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État de l'écosystème aquatique du bassin versant de la rivière Yamaska - Synthèse 1998

Yamaska centrale : des apports de tous côtés

L'eau de la Yamaska centrale est de très mauvaise qualité en été. Elle reçoit les apports pollués des rivières Yamaska Nord et Yamaska Sud-Est et subit les fortes pressions associées à l'intensification récente des activités agricoles dans la région. L'élevage porcin y a pris une place plus qu'appréciable. En 1996, on recense 36 % plus de porcs dans le secteur qu'en 1991 (incluant la rivière Noire). Les cultures à grand interligne ont également pris de l'ampleur ; elles occupent 24 % plus d'hectares qu'en 1991.

Farnham : une agglomération urbaine qui déstabilise l'écosystème

À Farnham, outre une hausse généralisée de la concentration des divers paramètres conventionnels, les eaux de la rivière Yamaska portent encore la trace des nombreuses substances toxiques rejetées à Granby. Les zones urbaines et industrielles de Farnham et des environs y ajoutent également d'autres composants organiques toxiques (voir État de l'écosystème du bassin de la rivière Yamaska - Étés 1994 et 1995).

Ces contaminants et la mauvaise qualité de l'eau font en sorte que 22 % de la communauté de poissons souffrent d'anomalies - une proportion alarmante, la plus élevée du bassin. De grandes concentrations de BPC ainsi que du plomb, du cadmium, du chrome et du DDT ont aussi été découverts dans les poissons.

La communauté benthique subit pareillement l'impact des effluents de Farnham. Le nombre d'espèces diminue et devient parmi les plus faibles du bassin. Les organismes sensibles à la pollution sont peu représentés en aval de la ville, alors que les espèces tolérantes à la pollution sont abondantes, signe d'un enrichissement du milieu en substances nutritives et en matière organique. En amont de la ville, l'indice d'intégrité de la communauté est bon ; il chute à faible en aval.

À Saint-Césaire : un portrait qui n'est pas plus réjouissant

Le secteur aval de Saint-Césaire accuse une dégradation aussi sévère que celle observée en aval de Farnham. Outre les petits tributaires comme la rivière à la Barbue qui amènent à cette hauteur des eaux turbides, chargées de matières nutritives et de pesticides, le milieu recevait d'importants rejets industriels et urbains. Les municipalités de Saint-Césaire et de Rougemont ne traitaient pas leurs eaux usées au moment de l'étude. Une station d'épuration construite à Saint-Césaire fonctionne toutefois depuis le mois de mai 1997.

Les deux usines de A. Lassonde et fils à Rougemont et celle des Aliments Carrières à Saint-Césaire, rejetaient surtout durant l'été et l'automne, des quantités de matière organique comparables à celles provenant d'une municipalité de plusieurs dizaines de milliers d'habitants. Avant 1996, tous les descripteurs conventionnels montraient des hausses en aval de ces agglomérations, les concentrations de la DBO5 et des coliformes fécaux atteignant des valeurs parmi les plus élevées du bassin. Maintenant, ces deux entreprises agro-alimentaires traitent d'abord leurs eaux avant de les envoyer à la station d'épuration de Saint-Césaire.

Comme en aval de Farnham, l'indice d'intégrité de la communauté benthique chute à faible ; la diversité diminue et les espèces tolérantes à la pollution foisonnent. L'enrichissement du milieu en éléments nutritifs et en matière organique fait même décupler la densité et la biomasse du benthos. La situation est semblable pour le poisson. L'indice d'intégrité de la communauté passe de bon à faible, la diversité diminue, les espèces intolérantes à la pollution sont quasi-absentes et le pourcentage de poissons tolérants grimpe en flèche. Les omnivores occupent plus de 45 % de la communauté alors que les piscivores ne représentent qu'un faible 1 %.

Le mauvais état de santé de la rivière Noire s'explique...

Les eaux de la rivière Noire se dégradent dès l'aval de Valcourt, à environ six kilomètres de la ville. Après une légère amélioration de sa qualité en aval de Roxton Falls, l'eau se détériore de nouveau en aval du ruisseau Gilbert-Champagne. Les poissons sont en bien mauvaise santé dans ce secteur. Le nombre d'espèces diminue et les ménés insectivores, qui peuplaient auparavant 50 % de la communauté en amont du ruisseau Gilbert-Champagne, ne représentent plus que 1 % de la communauté en aval. Aussi, le taux d'anomalies grimpe-t-il à 20 % - le taux le plus élevé après celui mesuré à Farnham. Par ailleurs, les dorés jaunes sont contaminés par le mercure à des concentrations qui exigent une certaine prudence pour leur consommation. Les autres substances toxiques, soit les BPC et des métaux, sont par contre parmi les plus faibles du bassin.

Photo de rejets dans le ruisseau

Avant les interventions d'assainissement, terminées en 1990 à Saint-Valérien-de-Milton, le ruisseau du village était dans un très mauvais état. En plus des problèmes visuels dus aux rejets d'un abattoir, le ruisseau recevait des quantités importantes de matière organique. La dégradation de cette matière organique par les bactéries exige beaucoup d'oxygène. La « demande biochimique en oxygène », soit la DBO5, mesure la quantité d'oxygène utilisée par les bactéries pour dégrader la matière organique. Une DBO5 élevée indique que le milieu est pollué.

La station d'épuration avec bio-disques de la ville d'Upton ne fonctionne plus depuis 1990. Cela a entraîné une prolifération d'oligochètes dans le milieu (63 %), une diminution des groupes de poissons sensibles à la pollution et une nette dégradation de l'eau. L'indice de qualité de l'eau est ainsi très mauvais en aval de la ville. Les apports de la rivière Duncan, cours d'eau qui se jette dans la rivière Noire en amont d'Upton, ne sont pas étrangers aux quantités de phosphore mesurées. La station défectueuse d'Upton sera néanmoins remplacée par des étangs aérés au cours de 1998.

Les productions végétales sont très importantes dans les basses-terres du sous-bassin de la rivière Noire, en aval d'Upton. En 1991, plus de 40 % de la superficie totale était cultivée. Les activités d'élevage y sont aussi notables et en pleine croissance. à Saint-Pie, la qualité annuelle de l'eau s'est améliorée pour la plusieurs paramètres conventionnels. En été toutefois, la situation se dégrade. En aval de Saint-Pie, où l'indice de qualité de l'eau varie de mauvais à très mauvais, la densité d'organismes benthiques augmente, mais les organismes sensibles à la pollution sont beaucoup plus rares. Comme en aval du ruisseau Gilbert-Champagne, la présence de mercure dans les poissons limite leur consommation. Les meuniers noirs présentent également une forte contamination par les BPC. Par ailleurs, avec les cellules à dialyse on détecte un apport en HAP.

Plusieurs substances toxiques en aval d'Acton Vale

En aval d'Acton Vale, où l'on retrouve un certain nombre d'établissements industriels du textile, plus de 20 substances toxiques appartenant aux groupes des BPC, des dioxines, des HAP et des composés benzéniques sont détectées dans la rivière Le Renne. Parmi les sites étudiés dans le bassin à l'aide des mousses aquatiques et des cellules à dialyse, Acton Vale est le deuxième plus préoccupant après Granby.

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