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Qualité des eaux des rivières Mitis, Matane, Sainte-Anne, York, Bonaventure, Cascapédia et Nouvelle, 1979 à 1997Principaux constats sur la qualité de l'eauLes eaux des rivières à létude sont caractéristiques de celles qui sécoulent dans la zone appalachienne, cest-à-dire quelles montrent une conductivité et un pH plus élevés que ceux observés sur le bouclier canadien. Ces deux descripteurs sont fortement influencés par la nature des roches consolidées et des dépôts meubles en place. Les roches sédimentaires des Appalaches, majoritairement calcaires, sont beaucoup plus solubles que les roches ignées du bouclier canadien. De ce fait, elles fournissent à leau quantité de minéraux dissous, qui contribuent à augmenter la conductivité, en plus des carbonates de calcium, qui constituent une composante majeure du procédé naturel de neutralisation de lacidité des eaux. À lexception dun secteur particulier de la rivière Mitis, toutes les rivières étudiées montrent une très bonne qualité deau. Les composantes physico-chimiques de leau y sont en concentrations faibles et se situent au-dessous des critères visant à protéger la vie aquatique et les usages liés au milieu hydrique lorsque les critères sont applicables.
Dans la carte ci-contre, lindice de la qualité bactériologique et physico-chimique de leau (IQBP), basé sur un ensemble de 9 descripteurs de leau, révèle que la qualité générale de toutes les rivières étudiées (à lexception dun tronçon de la rivière Mitis près de son embouchure) se situe dans la classe A. Parmi cinq classes possibles, celle-ci représente le niveau de qualité le plus élevé, qui permet en principe tous les usages, y compris la baignade. Ces résultats suggèrent que les activités récréatives qui exigent un contact direct avec leau pourraient être possibles dans la partie de la rivière située en amont du point de mesure. Mentionnons toutefois que pour presque toutes les rivières, les données proviennent dune station unique, située près de lembouchure, au centre de celle-ci. Pour sassurer que cet énoncé sapplique à lensemble de la rivière, il faudrait connaître la répartition des sources de pollution le long du cours deau, ponctuelles ou diffuses. Même sils sont peu nombreux, les établissements délevage et les fosses septiques déficientes de certaines résidences isolées pourraient être la source de problèmes locaux de pollution qui rendraient leau impropre à certains usages. Dans le cas de la rivière Mitis, on observe que la municipalité de Price a un impact sur la qualité de leau. En amont de cette municipalité, lIQBP est de 90, alors quen aval, il nest que de 74, déclassé pas les coliformes fécaux. En effet, 83 % des données dépassent le critère de coliformes fécaux associé à la baignade (200 UFC/100 ml) ; un seul de ces dépassements excède le critère de 1000 UFC/100 ml associé à un contact indirect avec leau (ex. : canot, pêche à gué). La municipalité de Price compte 1 916 habitants. Munie dun réseau dégouts, elle nest pas desservie par une station dépuration. Les eaux usées sont donc déversées directement à la rivière. La rivière Mitis présente une particularité : la présence de deux barrages entre cette municipalité et la station déchantillonnage en aval. Les deux bassins créés par ces barrages constituent des bassins de sédimentation qui favorisent la décantation dune partie de la pollution provenant de la municipalité de Price, et améliorent ainsi la qualité de leau en aval, mesurée à la station déchantillonnage. En dautres mots, les résultats enregistrés à la station déchantillonnage indiquent une qualité deau meilleure quen labsence de barrages ou à lamont de ceux-ci. Par ailleurs, on observe visuellement, au niveau de la municipalité de Price, une eau turbide et de nombreuses algues filamenteuses. En l'absence de barrages, le milieu aquatique y aurait été moins dégradé.
Des analyses effectuées sur deux périodes, distantes lune de lautre de 12 ans, montrent quil y a eu des baisses dans les concentrations de certaines composantes physico-chimiques de leau, principalement lazote et le phosphore. Quoique statistiquement significatives, ces diminutions ne sont pas importantes dun point de vue environnemental, étant donné que les concentrations (valeurs médianes) dont il sagit ici sont toutes faibles et inférieures aux critères visant à protéger la vie aquatique ou les activités récréatives lorsque les critères sont applicables. Sauf en ce qui concerne la rivière York, labaissement des sources ponctuelles de pollution par la mise en service dune station dépuration ou une diminution de la population ne peuvent expliquer, à elles seules, les tendances à la baisse observées. Il en est de même pour ce qui est des activités agricoles lesquelles sont de faible importance. Aussi, dautres processus sont en cours au sujet desquels nous ne détenons pas dinformation. Ils peuvent être de type naturel ou artificiel (ex : la revégétation des secteurs de coupes forestières laquelle peut avoir un impact sur la rétention des éléments nutritifs au niveau terrestre et leur diminution subséquente dans le cours deau). Cest lensemble de ces manifestations sur les bassins hydrographiques qui a un impact sur la qualité de leau. La rivière York est celle qui montre les diminutions les plus importantes pour ce qui est des nitrates, de lazote total et de la conductivité. Il est possible que ces baisses aient un lien avec la situation prévalant à Murdochville. Les eaux usées municipales sont une source importante dazote pour le milieu aquatique. Or, on se rappellera que cette municipalité a vu sa population diminuer de plus de la moitié entre 1981 et 1996. On peut supposer que cette perte de population est associée à une baisse de production dans les activités minières. Une étude du groupe de travail dAquamin (1996) rapporte en effet que le rythme de production annuelle est passé denviron 10 M de tonnes, pendant la période 1976-1981, à 800 000 tonnes pendant la période 1989-1994. La rivière York est la seule des cinq rivières testées montrant une diminution de la conductivité. En dernier lieu, mentionnons que les flux massiques bisannuels des rivières à létude 2,0 à 3,8 kg azote/ha·an ; 0,1 à 0,2 kg phosphore/ha·an sont le reflet de la qualité dune eau drainant un territoire peu perturbé par des activités dorigine agricole, industrielle et urbaine. Ils se comparent à ceux des rivières coulant en milieu forestier, soit 1,0 à 3,8 kg NT/ha·an et 0,2 à 0,4 kg PT/ha·an. Par ailleurs, ils sont nettement plus faibles que les flux massiques mesurés dans les rivières drainant des territoires agricoles échantillonnées par le réseau-rivières du ministère de lEnvironnement, ces rivières exportant 5 à 15 kg NT/ha·an et 0,5 à 1,5 kg PT/ha·an . Les flux dazote sont plus importants dans les rivières Matane et Cascapédia que dans les autres rivières à létude. Les proportions dazote organique par rapport à lazote total y sont aussi légèrement plus élevées que dans les autres rivières, mis à part la rivière Mitis. Cette situation peut difficilement être reliée aux activités agricoles, qui sont de faible importance, ni aux apports provenant des rejets municipaux. Sans que lon puisse conclure sur la base de léchantillonnage effectué dans le cadre du réseau-rivières que les coupes forestières sont responsables du faible surplus dazote observé dans ces bassins, on remarque que les bassins des rivières Matane et Cascapédia sont ceux sur lesquels les coupes de bois ont été les plus importantes pour la période 1988-1995 ainsi que la période 1980-1987 pour le bassin de la rivière Matane . La récolte de la forêt peut avoir un impact sur les concentrations dazote dans leau quoique plusieurs facteurs peuvent influencer le phénomène (type de forêt, type de sol, maintien de lisières végétales, etc.). Après une coupe, labsence de végétation et par conséquent de système racinaire tend à favoriser le lessivage des nitrates dans le sol ; les effets sont néanmoins temporaires et sestomperont à mesure que les végétaux coloniseront les zones dénudées.
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