Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
Recherche Quebec.ca

État de l'écosystème aquatique du bassin versant de la rivière Yamaska - Synthèse 1998

Yamaska inférieure : la très mauvaise qualité de l'eau perdure

À l'exception de Saint-Hyacinthe, les agglomérations urbaines et industrielles de la Yamaska inférieure sont plutôt petites. Cependant, à l'instar de la Yamaska centrale, ce troisième tronçon de la rivière possède des eaux de très mauvaise qualité en été. Les concentrations en matières nutritives et la turbidité (voir La qualité de l'eau - état actuel et évolution), notamment, se comparent aux valeurs très élevées déjà enregistrées ailleurs au Québec.

Les activités d'élevage sont moins importantes dans la Yamaska inférieure. En revanche, les cultures à grand interligne - maïs et soya -, sont très intensives ; en 1996 et elles occupent près de 70 % des superficies cultivées. En fait, un peu plus de 40 % de la superficie totale de cette portion du bassin versant leur est consacrée. Les problèmes d'érosion liés à ces types de productions sont accrus dans le secteur en raison de la texture fine du sol et du relief en pente douce. Lors de précipitations, les matières nutritives et les substances toxiques liées aux particules de sol se retrouvent dans les cours d'eau et de les contaminent.

Près de quatre kilomètres en aval du point où se jette la rivière Noire, du mercure en forte concentration s'est accumulé dans les poissons. Des BPC sont aussi détectés dans les meuniers noirs. Ces deux substances proviendraient de la rivière Noire et de la rivière Yamaska Nord.

Un milieu aquatique guère apprécié par la faune à Saint-Hyacinthe

Les interventions d'assainissement à Saint-Hyacinthe ont contribué de façon significative à réduire la pollution microbienne ainsi que les concentrations de substances nutritives et de matière organique dans la rivière, et à redonner à celle-ci un aspect esthétique intéressant pour la pratique d'activités récréatives. Les poissons supportent mal les conditions qui prévalent à Saint-Hyacinthe. L'indice d'intégrité de la communauté y devient faible. Les espèces intolérantes disparaissent, la diversité diminue et les ménés insectivores sont faiblement représentées, et le taux d'anomalies atteint les 9 %. On retrouve du plomb et du cadmium dans des individus récoltés. En aval de Saint-Hyacinthe, les mousses aquatiques et les cellules à dialyse ont absorbé peu de substances toxiques (voir État de l'écosystème aquatique du bassin de la rivière Yamaska - Étés 1994 et 1995).

Entre Saint-Hyacinthe et la confluence de la rivière Chibouet, des habitats et des bandes riveraines de qualité seraient favorables à la colonisation du milieu par le benthos, l'indice d'intégrité de la communauté passant de moyen à bon dans le secteur.

Les derniers kilomètres de la rivière : une situation plus qu'inquiétante

Dans les 35 derniers kilomètres de la rivière, les terres cultivées occupent entre 50 et 80 % de la superficie totale. Comme il a été mentionné précédemment, les cultures à grand interligne, la nature fine des terres et le relief du territoire augmentent les risques de pertes de sols lors des précipitations. Les concentrations trop élevées de substances nutritives, l'élargissement de la rivière, la faible vitesse d'écoulement et l'absence de végétation riveraine favorisent le développement excessif des algues. Ce tronçon présente la pire qualité de l'eau du bassin. La santé de la communauté benthique s'y dégrade, passant de bonne à faible.

Photo : Saint-Hyacinthe

La rivière Yamaska connaît des étiages très sévères ; la situation observée durant l'été 1996 à Saint-Hyacinthe est éloquente à cet égard.

Tout près du lieu de rencontre de la Yamaska avec le fleuve, l'indice d'intégrité du benthos est moyen, mais celui du poisson chute jusqu'à faible. Le taux d'anomalies dans la communauté varie entre 7 % et 15 % et les meuniers noirs indiquent une accumulation de plomb, de cadmium et de chrome.

La situation qui prévaut à l'embouchure de la rivière Yamaska traduit de graves problèmes de dégradation de l'eau et de l'écosystème dans le bassin versant. L'eau recèle des quantités considérables de matières en suspension et des concentrations en phosphore et en azote nettement supérieures à celles mesurées dans les autres tributaires du Saint-Laurent. La rivière reçoit aussi, dans ses derniers kilomètres, les eaux de petites rivières coulant en territoire très agricole. Les rivières Chibouet, Salvail, David et Saint-Louis, particulièrement, amènent des quantités importantes de matières en suspension, de matières nutritives et de pesticides.

La faible biomasse des poissons : un signal de perturbation

La biomasse des poissons augmente normalement de l'amont vers l'aval des rivières en raison de l'enrichissement du milieu par les substances nutritives. Parmi les huit rivières du Québec étudiées jusqu'à maintenant, la rivière Yamaska est la seule où ce phénomène n'est pas observé. La faible biomasse mesurée dans la Yamaska inférieure refléterait une perturbation générale de l'écosystème. La pollution excessive pourrait avoir comme effet d'éliminer les gros poissons et de favoriser davantage les petits poissons qui se reproduisent rapidement.

 Retour à l'index / Yamaska Section précédente Section suivante Fin du document


 Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs
© Gouvernement du Québec, 2024