’un pesticide, le plus souvent deux ou trois, mais parfois davantage. Cependant, dans tous les puits, les concentrations mesurées sont faibles et respectent largement les normes ou valeurs de référence existantes pour l’eau potable.
Analysé à titre de paramètre complémentaire, le nitrate montre aussi de faibles concentrations dans la plupart des puits. En effet, dans 86 % des puits, les concentrations de nitrates sont inférieures au seuil d’intervention de 5 mg/l N-NO3 établi dans le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection. Parmi les puits échantillonnés, cinq présentaient des concentrations de nitrates supérieures à la norme d’eau potable de 10 mg/l N-NO3.
Les pesticides sont plus présents dans les puits échantillonnés dans les secteurs de petits fruits, de vignes et de vergers comparativement à ceux des secteurs maraîchers. Des pesticides ont été détectés dans 21 des 28 puits échantillonnés dans les secteurs de petits fruits (75 %), dans 4 des 9 puits échantillonnés près de vignes (44 %), dans 10 des 24 puits échantillonnés près des vergers (42 %) et dans 7 des 42 puits échantillonnés (17 %) dans les secteurs maraîchers.
Au total, 20 substances ont été détectées, soit 16 pesticides et 4 produits de dégradation de pesticides. Les pesticides détectés le plus souvent sont des herbicides, mais des insecticides et des fongicides sont également présents à l’occasion. Le 2,6-dichlorobenzamide (aussi appelé BAM) est le produit décelé le plus souvent (dans 16 puits). Il s’agit du produit de dégradation du dichlobénil, un herbicide utilisé notamment dans la culture des petits fruits. Le
S-métolachlore (11 puits), l’atrazine (8 puits) et son produit de dégradation, le DEA (6 puits), sont les autres herbicides les plus fréquemment présents. Le diméthénamide et le glyphosate sont détectés à quelques reprises.
Parmi les fongicides, c’est le boscalide qui a été détecté le plus souvent (5 puits). Des insecticides étaient aussi présents dans certains puits, soit le chlorantraniliprole, le chlorpyrifos, le thiaméthoxame et l’imidaclopride.
Les caractéristiques hydrogéologiques régionales recueillies dans le cadre du Programme d’acquisition de connaissances sur les eaux souterraines (PACES) ont été examinées dans les zones où des puits ont été échantillonnés pour les pesticides, notamment la vulnérabilité de l’aquifère rocheux, évaluée grâce à l’indice DRASTIC, et le contexte hydrogéologique régional. Toutefois, à cause du manque d’informations sur certaines caractéristiques des puits échantillonnés, il n’a pas été possible de faire de liens entre la contamination des puits et les caractéristiques de l’aquifère régional.
À partir de renseignements recueillis chez les propriétaires de puits lors de l’échantillonnage, un ensemble de caractéristiques locales susceptibles d’influencer la contamination par les pesticides ont aussi été examinées. Les puits de surface sont affectés dans une plus grande proportion (55 %) que les puits profonds (36 %). Les puits situés dans des zones de sols sableux ou graveleux de même que ceux situés en bas de pente par rapport aux cultures traitées, donc dans le sens de l’écoulement de l’eau souterraine, sont plus vulnérables à la contamination et sont affectés dans une plus grande proportion. D’autres facteurs comme la distance entre le puits et les cultures traitées, l’utilisation du puits pour le remplissage du pulvérisateur et le nettoyage de l’équipement peuvent aussi intervenir pour expliquer la présence de pesticides. Mais dans l’ensemble, l’importance de chacun de ces facteurs est difficile à cerner et le plus souvent plusieurs facteurs de risque sont vraisemblablement en cause.
Rapport, format PDF,
2,0 Mo
Référence à citer : GIROUX, I., (2016). Portrait de la présence de pesticides dans l’eau souterraine près de secteurs maraîchers, vergers, vignes et petits fruits - Échantillonnage 2012 à 2014, Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Direction générale du suivi de l’état de l’environnement, ISBN 978-2-550-75639-2 (PDF), 25 p. + 5 ann.
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